Chapitre 1
Paris,1920, deux années après la Grande Guerre, il est 20heures du soir et je dîne seule dans la grande salle à manger. La Guerre s'est arrêtée, pourtant l'horreur se poursuit, des meurtres dits sanglants se déroulent à Paris qui n'a vent que de ces meurtres qui s'abattent sur les femmes des bas quartiers. Les journalistes n'écrivent et publient que ces meurtres... En toute franchise, on ne sait pas si ce sont des rumeurs ou la vérité, la police ne dit mot sur ces affaires et patrouille de jour comme de nuit dans les bas quartiers qu'elle évitait comme la peste... La situation est délicate et épineuse, entre la presse dont on ne sait si ce qui est publié est vrai ou faux, la pression subie par le gouvernement qui veut conserver son image qui l'exerce sur la police, qui l'a fait subir à son tour aux citoyens qui exercent leurs doléances sous forme de rumeurs ou de violences,tout cela influe la position des hauts membres du gouvernement et de la police, qui ne souhaite que deux choses: conserver leurs postes et la paix, la paix tant souhaitée durant la guerre. Tous désapprouvent les bas quartiers, à part pour les quelques éventuelles maisons closes... La grande salle à manger est magnifiquement décorée et étincelante. Mes domestiques se sont donnés du mal pour que l'on puisse se voir à l'intérieur, j'envie leur simplicité de vivre mais je sais leur condition difficile. Je n'ai pas trop le cœur à manger, Pierre me lasse de me demander ma main, il me dit qu'il aime et que nous devons nous unir pour perpétuer la haute lignée, mais je pense plus qu'il est attiré par ma fortune qui n'est pas aussi importante que la sienne mais elle est importante. Au fond de moi, au plus profond de moi, là où erre mes pensées et désirs les plus obscurs, je n'éprouve aucune envie de me marier à un homme qui point me correspond, Pierre est l'homme dépeint par les livres à l'eau de rose destinée aux jeunes demoiselles pour les faire rêver, des rêves qui s'écroulent lors de leur mariage, souvent arrangé tôt parfois dès leur naissance pour certaines. Notre jeunesse et notre fertilité vendus à des anciens qui ont l'âge de notre père ou grand-père. Les hommes jouent à la roulette russe avec nos âmes,nous devenons des coquilles vides, incapables de penser, puis nous sommes évincées avec l'âge, nous tombons dans les tréfonds de l'oubli. Nous ne sommes que de la marchandise pour les hommes pensais-je. Et aussi, je vois tous les portraits de famille, je n'ai pas demandé à les enlever, je n'ai pas envie qu'ils restent au grenier, oubliés de tous, je suis prise de tristesse à leur vue mais je ne peux enfouir mon passé éternellement. Charles remarque mon peu d'appétit:
Mademoiselle n'a pas d'appétit?
Je suis juste perdue, Charles, je suis pleine de pensées.
-Mademoiselle, vous devez manger un peu, si je puis me permettre, vous maigrissez à vue d'œil, tous les domestiques sont inquiets. J'espère que ce ne sont point les informations qui vous coupe l'appétit?
-Non Charles, de toute manière dans ces journaux rien ne permet de connaître la vérité.Je mangerais plus demain.
-Bien Mademoiselle.
Je quitte la table et me dirige vers ma chambre, où je m'allonge sur le lit en fixant le plafond, laissant mes pensées divaguer. Je ne sais que faire pour cesser d'entendre parler de ces meurtres, fuir? Ça ne sera pas une solution, du moins pour le moment, agir? Je me vois mal agir comme une catin et puis toute seule ça peut être la mort assurée. Pourtant j'avais envie d'agir sans mettre ma vie en danger mais comment?
Peut-être aurais-je une idée demain? Je détache mes cheveux blonds et commence à les brosser, mon corset est enlevé par Marie, l'une de mes domestiques et j'enfile ma chemise de nuit puis me glisse dans les draps de mon lit.
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