Chapitre - 25
"Le seul mauvais choix est l'absence de choix."
Amélie Nothomb - Métaphysique des tubes
Stand By me de Ben E. King est une des plus belles chansons d'amour à mon sens, je vous est mis le lien en début du chapitre et je vous encourage tout autant à l'écouter en lisant, qu'à chercher les paroles, elles valent le détour. Et ce moment était prévu depuis presque le tout début de la fanfiction, j'en imaginais pas une autre chanson pour le porter.
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Cela faisait exactement 57 secondes que Natsu, Happy, Andro, Léon et Grey étaient entrés dans la pièce.
Cela faisait exactement 55 secondes que Lucy était entrée en apnée en le voyant lui, ses cheveux noirs, son air renfrogné, les mains dans les poches, les yeux de celui qui veut braver le monde à la force de ses poings, les cernes en dessous.
Les cernes... ?
"- Ce n'est pas trop tôt." Helysa tira la moue boudeuse que Lucy lui connaissait depuis qu'elles étaient gamine, et dont elle se parait à chaque fois qu'un détail la frustrait " Et dire que les préjugés sexistes veulent nous faire croire que c'est toujours les demoiselles qui se font attendre.
- Relax Hely' ! Ton fiancé s'est fait prendre en embuscades pour des questions sur la cérémonie que j'ai pas tout bien compris ce que c'était.
- Ouais, et puis après Happy et l'autre demeuré de Tête à flammes se sont jetés sur les petits fours à goûter.
- Et ensuite on a dû séparer Natsu et Grey avant qu'ils ne détruisent une bonne partie du château, avec leurs "discussions civilisées" de gamins de 8 ans." souffla le mage de Lamia Scale en les fixant tour à tour, d'un regard qui les défendait de le contredire.
"- En bref nous voilà Chérie." et Andro s'approcha, attrapant sa fiancée par la taille et l'embrassant fougueusement, lorsqu'il la relâcha, elle était à mi chemin entre un sourire, et sa tête agacée.
"- Ahem, tu sais te faire pardonner, mais, tu vas danser pour la peine.
- Helysa je...
- Helysa je n'ai absolument aucune excuse pour ne pas danser, parce que je t'aime et que nous devrons ouvrir le bal dans une dizaine de jours devant une foule innombrable d'invités avec le cul empalés sur des balais, et totalement intraitables sur les coutumes et les traditions. Donc je vais être un gentil amoureux, enlever mes chaussures, et venir danser avec toi sans râler. Et si j'essaie de protester il est sûr et certains que tu me feras répéter encore et encore, jusqu'à ce que je comprenne qu'elle est la seule bonne réponse possible." le coupa sa future épouse, un sourire carnassier aux lèvres, une voix guillerette alors qu'elle jouait avec ses mèches de cheveux en le défendant formellement de la contredire.
Andro ouvrit la bouche, et puis la referma. L'ouvrit de nouveau, la referma encore, et finit par hocher la tête, et enlever ses chaussures, son instinct de survie indiquant que c'était sans doute là le meilleur choix à faire. Helysa se tourna vers les garçons et le chat volant derrière lui.
"- Enlever vos chaussures -enfin Happy ne peut pas mais c'est un détail- vous allez danser vous aussi ! C'est impros chaussettes pour tout le monde ! " et à leur bouille perplexe, elle expliqua ce que c'était que les impros chaussettes alors que Lucy restait étonnamment solidifiée au vieux meuble pour tenir debout comme si il était un prolongement de son corps à elle.
Happy et Natsu étaient enchantés comme des gosses, Léon s'en serait sans doute bien passé, mais une Juvia euphorique qui le tira sur la piste de danse improvisée dans le grenier ne lui laissa pas tellement le temps d'exprimer un quelconque refus, et puis, il finit par se prendre au jeu.
Grey quant à lui enleva ses chaussures, mais vint s'accouder à la commode, à bonne distance de Lucy, mais à côté et, les jupons de la jeune fille effleuraient ses tibias régulièrement, bien qu'aucun des deux ne bougeaient.
Ils étaient immobiles. Le monde tout autour d'eux dansaient et eux restaient immobiles et muets, pas un regard, pas un mot, rien. On savait que l'autre à côté étaient vivant parce que sa respiration, mais c'était tout juste ça, avec les mots qui leur étouffaient la trachée et sautaient sur leurs cordes vocales comme sur des trampolines plutôt que d'oser sortir.
Une chanson passa, peut-être deux ou trois dans la foulée, et toujours aucun des deux pour prononcer le moindre mot parce qu'il devait y avoir tant à dire que ne rien dire semblait plus simple et moins dangereux et juste la seule possibilité. Les notes endiablées de la musique résonnaient dans leur cage thoracique à s'être appuyés contre le meuble et la sensation étaient plus ou moins désagréable mais ce n'est pas comme si ça avait de l'importance.
Deux vrais zombies.
Helysa attrapa la télécommande du poste de musique, trifouilla dessus quelques secondes avant de se retourner vers les deux immobiles, en silence, plus de chansons pour occuper l'espace, et tout le monde qui s'était arrêté de danser.
"- Vous deux, je ne vois que deux options, soit j'ai besoin de lunettes, soit je ne vous vois pas vous déhancher. Et, je sais que - pas toutes les constellations merci bien - ma vue ne souffre d'aucun trouble. Donc, on va me faire le plaisir de venir jusqu'ici et bouger son joli petit cul.
- Helysa...
- Et pas de mais ! Tsss je vois venir, faut vraiment s'occuper de tout ici !" et sans leur laisser plus le temps de faire un choix quelconque elle vint les attraper tous deux, chacun par un poignet, la télécommande en plus pour serrer le fin bras de Lucy. Avant même d'avoir pu respirer ils étaient tous les deux au milieu du vaste grenier, entremêlés, une main sur la hanche de l'autre, une main sur l'épaule de l'autre et une psychopathe au gloussement machiavélique à côté d'eux.
La blonde cru entendre son partenaire jurer entre ses dents quelque chose comme " Mirajane sort de ce putain de corps " sans qu'elle puisse en être sûre. Dans tous les cas la cupidémone numéro deux qui lui servait accessoirement de cousine ne lui laissa pas le temps de se tourner vers Grey pour lui demander, avant de relancer la musique, en appuyant sur un des boutons de sa petite télécommande grise avec un petit bruit satisfait.
...
Un slow.
Un putain de slow.
Elle les avait forcé à un danser un putain de slow ensemble.
When the night has come
And the land is dark
And the moon is the only light we'll see
No I won't be afraid
Oh, I won't be afraid
Il y a de ces secondes qui durent des éternités à elles seules vous savez ?
Et là s'en était une. Et ils étaient là immobiles à se fixer, yeux dans les yeux, comme deux idiots qui se rencontreraient pour la première fois.
Comme si ils venaient juste de se rencontrer.
Comme si ils y avait des milliers de choses à se dire entre eux.
Mais que les mots étaient superflus.
Just as long as you stand, stand by me
So darlin', darlin', stand by me
Oh, stand by me
Oh, stand
Stand by me, stand by me
La main du jeune homme sur la hanche de celle qu'il aimait depuis plusieurs vies antérieures au moins, émis une pression indépendamment de son cerveau, et ils commencèrent à tourner.
A tourner sur eux-mêmes en se regardant yeux dans les yeux juste ça, et les couples, les couples à côté faisaient de même, dansaient ensemble eux aussi.
Mais ils étaient comme seuls au monde et au loin les cris d'Erza reprenant Natsu comme le piètre danseur qu'il était et le menaçant de choisir Happy pour la faire valser n'était plus qu'un vague murmure.
If the sky that we look upon
Should tumble and fall
Or the mountains should crumble to the sea
I won't cry, I won't cry
No I won't shed a tear
Just as long as you stand, stand by me
Ils étaient dans un monde hors du temps.
Ils étaient dans un monde qui n'étaient qu'à eux, à eux, à eux et à eux seules. Et Grey le taciturne dansait enfin. Et Lucy se laissait faire, se laissait guider sans se rebeller contre l'homme qu'elle avait en face d'elle parce qu'elle lui faisait confiance. Et ils avaient écrit leurs deux prénoms dans le creux de leurs sourires. Et Grey n'avait plus peur de blesser Lucy, plus peur de ne pas être à la hauteur, plus peur de l'aimer, plus peur du monde, plus peur de lui, plus peur de malédictions imaginés pour excuser l'angoisse de perdre ce qu'il avait de plus précieux. Et Lucy n'en voulait pas à Grey, n'en voulait plus à Grey de lui avoir menti, caché la vérité, de l'avoir fui comme si il ne pouvait pas lui faire confiance pour l'aider.
And darlin', darlin', stand by me
Oh, stand by me
Woah, stand now
Stand by me, stand by me
Il la fit virevolter sur elle-même, sa robe comme une corolle de fleur avec et lui en arracha un faible petit rire comme les premiers rayons timide du matin.
Lucy commençait à le croire maintenant un peu, elle commençait à le voir, que peut-être, peut-être bien il l'aimait lui aussi.
C'était dans la lueur de son regard, dans sa façon de se mordiller à demi la lèvre inférieure, dans sa concentration ultime à ne pas lui marcher sur les pieds. Dans la manière qu'il avait de la tenir en ne l'effleurant qu'à peine mais d'appuyer ses mains de façon certaines et protectrices, comme celle d'un géant qui voudrait jardiner et planter de jolies tulipes rouges.
Ils avaient besoin d'éllébore. Sans doute oui, ils avaient besoin de ça au moins.
And darlin', darlin', stand by me
Oh, stand by me
Woah, stand now
Stand by me, stand by me
C'était bon c'était pur, c'était genre comme si il n'y avait plus rien à faire, plus rien d'autre. On s'asseyait dans le croissant de la Lune et puis ensuite on attendait la fin des temps.
Il était bon danseur, quand il s'oubliait dans la forme de son monde. Quand son monde pouvait tenir entre ses deux bras de la sorte.
Ils tournaient sur eux mêmes, pas de figure compliqués, pas de portés, ni de génies du déhanchés, ils étaient juste... A leur place, et la magie faisait le reste.
Whenever you're in trouble won't you stand by me
Oh, stand by me
Woah, just stand now
Oh, stand, stand by me
Les derniers accords résonnèrent dans la salle comme l'éloge funèbre d'un moment passé et qui ne serait plus jamais.
Ils s'écartèrent l'un de l'autre, rompant le silence, rompant le sublime de l'instant, rompant le choix de croire qu'il n'y avait pas un bon million de non-dits à tuer entre eux pour pouvoir respirer sans un poids dans le ventre.
Lucy détourna le regard alors qu'il se grattait la nuque, et tous deux avaient ce raclement rauque dans la gorge au souvenir de la nuit précédente.
Ils essayèrent de parler mais il n'y avait sans doute plus de temps pour rattraper tout ce qui devait être prononcé.
Mais quand Lucy tourna les talons, il lui attrapa le bras, et dans les deux minutes suivantes, ils étaient seuls, entièrement seuls, dans le couloir menant au grenier. Et la constellationniste avait les joues bonnes pour rivaliser avec la couleur des flemmes de Natsu.
Nouveau raclement de gorge comme si on retournait les graviers.
"- Lucy...
- Grey...
- ...
- Tu voulais me parler ?" il hocha la tête de haut en bas, et Lucy patienta mais il ne dit rien. Voyant qu'il était blanc comme un linge, et terrorisé comme elle ne l'avait jamais connu auparavant, elle lui adressa un sourire timide sans décroiser les bras qu'elle avait noué devant sa poitrine comme armure de fortune pour se défendre contre des fantômes qui ne l'attaqueraient sûrement jamais.
"- Et pour me dire quoi ?
- Que je t'ai menti... Lucy Heartfilia... Je...
- ... oui ?
- Je retire toutes les horreurs que j'ai pu te dire ou te laisser croire. La vérité, la seule vérité qui tient... C'est que je suis un petit con et... Que je suis fou amoureux de toi. Depuis des années, depuis le début presque. Je suis désolé... Vraiment désolé de tout le temps que j'ai pris, du retard, des fausses routes, mais... Je suis là maintenant et... Et si tu veux partir c'est aujourd'hui, car... Car après je ne partirai plus... Et je ne te laisserai pas partir non plus. Plus jamais. On a pas le droit de dire jamais mais je m'en fous. J'ai gâché trop de notre temps à avoir peur de croire en un toujours, Lucy. Maintenant, je t'aime, je t'aime et je n'ai pas osé hier, mais aujourd'hui j'ose, pour cet instant présent et pour tout les suivants. Je t'aime, par delà la Lune et les étoiles et toutes les conneries niaises que j'ai jamais su dire. Je t'aime et je ne veux que toi et je l'ai compris que je pouvais pas décider à ta place si tu m'aimais ou non simplement parce que j'avais peur de milliers de choses qui nous dépasses. Je te prie de me pardonner Lucy maintenant parce que j'ai compris et je pense que les..."
Deux lèvres étouffèrent la fin de son discours.
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