Chapitre - 24
"Prier. Demander que les lois de l'univers soient annulées en faveur d'un unique pétitionnaire, indigne de son propre aveu."Ambrose Bierce
si vous voulez mettre un fond sonore, j'ai écris la scène en pensant que les filles dansaient sur Bubblegum Bi*** de Marina et the Diamonds.
*****************************************
Les murs du grenier répercutaient les basses de la musique et les rires joyeux des filles à l'infini comme une boucle.
Lucy les regardaient danser, et c'étaient vraiment étrange de voir Juvia et Erza dans de telles robes, mais ça leur allait bien. Elle était prête à parier que c'était Helysa qui leur avait dégoté parce qu'elles étaient assorties à leurs chevelures, à quelques teintes près : une chose qu'Helysa adorait faire.
La future mariée avaient décrété une overdose de robe blanche bouffante à retoucher et les 3 autres n'avaient pas le moins du monde chercher à la dissuader de son besoin d'aller respirer un autre air.
Alors elles étaient montées dans le vieux grenier-salon, qu'Helysa et Lucy avaient décrété être une base secrète, un repère d'enfant, une cabane presque dans les nuages pour s'enfuir de toute la réalité qui les terrorisait. C'était elles contre le monde entier.
Parmi toutes leurs bêtises et leurs souvenirs de cette période, les délires de gamines, leurs préférées à l'une comme à l'autre resteraient probablement les "impros-chaussettes."
Lucy avait le souvenir d'elles deux, pas plus haute que trois pommes chacune, montant les marches du grenier du plus vite qu'elles pouvaient comme une course effrénée en riant, en se bousculant un peu, en trébuchant sur les jupons un peu trop longs de leurs robes à fleurs, leur petits escarpins cirés claquant joyeusement contre les marches.
Elle se souvenait d'Helysa qui attrapait le premier CD au hasard de l'une des piles bancales, quasi aussi hautes qu'elles et puis qui se mettait sur la pointe des pieds pour l'insérer dans le lecteur CD posé sur l'un des meubles, pour rejoindre la blonde un peu plus loin, là ou les meubles leur laissait assez d'espace pour danser.
Et exit les escarpins noirs brillant bien polis, exit les manières de petites filles bien éduquées et les sourires en demi-teintes. Elles envoyaient tout balader au loin, et pour l'espace de quelques heures, redevenir de vraies gamines aux rires innocents, en longues chaussettes blanches et en petits collants de soies.
Elles dansaient pendant des heures, elles chantaient aussi, elles s'étranglaient de fous-rires à s'en casser la voix. Elles mimiquaient les valses des grandes personnes comme aux bals qu'organisaient les parents d'Helysa et où les hommes faisaient pirouetter les femmes encore et encore et encore comme si elles étaient des toupies de porcelaine. Elles sautaient à pieds joints d'une lame de vieux parquet à l'autre, bougeant les bras de façon désaccordée comme des marionnettes ivres. Et puis elles s'amusaient à passer dans les rayons de lumières qui filtraient des velux, à venir faire la révérence aux silhouettes de poussière qu'on y voyait danser.
C'était leur moment à elles deux hors du temps, le moment où elles n'avaient plus de compte à rendre, plus rien à dire ou à faire, plus le besoin de suivre un protocole ou de se plier à une étiquette ou d'agir selon le bon règlement, la bonne façon de faire, ce qu'on attendait d'elles qu'elles soient simplement de part le lit ou elles étaient nées, la bonne position, la bonne place, la bonne tenue, la bonne rigueur nécessaire à toute petite fille bien éduquée, digne de leur rang.
Non, là il n'y avait plus rien de tout ça, plus rien que la joie simple et légère, que le rire de deux gosses qui n'étaient plus rien d'autre que leur âge, et n'avaient plus à se tenir bien droites comme les petites poupées de cires qu'on exigeait de faire d'elles, sans vraiment leur en laisser le choix.
Elles avaient juste à être elles-mêmes, deux prénoms, des boucles blondes, des fous-rires. Et ça leur sauvait la vie, d'oublier tout le rester et de danser en chaussettes pour ces moments volés.
C'est tout naturellement qu'après leurs essayages, Helysa les avait traînées de leur vieux grenier sans en laisser vraiment le choix.
C'était pour récupérer les souvenirs d'enfance qui s'enfuyaient par la fenêtre, c'était en souvenir du bon vieux temps, c'était histoire de montrer à Juvia et Erza ce que signifiait réellement le sens du mot s'amuser.
Alors la jeune héritière avait lancé le premier CD qui lui tombait sous la main comme avant, et puis avait envoyé promener ses escarpins luxueux, indiquant à ses invités de l'imiter.
Elles dansaient depuis quelques minutes maintenant, sans montrer le moindre signe de fatigue, et Lucy les observait, accoudée contre un des meubles qu'abritait la pièce. Elle avait enlevé ses chaussures, elle aussi, mais elle ne sentait pas le cœur à danser, pas le corps à se replonger dans ses vieilles passions d'enfance au regard fantomatique.
Non, la constellationniste avait beau faire, essayer de penser à autre chose, ne serait-ce que pour satisfaire sa cousine qui lui avait tant manquée, parce qu'elle savait qu'Helysa voulait la voir sourire, voulait la voir se déhancher sur leur dancefloor imaginaire de quand elles n'étaient encore rien de plus que des enfants.
Mais... Elle se sentait lessivée et vide et en haut, tout tournait en boucle encore et encore avec la rapidité d'un mixeur jusqu'à venir s'écraser contre les parois de sa boîte crânienne.
Grey... C'était peut-être le mot, le prénom, la chose la plus tangible qui ressortait de toute cette tempête...
Il l'aimait. Il l'aimait, il l'aime, peut-être bien qu'il l'aime au bout du compte et alors il n'y avait plus que ça.
Elle se souvenait de la première fois qu'elle l'avait rencontré, de quelle manière trop assurée il s'était tenu devant elle, nu comme un vers, le sourire en coin, peut-être un peu gêné mais le regard de celui qui croit que le monde lui appartient déjà. Elle se souvient de la façon qu'elle avait eu de bégayer de la nudité de cet inconnu dérangé avant de l'envoyer valser de rage lorsqu'il lui avait demandé de lui prêter ses sous vêtements.
Ils en avaient reparlé l'autre jour tous les deux de cette première rencontre en riant... Et peut-être que c'est ça au fond les relations, devenir proches c'étaient partager des souvenirs pluriels, pas juste les passés, mais les passés qui deviennent communs...
Et ça faisait des jours, des mois et des mois qu'ils se connaissaient désormais, des années, une décennie presque en comptant l'île de Tenrô. Et d'accord, les 7 ans endormis prenaient beaucoup de place mais pourtant... Il suffisait à Lucy de fixer Grey et soudain c'est comme si ils avaient vécu ensemble pour des éternités au moins.
Elle se souvenait d'une vie avant lui, bien sûr, bien évidemment mais... Le regarder c'était comme de fixer une chose qui vous donnait la sensation stupide d'avoir toujours été là, ou bien qu'elle manquait à votre vie avant. Comme un organe, un truc du genre.
Grey Fullbuster, mage de glace, mage de Fairy Tail, champion du monde de "je fais semblant d'être froid pour ne pas que vous m'approchiez."
Peut-être que ça coulait de source au fond et qu'elle ne comprenait pas comment elle n'avait pas put s'en douter avant... Elle qui se disait avoir ce droit rare et unique de fouler le sol par derrière ses carapaces et ses barricades, et voir un peu plus que le jeune homme taciturne et glacial... Elle s'était juste trompée, il avait été avec elle comme il avait toujours été avec tous les autres. Sans rien lâcher de ses armures, il l'avait juste repoussé d'une autre façon, c'était tout aussi violent.
Ça l'était même plus en fait, si on pensait à toutes ces fois, tous ces mots, toutes ses opportunités ratés, toutes ces occasions avortés dans l'œuf. Elle se rappelait les rares fois où ils avaient abordés leurs sentiments et de quelle manière il l'avait rejeté, avec la plus grande des douceurs certes, mais cette pitié immonde au fond de l'œil comme lorsqu'on regarde un petit animal sauvage et chétif, la patte dans un piège, et qu'on soupire en se disant qu'il est tellement trop stupide pour comprendre de quelle façon il s'est blessé.
A chaque fois qu'elle paniquait et s'écartait comme brûlée par leurs erreurs, parce qu'ils étaient amis, parce qu'ils n'auraient pas dû, parce que ce n'est pas réciproque, jamais, jamais il ne l'a contredit. Il se contentait juste d'acquiescer, avec son putain de regard à la con.
Donc voilà, apparemment la vérité n'était pas là ou elle la croyait et, elle, en plus d'être idiote, avait était couronnée reine officielle des imbéciles parce celui qu'elle aimait en personne.
Elle n'était jamais tombée amoureuse de Grey Fullbuster ça avait juste une évidence, un truc qui s'imposait à la raison et c'était pas plus compliqué que ça. Il n'y avait ni choix à faire ni réflexion à avoir, parce que au fond, c'était écrit pour être ainsi comme un tour de passe passe d'un destin moqueur ou bien les souvenirs d'une vie antérieure qui se rappelaient à vous.
Savoir si elle aimait Grey ou non n'avait jamais rien eu de difficile. Ce qui avait été des plus compliqués, c'était de l'accepter. Et la jeune femme se souvenait de toutes ses heures passées à fixer le plafond comme si ça lui donnerait toutes les réponses à ses questions. Ou bien comme si pouvait faire partir tout ses foutus sentiments non réciproques et qu'ils ne soient plus là à son réveil comme par magie.
Et puis finalement non, rien de tout ça, non seulement ils n'avaient pas disparus, mais ils étaient réciproques et partagés, et tout ce temps, toutes ses années perdue à se morfondre elle n'en savait rien, rien, rien de rien.
Lucy avait repoussé Grey la nuit dernière quand ses sentiments étaient venus lui siffler à l'oreille qu'ils étaient biens les seuls dans cette pièce à exister. Ils mentaient, ils avaient faux, ils avaient cru en une illusion qui, s'il elle s'y penchait bien apparaissaient comme de moins en moins réelle.
Elle l'avait repoussé violemment en croyant que tout ça n'était qu'un jeu pour lui, un délire, un objet sexuel qu'on caresse comme les trophées que l'on exhibe.
Et puis non, il avait des sentiments en vérité. La nuit dernière était vraie de vrai.
La blonde était très en colère (en fait le début datait de l'heure précédente, merci Erza et Helysa) d'avoir enfin appris la vérité. On aurait pu croire que le soulagement aurait primé sur tout le reste mais la seule chose qu'elle ressentait c'était une rage immense d'avoir été dupée comme une idiote et ne s'être rendue compte de rien, elle qui était persuadée de toujours merveilleusement bien comprendre les gens, persuadée de bien le comprendre, lui.
Sauf que non, Monsieur lui avait menti, monsieur lui avait menti sciemment, consciemment et sans broncher pendant des années.
Peut-être qu'il l'aimait enfin de compte, peut-être qu'il l'aimait oui, et qu'il ne jouait pas.
Mais alors ça voulait dire qu'il lui avait menti, qu'il l'avait jugé trop faible pour ne pas pouvoir se protéger seule, trop peu digne de confiance pour lui ouvrir son âme et s'épancher, et lui avouer tout de ses peurs qui le rongeait afin qu'ils puissent les combattre, ensemble tous les deux, qu'elles ne le dévorent pas par l'intérieur.
Et d'accord, mentir et cacher la vérité ce n'était pas pareil.
Là, présentement c'était pire.
Il faudrait qu'ils discutent, ils devaient parler. Lucy le savait, sans en douter, mais, elle voulait repousser ce moment à plus tard, l'éternité prochaine peut-être au moins.
Elle voulait elle voulait elle voulait.
Elle voulait rester figée sans danser avec une musique qui gueulait en fond sonore et le rire de ses amis comme derrière un voile épais qui les éloignait. Elle voulait restait immobile et attendre que sa tempête personnelle l'emporte à des milles et des lieux du rivage.
Et soudain la voix d'Helysa sadique, joyeuse, résonnant et guillerette et se répercutant contre les murs du grenier par dessus les accords de la musiques et les gloussements des demoiselles qui se déhanchaient.
"- Salut les garçons ! On attendait plus que vous !"
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top