Seungin

~ 30 Septembre ~
Journée mondiale de la traduction


Petite précision ! Cet os prend place dans le passée là où les mœurs étaient différents. Les homosexuels étaient mal vu, il était fréquent qu'ils se marient et aient des enfants avec le sexe opposé pour rentrer dans le moule de la société et qu'ils ne soient pas répudié par leur famille.

Bonne lecture !

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Il se réveilla naturellement dans le milieu de la matinée. Il paressa au lit, se délectant de ne pas avoir à s'obliger de se lever pour aller travailler. Il avait fini la traduction du manuscrit dont il avait la charge la veille et comptait bien profiter d'une ou deux journées de repos avant que son supérieur ne le charge d'une autre traduction à court terme.

Il était souvent, si ce n'était constamment, réquisitionné pour les sorties des acteurs connus. La maison d'édition pour laquelle il travaillait était l'une des plus connu de Corée du Sud. Elle obtenait les contrats de traduction avant même la sortie du livre de l'auteur en tête des ventes dans d'autres pays puis après c'était la course contre la montre pour traduire un pavé de plus de trois cents pages en trois mois, de sorte que la sortie de la traduction en Corée du Sud corresponde à la parution de la version originale dans le pays de l'auteur.

Bref c'était un travail éreintant où Jeongin y passait ses journées. Heureusement il était assez bon traducteur pour en faire son métier. Bon nombre de ces compères n'avaient pas cette chance. D'un train de vie précaire, ils s'usaient la santé à traduire des manuscrits la nuit après leur journée de travail afin d'arrondir leurs fins de mois.

Jeongin se tourna vers sa fenêtre. Exceptionnellement il en avait fermé les volets et tiré les rideaux. Il tenait à sa grâce matinée, le soleil qui le réveillait chaque jour c'était bien pour quand il devait se motiver à sortir du lit pour travailler.

Il n'avait pas envie de bouger, ses bras étaient comme parcourut d'une colonie de fourmi et il ne sentait même plus l'extrémité de ses doigts. Son corps restait inerte mais son cerveau commençait à s'activer. Il devrait prévoir un café avec Hyunjin, son meilleur ami, un diner avec ses parents, mettre à profit son temps libre pour nettoyer son appartement, réapprovisionner son garde-manger, prendre rendez-vous chez le coiffeur, s'aérer d'une promenade dans les rues de la ville, racheter encore et toujours du papier et de l'encre...

Il laissa tomber ses mains sur ses yeux en pleurnichant. Où était le repos là-dedans ? Il ne ferait que rattraper le retard que son travail l'obligeait à prendre dans ses interactions sociales et ses tâches de la vie quotidienne. Puis le travail reprendrait et le retard à peine diminué, s'élargirait de plus belle. Il pivota sur le flan et prit le second oreiller de son lit pour le presser contre lui, dans cette étreinte imitant le contact humain que le rythme infernal de son travail l'obligeait à en être dépourvu. Aujourd'hui il ne ferait rien, il n'en avait pas la force.

Sans bouger, à regarder la pénombre de sa chambre les yeux grands ouverts, il resta longtemps dans son lit. Même son envie de soulager sa vessie ne le tira pas du matelas. A un moment il entendit la clé tourner dans la serrure de son entrée, cela ne le fit pas plus réagir. Une seule personne avait le double de chez lui de toute façon.

Il y eut un peu de bruit dans le séjour avant qu'il n'entende les pas, qu'il guettait inconsciemment, s'approcher.

-N'allume pas la lumière, quémanda-t-il.

La lumière ne fut pas allumée mais les volets du séjour étant resté ouvert, Jeongin vit en contre-jour la silhouette de son petit-ami se découper dans l'encadrement de la porte. Seungmin, car tel était son nom, resta appuyé contre le chambranle de longues secondes à le regarder. Jeongin se laissa admirer sans initier le moindre mouvement pour se lever.

-Le réveil est compliqué ce matin ? S'enquit enfin Seungmin.

Jeongin grogna en fourrant sa tête dans l'oreiller entre ses bras. Il n'avait pas la force de discuter, la force de... de rien à vrai dire. Même si son petit-ami était chez lui, se lever et marcher jusqu'à lui pour le saluer d'un baiser semblait demander trop d'énergie.

Il entendit les bruits de pas étouffés par les chaussettes, sur son parquet. Bientôt Seungmin l'obligeait à dénouer ses bras autour de l'oreiller et le faisait se redresser en position assise. Jeongin se laissa faire, pantin désarticulé dans les bras du marionnettiste. Une fois assis il garda sa tête de déterré pour bien montrer qu'il n'était pas heureux des agissements de son aimé, et ses épaules restèrent basses, le dos voûté.

-L'avenir appartient à ceux qui se lève tôt, l'encouragea Seungmin de façon très bateau.

-Tu veux pas plutôt me rejoindre dans le lit ?

-Allez, courage ! Va donc te débarbouiller et enfiler ta tenue de jour pendant que je te prépare un café. Je suis passé à la boulangerie, j'en ai rapporté des croissants.

Seungmin l'embrassa sur le front avant de partir faire le café moulu main qu'il avait promit. Jeongin n'ayant plus d'autres choix, mit son corps en marche. Il se traina jusque dans la salle de bain attenante à sa chambre pour se passer un coup d'eau sur le visage et se peigner. Il revint dans sa chambre pour enfiler des chaussettes, un pantalon avec ceinture, un maillot de corps et une chemise.

Dans la cuisine son petit-ami lui tournait le dos, les muscles des bras, des épaules et du dos s'activant à moudre les grains de cafés. Jeongin vint l'embrasser brièvement pour lui dire bonjour. Il le regarda un instant travailler avant de retourner au comptoir comme il l'appelait. Simple planche accrochée au mur et soutenu par un tube en métal à l'autre extrémité, d'où l'on mangeait en s'asseyant sur des chaises hautes. Il y vit un sac de papier avec quelques taches de graisses qui devaient contenir les croissants, le gobelet de café de Seungmin à moitié bu ainsi que son attaché-case et un quotidien. Il s'assit à côté de ces affaires et tourna le journal vers lui pour parcourir les gros titres sans réellement s'y intéresser.

Son attention fut facilement détournée quand Seungmin mit le filtre dans la cafetière. C'était une cafetière manuelle où il versa le café moulu dans le filtre avant de prendre la bouilloire dans laquelle il avait fait chauffer l'eau et, grâce au bec verseur, vida le liquide de manière homogène. Jeongin aimait cette vision. Il trouvait toujours son petit-ami extrêmement sexy quand il préparait le café. Il ne savait pas pourquoi mais cela lui faisait toujours de l'effet.

Il fallait maintenant laisser le café se créer de lui-même ce qui prenait entre dix minutes et un quart d'heure. Seungmin s'en désintéressa comme il n'avait plus rien qu'il ne pouvait faire qu'attendre et quitta la cuisine ouverte pour pénétrer dans le salon à proprement parler. Il passa entre la table basse en bois où quelques magazines prenaient la poussière et le canapé en cuir dont l'armature en bois massif était visible. Il s'arrêta devant le bureau de Jeongin qui était orienté vers la fenêtre. Il y trouva les différents feuillets du manuscrit original à droite à côté de la lampe de bureau verte, dont les marges étaient noires d'annotation, la machine à écrire au centre, et la traduction finale à gauche.

Seungmin s'essuya les mains sur son pantalon par précaution avant de prendre la finalité des trois mois de travail de son petit-ami. Il feuilleta sans vraiment lire, s'arrêta sur des pages au hasard pour lire une phrase, un paragraphe avant de refermer le manuscrit.

-C'est la version corrigée ?

-Oui, prend-la et qu'on n'en parle plus, dit Jeongin d'un ton las.

Sa chaise ne pivotait pas mais il se plia pour regarder son petit-ami qui était aussi, accessoirement, son supérieur. Seungmin revint vers lui et rangea le manuscrit dans son attaché-case avec mille précautions. N'ayant plus la patience d'attendre, Jeongin prit un croissant et commença à manger.

-Nous avons obtenu le contrat pour...

-S'il te plait ne parlons pas travail aujourd'hui, demanda Jeongin en posant sur lui un regard éteint.

-Je sais que tu veux prendre quelques jours pour souffler mais le timing est serré, j'ai besoin de savoir si tu acceptes pour qu'on reste dans les temps.

-Et ça serait encore une traduction à faire en un temps record ? J'aurais combien de temps cette fois-ci ? Un mois parce que si je dors que tous les trois jours c'est faisable ?

-Ne soit pas sarcastique, veux-tu ? Tu sais très bien que tu es notre meilleur élément et que les autres ne peuvent pas faire de projet aussi urgent dans les temps.

-Oui parce qu'ils ont tous une vie de famille et qu'à leurs yeux je suis célibataire donc j'ai le temps pour m'en charger. Or je suis en couple avec toi mais personne ne pourra jamais le savoir car tu es marié et père de famille et moi je ne suis et ne serais jamais plus que ton amant car nous nous aimons et c'est péché ! Mais j'en ai marre Seungmin !

C'était un cri du cœur, dont la douleur figea Seungmin sur place. Jeongin tremblait et des larmes étaient apparu dans ses yeux ce qui finit d'inquiéter Seungmin. Il était devant le comptoir mais fit un pas chassé pour être à côté de Jeongin. Il lui ouvrit grand ses bras.

-Hé, hé viens-là, ça va aller.

Jeongin vint dans ses bras avec reconnaissance et Seungmin referma son étreinte sur lui. Il le berça lentement tel un parent réconfortant un enfant après un cauchemar. L'une de ses mains se glissa entre les mèches corbeaux de son petit-ami pour jouer avec, sachant que ce geste détendait toujours Jeongin quand celui-ci avait besoin de déstresser.

-Tu sais ça fait combien de temps que je n'ai pas vu mon meilleur ami ? Combien de fois j'ai repoussé le diner de mes parents ? Combien de fois je voulais t'appeler, te voir mais où c'était impossible parce que je devais garder le rythme toujours garder le rythme de ce manuscrit, du précédent et celui d'encore avant ? Et à chaque fois que nous trouvons le temps de nous rencontrer nous parlons boulot. Mes yeux me brûlent et me piquent à longueur de journée mais je n'ai pas encore prit le temps d'aller chez le médecin parce que j'avais peur que cela s'éternise et que je prenne du retard sur ma traduction. Ma vie est dictée par mon travail...

Il sentait Jeongin tendu contre lui, les muscles raides et ses grandes mains dans son dos qui se cramponnait à lui comme un naufragé s'accrocherait à ses maigres chances de survie. La culpabilité l'envahit alors qu'il se demandait comment il avait fait pour ne pas remarquer la dégradation morale du seul être à qui il eut jamais donné son cœur.

-Je suis désolé de t'avoir surmené. Quand j'irais au siège éditorial je poserais pour toi une semaine de vacances, d'accord ? Et quand tu reprendras je te trouverais un manuscrit pas trop compliqué avec un large horaire de traduction pour que tu sois tranquille.

-Merci de t'excuser et de me comprendre.

Jeongin s'écarta et Seungmin vit véritablement que le poids de ses propos, comptait pour son petit-ami. Cela avait l'air de lui avoir fait du bien. Seungmin prit son visage en coupe et l'embrassa en faisant de son mieux pour lui transmettre son amour pour lui, en espérant faire disparaitre les traits tirés du visage de Jeongin.

-Maintenant laisse-moi m'occuper de toi. Va sur le canapé je t'apporte le café.

Jeongin acquiesça et Seungmin le laissa partir. Il alla s'asseoir sur le canapé qui faisait face à la grande bibliothèque qu'il possédait. C'était la pièce maitresse du lieu et tous ses visiteurs la voyant, lui offrait plus tard, pour une occasion quelconque, un livre. Jeongin aimait lire mais ne s'attelait que peu à cette activité, bon nombre d'ouvrage attendait d'être ouvert par sa personne. Dans son dos, derrière le canapé, se trouvait une petite table pour deux avec deux chaises se faisant face autour d'un jeu d'échec dont les pions étaient déjà installés et prêts à l'emploi.

Seulement tout ce qu'il voyait c'était son bureau avec sa machine à écrire dans sa vision périphérique. Cette vue le rendait malade, il avait passé trop de temps courbé dessus qu'il en faisait une surdose. Alors quand Seungmin vint s'asseoir à côté de lui avec son café et son croissant à moitié mangé, Jeongin se tourna vers lui, mettant ses jambes en travers des siennes. Il ne voulait plus voir son bureau et sa machine à écrire que ce soit de face ou en périphérie.

Il but une gorgée du café préparé par son petit-ami mais comme il était encore chaud (le café parce que Seungmin lui l'était perpétuellement) il le posa sur la table basse avec la moitié de croissant. Il voulut laisser sa tête reposer sur l'épaule de son amant mais celui-ci en décida autrement et prit son visage entre ses mains pour le regarder attentivement.

-Tu dis que tu as mal aux yeux ? Répéta-t-il en effleurant les paupières de Jeongin de ses pouces avant de décaler ses doigts pour débuter un massage sur les tempes de Jeongin.

-ça fait du bien, souffla Jeongin avec un petit air contenté sur le visage.

Alors Seungmin continua ses petits soins et Jeongin garda les yeux fermés, appréciant les attentions de son petit-ami.

-Quand je partirais, j'entrerais dans la première cabine téléphonique sur mon chemin pour prendre rendez-vous chez le médecin en ton nom puis je te ferais parvenir le jour et l'horaire du rendez-vous en t'envoyant l'un de ces petits enfants qui courent les rues.

-Je leur donnerais une pièce pour la commission.

-Pas besoin je m'en chargerais.

-Si, si j'y tiens.

Seungmin n'insista pas, il ne voulait pas contrarier Jeongin, seulement l'aider à aller mieux. Ce serait bête de partir fâcher pour un sujet de discorde si futile, le gamin aurait deux pièces et serait bien heureux voilà tout. Il abandonna les tempes de Jeongin qui papillonna des yeux comme s'il revenait à la réalité. Alors qu'il retirait chaussette et ceinture de Jeongin, le plus jeune réessaya de boire un peu de son café.

-Mange aussi. Si tu ne fais que boire du café tu auras des aigreurs d'estomac, lui conseilla Seungmin avec prévenance.

Docilement Jeongin finit son croissant mais fut interrompu par son petit-ami qui s'attaquait à déboutonner sa chemise.

-Qu'est-ce que tu fais ? Demanda-t-il en le laissant néanmoins poursuivre.

-Pour te reposer tu dois être à l'aise. Veux-tu que je te masse ?

Le cœur de Jeongin fit un bond. Seungmin était au petit soin pour lui, lui faisant presque regretter d'avoir gardé ses états d'âmes aussi longtemps secret. Son petit-ami était compréhensif et cela lui faisait chaud au cœur. Il ne résista pas à l'embrasser appréciant pleinement l'amour qu'ils s'échangeaient à travers ce baiser.

-Je suis vraiment heureux de t'avoir dans ma vie, avoua-t-il spontanément.

-Et moi donc, tu es la meilleure chose qui me soit arrivée et de loin.

Les larmes dans les yeux de Jeongin avaient disparu, son cri du cœur avait été entendu par une personne pour qui il comptait, il n'avait plus rien à craindre. Seungmin ferait en sorte de lui remonter le moral et l'aider à se détendre avant d'être obligé de le quitter pour le travail. Et s'il n'était pas rassuré de l'état de Jeongin en partant alors il appellerait sa femme pour lui dire qu'une réunion s'éternisait et retournerait passer la soirée chez son petit-ami.

Mais ils n'en étaient pas encore là et Seungmin devait préparer ses mains pour offrir le meilleur des massages à Jeongin qui se mettait déjà en position. L'amour était fait de ses petites attentions et sans Seungmin, Jeongin aurait été bien en peine de remonter la pente de ce qui présentait tous les signes d'un début de Burn Out.

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Cet os fait partie de mes bébés ♡

Le sommaire est mit à jour pour le mois d'Octobre !

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