Chanbin

~ 31 Décembre ~
Réveillon de la saint Sylvestre

La jeunesse avait de cette folie d'être persuadée que pour s'amuser il fallait impérativement plus d'alcool dans votre corps que ce qu'il peut supporter et des enceintes crachant une musique à dégrader de manière définitive votre audition. Ce mélange explosif endormait votre conscience et laissait votre personnalité désinhibée outrepasser la loi du savoir-vivre laissant les conséquences au lendemain.

La soirée du jour de l'an était l'exemple typique d'une génération qui souhaitait s'éloigner de l'image morne et assagit renvoyé par les adultes dans leur entourage sans comprendre qu'ils copiaient le comportement de leurs parents à leurs âges.

Il faisait chaud, plus étouffant encore qu'en été mais moins agréable que les rayons du soleil brûlant l'épiderme à cause de la sudation excessive de ces corps pressés les uns contre les autres. Parce qu'il était bien connu qu'une fête ne pouvait être réussi que si elle comportait trop d'individu dans un espace restreint.

Il y avait les cris d'une foule à l'esprit survolté déjà assez soûle pour souhaiter que tout le monde le soit. Cela encourageait à boire, bourdonnement de voix indistincte à peine supérieur à la musique, mais le verre d'alcool dans la main hésitante et les poings fermés aux mouvements saccadés accompagné de mine déterminé, permettait à chacun de comprendre le tableau d'ensemble.

Le verre qui se lève et le liquide disparait. A peine le temps de sentir l'âpreté de la boisson sur cette langue engourdie que les viva acclament. Il est des leurs. Et il le ressent, temporairement du moins puis il se masse parmi ses compères pour trouver une nouvelle recrue qu'ils inciteront à consommer. Elle aussi boira, comme lui, comme ceux avant eux parce que la finalité de ces soirées est de se ravager au point de perdre quelques précieuses années d'espérance de vie pour se sentir membre d'une communauté d'êtres de la nuit dépravés entre lesquels aucun lien ne se créera jamais.

A cela s'ajoutait aussi la consommation de produit illicite. Notre protagoniste s'éloigne de ses semblables par des pas titubant dans le besoin viscéral d'un bâton rougeoyant consommé au dehors dans des températures négatives, à l'état de leur QI actuel.

Il n'est jamais bon de se faire souffrir par un seul acte, il faut mettre toutes les chances de son côté pour ruiner sa santé.

Démarche mal-assuré qui finit par abandonner face à ces corps compacts pour qui faire un pas en avant et un en arrière équivaut à danser. L'alcool le rend soudain las et lourd. Son corps pèse et il ne sait qu'en faire. Cependant son désir initial n'est pas parti, il sort son tabac roulé, le porte à ses lèvres. Le cerveau rendu K.O. par l'alcool et la voix de sa raison anéantie par la musique assourdissante.

Ce n'était pas seulement qu'elle était trop forte c'était aussi que les basses étaient tel que les corps devenaient des caisses de résonnances, vibrant malgré eux au rythme de la musique. Maladroitement il se fait emporter dans cette danse qui n'en était pas réellement une. Il se laisse trainer pas à pas ne portant même pas attention à la musique, focalisé sur le geste de porter et d'éloigner le bâton incandescent de ses lèvres. Il n'est pas chez lui et même s'il y était, il se fiche bien de l'odeur rance de la cigarette froide qui resterait des jours durant aux murs.

Ses yeux sont vitreux, imbibés d'alcool cela ne fait aucun doute. Pourtant ils parviennent tout de même à accrocher d'autres yeux vitreux. En compère ils s'estiment, se détaillent. Malgré les corps qui les obligent à bouger, ils ne se quittent pas. Il est beau c'est tous ce qu'ils retiennent de l'autre. Ils voient au travers de la sueur, de leur propre vue broyée, des cheveux humides et collé que sobre l'autre était décemment attirant.

Puis la foule à raison d'eux et les emporte loin de l'autre. La cigarette est consommée dans son entièreté, le mégot se perd entre ses doigts et le sol, peut-être est-il tombé dans un verre ? L'image du beau jeune homme reste dans sa mémoire comme une diapositive bloquée devant un projecteur. Vraiment beau.

A retardement son corps s'éveille. Ce corps musclé, ces cheveux noirs tombant devant les orbes sombres et la ligne direct de cette mâchoire remarquée malgré la semi-obscurité... Plus il y repense, plus il l'idéalise. Cette fois il n'a pas besoin de l'alcool ou des corps autour de lui pour que sa chaleur corporelle augmente. Il a besoin de ce corps précisément. Tout contre lui non pas pour apaiser le feu lui brûlant le bas ventre mais pour qu'ils s'enflamment ensemble dans un brasier qui ne se consumerait qu'au petit matin.

Parmi les limbes de sa nouvelle obsession il entend un compte à rebours. La musique à été baissée mais continue étrangement de bourdonner à ses oreilles. Les corps autour de lui se sont immobilisés mais il tangue encore. Il s'effraie d'abord à croire que c'est un décompte avant que ne soit lancé l'étincelle pour l'embraser. Enfin il réalise, la nouvelle année va être annoncé.

Ce décompte le presse, fait grandir en lui un sentiment d'urgence qui réveille son corps jusque là lascif. Il doit retrouver ce garçon. Mais il a déjà perdu de précieuse seconde et le temps que le cerveau envoie au corps l'ordre de bouger, la fin du décompte retentit.

Une nouvelle explosion de bruit éclate, bien plus vivante que la musique, bien plus joyeuse, bien plus humaine. Il oublie déjà ce qu'il souhaitait ardemment la seconde d'avant. Mais la main sur son épaule s'empresse de le lui rappeler.

Il se retourne, criant toujours parce que c'est ce que les autres font. Les festivités sont à leur apogée, les contacts humains aussi. Pour les premières minutes de cette nouvelle année ils sont tous les meilleurs amis du monde et ne se souhaitent que du bonheur. Et la santé évidement, c'est important la santé.

Devant lui le garçon qu'il s'imaginait déjà n'avoir que rêvé. Finalement sa latence dû à l'alcool à permit à l'autre de le retrouver. Il cligne des yeux. Plusieurs fois. Son cerveau à dû mal à se mettre en marche. On ne dégrise pas ainsi.

Mais autour d'eux c'est l'euphorie. On célèbre cette nouvelle année qui finalement ne sera pas bien différente de la précédente. Les mêmes personnes dans nos vies, ces mêmes résolutions qui ne tiennent que le temps d'être prononcées.

Leurs cerveaux est éteint, ils réaliseront cela une fois dégrisé et le douloureux mal de tête passé. Là c'est le moment présent alors comment ne pas prendre part à la foule en liesse ? C'est la nouvelle année alors ils s'embrassent. Bonne année et qui sait peut-être que celle-ci sera différente de l'ancienne finalement ? A vous de voir.

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Avec un peu d'avance je vous souhaite une bonne année 2022 ! 🎊🎉

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