Pana - Quatrième Pleine Lune (V-NL)
Chapitre 3 du 5ème Cycle Lunaire.
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Alors que je faisais des recherches sur le serveur de l'organisation, espérant trouver des notes des Chasseurs sur les lycanthropes, je finis par tomber sur des notes très intéressantes. Ils avaient apparemment étudié un spécimen plutôt agressif et... Ils lui avaient fait subir des expériences affreuses. Ça me révoltait. Derrière le loup, il y avait une personne, tout de même ! Ça aurait pu être moi... Je lisais rapidement qu'elle – apparemment c'était une femelle – était parvenue à s'échapper un soir de pleine lune... La date indiquée était gravée dans ma mémoire et je commençai à m'inquiéter sur ce que j'étais sur le point de découvrir. Je finis par trouver l'endroit où cela avait eu lieu. Et le lien se fit tout naturellement. Elle avait tué Georgie. Les Chasseurs avaient torturé une louve-garou, elle s'était échappée, et rendue folle par les drogues, elle avait tué mon frère. Je ne voulais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire. Je vis finalement qu'elle était toujours enfermée quelque part. Je voulais y aller. Savoir. Mais juste avant que je ne ferme mes recherches, je remarquai un détail bien plus important encore. Son nom. Soheïla Moona. Ma mère. Ma mère était vivante et elle était... Je sentis les larmes me monter aux yeux. Je n'arrivais pas à comprendre comment c'était possible. Et mes employeurs m'avaient caché la vérité depuis mon arrivée !
N'y tenant plus, je pris rapidement mes affaires et me mis en route pour leur prison secrète. Je devais la voir. Je devais m'assurer que c'était bien elle... Je devais... La retrouver...
Après de longues heures de route, je parvins enfin à leur cachette, je m'y faufilais en douce, évitant soigneusement les quelques gardes qui faisaient leur ronde. J'arrivai devant sa cage, selon les informations que j'avais pu trouver. C'était une cellule étroite et austère. J'avais l'impression d'avoir changé de siècle tellement l'endroit était sale et mal éclairé. Une forme était allongée sur un lit de fortune et je l'appelai doucement.
– Moona ? Soheïla Moona ?...
Lentement, sa tête se redressa et se tourna vers moi. Dans la semi-obscurité, je voyais ses yeux étinceler. Elle se leva et s'approcha des barreaux qui nous séparaient et me fixa intensément. Je ne pus retenir des larmes.
– ... Pana ?... C'est... Toi ?
– Oui... Oui c'est moi, maman...
Je m'effondrai au sol, les mains agrippées aux barres de métal et elle descendit pour être à ma hauteur. Je lui racontai brièvement comment je l'avais trouvée. Son regard se troubla à l'évocation de Georgie... Qu'elle avait tué. Elle retint un sursaut quand j'évoquai ma première transformation et la mort de mon père. Je décidai de la faire sortir mais elle me retint un instant. Elle se confessa. Elle me raconta son histoire.
Elle avait, un soir, fait une mauvaise rencontre et été transformée par une morsure de loup-garou. C'était après la naissance de mon frère. Après ça, elle avait su maîtriser ses pulsions meurtrières et j'étais née. Elle avait eu si peur que je sois différente. Au bout de quelques temps, effrayée à l'idée de nous blesser si elle perdait un soir le contrôle, elle était partie. Peu après, les Chasseurs l'avaient attrapée et avaient cherché à en faire une arme. Ils cherchaient à dompter la bête qui sommeillait en elle, mais les injections la rendaient de plus en plus malade, violente et incontrôlable. Le soir où Georgie est mort, elle s'était échappée de leur surveillance car les sédatifs n'avaient plus d'effet sur elle. Son instinct l'avait poussé à suivre l'odeur familière de sa propre famille mais le monstre avait tout anéanti. Reprenant avec difficulté le contrôle de son corps, elle s'était enfuie à travers la nuit et les Chasseurs l'avaient récupérée une nouvelle fois.
Je réalisais alors que je n'avais peut-être jamais été humaine et que la blessure qu'elle m'avait infligée, le poison que je croyais responsable de ma transformation, avait peut-être simplement accéléré le processus. Mon destin avait été inévitable. Je déglutis. Je repris mes esprits, cela n'avait aucune importance. J'avais retrouvé ma mère et j'allais la sortir de là. J'ouvris sa cellule, et avant même que nous ayions pu quitter le couloir, les gardes arrivaient et commençaient à nous encercler. Nous avions pris trop de temps à nous décider. Je ne savais plus quoi faire. Je ne contrôlais pas ma transformation comme je le souhaitais. Finalement, ma mère me souffla un mot. Fuis. Et se transforma en immense louve noire. Elle se jeta sur les gardes et j'hésitai un instant à partir, à la laisser. À l'abandonner. Mais elle me l'avait demandé. C'était la seule chose qu'elle me demanda de toute mon existence. Je me résignai et, dans un effort surhumain, je devins louve à mon tour et nous nous battîmes flanc contre flanc.
Après quelques minutes, nous courûmes vers la sortie. Nous continuâmes sur de nombreux kilomètres avant de reprendre forme humaine. Ma mère tenait à peine debout. Elle avait été gravement touchée et ne m'avait rien dit. J'essayai tant bien que mal de la soigner, de refermer ses plaies, mais c'était trop tard. J'avais beau être une experte dans le domaine, j'avais beau voir qu'il n'y avait plus aucune chance, je m'acharnai. Je refusai de la perdre. Pas maintenant que je l'avais enfin retrouvée. Elle posa sa main atrocement fine sur la mienne et me sourit.
– Il fait beau aujourd'hui... Le ciel... Est magnifique, ma chérie...
Les larmes ruisselaient sur mes joues tandis que ses yeux s'éteignaient sous les miens. Je me blottit contre elle, étouffant ma douleur contre sa poitrine. Je me laissai porter par mes sanglots des heures durant. Le soleil descendait à l'horizon, alors que ma peau restait humide de pleurs et de sang. Le paysage était magnifique.
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