Kei - Huitième Nuit (II-NL)

La précieuse clé entre les mains, je me précipitai aux sous-sol de la bâtisse. S'il y en avait d'autres comme moi, je le saurais bien vite. Je passai discrètement la salle des gardes qui menait aux cellules. Je n'y avais vu personne, je devais donc rester prudent. Je fis un tour rapidement dans les différents couloirs. J'entendis des éclats de voix derrière une porte épaisse au bout de l'un d'eux. Ils devaient tous être là. Il me semblait avoir vu quelqu'un dans l'une des cellules du début, j'y retournai donc. Je m'arrêtai devant les barreaux où se trouvait une forme sur le lit. J'appelai en soufflant doucement. La forme se redressa et vint vers moi. C'était une petite fille. Elle devait avoir à peine huit ans. Ses cheveux étaient d'un blanc brillant et ses yeux d'un noir profond. Elle me regardait avec étonnement.

"Toi, je t'ai jamais vu ici." dit-elle d'une toute petite voix. Je sursautai et et arrêtai de la fixer. Sans attendre, j'ouvris sa cellule à l'aide de la clé que j'avais empruntée. Inquiète, elle hésita à sortir. "Nous sortons d'ici", dis-je calmement. Finalement, elle fit un pas hors de sa cellule avant de répondre : "Ils ont pris mon ami... Je l'entends gémir... Ils lui font du mal..." Je voyais la peine dans ses yeux démunis de pupilles. Je savais ce que c'était que de perdre quelqu'un qu'on aime. Je la pris par la main et l'entraîna avec moi dans les profondes de cette atroce prison. Si son ami était quelque part ici, cela ne pouvait être que derrière la porte que j'avais vu plus tôt. Le sortir de là allait être compliqué. Lentement, je poussais l'épaisse porte en bois massif. Dans un léger entre-bâillement, je parvins à distinguer les lieux.

C'était une salle plutôt grande. Immense, en réalité. Elle avait une forme arrondie. Sur des tables, disposées çà et là, s'étalaient toutes sortes d'outils, dont beaucoup que je n'avais jamais vu auparavant. Au centre, il y avait une créature enchaînée, et autour d'elle, ses bourreaux jouaient avec de longs piques, cherchant à traverser sa peau épaisse. Je n'avais jamais vu de créature pareille. J'en avais entendu parler, comme beaucoup, dans des récits de voyages farfelus, dans des contes. Mais le voir en vrai, c'était sacrément impressionnant. Il grondait sourdement. Les vibrations qui sortaient de sa gorge ne laissaient aucun doute : il avait mal. Ça allait être encore plus compliqué que prévu. Sortir discrètement seul ou accompagné d'une petite fille, ça passait encore... Mais sortir discrètement avec ce lézard géant ?

Je me tournai vers la fillette. "Comment le faire sortir ? Il ne passe même pas la porte, comment l'ont-ils fait entrer ?" Elle pointa quelque chose chose sur l'une des tables les plus proches de la porte. "C'est de la poudre de ma famille. Elle lui donnera une taille plus réduite pour quelques minutes". Je n'avais jamais vu de choses pareilles. Il me semblait que j'étais resté en retrait depuis trop longtemps. Finalement, de mon ancienne vie, j'avais tout perdu et de ma nouvelle, je ne connaissais rien. "Bien, fis-je, je m'occupe des gardes, tu prends la poudre et ton ami. Puis nous sortirons". J'ouvrai alors la porte en grand, d'un seul coup. Espérant que ça les déstabiliserait un instant qui me serait suffisant pour agir. Surpris, ils se retournèrent tous vers moi alors que je courais déjà vers eux. J'avais empoigné la première épée posée là et en quelques mouvements seulement, je les avais désarmés.

La petite fille était entrée et avait libéré son ami gémissant. Elle le portait dans ses bras. J'attrapai alors les chaînes qui gisaient par terre et attachai solidement les gardes. Ils ne seraient retrouvés que le lendemain, ce qui nous laissait le temps de partir tranquillement, dans l'ombre de la nuit.

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