Cyril - Second Sortilège (IV.4)

Souvenir du Chapitre 9 du 3ème Cycle Lunaire, avant la 3ème Nuit de Kei.

-----

La vie de porcelet n'est pas facile tous les jours, vous savez ? Si encore j'avais pu grossir et devenir énorme, terrifiant et combatif... Ou alors si j'avais pu être un sanglier bien dangereux... Mais non, j'étais juste un mignon petit cochon tout rose et tout doux. Les ennuis commençaient à peine. Je me souviens difficilement du nombre de fois où des créatures ont voulu me manger...

J'ai longtemps été pourchassé par toutes sortes de bêtes. Si j'avais été homme, c'est sans doute moi qui les aurais traqués ! L'ironie du chasseur chassé, hein ? Je m'épuisais chaque jour d'avantage. On aurait pu penser que courir aussi souvent m'aurait donné une forme olympique. Mais ça ne marche pas comme ça. Ce serait trop facile sinon, hahaha. Les cochons maudits ne changent pas. On ne grandit pas, on ne devient pas plus endurant, ni plus fort, ni plus agiles. On devient plus malins, peut-être. On apprend à se faufiler dans des recoins où les prédateurs ne peuvent se glisser. On évite les populations humaines. Parce qu'eux, ils aiment beaucoup le cochon grillé. Puis, s'ils le gardent plus longtemps, ils remarquent que le petit cochon ne grandit pas. Et si on a le malheur de leur parler...

Finalement, j'avais beaucoup d'ennemis dans ma vie d'homme. Mais au moins, j'étais craint par la plupart d'entre eux. Maintenant, du haut de mes... trente centimètres ? J'ai plus d'ennemis que jamais et je dois me méfier de tout. Les plus petites des crevasses sont devenues des gouffres. Les nains sont des géants. Les collines aux pentes douces, des montagnes escarpées.

J'avais été chanceux, à l'approche de l'hiver, qui s'avéra être l'un des plus rudes que j'aie connu. Je rencontrai dans un sous-bois une jeune femme, très aimable. Passée la surprise de notre rencontre, elle m'accueilla dans son humble demeure. Quelle ange adorable ! On aurait dit que les malédictions étaient pour elle une banalité ! Malheureusement, je repris ma route au printemps. Je ne voulais pas lui attirer d'ennuis. Et j'espérais avoir trouvé la solution à mon problème porcin... Il s'ensuivit que ce ne fut pas le cas. Je devrais rester cochon pour plusieurs siècles avant de parvenir, peut-être, à me libérer.

Quand je repense à toutes ces années passées, je me dis que je ne m'en suis pas trop mal sorti. Après tout, je suis toujours en vie. J'ai sûrement toujours des ennemis mais j'ai désormais des amis. Des gens sur qui compter, pour de vrai cette fois. La vie de petit cochon n'est pas si mal, finalement.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top