Cyril - Premier Sortilège (IV.4)
Je m'en souviens comme si c'était hier... Enfin non, peut-être pas... Je ne me reconnais plus tellement, j'ai beaucoup changé depuis ces temps-là. Je vivais dans un splendide royaume qui n'a plus rien à voir avec qu'il est aujourd'hui. Il a perdu beaucoup d'hectares au profit de ses voisins, je trouve que c'est un peu dommage mais bon, passons.
C'était par un bel après-midi d'été... Ou peut-être étions-nous encore au printemps... En tout cas, je suis à peu près sûr que le temps était radieux. Reprenons donc, ce jour-là, je visitais le marché comme tous les mardis... Ou c'était peut-être le vendredi... Enfin, j'avais pour habitude d'y aller chaque semaine accompagné de mon fidèle ami... Bon en vérité, il me détestait, ce que je peux comprendre. Mais quand même, je le voyais comme quelqu'un sur qui je pouvais compter. Ah, qu'est-ce que j'avais tort !
Ce fameux jour, j'étais seul. Et ces sales manants ne se gênaient pas pour me bousculer ! Enfin, à bien y réfléchir, je suppose qu'ils n'avaient pas fait exprès... Mais à l'époque, finir dans la boue m'avait mis dans une colère folle ! Si ça n'avait tenu qu'à moi ce jour-là, des têtes seraient tombées !!
Quoiqu'il en soit, il s'avère que je les ai bousculé et secoué à mon tour... En prenant soin de leur briser les tympans grâce à ma voix enchanteresse. Ce qui n'était pas prévu, c'était que l'une de mes victimes soit en réalité une vieille sorcière aigrie. Et sourde. Enfin, elle m'a entendu l'insulter et ça ne lui a pas plu du tout. Voyant la saleté sur mes beaux habits, elle a jugé opportun de me transformer en cochon ! Vous imaginez, un fringant jeune homme comme moi, changé en porcelet miniature ! C'était d'un ridicule ! Et je couinais !
Je me suis faufilé tant bien que mal à travers la foule pour rentrer au château. Mais évidemment, les gardes n'ont pas voulu m'écouter. Puis mon ami est arrivé, demandant ce qu'il se passait. Je me croyais sauvé ! Mais pas du tout. Ah, quelle erreur ! Il s'est moqué de moi et m'a suggéré de partir vite et loin si je ne voulais pas finir à la broche ! Vous rendez-vous compte de sa trahison ?
Enfin, je n'ai eu d'autre choix que de partir. Trottinant sur le bout de mes petites pattes. J'avais toujours pensé que ce serait Hubert, mon idiot de frère, qui me chasserait du royaume... Quand on devient un petit cochon, on n'attend plus grand chose de la vie, on revoit ses priorités. J'espérais que le monde m'appartiendrait, j'aurais pu devenir un grand souverain (si je n'avais pas eu de frère, bien sûr) et depuis ce jour fatidique, je ne savais plus quoi faire ni où aller. Je n'avais plus aucun repère, plus aucun espoir. C'était un jugement un peu dur, mais une punition bien méritée, sans doute. Je me suis mis à la recherche de la sorcière, j'étais prêt à la supplier pour qu'elle me redonne mon apparence. Mais je ne l'ai jamais retrouvée en vie. Mais j'ai rencontré son apprentie, et elle n'a pas pu m'aider. En vérité, même si la jeteuse de sort avait été vivante, elle n'aurait pas pu m'aider. Ça fait partie des règles absurdes des malédictions. Trouver la clé pour la briser, ou rester maudit à jamais. Je pense être bien parti pour la deuxième solution...
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