Chapitre 5 - La Capitale

Nous rejoignons une route en terre battue bordée de châtaigniers. Les chevaux trottent une partie de la matinée sans que nous ne croisions âme qui vive. Chaque saut de Cleón me déchire un peu plus l'intérieur des cuisses. Vers midi, nous dépassons la première charrette débordante de tonneaux. Ryön rabat sa capuche sur sa tête et m'enjoint à l'imiter. Progressivement, la circulation se densifie, mais seuls les Humains arpentent cette voie. 

Nous traversons ainsi quelques faubourgs paysans édifiés sur les ramifications du Ciliren. Ce fleuve coule en provenance des sources Néfésytes de Dûnedor qui descend des mines du nord jusqu'aux Karsts.

C'est là que j'aperçois des bateaux à vapeur avec des roues à aubes. Dans un champ de céréales, les vaches paissent à côté d'une grosse moissonneuse batteuse, mais celle-ci n'est en rien similaire à celle de mon monde. Les terres sont intensément cultivées et nombreux sont les paysans que nous croisons, affairés à leurs tâches sous leurs grands chapeaux de paille ou leurs coiffes formées d'un tissu noué autour de la tête. L'archer m'explique que tous sont libres, mais paient un impôt régulé à leur seigneur, qui en prélève lui-même une partie versée à la Capitale. Les traditions agricoles se transmettent aisément et la technologie s'y greffe peu à peu, non sans difficulté, mais en apportant un certain soulagement physique. Derrière des clôtures en bois cloutées de fer, des moutons aux yeux de billes nous dévisagent fixement.

À mesure que la piste s'élargit, nous distinguons des cabanons, des chaumières isolées, des corps de bâtiments, des granges, des fours à brique et parfois au loin à flanc de coteau, des maisons plus hautes et solidement bâties au milieu de vignobles.

Je ne vois aucune usine. Ryön m'apprend qu'elles sont cantonnées à quelques parcs dédiés à cet effet. Seule la Corporation des Inventeurs est autorisée à construire et à entretenir les « bêtes de fer. » À cet égard, des cheminées crachent le charbon sans discontinuer aux alentours de Stahlmessier, Volangar, Larók, Ruk-Täz et Simoad. Pour le reste, les usines sont interdites. La Révolution Industrielle qui m'a été contée à la Cité me paraît bien archaïque en comparaison de celle qu'a connu mon monde.

La fameuse Révolution Industrielle ! Ryön me confirme qu'elle a été initiée par Charles, le dernier Traverseur. Avant lui, peu d'Humains ont contribué au développement de Fendôr. Suite à la Grande Ouverture des portails, ceux-ci sont demeurés fermés des centaines de saisons durant. Ce n'est qu'à la fin de la Grande Guerre que certains passages se sont rouverts, à une période que les historiens raccordent au XVIIème siècle de mon monde. Cette guerre est la plus sanglante qu'ait connu Fendôr, opposant toutes les races. Ne pouvant élire de vainqueur, les populations ont négocié un traité de paix, portant en premier lieu la création d'une langue et d'une capitale communes. L'évolution de la langue est progressive, tandis que la Capitale a été érigée à l'intersection de routes commerciales. Elle est située sur des terres au climat continental pour satisfaire la majorité. On y expérimente la cohabitation des races de Fendôr sous la coupelle de la Confédération. 

Fendôr m'apparait grand comme les continents asiatique, africain et européen réunis ! Ainsi à la réflexion, la géographie de ce monde et sa météorologie sont similaires à celle de la planète Terre. Les Humains n'y sont simplement pas aussi répandus. Sans doute cela est dû au fait qu'ils aient dû se confronter non seulement à des prédateurs sauvages, mais également à des créatures à la fois plus fortes et plus intelligentes qu'eux...

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Au soleil couchant, nous parvenons dans une vallée d'où s'échappent d'épaisses fumées. En contrebas, des habitations en pierre prises dans le lierre ainsi que des granges, des fenils et des bouveries sont construites en cercle. 

À l'entrée, un caravansérail réunit des marchands qui se reposent avant de reprendre la route. Non loin se dresse un très grand bâtiment à plusieurs étages. Son toit recouvert de mousse se prolonge en un pont qui rejoint la colline. À l'approche de l'auberge à la toiture végétale, un garçon nous demande la pièce pour conduire les chevaux à l'écurie.

Le pied à peine posé au sol, deux molosses se précipitent vers nous. Affolée, je détale en hurlant et grimpe à l'arbre le plus proche. Aussitôt, l'archer émet un sifflement et les deux bêtes s'en retournent en jappant joyeusement. Je reste cramponnée à ma branche jusqu'à ce qu'ils aient complètement disparus. 

Ryön pose sur moi un regard bienveillant : « Je t'apprendrai à escalader. Non point uniquement des arbres, mais tout ce que le destin te mènera à affronter. Tu n'atteindras pas la maîtrise d'une Elfe, me prévient-il, cependant tu sauras échapper à des chiens, ainsi qu'à une Ysma courroucée. »

L'auberge connait une grande affluence et on ne nous pose aucune question. Les propriétaires sont très occupés à servir leur clientèle. 

Nous soupons, les capuches toujours rabattues sur nos têtes. Pour la première fois depuis mon arrivée, je me gave d'un morceau de viande braisée avec des pois cassés. Elle a le goût du porc. Je crois avoir rarement éprouvé autant de plaisir à manger et en redemande. Tous ces mois de végétarisme forcé ne me convenaient pas. L'œil de Ryön est réprobateur, mais il ne fait aucun commentaire. À ma troisième portion, il s'éclipse en direction des écuries pour contrôler les mangeoires et la litière des chevaux.

Moi qui ne jurais que par le café, sa graine est inconnue de Fendôr. En revanche, ces gens consomment des feuilles de thé aromatisées. J'en avale des bols. Il n'est pas aussi bon que celui des Elfes, mais facilite ma digestion. Le tabac également, est très prisé. La porte de l'auberge ne cesse de s'ouvrir et de se refermer sur les voyageurs. La pièce sent la vinasse et la graisse brûlée en provenance de la cuisine. Il y a des filles aussi et leur manège est bien rodé. Elles vont et viennent, déchargent et remportent les plateaux débordants en se laissant claquer les fesses. Des hommes avinés plongent leurs visages transpirants dans leurs décolletés pigeonnants et éclatent de rires gras et sonores. Quand les filles sont trop occupées, elles s'en vont en une pirouette canaille et hurlent les commandes au comptoir.

Ryön revient finalement : il me tend la clé d'une petite chambre avec deux paillasses séparées. Éreintée, je m'endors toute habillée.

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Le réveil est matinal. Le bleu du ciel n'a pas encore effacé les lueurs roses de l'aurore. Ma toilette est rapide car l'eau du bac est d'une propreté douteuse.

Dans les écuries, Cleón et son frère renâclent. Ils ont hâte de reprendre la route. Le palefrenier les a brossés, à moins que Ryön ne l'ai fait la veille pendant que je m'empiffrais. J'ai un peu honte de cette crise boulimique, mais l'archer se garde de tout reproche. Nous repartons.

À l'approche de la Capitale, les collines environnantes se parsèment de petits villages, puis de faubourgs reconnaissables à leurs beffrois. La route poussiéreuse se pave de gros galets, disjoints sous le passage des sabots de chevaux et des roues de charrettes. Bientôt, elle s'engorge de voyageurs. 

Nous sommes pris dans un flot à double sens et continu : cavaliers, bétail et piétons faméliques et dépenaillés. C'est un monde rural aspiré par la ville et ses opportunités.

Je promène mon regard sur les visages burinés et fatigués. Ceux des enfants et des personnes âgées me laissent dans l'émotion. La Cité des Elfes dans laquelle j'ai vécu n'abrite que très peu d'enfants. Quant aux adolescents et vieux Elfes, ils vivent dans la citadelle de Menelríl, à l'est de la région du Derhavaten.

Un faisceau de routes de campagne convergent vers la voie principale qui empeste l'urine et le crottin. Les excréments des animaux de trait sont continuellement évacués dans des fosses afin d'y être recyclés en engrais.

Les Humains et les Urhoqs sont comparables en nombre. Tout en muscles, ces derniers sont grands, corpulents et très poilus. Des cimeterres, des masses, des rapières, des couteaux de chasse et des hachoirs s'entrecroisent par des lacets de cuir le long de leurs cuisses massives, à la naissance de jambes solides affreusement arquées. Leurs figures sont laides et difformes, leurs dents sont des crocs saillants, leur nez est plat et leurs yeux sont d'une couleur brique. 

Les Urhoqs marchent à la file en portant de grosses charges ou en tirant des chariots sans peine. Leur peau tire sur le gris et ils sont affublés de pelisses de bêtes tailladées de bandes de cuir grossièrement ficelées ensemble. Je remarque que les spécimens les plus imposants sont des femelles. Leurs seins sont pris dans des plaques de métal retenues aux épaules et leurs traits sont, à mon sens, immondes.

Edhelís m'a appris que les Urhoqs faisaient essentiellement commerce de leur force. Je vois deux d'entre eux saisir un carrosse de chaque côté et le soulever hors du chemin avec une facilité déconcertante pour en changer la roue. 

Cette route encombrée est une aubaine pour les Urhoqs. Ils dépannent aussi les attelages militaires aux chevaux éreintés ainsi que les essieux cassés. Plus généralement, ils offrent leurs services d'escorte aux villageois venus marchander leurs productions : lait, fruits, légumes, céréales, viande, fourrage et laine.

Ryön me fait signe de ne pas dévisager les voyageurs, mais c'est plus fort que moi. La tête à présent découverte, il croise certains de ses semblables. Ces Elfes ne sont pas de la Cité, cela se remarque à leur accoutrement plus léger que le sien. Ils se saluent, mais disparaissent aussitôt dans la foule sans avoir échangé un mot. 

Réflexion faite, nul Elfe n'a les cheveux blancs comme ceux de l'archer. Tous les portent longs, parfois tressés et ornés d'anneaux. Ce sont des rivières d'ambre, de miel ou d'ébène, mais jamais ils ne sont de la couleur de la neige. Ryön m'a confié qu'il était vieux, peut-être est-ce la raison.

« C'est étonnant de voir autant de gens. Nous étions presque seuls sur le sentier que nous avons emprunté pour rejoindre la voie principale.

Je n'attends pas de réponse, mais Ryön réagit immédiatement.

— Rares sont les étrangers conviés à la Cité et très peu parmi les Elfes la quittent. »

À l'approche des murailles crénelées, le ton hausse devant la difficulté à avancer. Quelquefois, un cavalier au galop empiète sur le bas-côté pour dépasser les engorgements. Cela lui attire des huées et des invectives, mais les convois restent bloqués à l'arrière. Dans ce cas, la garde réorganise les voies en se servant de scythes pour orienter les voyageurs.

« Connaissez-vous les panneaux de signalisation ?

Dans le brouhaha de la route, je crains une nouvelle fois que Ryön ne m'ait pas entendue.

Il lève un sourcil en faisant la moue. C'est un non :

— Les panneaux de signalisation ? s'étonne-t-il. Ce pourrait être une invention utile à ce monde. Pour l'heure, ramène tes sacoches sous tes jambes. Si on te les arrachait, je serai bien incapable de retrouver le voleur dans cette foule. »

Je demeure coite.

Campée sur une butte, la Capitale a une vue imprenable sur les alentours. Mais aucun ennemi ne tenterait de l'assiéger car ses murailles sont si hautes, si écrasantes, que les maisonnées les plus proches ne doivent guère voir le soleil.

Celui-ci a entamé sa descente lorsque nous atteignons la porte est. Il s'agit d'une forteresse militaire car les murs sont percés de meurtrières. Sur les merlons, une multitude d'étendards portent des blasons alignés de parts et autres d'un grand drapeau blanc sur lequel est dessiné un chêne doré.

Nous parvenons enfin sous les mâchicoulis. Les gardes, vêtus de la tête aux pieds en mailles étincelantes, nous barrent le passage avec des lances : « Identité et objet de votre venue ! » Ryön leur présente un parchemin. Son laisser-passer diplomatique nous exempte des droits d'entrée. Nous franchissons l'imposante herse de piques et les vantaux de bois, avant de nous engouffrer sous la grande arche dont la clé de voûte est somptueusement sculptée d'insignes des sept races urbanisées.

Parvenus à l'enceinte, le bruit de la ville explose. Juchée sur Cleón, je prends la mesure du projet expérimental de la Capitale.

C'est jour de marché dans la ville basse : Urhoqs, Elfes, Humains et autres créatures, humanoïdes ou animales, se mélangent en une vaste mosaïque bigarrée et bruyante. Cleón contourne ce qui semble être un immense Humain torse-nu et entièrement tatoué. Il porte des cornes massives en couronne. Au même moment, une espèce de poney de la taille d'un chien se faufile sous Cleón et disparaît dans une allée sombre, une miche de pain coincée dans la gueule. Comme je n'arrive pas circuler dans cette masse, l'archer prend ma monture par la bride.

Devant ce spectacle inouï, j'ai l'impression d'ouvrir les yeux pour la première fois de ma vie. Mon nez est pris dans un tourbillon d'effluves nouvelles. Ryön lui, paraît très incommodé. Sur les étals, se vendent des légumes, des fruits, des épices et des plantes exotiques, de la graisse de bison cornu, des bois de cerfs démesurés, des globes d'ours à collerette, des ailes de strix et des bouquets de blaireaux à neuf queues. C'est du moins les bribes que je perçois sous les clameurs des marchands aux accents diffus.

Les artères principales sont pavées de pierres écorchées, séparées par des arches majestueuses, tandis que les riverains affluent d'autres rues irrégulières, sombres et étroites, quelquefois en terre pétrie. Sans gêne, les échoppes d'artisans et les tentes bariolées obstruent les passages et envahissent les places.

Toutes les constructions sans exception sont pourvues de plateformes en hémicyclique sur plusieurs étages. Je m'interroge sur leur fonction. Enserrées dans le fer et le cuivre, ces terrasses paraissent soudées à l'infrastructure des maisons. 

Ryön me fait signe de lever la tête. Le ciel est fréquenté par des myriades d'oiseaux de proie. Sous le soleil printanier, ils filent dans les couloirs aériens, des paquets coincés dans leurs serres. Ils plongent brusquement sur les plateformes où les habitants les réceptionnent. En échange, ceux-ci placent dans les bagues de leurs pattes des missives ou des pièces.

Avec difficulté, nous manœuvrons entre des étals de menuisiers, verriers, charpentiers, potiers, tonneliers, charretiers, sabotiers, huiliers, cordonniers et couteliers qui alpaguent la foule. Autant de métiers qui pour moi ont disparu depuis longtemps.

En écho à la circulation aérienne, passants, mendiants, crieurs de nouvelles et ménestrels se bousculent dans des cohues de paniers en osier, mais Cleón ne ralentit guère le pas ; il suit son frère de près malgré le labyrinthe de dédalles. Les effluves odorantes des bouchers et des boulangers m'ouvriraient l'appétit si la crasse des ruelles sinueuses et la saleté du marché ne m'écœuraient pas tant.

La Cité paisible des Elfes me manque déjà. Je ferme les yeux pour mieux me remémorer la délicatesse des arabesques voisinant avec les hauts arbres et les bassins d'eau claire.

Au coup d'œil furtif de Ryön, je m'aperçois avec tristesse que la fleur qu'il m'a offerte dans la prairie a dû tomber de la broche d'Edhelís. Elle aura survécu à la route, mais pas à la Capitale.

Enfin, nous accédons à la ville haute richement pavée et bientôt, l'archer s'arrête devant une habitation. La Capitale a mis à notre disposition cette maison réservée aux émissaires. Située entre l'atelier d'un serrurier et une cour, elle comporte une petite écurie, un puits promettant une eau propre et fraîche ainsi qu'un abreuvoir. Nous y détachons les chevaux et pénétrons dans les lieux.

D'un geste sûr, Ryön ouvre la porte en fer et m'invite à entrer. Le logis se compose de deux chambres, d'une salle d'eau et d'une pièce commune au mobilier cossu. Je me réjouis à l'idée de m'y installer et de ne plus bivouaquer. Le sol est en pierre et de belles poutres apparentes poncées en lignes courbes soutiennent les murs enduits. Un escalier de fer en colimaçon mène aux chambres et à une plateforme aérienne. Les fenêtres sont belles, gravées d'ornementations végétales et animales.

L'archer dépose le trousseau de grosses clés sur la seule table. Je le regarde s'affairer à la préparation du feu dans l'âtre. Le mobilier Humain n'a pas été pensé pour la grande race elfique, mais Ryön se déplace dans la pièce comme s'il y était né.

« Ce n'est pas la première fois que tu viens ici.

Il fouille dans les placards et les étagères vernies pour faire le compte des objets.

— Je réside régulièrement dans cette maison. Ce fut la demeure du dernier Traverseur. Notre cohabitation fut l'une des périodes les plus riches de ma longue existence. Nous apprîmes beaucoup l'un de l'autre. »

Je suppose que Charles a vécu dans cette maison entre la fin du XIXème siècle et le début du XXème siècle de mon monde. Le mobilier témoigne de son intérêt pour l'Art nouveau. Je l'ai étudié aux Beaux-Arts et tous ses éléments sont intégrés à la demeure. Ce style a dû plaire aux Elfes : c'est un compromis entre les nouveaux matériaux et la nature.

« Pourquoi devrions-nous dormir sous le même toit ?

— Je fus le protecteur du dernier Traverseur. J'ai été désigné pour m'acquitter de nouveau de cette mission.

Je me mure dans un silence gêné. L'archer reste circonspect.

Faisant mine d'examiner une rainure de la table, j'ose demander :

— Existe-t-il des raisons d'attenter à ma vie ?

— De façon générale, pas plus que pour n'importe qui. Les armes sont tolérées en ville et malgré les efforts de la garde, le fléau du brigandage persiste. À l'infime possibilité que le sort te mène vers une infortune...

Ses iris s'étrécissent :

— Ta vie est précieuse, aux yeux de la Confédération. C'est la raison de ma présence. Est-ce sujet à quelque forme d'opposition de ta part ?

— Non.

Je me force d'ajouter :

— Merci. J'essaierai de ne pas être trop encombrante.

Son regard se fait froid :

— Encombrante ? Quels éléments te portent à cette conclusion ?

Comme je ne réponds pas, il le fait à ma place :

— Ton orgueil ! dit-il un sourcil levé. Rappelle-toi : tu as un rôle, j'ai une mission.

Il se courbe sur un cabinet sculpté et en extrait du linge.

— Jehanne, il est temps que tu te baignes. Point mon intention n'est de te froisser, mais ton odeur est plutôt prononcée. Je m'occupe de chauffer l'eau et de te trouver des vêtements. »

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Merci de votre lecture  ! N'hésitez pas à me dire ce que vous pensez de ce début d'histoire :) (Trop long ? Rapide ? Juste bien ?)

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