Chapitre 15 - La taverne de l'Ogresse

Au rythme des flûtes à bec et des vielles, Ysma pourlèche ses doigts couverts de graisse de gigot à l'ail. Deux écuelles vides traînent à côté de ses jambes bottées et croisées effrontément sur la table.

L'odeur des murs boisés de la taverne se mêle à celle de la mangeaille, du houblon et du tabac chaud. Aux liernes parcourues de runes censées attirer la bonne fortune sont suspendues des lampes à huile, suffisamment hautes pour ne pas heurter les fronts des plus grands spécimens Adayoshs. L'âtre arrondi, grésillant de la chaleur des bûches, fait face au comptoir long de plusieurs mètres. Celui-ci est percé à plusieurs endroits, à hauteur de Gnöme pour faciliter le passage des petits serveurs qui se faufilent entre les énormes tables. Dans un ballet d'efficacité, ils évitent l'alcool répandu sur le sol en pierre poncé, les bras chargés de plats fumants et de chopes de toutes tailles.

C'est un bel endroit, gai et chaleureux. Vivant.

Au milieu des rires de gorge tonitruants, une Hardu rousse aux boucles folles se hâte de débarrasser notre table. Elle a le visage avenant dont on devine qu'il est prompt à s'esclaffer. Il me semble qu'elle est la patronne et que son initiative constitue un privilège à notre égard.

« Encore une chope, Commandante ?

— Et trois couverts, dont une soupe aux choux pour le Capitaine !

Ryön ne dit rien. Son regard s'est perdu dans le feu. Entre ses longs doigts, il fait rouler son porte-bonheur.

Gaillarde, la Hardu pose une main presque aussi grande que sa tête sur ses larges hanches. Un sourire franc barre sa figure joviale.

— Quant à vous... ?

— La question de ne se pose pas ! beugle Ysma. Nom du Chêne Doré, je pillerai la cuisine si tu ne me ressers pas !

— Par les Bâtisseurs ! Vous avez des boyaux en acier ! Mais je suis comblée que la potée fasse des heureux.... Où sont Chaff et Tasun ? s'enquiert la Hardu.

— Blessés, répond Ryön avec gravité. Leur prompt rétablissement ne saurait tarder.

Attristée, la Hardu rééquilibre son plateau.

— Que les Héros les protège ! Ainsi que tous ceux qui ont fait les frais de cette truanderie !

Elle prend une grande inspiration :

— Chaff a promis de réparer le tapis roulant derrière mon comptoir. On s'y habitue, à ses engins !

— Je lui transmettrai le message, Grinalím. Reste-t-il du potage aux champignons ? »

Ysma adresse une grimace à Ryön, outrée qu'il ait préféré un autre plat que celui qu'elle a commandé pour lui.

La Hardu qui, à la réflexion, porte le nom d'une pierre précieuse, acquiesce vivement et repart en roulant des hanches vers d'autres tablées.

Je n'ai pas faim, ma nuit a été peuplée de cauchemars. La veille, Ryön s'est rendu aux conseils malgré la décharge d'Ysma. Je suis restée seule dans la maison, à tenter de repousser l'horreur des images et les gémissements des corps agonisant dans les cendres. La mort a une odeur. Si elle vous prend au nez, jamais vous ne l'oublierez.

« Quelle goinfre ! s'exclame Hroaar en commentant l'appétit d'Ysma.

D'une main griffue, il enfourne une patate entière dans sa bouche garnie de crocs dégoulinants de bave.

Hroaar, le Lieutenant en chef d'Ysma, semi-Urhoq de son état, pourrait enfiler la cheminée dans son gosier s'il en avait le droit. Massif, voûté sur sa marmite vide, il me pose une multitude de questions au point de faire enrager la Commandante qui connait déjà mon histoire.

— Bougre de Lieutenant ! Il ne vous suffit donc pas d'écraser les fleurs du Capitaine pour ensuite nous farcir les oreilles ? Eh ! Mâchez la bouche fermée !

Il est vrai qu'au seuil de L'Ogresse – Cuisine fine, Hroaar a écrasé par mégarde un parterre de fleurs devant Ryön. Cela a mis l'Elfe dans tous ses états.

Je pensais comprendre le Capitaine. Ce matin, il a bravé la mise en garde de Melröd et m'a apporté plusieurs dizaines de feuilles de papier en martelant que j'étais libre de dessiner ce que je voulais. Sa sollicitude m'est allée droit au cœur. Mais ce même individu qui, sans sourciller, a achevé des êtres agonisant la veille sans ciller et a manqué de transpercer de sa dague le Lieutenant pour avoir aplati de simples fleurs.

Lorgnant la cuisine, Hroaar remue sur sa chaise qui crisse sous son poids.

— Commandante, je farcirais volontiers vos oreilles de lardons juteux ! Je demande un vote pour en ouïr davantage sur l'autre monde. Y' m'est d'avis que j'y gagnerai.

Chauve comme un caillou, les canines proéminentes il existe pourtant dans son œil renfoncé une humanité qui me semble défaillante chez Ysma.

Le visage de celle-ci, tailladé jusqu'à l'os, s'envenime. Elle siffle la chope de Hroaar et s'étrangle à moitié. Lorsqu'elle a cessé de s'étouffer, elle sourit, les lèvres fermées, le regard fixe.

— Personne ne vous a demandé votre avis, abominable furoncle ambulant !

Les larges narines de Hroaar reniflent sa bière.

— Tentez-vous de me charmer ou de me provoquer au combat ?

— Êtes-vous idiot ou demeuré ?

— À quel point pensez-vous que je le sois ?

— Pas au point de trancher la tête de mon sarthak ! fulmine Ysma en plantant sa fourchette dans la miche de pain de Ryön.

En réponse, le Capitaine boit sa soupe sereinement.

— Le monde a cessé de respirer le jour où la Commandante Ysma Sunryian a vu le jour, se contente-t-il de dire.

— Une autre chope, Commandante ? suggère Hroaar de sa voix rauque.

Il n'a pas besoin d'élever le ton pour se faire entendre. Chaque fois qu'il ouvre la bouche, un éboulement de pierres écrase l'air.

— File-moi les pièces, plutôt ! réplique Ysma. Je m'achèterai la taverne !

— Ma taverne n'est pas à vendre ! s'indigne faussement Grinalím en déposant sur la table un pichet de bière. De surcroît, vous feriez fuir les clients !

Ysma explose d'un rire retentissant.

— Commandante, où étiez-vous toute ma vie ? claironne le Lieutenant.

Elle l'attrape par le col et le soulève. Je suis estomaquée. La force de son bras est prodigieuse.

— Je me cachais de vous, bâtard pestilentiel ! Vous vous êtes regardé dans une flaque ?

— Et vous, vous êtes vue dans votre flasque ? rétorque-t-il en lui mettant une tape sur son affreuse balafre.

Les épaules de Ryön tremblent d'un rire contenu.

Avisant mon air choqué, Ysma lâche le Lieutenant et se met à triturer la broche emmêlée dans la partie de ses cheveux qui n'est pas rasée. Ils sont si clairs qu'ils paraîtraient blancs si Ryön ne tenait pas lieu de comparaison. Les sourcils de la Commandante sont à peine apparents, à la différence de sa balafre qui lui ravage la face. Celle-ci entame la beauté d'un visage qui aurait pu plaire aux Humains.

— Je ne m'intéresse pas au physique, se repente Hroaar.

Ce serait plutôt à Ysma d'émettre la remarque.

— Il est amoureux de vous, ce semi-Urhoq, non ? hasarde Ryön en repoussant son bol.

— Je ne plais qu'à cette race ! Fichtre !

— N'est-el' pas exquise ? ulule le Lieutenant.

— Et en plus, il veut me dévorer !

— Pourrais-je vous conquérir ? Ne soyez pas timide. Demandez-moi n'importe quoi.

— Très bien. Foutez-moi le camp !

— Commandante, interfère Ryön, parlons tactique. Non, Lieutenant, restez à table ! »

J'aimais les pubs de mon monde. Celui-ci n'est pas si différent et pourtant, la mort a frappé. Elle a failli m'emporter. En moi, son sillage a laissé des traces inoubliables.

Fatiguée des conversations militaires, je me rends aux latrines situé derrière une porte au fond de la pièce. La plupart des clients sortent uriner à l'extérieur, au sommet d'une petite élévation qui surplombe une ouverture d'égout. D'où l'importance du goulet d'eau de pluie purifiée qui dévale le toit de chaque taverne à son entrée. Une invention des Gnömes serveurs influencés par Charles, bien évidemment. Grâce à une collaboration avec les Elfes, ils ont également mis au point quelques normes d'hygiène tels les anti-poux et les répulsifs contre les moustiques, utilisant des remèdes naturels pour protéger les cultures. Les Gnömes sont les plus grands agriculteurs du pays et ne supportent aucun gaspillage. Une eau souillée ruinerait les récoltes d'une saison entière et cette mentalité s'est propagée jusqu'en ville. C'est un grand acquis pour les populations.

À mon retour dans la taverne, le sujet de conversation a changé, bien qu'il demeure vivement animé par Ysma. Elle aura la peau des terroristes et s'en fera des tapis, clame-t-elle.

Dans son discours, la Commandante passe de l'ardeur à la dépression, de l'apitoiement et de l'euphorie à la mélancolie. Non, il n'est pas aisé de l'approcher, mais sa volonté et sa détermination à mener ses troupes et à vaincre les fauteurs de trouble suscite l'admiration, même chez les Urhoqs. Peut-être est-ce la raison pour laquelle le semi-Urhoq Hroaar a été désigné comme Lieutenant en chef : il symbolise le rapprochement entre les deux races.

Ryön se montre courtois, mais rappelle incessamment à Ysma que la paix entre les espèces constitue la source de la diplomatie et que l'absence de sérénité détruirait l'esprit du Chêne Doré. À mesure que la colère empourpre le visage d'Ysma, le calme descend en Ryön. On dirait qu'il se nourrit de l'échauffement de la Commandante.

On ne peut pas dire que Hroaar soutienne Ryön, mais il se montre plus raisonnable qu'Ysma. Le semi-orque interpelle un Gnöme serveur pour commander un nouveau cuissot de viande. Le Capitaine serre les mâchoires.

« Eh ben, quoi, Capitaine ? Les Urhoqs sont affamés parce qu'y ne stockent pas bien la graisse. Ma moitié Urhoq doit manger beaucoup de viande !

— Écoutez alors votre moitié Humaine qui l'emmagasine et peut ainsi survivre plusieurs jours !

— Je ne ressens pas si facilement la satiété » objecte Hroaar en contractant ses énormes biceps.

Agacée, je repars vers le comptoir et m'y installe pour tenter de déchiffrer les runes gravées sur les murs. La patronne, Grinalím, s'avance en essuyant des récipients tout justes lavés.

« Je sais qui vous êtes. Seule une Traverseuse est susceptible d'attirer l'attention du Capitaine. Il vous escorte... Vous me le confirmez ?

— Êtes-vous Kovewalt ou Hardu ?

— Tavernière ! Elle a de l'humour cette petite ! Grinalím, pour te servir des festins, s'exclame-t-elle avec une emphase claironnante. Vous m'êtes déjà fort sympathique !

Elle tend sa main potelée. Je la serre doucement ; elle est graisseuse.

— Je m'appelle Jehanne. Le gigot était délicieux... Quelle bonne idée, d'y planter des clous de girofle.

— Ah ça ! J'ai une bonne cuisinière ! Elle innove sans cesse ! Sans chef, pas de taverne. Soyons pragmatiques. Sauf que je ne sais pas quels sont ces clous dont vous parlez. Il s'agissait de racines d'oignons.

— Dites, vous connaissez le Quatuor...

— Vous reprendrez une chopine ?

Je sors un écu de ma poche et le dépose sur le comptoir. En un instant, il disparaît dans le corsage de la tavernière.

— Seulement ses Humains. Chaff répare mon tapis roulant toutes les quatre saisons et Tasun se produit souvent. Il a une voix, ce petit... Il a appris à chanter pour danser avec les baleines de la Baie de Palang. Ce sont des créatures magnifiques ! Je les ai vues de mes propres yeux : elles ont le corps recouvert de coquillages brillant comme des diamants et des nageoires transparentes telles des voiles de navires. D'ailleurs, les demeures de la Baie ont la forme de ruches montées sur pilotis pour que tous les habitants puissent les observer...

— Et le trio infernal à ma table, ils viennent souvent à la Taverne ?

— Autant qu'ils le peuvent. Ils sont très occupés, vous savez. On ne peut pas dire que les deux géants soient plaisants à servir, mais ils sont indispensables au maintien de l'ordre » admet-t-elle en lorgnant sur Ysma et Hroaar.

Des bruits de casseroles résonnent depuis la cuisine. Grinalím s'y éclipse quelques minutes et revient, les bras chargés de larges plateaux couverts de soupes, de pâtés, de tourtes, d'omelettes et de légumes divers qu'elle aligne sur un banc à hauteur de Gnöme pour qu'ils soient servis. Comme s'il n'y avait pas eu d'interruption, Grinalím reprend la conversation d'un air de conspiratrice en déposant sous mon nez une chopine dont le brassage provient d'une céréale au croisement entre le blé et l'orge.

« La Commandante, surtout à un sale caractère. Elle est effrayante et les tribus d'Humains la surnomment Lovi, l'Entaille parce qu'ils pensent qu'elle ne peut pas cicatriser.

— Qu'entendez-vous par cicatriser ?

— Par les Bâtisseurs ! Vous le devinerez, un jour. Mais cette entaille, peu importe qu'elle fasse ou non partie d'elle, n'affecte en rien l'admiration que lui vouent le peuple ou le Lieutenant. Cette femme est un monstre de loyauté envers la Capitale.

La tavernière secoue sa crinière rousse :

— Le Lieutenant est un guerrier réfléchi, mais il se sacrifierait si sa Commandante le lui enjoignait. Quant au Capitaine, il est très différent des siens. Voyez-vous d'autres Elfes en ces lieux ?

Furtivement, je balaye la vaste salle du regard.

— Non, aucun.

Grinalím se baisse pour ouvrir un placard et y range énergiquement sa vaisselle. Ses courbes généreuses tapent contre le bois.

— C'est parce que les Elfes n'aiment pas le bruit de la ville et encore moins celui des tavernes. La rumeur assourdit leur ouïe sensible et imbibe leur odorat subtil. D'ailleurs, pas loin d'ici, il y a une boutique qui vend des pinces de nez et des bouchons d'oreille. L'apothicaire fait aussi des affaires avec ses tisanes contre les maux de tête. Tout cela rend plus agréable le séjour des Elfes de passage. Il n'y a guère que le Capitaine et les Elfes de la garde qui soient des réguliers dans nos enceintes.

— Le Capitaine s'est donc habitué à la ville ?

Les yeux plissés, Grinalím sourit de toutes ses dents. Son expression rehausse son nez camus.

— On voit que vous n'êtes pas de la Capitale et encore moins de ce monde. Quelle chance de faire votre connaissance !

Je ne sais pas si c'est de l'ironie. La Hardu appuie ses avant-bras ronds sur le comptoir.

— La grande majorité des Elfes restent en retrait par rapport aux autres races. La Grande Guerre est encore très présente à leur esprit. Ils se méfient des Urhoqs car ils n'ont pas oublié les atrocités commises par le passé... Les Elfes sont la mémoire de ce monde, après tout.

Décidément, Grinalím est une source d'informations. Pourquoi ai-je passé tant d'heures à la bibliothèque alors qu'il me suffisait de boire du malt frelaté ? Je glisse une nouvelle pièce sur le comptoir.

— Le Capitaine a-t-il combattu durant la Grande Guerre ?

La tavernière hausse les épaules avec désinvolture en empochant la pièce de monnaie.

— Probablement. Il est très âgé, né dans l'Ancien Temps. Sa famille a péri dans les suites de la Grande Guerre. Ce n'est pas une période dont il aime parler. Mais vous savez, même ivre comme un Urhoq, le Capitaine n'est pas très bavard.

J'ai du mal à imaginer Ryön soûl. L'image ne colle pas avec celle du militaire dévoué à son devoir qu'il m'a montrée jusqu'à présent.

— Enfin ! Les Elfes sont vieux jeu, mais on ne peut pas leur en tenir rigueur. C'est dans leur nature. Ils ont vu et encaissé trop de malheurs. La paix, ils l'ont plaidée ardemment. Mais ils sont inadaptés à la ville... On se demande comment les plus anciens ne sont pas devenus complètement fous. Le Capitaine lui, a trouvé la solution en se noyant occasionnellement dans l'alcool.

Elle laisse échapper un rire :

— Les Elfes se contrôlent pour ne pas devenir gâteux, vous savez.

— Personne n'est infaillible.

— Nous les Hardus avons un adage pour les Élevés...

— Les Élevés ?

— C'est ainsi que l'on appelle les Elfes les plus brillants. Enfin, ne me coupez pas ! Voulez-vous l'entendre, cet adage ?

J'acquiesce nerveusement. Elle reprend :

Ce qui est parfait est haïssable. Le Capitaine ne fait pas exception et il le sait. Fréquenter la Capitale est pour lui un moyen de ne pas se faner.

— Comment vous en êtes-vous fais un ami ?

— Vous n'avez donc rien compris à l'adage ! Par les Bâtisseurs ! Je lui ai trouvé plein de défauts !

Elle m'arrache un sourire.

Je pense à surface liquide et parsemée de verre du portail que j'ai vu en vision.

— Au lieu de se battre durant la Grande Guerre, les gens auraient pu fuir par des portails...

Grinalím me regarde par-dessous ses cils recourbés.

— Ne me prenez pas pour une simplette, Traverseuse. J'entends les bavardages, mais je ne suis pas suffisamment âgée pour connaître les racontars sur les portails. Seuls les Elfes ont côtoyé votre prédécesseur, le fameux Charles. Les autres sont dix pieds sous la roche !

— Pardonnez-moi. Les ouvrages sont muets, alors...

— Bah ! Comment vous en vouloir ? Vous êtes trop jeune pour subir ce sort. Je vous plains.

J'ai atterri dans ce monde il y a un an de cela et c'est la première fois qu'on exprime une réelle compassion envers ma situation.

— J'aurais dû venir ici plus tôt.

L'œil franc et enjoué, Grinalím prend l'air d'une enfant gâtée.

— Je vous conseille surtout les soirs où Tasun se produit. Il ressemble à un soleil, ce barde ! Dans ce cas venez tôt car les places sont chères et la pitance part vite ! »

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Merci de votre lecture !

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