Chapitre 8
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Le lendemain matin, ancre jetée, charrettes et carrosses du roi bien remplis, nous sommes tous fin prêt à prendre la route. Certains chevaliers s'installent sur les calèches, d'autres montent à cheval. Je pose mon dernier sac sur la calèche de Leon et me retourne à l'appel de mon prénom. Tadeo est à cheval seul et me tend la main.
- « Montez avec moi mademoiselle, prendre un cheval seule en position amazone sera trop désagréable pour autant de route. » Argumente Tadeo, la main toujours tendue vers moi.
- « Tadeo ! Essayes-tu de me devancer ? » S'exclame Jayden qui arrive à la hâte sur son cheval.
- « Loin de moi cette idée capitaine. Je ne peux simplement laisser subir un voyage si désagréable à... » Il quitte le regard irrité de Jayden pour rentrer en contact avec le mien. Il ne put finir sa phrase tant son visage a viré au rouge.
Sa réaction est adorable, je laisse échapper un petit rire malgré moi. Il est différent de Jayden, son innocence est touchante et chaleureuse. Lui faire confiance est naturel pour moi. Prendre sa main et m'accrocher à lui tout au long du voyage ne paraient pas si désagréable.
- « Tadeo, tu es de corvée de garde cette nuit. » Annonce Jayden d'un calme déconcertant.
- « Mais je l'ai déjà été hier, c'est au tour de Raphaël cette nuit ! » Rétorque Tadeo surpris.
- « Refuses-tu mes ordres ? » Menace Jayden en faisant demi-tour avec son cheval.
- « Comment pourrais-je me le permettre ? Je dis simplement que ce n'était pas ce qui était convenu à l'initiale. » Essaye le pauvre chevalier de négocier la décision arbitraire de Jayden.
Ils s'éloignent tout deux tel un poussin qui suit sa mère. Je surprends un sourire dessiné sur mon visage, mais je ne saurai dire depuis quand il est incrusté sur mes lèvres celui-là. Jayden fait la moue comme un enfant de cinq ans, c'est hilarant. Cependant, est-ce l'expression d'une jalousie ? Ou n'aime t-il simplement pas que des décisions soit prisent sans son autorisation ? Croire la seconde hypothèse serait un déni de la réalité. Il n'a sûrement pas apprécié le visage cramoisi de Tadeo. Pourtant, ce dernier est très timide, ce rouge peut être dû à cela ? C'est ce que j'essaye de me convaincre en les regardants se chamailler à cheval.
Une idée me passe par la tête. Si je maîtrise l'escrime aussi aisément, peut-être que la cavalerie n'a aucun secret pour moi également ? Je m'approche d'un cheval avec cette hypothèse et me demande comment pourrai-je le monter si je ne connais pas la méthode pour cela ? Pourtant, ma main caresse le cheval qui cesse de gesticuler. Je continue en maintenant les reines d'une main gauche, mon pied gauche se place naturellement dans l'étrier. Je me hisse sur le dos du cheval et bascule le poids de mon corps sur mon pied gauche et me positionne comme les autres chevaliers.
Je remarque que les discussions ont cessé. Tous occupé à me regarder monter, ils ont cessé leurs activités.
- « Que se passe-t-il ? Vous n'avez pas l'habitude de me voir réaliser des choses contraires aux capacités des femmes nobles ? » Ai-je demandé à la foule.
- « Cela est un fait mademoiselle, mais la position convenable pour une dame à cheval n'est pas la même que celle d'un homme... » Répond maladroitement Gabriel.
- « Vous parlez d'une position amazone ? » Lui ai-je répondu.
- « Oui, vos formes sont trop indécemment visible d'abord, puis ce n'est pas élégant. » Continue le chevalier.
- « Je suis tout à fait d'accord avec vous sir. » J'approche de lui toujours à cheval. « Cette position vous va à merveille, elle me laisse voir votre magnifique postérieur, vous n'avez rien à envier à n'importe quelle femme. » Mon sourire l'agace autant que ma provocation qui a fait rire ses camardes.
- « Vous n'avez pas peur de provoquer un homme à ce que je vois mademoiselle ! » Répond-il en rougissant de colère.
- « Un homme ? L'amazone vous conviendra mieux si vous êtes réellement un homme. Ce doit être plus confortable pour votre... » Je continue sur cette même insolence en dirigeant mon regard vers ses parties intimes. « Si vous voyez de quoi je parle, Sir Gabriel. » Je le quitte sur cette dernière remarque le voyant bouillonner de plus belle.
Je rejoins Jayden et Tadeo qui se chamaille encore sur le même sujet n'ayant pas remarqué ma petite altercation avec Sir Gabriel.
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Le voyage est long, mon postérieur en aurait pris un coup si j'étais monté en amazone. Nous nous sommes dirigés ainsi que prévu, vers le sud pour traverser la forêt réservée à la chasse occasionnelle du roi.
Comme pour l'escrime, l'équitation aussi semble n'avoir aucun secret pour moi et je suis la première surprise à voir mon corps guider le cheval sans que je n'y réfléchisse.
La traversée de forêt se fait sans encombre malgré le nombre d'heures de route qui nous sépare du Palais. Les sabots chevauchent à l'unissons un chemin de verdure. Le paysage du soleil couchant est à couper le souffle.
- « Nous allons devoir nous arrêter dans une auberge pour passer la nuit. » Déclare le capitaine.
Comme il l'avait prédit, un village est perceptible au loin. Je ne peux nier la fatigue que je ressens. Impossible de l'assumer à haute voix. Cela revient à devenir un fardeau pour l'escadron. Arrivé aux portes du village, les commerçants sont occupés à remballer leurs étagères pendant que d'autres ouvrent leurs échoppes. Nous laissons le capitaine se charger de nous trouver une auberge pour dormir cette nuit. Il serait inconvenable d'arriver en groupe devant un aubergiste. Tadeo se joint à moi pendant que j'analyse les décors du village.
- « Le capitaine m'a confié qu'il se débrouillera pour vous réserver une chambre seule. » M'annonce le jeune homme.
- « Je serai plus à l'aise, je vous remercie. »
- « Ne nous remerciez pas dame Laila, je veillerai sur vous personnellement cette nuit. » Renchéris le chevalier avec son air déterminé.
Il est adorable. Je lui accorde un sourire sincère et vois ses joues monter au rouge aussitôt. Derrière lui, Jayden sort d'une auberge, il me fixe un instant et détourne les yeux de nous pour rejoindre son équipage. Ces derniers s'esclaffent de joie et rentrent dans l'auberge.
Nous sommes guidés à nos chambres, je suis bien seule dans la mienne. Je dépose ma mallette sur le lit quand on tape à la porte. Jayden ouvre celle-ci, ses bagages à la main.
- « Je m'excuse, il n'y avait pas assez de chambres pour tous. Je dormirai bien évidemment par terre. » Il me lance cela avant d'étaler un drap au sol bien au fond de la pièce et dépose à côté ses affaires. - « Allons dîner. »
Je le suis au rez-de-chaussée où des tables sont garnies de nourriture. Les chevaliers sont assis autour, discutant, rigolant et chantant à tue-tête. La soirée promet d'être mouvementée !
Après un énième verre, Jayden se chamaille avec Izan un des chevaliers que j'ai soigné. Ils sont tous saoul sauf Tadeo qui boit un verre de jus à ma droite. Il rigole aux âneries de ses amis sans y participer. Je me demande, pourquoi ne partage-t-il pas ce goût pour la boisson ? Il finit sûrement par sentir mon regard sur lui, car il se retourne vers moi un sourire collé au visage. Je détourne aussitôt mon regard, paniquée par son sourire, sûrement. Il a l'air d'un enfant maintenant, s'interrogeant sur ma réaction singulière. Je croise le regard de Jayden, qui a interrompu sa chicane pour se diriger vers moi.
- « Que se passe-t-il ? » Me demande le capitaine.
- « Étonnant. C'est vous qui venez vers moi, c'est donc à moi de vous poser cette question. » Ai-je rétorqué.
Il me fixe un moment, jette un regard à Tadeo qui s'était remis à rire des bêtises de ses camarades. Jayden finit par cesser de fixer le jeune chevalier et vient s'assoir à mes côtés. Un silence s'installe entre nous. La dernière fois que nous nous sommes assis ainsi, lorsqu'il était saoul, il m'a dévoilé une part de sa vie. Va-t-il réitérer ?
- « Apprécies-tu Tadeo ? » Lance t-il le regard suppliant.
Ce n'est pas le Jayden dont j'ai l'habitude de taquiner. Il a l'air peiné. Je suis d'abord surprise par la question. Si une autre femme me voyait faire, elle m'arracherait les cheveux. Je n'y peux rien, j'ai besoin de mettre constamment une distance entre nous. C'est agréable de sentir la complicité qui se crée avec le temps. Pourtant, quand je sens que notre relation devient trop intime, j'ai un besoin de m'éloigner de lui. Je ne suis pas normal ? Pourquoi je me méfie autant ?
- « Oui, je l'apprécie. Pourquoi ? »
- « Et moi ? M'apprécies-tu ? » Son regard est devenu plus sombre. Il me lance cette question comme un défi.
- « Oui. » Mon regard fuyant retrouve le sol. Mon -Oui- sonne comme un murmure, presque inaudible.
- « Je n'ai pas bien entendu. Qu'as-tu répondu ? »
Je lève les yeux sur lui pour le défier quand je tombe sur son sourire amusé, il a très bien entendu.
Je me lève, salut les camarades qui finissent de manger et de boire avant de quitter la pièce.
On peut dire de moi que je suis lâche, ce serait bien vrai.
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La mâtiné est vite passé. Je suis déjà sur un cheval à reprendre la route. Le drap au sol qu'a positionné Jayden en guise de lit, était vide à mon réveil. Si je ne l'avais pas entendu pousser la porte et s'installer dans les draps hier soir, je me serais demandé s'il a réellement dormi dans cette pièce.
La gueule de bois est bien visible sur les chevaliers. Certains s'arrêtent pour vomir, d'autre son bien pâle. Seul Tadeo et moi avons une bonne mine ce matin. Ce dernier aide chacun de ses camarades qui regrettent leurs boissons d'hier. Je prends le temps de m'arrêter pour les aider également.
- « Je m'excuse mademoiselle. » Prononce Gabriel après un énième vomissement.
- « J'apprécie vos excuses. Cessez de vous recroqueviller et sentez cette herbe, cela vous fera du bien. »
Il me sourit comme il peut. Gabriel n'a pas un mauvais fond. Il a été éduqué de sorte à ne pas comprendre mes agissements. Je ne lui en veux pas personnellement. J'ai bien vu à l'auberge qu'il me regardait du coin de l'œil. Les excuses devaient être coincées dans sa gorge depuis.
- « Je m'excuse également de vous avoir charrié devant vos camarades. » Je cherche une gourde d'eau que je lui tends après avoir prononcée mes excuses. Il me sourit et l'accepte.
- « Je l'ai mérité. » Il baisse la tête et reprend après un silence « Ma mère. » Il s'arrête un instant comme s'il y avait plusieurs personnes dans sa tête qui n'arrivaient pas à décider, s'il devait continuer sa confession ou s'arrêter là. Finalement, il continue. « Tu me fais penser à ma mère. »
- « Elle te remettait à ta place de la même manière ? » Je le taquine pour qu'il se détende. Il rit et répond.
- « Oui, aussi. Mais surtout, elle tenait tête à ses parents. Mon père l'aimait trop pour lui faire des reproches. Il devait avoir peur de la perdre s'il ne cédait pas à ses envies. » Il baisse la tête et remonte sur son cheval.
- « A-t-elle fini par se lacer de votre père ? » J'ose demander en vue de son récit au passé.
- « Il a tout de même fini par la perdre, oui. Elle est morte en tombant de son cheval. » Il m'annonce cela en détournant le regard de moi. Fixant un point au loin comme s'il voyait son fantôme sur l'un des cheveux devant nous.
Ils sont tous blessés. Il y a pourtant des blessures que je ne peux guérir. Je ne peux rien pour le manque qu'il a dans son cœur. Je ne peux faire revivre les morts. Mon seul pouvoir est d'écouter son chagrin. Jayden aussi s'est livré à moi. Je vais sans douter en voir des vertes et des pas murs au sein de la cour espagnole. Je ne saurai dire que je suis de taille, cela serait un mensonge. J'ai peur, oui. Je suis même effrayé à l'idée de me retrouver entouré de ces nobles. Pourtant, je ne dois pas le laisser transparaître. Je regarde chaque chevalier. Ils sont tous remplis de blessures visibles et invisibles. À moi, de rendre celles que je recevrai, invisibles aux yeux de ces hyènes.
Nous arrivons rapidement aux portes du palais, le chemin est passé plus vite que ce que je pensais. J'ai apporté mes soins anti-gueule de bois avec l'aide de Tadeo tout au long du trajet. Jayden est resté tout devant et mène le groupe depuis le départ, je n'ai pas pu lui parler depuis hier. M'évite-t-il ?
Les portes s'ouvrent après de nombreuses vérifications de nos cargaisons. Une angoisse monte en moi. Nous allons rencontrer la famille royale espagnole.
- « Ne crains rien, il est très aimable. Dommage qu'aucun médecin n'arrive à déterminer l'origine de sa maladie. » Comme s'il avait lu en moi, Jayden me dit ces mots un sourire collé au visage.
Dans les appartements royaux, la tête baissée, nous réalisons à l'unisson une révérence devant le roi et sa fiancée. Sa majesté donne l'ordre de lever la tête et Jayden se dirige vers son vieil ami. Moi, je ne peux plus bouger. Les cheveux blonds de la Promise du roi attirent immédiatement mon attention et me vrillent le crâne.
Je regarde Jayden, mais il est déjà dos à moi, Tadeo croise mon regard suppliant. Il a dû deviner mon état, car tout en lançant un regard d'excuse vers le roi, me retient par le bras. Ses mains sont froides contrairement à Jayden, ce n'est pas apaisant. Cela n'est pas désagréable pour autant. C'est une fraîcheur qui permet de me retenir un tant soit peu en lien avec la réalité. Les images qui affluent mêlent cheveux blonds et longue chevelure noire.
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Le regard de la fille des rêves s'emplit de joie et d'admiration devant les roses rouges du jardin brillant sous les rayons de soleil. Une ombre humaine s'y interpose. La fillette se retourne vers la grande femme blonde, au regard marron rempli de mépris pour celle qui lui fait une révérence et s'éloigne, en courant, vers la sortie. La fillette tombe sur l'arrivée du carrosse d'où en descend son père et ses grands-parents qui la regardent d'un air hostile, mais qu'elle salue très poliment.
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...À suivre🌹🥀
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