Chapitre 3
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Malgré moi, je me sens un peu déçue.
Un silence s'installe dans la salle avant que Jayden ne se lève pour récupérer un plateau de nourriture. Me laissant adossé au mur sur ma droite. Revenu, tous deux discutons de la stratégie à adopter pour rejoindre discrètement le Palais royal après leur arrivée. Il m'inclu facilement dans ses plan, ce qui m'étonne beaucoup. Serait-ce une manière de me tester ? Pense t-il que j'ai des complices qui nous attendront sur la terre ferme ?
- « Des carrosses et des charrettes nous attendront. J'hésite entre San Sebastian ou Zarauz. Le chemin qui passe par l'ouest donc passant par Zarauz est trop prévisible et se prête aux guets-apens que les nobles qui nous cherchent, arrivés avant nous, pourraient nous tendre. Le chemin qui passe par l'Est donc San Sebastian est suivi d'une dense forêt réservée à la famille royale pendant la chasse. Ami de la famille, je l'ai moi-même visitée. Elle est tellement grande que la contourner prendrait plusieurs jours et nous ferait perdre du temps. »
- « Ces nobles, savent-ils que vous faites partie de la mission ? »
- « Non, les membres sont secrets. »
- « Alors, allons-y par l'Est, traversons la forêt avec vous comme guide. L'ennemi ne connaît pas cette information, il ne pensera donc pas à nous chercher à l'intérieur de la forêt. Et puis, ne connaissant pas la forêt, il ne s'y aventurera pas. »
- « Tu m'impressionnes, Laïla ! »
Je rougis à ce simple compliment. Ce n'est pas grand-chose pourtant, je suis sûr qu'il a déjà pensé à cette possibilité. Cela me fait tout de même plaisir de lui être utile. Son profil sérieux, éclairé par la simple lumière du hublot, attire mon regard. Ses traits sont si fins ! Je n'y avais jamais tenu rigueur, mais en regardant de plus près ses cils sont si long et d'un noir ébène ! Cela ne fait qu'accentuer la beauté de ses yeux gris cendre. Cette couleur avait déjà suscité mon attention lors de notre première rencontre. Ses yeux quittent les plans géographique du royaume d'Espagne épinglés de multiples couleur et notes horizontales, pour se poser sur moi. Je suis prise la main dans le sac en train de le reluquer, c'est son sourire malin qui me le confirme.
- « Nous allons fêter cela, ce soir. Veux tu venir ? Cela se passe tout en haut du bateau, tu pourras prendre l'air. » Me demande-t-il.
L'humeur de Jayden me surprend toujours : un enfant à certains moments, si imposant et sévère à d'autres. Je me retrouve à le fixer sans rien dire. Et mince, il est si beau ! Comment peut-il dégager autant de respect, attirer le regard, voir même la crainte et l'admiration à son égare. Puis en l'espace d'une seconde, devenir un lapin inoffensif qui ne demande que ma confiance, mon attention et mon bien-être. Tout cela ne peut que sembler être suspect, non ?
- « Évidement que j'ai envie de venir avec cette tenue absolument radieuse ! »
C'est tout ce que je peux répondre sous un ton d'ironie qui le fait sourire. Il me regarde de haut en bas le même sourire aux lèvres. Je n'aurai jamais dû parler de ma tenue ! Il n'avait pas remarqué ! C'est si gênant ! Je remets comme je peux la chemise sur mon épaule qui se retrouve dénudé aussitôt. C'est comme si ma tenue ne tenait qu'à un fil et j'ai pourtant fait mon maximum pour la faire tenir ce matin !
Il met la main sur sa bouche. Il est choqué ? Il trouve ma tenue indécente, c'est sûr ! Je n'aurai pas dû sortir ce matin... Ma robe d'hier est certes sale est son jupon déchiré, mais ce n'est pas convenable pour une jeune femme de mettre des vêtements d'homme... Des vêtements de soldats de sur-quoi.
- « Je m'excuse... Je ne voulais pas te manquer de respect. » C'est la seule chose que je puisse faire : m'excuser.
Relève la tête qui est devenu toute rouge et éclate de rire ? Sérieusement ?
- « Tu es si mignonne ! » Pardon ? Je ne comprends plus rien ? Il se moque de moi ? - « Qu'est-ce que ce regard meurtrier ? C'est encore plus marrant ! Je n'avais pas remarqué, mais tu ressembles à un petit garçon qui a volé la tenue officielle à son père. En l'occurrence moi quand j'étais enfant... » Cet aveu me perturbe davantage. Il ne se moquait pas de moi ? Il s'est remémoré des souvenirs en regardant ma tenue. Cela me rassure, je ne voulais pas le contrarier, il garde l'intruse que je suis en vie, c'est déjà beaucoup demandé. - « Ahh, j'ai mal au ventre tant j'ai ris ! Je m'excuse de t'avoir gêné. »
- « Ce n'est pas si grave. »
- « Arrête de t'en vouloir pour tout. Personne n'a le droit de se sentir dérangé par ta tenue à part toi-même. »
Il a reprit son air sérieux. Personne à part moi-même ? Ai-je réellement le droit de penser cela ? L'étiquette me l'interdit, je dois être soigné, droite et délicate. Jayden a l'air de ne pas en tenir rigueur, ne serait-ce pas plus simple de l'imiter ?
Son regard est si doux et son sourire si tendre, je ne vois aucune lueur de méchanceté en lui. Pourtant, mes sens refusent de se détendre, je n'y comprends rien ! Comment puis-je me détendre si je ne sais même pas qui je suis. Peut-être que mes souvenirs cachent une vérité qui me ferait le détester. Je ne peux laisser mon cœur s'attacher à lui. Ce sentiment n'est peut-être que du respect envers sa personne lumineuse, qu'une simple convenance. Oui, une simple sympathie, sûrement, je l'espère...
- « Revenons à nos moutons. C'est vrai que tu ne peux tout de même pas porter ces vêtements à notre petite soirée aussi peu chic soit-elle. » Me dit-il.
- « La robe que je portais lors de notre rencontre à un ourlet manquant puisque ce morceau de jupon avait fini sur la blessure de ton camarade. »
- « Tu es mon invité, tu ne vas tout de même pas mettre cela. Réfléchissons encore. »
- « J'y pense ! J'ai trouvé une mallette en cuir dans ma cabine, j'espérais trouver des réponses sur son propriétaire auprès de toi. »
- « Une mallette ? Ah oui, c'est celle que nous avons trouvée dans la réserve. C'est une pièce qui donne sur la cabine des malades. Peut-être que le soir de l'embarquement, tu t'es glissé dans la réserve avec ta petite mallette. »
Son hypothèse peut être véridique, après tout cela est tout ce que nous pouvons faire : formuler des hypothèses. Ma situation m'agace ! J'ai l'impression de ne peut pas pouvoir faire de choix étant obnubilé par la question de ce que j'aurais fait si j'avais toujours ma mémoire.
Jayden me quitte du regard pour retourner à ses plans. Je ne devrai pas le déranger plus que cela et aller fouiller dans cette mystérieuse mallette. Je le salut poliment, mais il ne laisse presque pas les yeux. Une petite pique de déception parcourt mon cœur. Il faut savoir ma vielle ! Soit, tu ne souhaites pas sa compagnie et tu le repousses une bonne fois pour toutes ou bien, tu acceptes sa gentillesse et tu arrêtes cette froideur incessante. Je m'exaspère !
Je retourne à ma cabine les idées pleins la tête. Le chemin qui m'était inconnu et effrayant au début et devenu un automatisme que mes jambes suivent sans être guidées. Je ferme la porte de ma cabine et une boule d'angoisse vient s'installer dans ma gorge. Je dois ouvrir cette fichue mallette. Je prends mon courage à deux mains et l'ouvre avec précaution. À l'intérieur, quelques livres de médecine, un collier et bracelet en émeraude, un carnet où il est marqué Projets, quelques vêtements ainsi que quelques flacons de médicaments, les miens, je reconnais mon écriture sur les étiquettes. Une robe blanche attire mon regard, la voilà ma tenue de ce soir. Les mains tremblotantes, je récupère mes livres de médecine et les dépose sur la table. Les flacons de la même manière que les livres, je peine à les regarder. Ils regorgent de souvenir, je le sens. Mon crâne se remet à tambouriner. Mes mains deviennent moites et tremblent davantage, je repose rapidement les fioles près des bouquins. Je m'y consacrerai demain, je ne suis pas prête ce soir. Mon esprit est déjà assez perturbé par les dires de Jayden de cette après-midi, je doute que je puisse supporter encore plus de pressions.
Par le petit hublot, je vois le soleil se coucher disparaissant sous l'océan un peu plus à chaque instant. Ses reflets, orangés sur l'immensité de l'eau, m'offrent un spectacle resplendissant. L'océan paraît infini. La vue est éblouissante, mais elle me rappelle surtout que je dois me préparer. Qu'avons-nous là ? Une robe blanche simple fera l'affaire, ce n'est qu'une soirée de matelots. Je rassemble, mes longs cheveux noirs en une tresse peu formelle mais confortable. Mon regard s'attarde sur la parure d'émeraude. Ce collier et ce bracelet me font le même effet de les livres de médecine et les flacons. Je n'ai pas besoin d'affronter cette boule au ventre, car le port de tels bijoux n'est pas nécessaire pour ce genre de soirée. L'obscurité s'est installée dans ma cabine. Il se fait tard, je dois sortir avant que Jayden ne vienne me chercher.
Je trouve, comme je peux, le chemin vers la partie extérieur du bateau, guidé par l'odeur du sel, la voix des soldats et un soupçon d'instinct.
Je ne manque pas de découvrir des soldats en joie. À ma vue, Jayden a l'air conquis. Oh que non, cela va pas se passer comme je l'imagine. Je sens la grande scène de théâtre où le héros s'approche de l'héroïne comme si le temps s'était figé. C'est si gênant que quelqu'un me sorte de là ! Vite une échappatoire ! À droite, des chevaliers dansent déjà à moitié saoul. À gauche, le médecin de bord ! J'accours vers, c'est le seul, avec Jayden, que j'ose aborder sans me sentir de trop sur ce navire.
- « Puis-je me joindre à vous ? » Lui ai-je demandé à la hâte.
- « Bien sûr Demoiselle» Il n'a pas le temps de terminer sa phrase que Jayden se joint à nous et l'interrompt. Tudieu ! Je ne lui ai donc pas échappé ? »
- « Tu es magnifique » Ces mots sortent de ses lèvres s'étirant d'un sourire. Voila la raison pour laquelle je l'ai évité. Mon coeur s'emballe et je lui interdit de s'emballer de la sorte.
Je m'en veux tellement d'avoir évité un chaton si appréciable. Je le remercie sans trop de gêne et nous discutons avec le vieux médecin de bord. Il ne me quitte évidemment pas de la soirée tel une petite infante qui à besoin de son tuteur. Tandis que je me retrouve sous le flot des compliments des chevaliers du bateau, la seule pensée qui me traverse l'esprit est leur capacité de boire autant. Ce breuvage ne m'a jamais attiré. Le sang du christ certes mais en vue de toutes les folies accomplies par les adepte de cette boisson, elle n'est qu'a éviter selon moi. Les compliments ne s'arrêtent pas, mais ne deviennent jamais indécents. Sous le regard assassin de Jayden, cela est bien normal. Mais ne m'ont-ils jamais vu comme une femme avant ce soir ? Ou bien, je suis la seule à ne pas comprendre leur soudain enthousiasme à mon égard ? Ils boivent tous, même Jayden, mais l'odeur du breuvage suffit à me faire refuser chaque verre tendu maladroitement part les chevaliers qui veulent faire preuve de galanterie. Jayden commence à ne plus trop tenir debout, pas étonnant, il n'a même pas compté le nombre de verres qu'il a consommé. Je tire mon seul compagnon dans un angle et le fait s'asseoir à même le sol. Je ne mérite donc aucune précaution ? Ne me soupçonne t-il définitivement pas de tenter de l'assassiner ? Il est si vulnérable si j'étais réellement malveillante, il serai mort il y a bien dix minutes.
- « Tu sais, je suis le fils aîné de la famille la plus proche du roi. » Avoue-t-il.
- « Oui... Et donc ? » Je réponds sans trop comprendre, attendant la suite qui n'arrive pas. Je me penche un instant pour vérifier s'il ne s'est pas étouffer avec sa propre salive pâteuse. Mais il avait les yeux grand ouvert et fixait le sol, plongé dans ses pensées.
- « Je le savais. Je savais que tu étais spéciale. Les autres femmes ont des étoiles dans les yeux quand je leur dévoile mon rang ; toi, non, cela ne te fait ni chaud ni froid. »
- « Par contre, si tu savais qui je suis, cela m'intéresserait... »
- « Sais-tu pourquoi je suis ici et ne suis pas Seigneur d'un grand domaine ? »
Je m'empêche de sortir une nouvelle blague, je garde le silence et l'écoute attentivement. Il s'apprête à se livrer et je n'ai pas envie de rater cette occasion en disant une phrase qui empêcherait son élan. Je n'écoute pas cette voix qui me crie de l'ignorer pour une fois, je veux savoir.
- « La concubine de mon père l'a rendu si cupide qu'il voulait se servir de moi pour avoir des privilèges du roi. » Dit-il d'une voix de plus en plus pâteuse.
- « Une concubine, dis-tu. » J'enchaîne sans continuer.
Mais je sens tout le poids de la tête à Jayden abandonnée sur mon épaule avant que la fatigue ne me gagne, moi aussi, je me sens bien, tout à coup. Une respiration près de mon oreille me donne des doux frissons, comme la légère brise d'un vent d'été. Je suis tellement bien que je tends mon visage au souffle bienfaisant...
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Dans les appartements luxueux de sa mère et conseillée par celle-ci, la jolie petite fille lit sagement, le livre posé sur ses genoux qui illustre joliment les stratégies de la guerre. Une servante entre précipitamment dans la pièce, son visage est très pâle.
- « Que se passe-t-il, ma chère ? » Demande la mère plutôt inquiète.
- « Le docteur qui a examiné Madame la concubine vient d'annoncer la raison de sa nausée soudaine ! » Dit-elle en reprenant son souffle.
- « Et bien ? » Continue la belle maîtresse de maison.
- « Il a annoncé sa grossesse ! » Avoue enfin la servante.
Aucune surprise dans le regard de la maîtresse du domaine. Elle s'y attendait.
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...À suivre🌹🥀
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