Chapitre 22

*•~Aleyna Sanchez ~•*
*•~Fille d'un duc espagnol, sœur de Jayden Sanchez~•*

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Élisabeth me regarde l'air désolé. Tous les chevaliers et moi-même témoignons notre respect envers le couple royal avec une révérence et je descends de mon cheval. J'entends Jayden râler une énième fois dans mon dos pendant que je me rapproche de Tadeo.

- « Pourquoi pars-tu ? Tu as dit que tu voulais trouver les traîtres ! » Cri Tadeo en s'approchant de moi.

- « Ils sont partis, au royaume de France. » Je lui explique doucement la situation.

- « Je viens avec toi. » Déclare-t-il d'un ton sûr.

- « Il en est hors de question ! Tu es encore faible. » Je hausse le ton pour la première fois, mais face à son regard déterminé, mais cela ne sert à rien.

Le chevalier quitte mon regard pour le poser sur un bandage sur son bras qu'il arrache tout à coup. Une plaie encore vive apparaît sur son bras désormais nu.

- « Crois-tu que cette simple blessure va m'empêcher de te rejoindre ? » Termine-t-il par dire.

- « Tu es inconscient. Si tu veux te faire tuer je m'en moque, mais si tu nous ralentit, je n'hésiterai pas à te laisser derrière. » Annonce Jayden en se plaçant derrière moi.

Ne l'ayant pas senti approcher, je sursaute légèrement. Mon dos est à quelques millimètres du sien et quand il se redirige vers son cheval, la frustration de notre distance me fit frissonner. Mon regard quitte enfin le dos musclé du capitaine pour se reposer sur Tadeo, je remarque que ce dernier me regardait sûrement depuis un moment déjà. Une étincelle brille dans ses yeux avant de m'attraper par le poignet pour me diriger vers un cheval qui lui a été amené.

- « Que se passe-t-il entre vous ? » Chuchote le chevalier serrant mon poignet de plus belle.

- « Pardon ? Rien du tout ! » Je me précipite de répondre.

- « Tu te moques de moi ? Qu'est-ce que ton regard insistant signifiait alors ? »

- « Je l'ai regardé d'une manière tout à fait normale. » Balbutais-je.

- « Alors regarde-moi de la même manière, Laïla. » Me dit-il, les yeux brillants.

Pas le temps de répondre, car Élisabeth nous sépare en se plaçant à ma droite. De son sourire poli, la belle blonde me propose de discuter à l'écart des autres. Tadeo me regarde m'éloigner de lui sans avoir eu de réponse à sa dernière phrase. De toute façon, qu'aurais-je pu répondre ?

- « Je m'excuse de t'avoir mise en danger Laïla... » Commence l'amie à ma défunte mère m'extirpant de mes questionnements sur le chevalier blond qui me regardait toujours d'ailleurs.

- « Comment ? Oh non ! C'est à moi de m'excuser de ne pas vous avoir aidé plus tôt avec les chevaliers qui vous accusaient de traîtrise. » Je m'empresse de répondre.

L'épouse du roi ignore l'étiquette, pour la première fois devant tant de monde, afin de me prendre amicalement dans ses bras. Ce geste doux me parut si étrange et lointain. Qui est la dernière personne qui m'a prise dans ses bras ainsi ? Ma mère. Seule ma mère me câlinait, c'était la seule qui m'aimait. Les larmes ne purent s'empêcher de couler, je crois que j'en ai besoin donc je me laisse aller à mes sanglots contre l'épaule rassurante de cette amie. Tout va si vite ! Je ne pensais pas quitter ce royaume si tôt ! Certes, je savais que je devais retourner tôt ou tard chez moi, récupérer ce qui m'appartient de droit. Mais je n'aurais jamais cru que tout s'enchaînerait si vite. J'aimerais tant en parler à Élisabeth. Lui dire tout ce qui me tracasse : ce voyage effrayant, mes sentiments étranges envers Jayden, la culpabilité que je ressens ensuite envers Tadeo et puis mère. Elle qui l'a connu, j'aimerai tant discuter de mère avec elle.

- « Tout ira bien, Sophia. Écoute ton cœur et laisse, toi aller. » Me chuchote Élisabeth comme si elle avait écouté les cris de mon cœur.

Ce prénom. Je ne l'avais plus entendu depuis déjà un moment. Pour éviter de repenser aux douleurs du passé, j'ai condamné ce prénom. Pourtant, dans la bouche d'Élisabeth aujourd'hui, je comprends que c'est aussi pour ne plus penser à mère. Si elle est morte, c'est de ma faute. Si je n'avais jamais existé ou bien si j'avais été un garçon, elle serait vivante aujourd'hui. Galoperai sur des chevaux, chasserait avec entrain et lierai calmement toute l'après-midi comme elle aimait le faire. Carl, mon père, Sophie, moi-même, avions été la faucheuse pour cette pauvre femme. Comment puis-je aimer quelqu'un ? Me laisser aller à une amourette quand je suis celle qui a tué ma mère ? Comment faire confiance à un homme quand mon père a poignardé une femme si exceptionnelle ?
Mes sanglots s'enflamment contre l'épaule d'Élisabeth. Je sens les regards se poser sur moi. J'ai honte de pleurer devant tant de monde, devant le roi. Mais je n'y peux rien. Élisabeth a tiré sur la corde et elle a craqué. La belle blonde s'écarte de moi doucement et je sens de grandes mains se poser sur mon épaule. J'entrouvre un œil pour essayer de savoir de qui il s'agit. Le roi me regarde d'un sourire amical que je ne voyais sur ses lèvres que quand il regardait Jayden.

- « Je m'excuse de vous interrompre pendant un moment si intime, mais je souhaitais te remercier. » Me dit le Felipe IV d'un ton doux et rassurant.

- « Que j'aurais aimé avoir une fille comme toi ! » surgis la voix de Raoul derrière le roi. « Un talent inné comme le tien ne pouvait appartenir qu'à ma progéniture ! Je suis si triste que ce ne soit pas le cas ! Tout de même, soit forte. J'ai envoyé des lettres à plusieurs médecins que je connais au royaume de France, ils t'accueilleront comme si tu étais ma fille. » Continue Raoul en levant les bras réclamant un geste d'affection.

Un rire mêlé de larmes sort de ma bouche. La belle Élisabeth me tant un mouchoir en satin que je n'ose même pas utiliser tant il est élégant. Le vieux Raoul me prend ensuite dans ses bras et me sert beaucoup trop.

- « J'étouffe ! » Je crie contre son épaule.

- « Les traîtres sont partout. Ils pourront se faire passer pour des amis, des alliées ou des incultes. À toi de séparer le vrai du faux. Sois courageuse ma fille. J'ai confiance en toi, tu peux mener cette mission à bien. Tu es bourré de talent, il ne te manque rien. Je prierai auprès de Dieu pour que tu nous reviennes saine et sauve. » Me dit-il d'une voix plus sérieuse.

- « Merci Raoul d'avoir cru en moi depuis le départ. »

- « Je n'étais pas le seul. Il y en a un qui t'a ouvert son cœur dès le premier regard. » Ricane-t-il.

Je me détache de lui pour regarder derrière moi. Jayden était planté devant son cheval triturant ses doigts. Il ressemblait à un enfant coupable de haut crime de vol de bonbon et qui ne savait pas s'il devait se livrer aux autorités ou se taire à jamais. Un rire m'échappe malgré moi. J'embrasse le front de Raoul en signe de respect et me dirige vers le capitaine.

- « Comment te sens-tu? Si ça ne va pas nous pouvons reporter le départ à demain. » S'empresse-t-il de me dire.

- « Tout va bien allons y. » Je lui souris gentiment et le sens se détendre.

Ce regard inquiet, je le retrouve sur le visage d'Aleyna et Catalina qui comme Jayden sont debout devant leur cheval à me regarder. Je respire un bon coup et annonce fortement :

- « Nos chevaux sont prêts, les provisions sont prêtes, nous n'avons rien oublié alors allons y ! »

Le roi qui avait pris Élisabeth dans ses bras me gratifie d'un sourire pendant que Raoul se retient de pleurer. Tadeo a grimpé sur son cheval avant de se diriger vers moi.

- « Veux-tu monter derrière moi, si tu ne te sens pas bien ? »

- « Je te remercie, mais tout ira bien. »

Le beau blond acquiesce avant de rejoindre les autres. J'attrape la selle de mon cheval et grimpe aisément.

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- « Mon postérieur me fait un mal de chien ! » Se plaint Aleyna.

- « Si c'était pour te plaindre, tu n'avais qu'à rester à la maison. » Lui répond calmement Jayden.

- « Mais c'est inhumain ! Cela fait combien d'heures que nous sommes sur ce cheval ? Nous avons même mangé du pain en galopant ! » Continue la sœur de Jayden.

- « Nous devons arriver au village le plus proche avant la tombée de la nuit sinon tu peux dire adieu à ton postérieur, car ce sont les loups qui te le dévoreront. » Ricane le capitaine.

- « No tienes corazon. (Tu n'as pas de coeur.) » Injure la belle blonde dans sa barbe.

- « Répète pour voir. » Menace son frère.

- « Cessez vos chamailleries. Nous pouvons déjà voir le village là-bas » Je montre aux deux enfants.

Quelques centaines de mètres plus tard, nous arrivons à un village paysan. Le soleil ne se couchera que dans quelques heures. Nous avons donc le temps de faire un tour pendant que Jayden négocie l'auberge. Cette proposition n'enchante pourtant pas le capitaine qui refuse que nous allions entre femmes. Tadeo finit par se porter gentiment volontaire et nous accompagne faire le tour du village.

- « Faites vous tout de même discrète. » Conseil Tadeo à Aleyna qui avait l'air de s'émerveiller devant chaque chose.

- « Elle n'est jamais sortie de la cour ? » Je demande à Tadeo, mais c'est Catalina qui répond.

- « Vous avez beaucoup de chance en tant que noble d'avoir pu visiter des paysages nouveaux et manier tant de pratiques masculines. Les femmes nobles d'ordinaire ne doivent qu'apprendre l'art d'être une bonne femme, la délicatesse et être docile. Sortir n'est autoriser que pour s'exhiber dans les demeures d'autres nobles. »

- « Je le sais bien, mais n'ont-ils pas de demeure à la compagne ? »

- « Si, mais Aleyna était enfermé dans le but de la garder pure pour son futur mari. Elle n'avait pas l'autorisation de participer aux fêtes et son père utilisait toutes sortes d'excuses pour l'empêcher d'assister aux banquets de sa majesté. » Continue Tadeo.

Mon regard quitte le blond et se pose sur Aleyna devant nous qui se retient de quitter son cheval pour toucher tout ce qui l'entoure. Pauvre enfant.

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- « Ça empeste le noble par ici, tu ne trouves pas ? » Commence un homme assis à la table d'en face.

L'ambiance de ce voyage est bien différente du premier. Autour de la table du dîner, il n'y a plus de chevaliers ivres morts ou de cris sauvages. L'élégance de Jayden et Tadeo est à son paroxysme tant dans leur manière de parler que leur gestuelle. Aleyna sirote sa boisson et Catalina découpe sa viande élégamment. Cette scène me trouble et me fait rire à la fois. Voilà un voyage qui s'annonce bien étrange.
Le seul inconvénient est que nous nous faisons bien trop remarquer. Une bande de soldats qui crient dans une auberge est bien plus passe-partout finalement. Ces quatre personnes devant moi sont bien trop élégantes pour être de simples voyageurs, et cela, les habitants l'ont remarqué.

- « Trois femmes pour deux hommes seulement. Nous allons vous aider et en récupérer une. » L'homme qui s'est permis de nous injurier plus tôt prononce ces absurdités maintenant devant moi.

Jayden se lève tout à coup prêt a dégainer, mais je fus plus rapide. Mon pistolet, caché sous mon corset, était pointé sur ses parties intimes. Chargé en seulement vingt secondes, l'homme bien alcoolisé n'eut pas le temps de s'interposer.

- « Je suis fatigué. Tu vas me faire le plaisir de déguerpir. » Je lui annonce d'un sourire insolent.

Les mains en l'air et le visage blêmit, il s'en va se rassoir. Je range rapidement mon arme et reprends une bouchée de mon plat. Ne sentent aucun geste de mes camarades, je lève la tête pour les trouver tous bouche bée.

- « Que vous arrive-t-il ? » Je demande interrogée par leur réaction.

- « Depuis quand as-tu cette arme à feu sur toi ? » Demande Jayden en essayant de ne pas trop lever le ton.

- « Depuis le premier jour que tu m'as rencontré mon grand. » Je lui ricane au nez.

- « J'adore cette femme ! Je veux un pistolet aussi grand frère ! » S'extasie Aleyna.

- « Même pas en rêve, c'est bien trop dangereux pour une débutante. Ton nouveau poignard est déjà bien. » Lui répond Jayden sans me quitter des yeux.

- « Ce voyage risque d'être bien intéressant. » Annonce Tadeo en me toisant du regard.


... À suivre 🌹🥀

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