Chapitre 20
*•~ FELIPE IV, Roi des Espagnes et des Indes~•*
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Gabriel rejette son crâne une énième fois vers l'arrière tout en hurlant à plein poumon.
- « Oh non, tu as encore bougé ! Je dois recommencer la couture de ta plaie. » J'annonce à Gabriel d'une voix sadique tout en retirant le fils dans sa peau saignante.
- « Non ! Non, je vais parler ! » S'empresse-t-il de crier.
- « Voilà une sage décision. » Je me place à croupie devant lui comme Jayden plus tôt, mais sans la même bienveillance.
L'hésitation dans ses yeux, le prisonnier balaye la salle du regard. Le capitaine le menace de son regard glacial et les gardes plus loin son silencieusement placé de part et autre de la pièce. Aucune issue ne lui est possible. Soit, il meurt après avoir terriblement souffert de mes mains. Soit, il dévoile les plans des traîtres.
- « Vous ne les attraperiez pas. Il y a des personnalités puissantes dernière nous. »
- « Méritent-ils ta vie ? Ton sacrifice ? » Je lui demande en me joignant à Jayden.
- « Ils t'ont déjà abandonné Gabriel. Et ils n'hésiteront pas à venir te tuer quand nous te laisserons seul. Sans notre protection, tu es mort. » Continu Jayden à ma place.
Gabriel n'est pas stupide. Il sait que nous avons raison. Ce prisonnier est en danger partout maintenant qu'il a été découvert. Nous sommes certes ceux qui pouvons le tuer, mais aussi ceux qui pouvons le protéger. Son regard est toujours aussi hésitant, mais cette fois, je peux y lire de la peur. Il réalise qu'il va réellement mourir, car Jayden ne ment pas. Ses alliés l'ont évidemment abandonné. Voir même son sûrement devenu ses ennemies.
- « Le Cardinal du Royaume de France. C'est lui qui commande les missions. » Avoue-t-il enfin.
- « L'église du royaume de France. Je le savais. » Bien que je l'ai dit tout bas, le capitaine l'a bien entendu.
- « As-tu le nom de l'homme à l'épée de rubis ? » Demande l'homme au regard de glace.
- « Non. C'est lui qui relayait les ordres du cardinal, mais il n'a jamais dévoilé son visage. » Explique Gabriel.
- « Que va-t-on faire Jayden ? Nous devons impérativement aller au royaume de France pour sortir mon roi de l'emprise que réalise le cardinal sur lui, mais... » La panique me gagne. Le meilleur allié, le ministre d'Etat et le symbole même de la religion, de Dieu, est le chef des traîtres.
- « Mais si nous partons sans avoir attrapé ce traître à l'épée de rubis, c'est le roi d'Espagne qui se retrouve en danger et sans défense face à lui. » Jayden continue ma phrase avec un calme irritant.
- « Ils sont tous déjà parti. Il ne reste que mon père et moi. Ils nous ont abandonnés à votre sentence et sont allés se réfugier au royaume de France auprès du Cardinal Richelieu. » Comme pour nous rassurer ou bien exprimer sa déception et sa tristesse, Gabriel nous avoue ces dernières paroles avant de fixer le vide.
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Au chevet de Tadeo, le capitaine et moi-même préparons ensemble un remède pour ses nombreuses égratignures. Toujours secoué par les nouvelles que nous avons apprises de notre ancien camarade, aucun son ne sort de notre bouche depuis déjà un moment. Seuls les tintements des fioles de verre et les bruits des feuilles qui s'écrasent contre le mortier.
- « Nous devons aller parler au roi plus tard. » La voix de Jayden brise le silence.
- « Le procès d'Élisabeth est passé ? »
- « Il faut croire que tu as dormi longtemps. » Répond le capitaine un sourire amère collé aux lèvres tout en haussant les épaules.
- « Pardon ? Combien de temps ai-je dormi ? » Ma voix se lève malgré moi et Jayden me fait signe de baisser d'un ton pour ne pas réveiller Tadeo.
- « Plusieurs jours... » Il fuit mon regard comme pour cacher ce qu'il s'y trouve. « Sa majesté fut lavée de tout soupçon grâce à toi. Nous avons suivi les traces que vous avez laissées avec Tadeo. Le cadavre de Luïs... » Il marque une pause comme pour se remémorer l'énorme erreur que nous avons faite concernant le pauvre Luïs, puis continue. « Et enfin la maisonnette appartenant au Comte d'Olivares. »
- « Contente d'avoir pu être utile. » Mon ton désinvolte ne semble pas lui plaire en vue du regard glacial qui vient de se poser sur moi.
- « N'ose plus jamais t'aventurer de la sorte sans moi. » Me menace-t-il pour la énième fois depuis mon réveil.
- « C'est sûr qu'avec ta blessure, tu serais allé très loin. » J'appuie doucement sur son bas du ventre et lui arrache un gémissement de douleur. Jayden attrape mon poignet avec force et me tire vers lui.
- « Je ne rigole pas, Laïla. J'ai cru devenir fou ces quelques jours où tu étais inconsciente. Mon rôle, c'est protéger le roi et sa femme. Je ne saurai pourtant pas dire pourquoi tes blessures m'ont paru être dues par ma faute. » Son souffle chaud sur mon visage me fait tressaillir.
- « Comme tu viens de le dire, c'est Felipe IV et Élisabeth que tu dois protéger, pas moi. Si je me blesse, c'est en aucun cas de ta faute. » Je soutiens son regard perçant qui me supplie de l'écouter. Pourtant, non. Je ne veux pas qu'il s'attache à moi. « Nous avons perdu déjà deux camarades. Je serai peut-être la suivante, nous n'en savons rien. C'est comme cela, nous ne pouvons rien y faire et en tant que chevalier, tu dois bien le savoir, Jayden. »
- « Je ne te considère pas comme une simple camarade et tu le sais très bien, Laïla. Pourquoi joue tu l'indifférente ? » Son regard me surprendra toujours. Il passe de douceur à dureté, de gentillesse à cruauté, de joie à tristesse. Et en cet instant, il est passé de glace à braise. « Tu n'étais pas si indifférente ce matin. » Sa bouche vient se loger dans mon cou où il laisse un baiser doux et chaud. Comme s'il déposait un millier de feux d'artifices, son baiser vient électriser mes sens. « Et je vois que tu n'es toujours pas indifférente en cet instant même, docteur. » Un sourire malin se dessine sur son visage lorsqu'il quitte mon cou pour me regarder. « Je t'aurai laissé tranquille, tu sais. Mais tes expressions de visages quand je te taquine sont trop craquantes. » Le capitaine finit par se retourner, reprend son pilon et son mortier avant de reprendre le travail comme si de rien n'était.
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- « Dame Laïla de Valois Angoulême et Sire Jayden Sanchez » Crie le héraut pour annoncer notre entrée dans la salle du trône.
Un peu anxieuse, mon pas hésitant entre dans l'immense pièce. Les vitraux colorés laissent entrer les rayons de soleil quand les diamants des lustres les récupèrent pour les refléter à nouveau. Un halo de lumière baigne cette pièce et la réchauffe. J'emboîte le pas de Jayden et me dirige tout droit face à ses majestés. D'une élégante révérence, Jayden et moi, nous nous présentons à nos amis.
- « Parle Dame Laïla. Je t'avais dit que tu pouvais tout me demander, je te dois la vie après tout. » Me sourit chaleureusement le roi accompagné du doux sourire d'Élisabeth à ses côtés.
- « Je souhaite me rendre dans mon royaume natal, votre majesté. » Je demande sans passer par Quatre Chemins.
- « La vie ici ne te plaît pas ? » Me demande le roi.
- « La cour ne m'importune nullement et les habitants sont d'une grande bonté. Semblable à son gouverneur, votre nation est très bonne votre majesté. » Je m'empresse de rétorquer.
- « Alors pour quelle raison veux-tu nous quitter, dame Laïla ? » Le roi pose ses codes de par et autres de son trône et me fixe maintenant un regard curieux posé sur moi.
- « Mon peuple est en danger. Vous le savez déjà sans doute, mais une grande menace nos nations. Vous avez su vous entourer de personnes de confiance et bien intentionnées afin de ne pas vous faire influencer. Vous savez donc que le roi de France n'est pas le meneur de votre empoisonnement où de tous les complots qui vous visent. »
- « En effet, j'ai pu comprendre grâce à vous d'ailleurs qu'il y a des traîtres dans les deux royaumes. Ce n'est pas simplement ma couronne qu'ils désirent, mais celle de ce cher roi de France, Louis XIII. »
- « L'un de ces traîtres, Gabriel d'Olivares, nous a annoncé que les traîtres se sont retirés en France. »
- « Pourquoi cela ? »
- « Car celui qui tire les ficelles n'est nul autres que le cardinal de Richelieu. »
- « Le ministre d'Etat de votre roi ! » Felipe IV rigole à gorge déployée et personne n'ose l'interrompre. Après un petit moment, il reprend : « Bonne chance à vous docteur. Un roi trompé par son ministre d'Etat est un roi mort. »
Je regarde Jayden, surprise par cette dernière parole du roi, mais il ne fait que hausser les épaules. Élisabeth est toute pâle. Elle doit être plus qu'inquiète pour son père et ses proches. Je dois arrêter ce massacre et vite.
- « J'ai besoin de votre accord et votre aide pour quitter le royaume rapidement et atteindre le Palais du Louvre où ses majestés séjournent en ce moment. » Le roi me regarde après ces paroles, puis regarde sa femme qui hoche de la tête.
- « Je t'offre le cheval le plus rapide que je possède à toi et à ceux qui t'accompagneront. Choisi qui tu souhaites parmi mes chevaliers pour t'accompagner dans ton périple, ils auront l'ordre de risquer leur vie pour la tienne. Jayden, tu n'es plus mon garde royal. Je te confère le nouvel ordre de veiller sur ma protégée. Un médecin comme elle ne naisse qu'une fois tous les cent ans, hors de question qu'elle soit en danger. » Un sourire aux lèvres, il regarde à nouveau sa femme comme s'il attendait un compliment de sa part.
Le capitaine me regarde lui aussi. Il faut croire que je ne vais pas me débarrasser de lui de sitôt celui-là.
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Nous avons remercié le roi un nombre incalculable de fois avant de quitter la salle de trône. Je marche maintenant vers mes appartements, mais Jayden ne me quitte toujours pas. Ne me dites pas qu'il a pris l'ordre de sa majesté au pied de la lettre et prévoit de me coller jusqu'au petit coin. Je décide de m'arrêter tout à coup et il manque de me rentrer dedans.
- « Tu prévois de me suivre jusqu'où encore ? » Je demande irrité par son comportement.
- « Je ne sais pas. Tu n'as rien dit depuis tout à l'heure donc je te suis. » Dit le beau brun en haussant les épaules.
- « J'ai envie de t'arracher ce sourire Jayden ! » Et il sourit de plus belle.
- « Je n'y peux rien, je te l'ai déjà dit. Tes expressions sont vraiment divertissantes. » Ricane le capitaine.
Je tourne aussitôt les talons pour me diriger rapidement vers mes appartements. La porte claquée, je me retourne en soupirant quand je tombe nez à nez avec une Catalina choquée. La pauvre enfant attend que j'ouvre la bouche enfin pour pouvoir sans doute poser mille e une question. Foutu étiquette et oblige les personnes de basse classe d'attendre que celle avec un statut supérieur comment la discussion.
- « Je vais bien. C'est juste Jayden qui m'embête encore. » Je la rassure en essayant de quitter ce corset qui m'étouffe.
- « Il ne vous laisse pas indifférente de ce que je vois, dame Laïla. » Dit la belle rousse en tirant sur le nœud du lacet.
- « Mais qu'avez-vous tous aujourd'hui bon sang ! Jayden Sanchez ne me plaît pas ! Nous ne sommes qu'amis. Et même amis et un grand mot au vu d'à quel point il m'irrite ! » Je crie à travers la pièce comme pour me convaincre moi-même.
- « Je vois. Alors expliquez-moi pourquoi êtes vous toute rouge, Dame Laïla ? » Ricane Catalina en me désignant le miroir du regard.
J'y découvre un visage cramoisi. Bonté divine ! Ne me dites pas que c'est cette tête-là que Jayden voit depuis tout à l'heure. Il se moquait donc de moi !
- « Ce n'est que l'effet de l'irritation que je ressens à son égard... » Je dis calmement à Catalina.
- « Ho, j'imagine bien que vous avez raison alors. Pardonnez mon erreur. » Continue de ricaner Catalina.
- « Je n'ai nullement le temps ni l'énergie pour une quelconque amourette. D'ailleurs, je m'en vais dés demain au royaume de France. Et j'ai besoin de toi. Acceptes-tu de m'y accompagner ?
... À suivre 🌹🥀
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