*•~ Catalina~•*
Femme de chambre de Laïla
✷ 　 ✧ . . 　 　　　 · + 　　　 　 ·　 * ✫ 　　 * ✷ ⊹ * ˚ 　　　 　. . + 　　　 　　· 　 ⋆ 　　　　　　 * 　　 　 　 . 　　 　　 　　 * . 　 　 . ·　 . 　 · 　　　 . 　 　 　 　 　 *　 · 　　　 　 . · 　 · + 　. 　 　　　　 · ** ˚ 　　　 　. . + 　　　 　　· 　 ⋆

La douleur dans mon crâne me fait souffrir. Assez pour que j'ouvre un œil que je referme aussitôt, éblouie par la lumière du jour. Je grimace lorsqu'une vive douleur dans ma jambe me rappelle les souvenirs de notre aventure avec Tadeo. Tadeo !
Le drap vol de l'autre côté du lit, poussé par une force naissante en moi. Jayden, comment va-t-il ? Tadeo, est-il vivant ? Comment tout cela est arrivé ? Nous étions simplement des passagers d'un bateau. Le seul danger était l'océan et ses caprices. Comment sommes-nous arrivés a tous risquer nos vies à ce point ? Je regarde ma jambe soigneusement recouverte d'un bandage rougeâtre. Je reconnais le savoir faire du docteur Raoul. Un léger sourire se dessine sur mon visage et calme un peu mon cœur affolé. Appuyé sur le lit moelleux, j'essaye avec difficulté, de me lever. La douleur dans ma jambe ne fait que s'amplifier, mais je dois me lever et aller voir comment vont mes camarades.
Je titube dans la grande pièce luxueuse quand la porte s'ouvre doucement.

- « Laïla ! Mais rassit toi idiote ! » Crie Jayden en courant vers moi.

Le capitaine avait les yeux cernés et le teint pâle. Sa blessure était plus grave que ce que je pensais ? Ou bien Tadeo est réellement mort et cette nouvelle l'a touché au point de le mettre dans cet état ? Pendant que j'analyse ses traits fatigués, Jayden place délicatement une main sur le bas de mon dos et l'autre vient attraper mon poignet. Telle une poupée de verre, je me fais guider soigneusement vers le lit confortable. Il se place en suite a croupi devant moi. Il s'arrête pour me scruter du regard, cherchant sûrement mes blessures. Ses épaules se sont baissées de soulagement lorsqu'il regarde mon visage sûrement imprimé d'un air d'incompréhension. Il baisse la tête en soufflant et me donne accès à sa chevelure tout ébouriffée. J'ai l'envie soudaine de toucher ses cheveux ondulés. Sont-ils doux ou rugueux ? Sans vraiment réfléchir plus, je caresse ses cheveux bruns avec plus de douceur que je ne le pensais. Le capitaine lève aussitôt la tête les yeux écarquillés. Doux. Ses cheveux sont très doux.

- « Comment te sens-tu ? » Je demande trop inquiète par ses cernes noir.

- « Quelle question ? J'étais mort d'inquiétude quand j'ai vu les gardes de la porte principale te ramasser du sol, le corps ensanglanté. » Il place ses mains devant son visage comme si le simple fait de se remémorer cette image de moi le torturait. « Pourquoi es-tu allé sans moi ? Bon sang Laïla ! Je sais bien que tu sais extrêmement bien manier les armes, mais cela ne suffit pas à faire de toi une personne invincible ! »

Je vois dans ses yeux de la colère, mais aussi énormément d'inquiétude. Je le sais. J'ai été insouciante. Mais si j'avais attendu qu'il se rétablisse, ça en aurait été fini de nos indices. Les traîtres ont déjà quitté le royaume. J'ai été déjà beaucoup trop lente.

- « Il le fallait Jayden. Et tu le sais bien. » Mon ton était plus dur que ce que je voulais.

Il se lève tout à coup me couvrant de sa grande taille. Je vois une lueur sombre traverser ses yeux lorsqu'il regarde la tache rouge qui recouvre mon bandage blanc.

- « Il le fallait ? » Répète-t-il en se rapprochant de moi. Le capitaine me pousse sur le lit violemment et comme une idiote, je reste immobile face à son regard gris. Avec force et vitesse, il attrape mes deux poignets qu'il vient menotter en haut de ma tête. « Tu ne comprends toujours pas Laïla. » Le grand brun se penche dangereusement sur moi plaçant sa jambe entre mes cuisses. Pétrifié par son regard froid, je ne pus rien dire. Rien du tout. Alors, il continue en s'approchant de mon oreille. « Tu n'es pas invincible Laïla. Et ce n'est sûrement pas ton petit Tadeo qui te rendra invincible, docteur. »

Son souffle chaud dans mon cou me donne des frissons incontrôlés qui me font oublier la douleur à ma jambe. Pourtant, sa phrase, elle, me fait mal au cœur. Il me lâche brusquement et se relève. Se dirigeant vers la sortie avant de rajouter :

- « Ton cher Tadeo a été retrouvé à la sortie des bois. Il était bien amoché, mais en vie. C'est ce que tu voulais savoir, non ? Puisque c'est son nom que tu disais avant de t'évanouir. » Son ton froid s'accompagne d'un claquement soudain de la porte.

Qu'est-ce qui vient de se passer ? Je tourne la tête vers la gauche où se trouve ma coiffeuse dotée d'un miroir ovale. Mes joues sont écarlates et mes cheveux sont en bataille. Je place la main sur ma poitrine, mon cœur y tambourine à toute vitesse depuis tout à l'heure. Peu à peu, je me rappelle la douleur à ma jambe, embrumé par les sensations que venaient de me procurer Jayden. Je l'ai déjà vu en colère, mais jamais contre moi. Son regard gris était semblable à des lames et ses paroles étaient aussi tranchantes que ses yeux. Il m'en voulait, c'était certain. J'ai certes joué à un jeu dangereux en allant avec Tadeo et Luïs dans le repère des traîtres. Nous aurions pu, nous faire attraper et torturés pour que l'on dévoile tous les secrets de la couronne. Mais j'ai le sentiment que ce n'est pas pour cela que Jayden était autant en colère.
Jaloux. Il était jaloux. Voilà une explication possible. Il était peut-être également inquiet ?
Je m'efforce de chasser ces pensées de ma tête pour calmer mon cœur tambourinant dans ma poitrine et cette sensation étrange dans le bas de mon ventre. Je me lève de nouveau, avec difficultés.
Les dames de chambre entrent soudainement dont la petite rousse qui semble plus inquiété que les autres. Elles m'aident à me lever et à me diriger vers la salle de bain, dans un silence habituel.
L'eau chaude sur ma peau me fait un bien fou. La rousse se retient de poser mille et une questions et me frotte le dos avec délicatesse. Une autres revient avec des bandages propres et des flacons conçut par le docteur Raoul et d'autre par moi-même.

- « Catalina ? Tu n'as pas l'air d'aller bien ? Va te faire ausculter par les médecins disponibles et va te reposer. » Je dis en tournant ma tête vers la belle rousse.

- « Pardon dame Laïla... Je ne me sens pas mal. Je suis inquiète pour vous. » Dit-elle en baissant la tête timidement.

- « Cela est bien gentil de ta part, mais tout va bien. Je ne mourrais pas d'une simple flèche dans la jambe. » Je ricane pour détendre l'atmosphère.

- « Mais la cicatrice sur votre jambe peut vous empêcher de vous marier ! » Continue la belle rousse.

- « Cela m'est bien égal, vois-tu. Si une simple cicatrice fait fuir un homme, je me demande ce que pourra lui faire mon sale caractère. » Je rigole de plus belle.

Sous l'incompréhension la plus totale, Catalina me regarde les yeux ronds. Elle continue à me rincer le dos en silence avant de rire à son tour.

- « Vous êtes unique Dame Laïla. » Un sourire sur le visage, cette dernière semble avoir perdu son air inquiet.

Le bain m'a fait un bien fou. Assise sur un tabouret, je nettoie doucement ma plaie. Je termine délicatement de remplacer mon bandage avant de replacer ma robe sur mes jambes dénudées. Catalina me brosse les cheveux avec délicatesse pendant que moi, face à ce même miroir où je me suis surprise, toute rougissante, tout à l'heure, je repense au capitaine.
Une envie folle de rejoindre Jayden me vint à l'esprit. Je n'arrive pas à chasser ces images de lui et la pensée de sa voix dure contre mon oreille. Ses paroles étaient remplis de colère. Je ne suis pas invincible. Je le sais bien. Il m'en veut de m'être jeté dans la gueule du loup. Je dois aller le voir. Nous ne pouvons pas rester sur cet affront étrange.

*•~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~•*

Dans le couloir infini, je croise des gardes qui me demandent comment je vais. Sans attendre, je leur demande où se trouve Jayden.
Comme si j'avais posé une question taboue, ils se regardent avant de m'annoncer qu'il s'occupe de Gabriel. Je ne perds pas de temps et me dirige vers le cachot. Je ne connais pas bien le système juridique espagnol, mais au royaume de France, l'accusé est d'abord soumis à la torture afin qu'il avoue ses méfaits. Cela bien avant de passer devant le juge. Si c'est également le cas ici. Gabriel doit être dans de beaux draps. Le couloir froid et humide qui mène au cachot est toujours le même, sombre et inquiétant. Je m'y aventure d'ailleurs seule cette fois. À peine arrivé aux cellules que j'entends les cris stridents d'un homme que je suppose être Gabriel. J'ai vu juste, il est en train de se faire torturer. Je suis les bruits pour trouver Jayden et Gabriel et passe par la cellule où était Luïs. Telle une épine qui vient se planter dans mon cœur, la culpabilité vient me ronger de l'intérieur. Il serait certes mort également s'il était resté là, car il était déjà annoncée coupable par le juge. Mais c'est tout de même de ma faute car sans mes suspections infondées, il n'aurait jamais fini ici. Il disait la vérité, il était innocent.
Une bille vient se loger dans ma gorge, je ne sais pas vraiment si j'ai envie de pleurer ou de vomir. C'est moi qui ai tué ce pauvre Luïs. La flèche qui le transperça ce jour-là me revient en tête au même moment que les cries de Gabriel qui reprirent de plus belle. Je manque de tomber quand mes jambes me lâchent tout à coup et me tiens aux barres rouillées.
Allez Laïla ! Reprends tes esprits ! Ce qui est arrivé, est arrivé. Tu ne peux plus rien y faire. Je respire lentement pour essayer de calmer mon cœur et de ravaler la bille dans ma gorge. La tête relevée, je reprends mon chemin vers Jayden.
Arrivé enfin devant, je vois le capitaine adossé contre le mur de pierre, les bras croisés sur son torse et le regard haineux posé sur le détenu. Gabriel est attaché à une chaise, la tête baissée. Jayden me remarque aussitôt, les sourcils froncés, il se dirige vers moi.

- « Que fais-tu là bon sang ? » Son regard jongle entre Gabriel et moi et je vois dans ses yeux la panique mélé à la colère.

- « On doit parler. » Je dis simplement.

- « Et tu penses que c'est le moment et l'endroit adéquats ? » Me dit le beau brun, toujours en colère.

- « Dommage que tu n'étais pas en petite tenue cette nuit-là Laïla, je me serais fait un plaisir de jouer avec toi pendant ton sommeil. » La voix de Gabriel raisonne dans le cachot sombre, illuminé simplement par des torches.

Un voile sombre passe dans le regard de Jayden. Il quitte notre lien visuel et se retourne dans la direction de Gabriel. Ce dernier avait sur son visage un sourire fou. Les pas du capitaine se dirigent vers lui rapidement, il serre le poing et le lance avec force dans la joue de Gabriel. Le prisonnier crache du sang et rigole follement. Jayden ne s'arrête pas là, il l'attrape par le t-shirt et continue à lui donner des coups sur le visage. Il va le tuer. Je décide de m'approcher en ignorant ma douleur à la jambe et pose une main sur les phalanges ensanglantées de Jayden. Son regard enragé sur moi, je lui demande doucement de s'écarter. Étonnement, il m'obéit. Gabriel me regarde, le visage balafré, mais un sourir fou toujours collé au visage.

- A-t-il donné des informations ? » Je demande aux autres gardes qui étaient des observateurs en retrait.

On m'annonce que non. Ils ne doivent pas savoir torturer ici. Je vais prendre le relais alors. J'attrape le prisonnier par le menton afin de braquer mon regard menaçant sur lui.

- « Gabriel... Mon petit Gabriel. Nous allons jouer ensemble. Tu connais mes atouts en médecine non ? Je connais le corps humain comme ma poche. » J'attrape un de mes poignards caché dans mon corset et caresse la joue de Gabriel du dos de ma lame. Ce simple geste le fait frissonner de peur et je me délecte de sa réaction. « Je t'explique le jeu mon cher traître. Tant que tu n'auras pas donné les informations que nous cherchons, je vais t'ouvrir la peau à des endroits non-vitaux et te recoudre sans aucun anesthésiant. Et cela, encore et encore. Soit tu deviendras une momie recousue de tout part, soit ton coeur s'arrêtera de battre ne supportant plus la douleur, soit tu nous donne les informations dont nous avons besoin. Tu disais vouloir jouer avec moi, que le jeu commence. »

... À suivre🌹🥀