Chapitre 14
*~•Duc Charles de Valois Angoulême : grand père de Laïla/Sophie •~*
Né le 28 avril 1573 ; mort le 24 septembre 1650 (à réellement existé)
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L'arsenic est si populaire ! Comment je n'y ai pas pensé plus tôt ? J'abandonne une nouvelle fois Jayden et Tadeo et me précipite dans les couloirs infinis. J'ai l'impression de ne faire que cela, courir. Jayden et Tadeo, sûrement qui commencent à s'habituer à mes actions inattendues, me rejoignent très vite.
- « Allons à l'atelier de Sire Raoul. La nourriture de sa majesté y a été déposée. » Me dit Tadeo.
Nous le suivons alors dans ce long couloir dont les tapisseries somptueuses ornent les murs. J'observe ce château plein de métaux précieux et de richesses. Le marbre sur les colonnes et pilastres, l'or et l'argent sur les cadres des portraits royaux et les chandeliers. Tout brille de mille feux autour de moi.
Nous arrivons enfin devant l'atelier du docteur Raoul, une grande porte sans garde ni servantes. Jayden frappe à la porte avec trois coups fermes et bruyants.
Après un instant, la porte s'ouvre sur un Raoul interloqué.
- « Encore moi. Je pense avoir trouvé l'identité du poison. » J'annonce sans plus attendre au médecin de bord.
Il nous laisse entrer sans un mot et seulement une fois à l'intérieur, me demande plus de détails. Je lui explique alors tout en me rapprochant des plats de sa majesté.
- « L'arsenic est de plus en plus populaire chez les nobles. J'ai d'ailleurs lu qu'une variante encore plus efficace et difficile à détecté a été importé des Maures. Cet arsenic est encore plus inodore et incolore. Tant qu'il peut être déposé dans du sucre et s'y cacher sans soucis. »
Je prends une cuillère de sucre que je dilue dans de l'eau. Je m'excuse d'avance auprès de l'oiseau qu'utilise Raoul comme cobaye et lui sert l'eau sucrée. Ce dernier bois sans hésitation, s'il s'agit bien d'arsenic, les symptômes apparaîtrons d'ici quelques heures.
Nous en profitons pour nous asseoir en attendant et discuter davantage. Raoul nous propose un canapé bien luxueux. Il prépare lui-même du thé dans un silence de mort.
- « Comment va votre père Monsieur le Duc Fernando d'Alba ? » Demande Raoul à Tadeo en brisant le silence pesant.
- « Il se porte bien merci de vous en soucier. » Répond poliment le blond.
Après cela, le silence vient se replacer entre nous. Cette situation est plus que gênante. L'angoisse de savoir si mon hypothèse est juste ne nous hante tous. Enfin, Jayden, sûrement le plus soucieux d'ailleurs, romps à nouveau ce silence.
- « Une compétition de chasse va se réaliser très prochainement au palais. Que penses-tu d'y participer, Laïla ? » Me demande le capitaine.
- « Oh, cela risque de faire jaser les nobles » Ricane Raoul.
- « En effet, cela ne va pas faire des problèmes à sa majesté ? » Je demande.
- « Il te devra la vie. Une entorse aux bonnes mœurs n'est rien à côté. » Affirme Tadeo.
- « Je te souhaite bien du courage jeune fille. Une fois retournée au royaume de France, la situation sera bien plus difficile. » M'annonce Raoul d'un ton dur.
- « Pourquoi cela ? Le roi Louis XIII est un proche de notre famille. » Je réponds toute interrogé par sa remarque.
- « Peut-être, mais il n'est pas seul. Le cardinal Richelieu, ministre d'Etat, est assez strict sur les mœurs. Cet homme d'église te donnera du fil à retordre. » Rétorque le docteur.
Maintenant, qu'il le dit. En effet, un cardinal vient de prendre ses fonctions cette année. Je n'ai pas pu en savoir davantage sur son comportement, car j'ai fui la demeure familiale. Une fois retourné au royaume de France, il risque de me mettre des bâtons dans les roues dans mes ambitions de femme médecin.
L'oiseau m'arrache à mes pensées et à mes doutes avec des cris et des bruits de battement d'ailes. Nous accourons tous vers lui et nous le voyons couché au sol de sa cage. Il vomit devant nous un liquide verdâtre. Mon hypothèse se confirme.
Le roi ne mourra pourtant pas. Il a un régime strict qui l'interdit de manger trop sucré ou trop salé. Il n'a pas dû mettre beaucoup de sucre et d'arsenic dans sa tasse. Je suppose qu'il devrait y survivre.
Le médecin de bord, Raoul, me propose de rédiger un rapport complet à déposer auprès de sa majesté Élisabeth. Je ne lui dis pas qu'elle est une proche de ma mère. Je lui annonce pourtant que j'ai retrouvé la mémoire.
- « Je le savais déjà ma petite. Le feu ardent dans tes yeux n'était pas là durant notre voyage. Tu es passé d'un oisillon sans défense et perdu à un aigle rusé et majestueux. » M'avoue Raoul.
Ce vieil homme me surprendra toujours. Il a le cœur sur la main. Je pense qu'il me sera d'une grande aide au royaume d'Espagne.
Je me dirige vers mes appartements après avoir remercié Raoul et les deux chevaliers. Nous sommes déjà en milieu d'après-midi et mon ventre cri famine. Je demande poliment à des servantes de m'apporter un repas rapide à préparer. Mes appartements sont comme je les ai laissées ce matin. C'est d'ailleurs assez étrange de passer d'une chambre en bois, humide et sombre laissant apparaître la lumière du soleil et de la lune qu'à travers un petit hublot sale. À une chambre luxueuse aux draps de soies à l'encadrure des portes et des fenêtres en or et en argent. Le seul point commun entre ces deux chambres est ma petite mallette posée prés de la table de chevet. Je me dirige vers elle et l'ouvre. Le livre noir de ma mère, la parure d'émeraude, mes livres de médecine et ma robe de soie blanc y sont toujours. J'attrape la parure les mains tremblantes. Elle est morte. Je ne la verrai plus jamais. Ces rêves où me souvenir d'elles florisaient dans mon esprit me manque. Cette douleur que je tente de cacher en moi depuis que j'ai retrouvé la mémoire est pire d'une dague dans le cœur. Elle me manque tellement et je ne peux rien y faire. Les larmes ne peuvent plus s'empêcher de couler sur mes joues. Je serre la parure contre mon cœur qui crie de l'intérieur. Elle était la seule à m'aimer. Lorsque j'avais perdu la mémoire, je pensais souvent que quelqu'un m'attendait, ma famille. Pourtant, aujourd'hui je suis toujours aussi seule qu'hier. Cela est même pire de savoir qu'en réalité personne ne m'attend. Mon grand-père doit penser que je suis toujours chez mon père, Carl. La cause de la mort de ma mère a été cachée par un mensonge. Sa faible constitution était bien connue. Inventer qu'une fièvre avait eu raison d'elle était assez facile à croire. J'étais la seule à savoir. J'ai dû me taire depuis mes dix ans. Faire semblant de n'avoir rien vue ce jour-là, dans ce placard. Car je savais que j'aurais été en danger. Comme Carl a pu se débarrasser de ma mère, il aurait pu se débarrasser de moi. On tape à la porte et je me force à ravaler mes larmes. J'essuie ma morve dans un mouchoir en tissu brodé déposé sur ma coiffeuse et ouvre la porte à une servante. Elle entre et me dépose la nourriture sur une table près de la fenêtre. Je la remercie et elle repart me laissant de nouveau seule face à mes démons du passée. Le repas est encore chaud, je l'analyse d'abord même si je ne peux pas détecter l'arsenic à l'œil nu s'il est dans mon plat. J'hésite un instant lorsque je ramène une cuillère à ma bouche puis je mange en déversant des larmes douloureuses. L'idée que de toute façon personne ne pleurerai ma mort m'a déchiré le cœur. Je mange avec comme seul bruit, mes sanglots salés.
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J'ai enfin fini mon rapport ! Raoul a fait apporté des parchemins pour moi. Cela est très prestigieux ! Seuls les documents officiels sont écrits sur des parchemins. Nous utilisons du papier fait à base de chiffon : du textile recyclé.
Mes livres sont éparpillés sur mon bureau, ma plume d'oie taillée finement est déposé sur sa repose-plume pour la dernière fois. Je regarde mon long rapport infiniment détaillé et me lève enfin de ce bureau.
J'ai passé ces deux derniers jours a réaliser mon rapport pour l'empoisonnement du roi. Je m'assurais avec l'aide de Jayden, Tadeo et Raoul que le roi suive bien le traitement que j'ai prodigué. Ils m'ont rapporté qu'il se porte de mieux en mieux. Je me débarbouille le visage fatigué et mes domestiques entrent pour m'aider à me préparer. Je vais déposer ce rapport à Élisabeth et prendre l'ai un peu. Une domestique assez jeune est très polie avec moi. C'est celle qui vient m'aider le plus souvent. Je me suis permis de lui demander son nom : Catalina. Cette petite roturière est très sympathique et a l'air de s'intéresser à mes pratiques. Cette fois encore, pendant qu'elle me coiffe et que je lis un livre sur les plantes médicinales, je la surprends à regarder par-dessus mon épaule.
- « Tu es intéressé par la science des plantes Catalina ? »
- « Je m'excuse dame Laïla. Je ne voulais pas vous importuner. » S'excuse la petite brune en baissant la tête.
- « Cela ne m'importune pas du tout. Veux-tu que je te prête certain de mes livres ? » Je lui demande un grand sourire au visage.
- « Vous êtes trop bonne madame. Mais je n'oserai pas toucher vos précieux livres. Je ne sais d'ailleurs pas lire. » M'avoue poliment la jeune servante.
- « Je peux te faire la lecture pendant que tu apprendras à lire ! » Je lui propose avec enthousiasme.
- « Vous êtes sûr que cela n'est pas inconvenable ? » Dit-elle encore hésitante.
- « Je me care de l'étiquette et des bonnes mœurs qui oblige la femme à être une fleur sans âme ni envies. » Je lui avoue un grand sourire aux lèvres.
Nous rigolant ensemble et elle m'avoue toujours avoir été fasciné par mes livres. Ces jolies illustrations de plantes qu'elle ne connaît pas et toutes les expériences que j'ai pu mener durant ma présence dans ce château. Je découvre une jeune femme admirative devant moi et la médecine. Cela me fait extrêmement plaisir. Je finis pourtant par la quitter. Je dois me rendre au jardin où Élisabeth m'attend. Mon rapport à la main, je sors de la pièce en saluant ma nouvelle amie et m'introduis dans le long couloir du palais.
Le soleil est éclatant, un vent rafraîchissant soulève ma robe verte comme l'herbe du jardin. En face, je vois la belle reine assise de son aura majestueuse, sirotant son thé. Elle est telle une statue ou une elfe de la nature. Sa belle et longue chevelure, qui est portée par le vent lui donne une allure féerique. Élisabeth m'aperçoit et me sourit poliment. Cette dernière fait signe à ses domestiques et dame de compagnie de s'en aller et elles s'exécutent aussitôt. Je prends alors place face à elle.
- « Bonjour, Sophie comment te porte tu ? » Me demande Élisabeth. La seule mention de ce prénom m'irise les poils. Mon cœur se serre et mes mains en tremblent.
- « Je préfère que vous m'appeliez Laïla, majesté. » Je lui demande la voix tremblante.
- « Entendue. Alors tutoie moi. » Me propose la belle blonde un sourire chaleureux au visage.
- « C'est d'accord. Voici mon rapport sur l'empoisonnement du roi. » Je dis tout en lui tendant mon parchemin.
- « Je te remercie pour ton investissement. Je savais que tu trouverais. » Dit-elle en le rangeant à sa droite.
- « Carl est retourné au Royaume de France. C'est sûrement lui avec l'aide du chevalier François, qui a empoisonné le roi. » J'annonce calmement.
- « Ils ne doivent pas être seuls. » Son air est grave.
- « As-tu des soupçons sur quelqu'un ? »
...À suivre 🌹🥀
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