Chapitre 12

✷   ✧ . .       · +       ·  * ✫    * ✷ ⊹ * ˚      . . +       ·   ⋆        *        .          * .     . ·  .   ·     .           *  ·       . ·   · +  .        · ** ˚      . . +       ·   ⋆

J'ouvre mes yeux humides pour la dernière fois, encore dans les bras de Jayden.

- « Mon père. Cet homme est mon père. » Je chuchote au capitaine. La tristesse sur mon visage doit le perturber, car il n'a pas l'air de trop savoir s'il doit être heureux ou triste pour moi.

- « Sophie... C'est bien toi ? Tu es médecin ? » Interroge Carl.

- « Ne m'appelez pas ainsi. Je ne peux pas être de votre sang. Je le refuse ! » Je finis par crier en tombant au sol.

- « C'étaient donc bien des images que ta mémoire te ramenait à la surface, petit à petit, pour ménager ta santé psychique ! » Comprend, enfin, Jayden.

- « Et votre digne compagne, où est-elle ? » Je demande durement.

- « Elle m'a dépouillé du peu que j'avais et s'en est allé avec son incapable de fils. » Avoua mon géniteur en baissant la tête.

- « C'est ce que vous méritez. Et pire encore. » Mon regard sur lui est noir.

- « Quel caractère ! Dommage que je n'aie pas pu vous avoir ! » Déclare, sans gêne, le chevalier François en s'approchant de moi. « Il n'est pas trop tard, vous m'étiez promis après tout. »

- « Chevalier François, écartez-vous d'elle, si vous voulez la vie sauve. Je ne vous le répéterai pas. » Menace Jayden calmement, une main sur le manche de son épée.

Je remercie le capitaine d'un sourire et nos regards se cherchent longuement. Je dois reprendre mes esprits. Je sais tout. Cet homme est un monstre, mais il n'est pas seul. J'ai d'autres ordures à jeter.

- « Mère aurait voulu que je vous soigne. Vos symptômes ? » Je lâche sans même le regarder et me relève avec l'aide de Jayden.

- « Une soif intense me brûle la gorge même après avoir ingurgité des litres d'eau ; des troubles du sommeil également sans raisons et de plus en plus fréquemment. » Dit Carl, en baissant les yeux, honteux.

- « J'aimerais tester votre vue. » Je déclare avec une idée en tête.

Je regarde, ensuite, sa peau très sèche. Tout s'emboîte. J'ai trouvé la maladie de cet homme, il est difficile de la détecter. Je l'ai lu dans des livres étrangers.

- « Vous souffrez de diabète, une maladie où le corps ne produit plus assez d'insuline. Vous devez suivre un régime pauvre en sucre et en lipides afin de réduire leurs taux dans le sang. »

- « Sophie, je... » Essaye celui qui n'a jamais réellement été mon père, mais je le coupe avant.

- « Laïla, je me nomme Laïla. Croyez-vous que je vous pardonnerais pour avoir lâchement poignardé ma mère ? »

- « Comment le sais-tu ? »

- « J'étais dans l'armoire... » J'avoue après un long silence.

- « C'était donc à toi qu'elle souriait. »

- « Je ne veux plus vous voir, retournez au royaume de France. »

- « Tu dois savoir que ta mère t'a laissé un héritage. » Se précipite t-il d'annoncer.

- « Je le sais. Je viendrai récupérer mon due une fois que j'aurai stabilisé ma position. Adieu. » Je termine la conversation sans lui accorder un regard et sors de ses appartements.

Je m'adosse contre le mur en face de cette maudite porte. Mon cœur tambourine contre ma poitrine, l'envie de vomir ne me quitte plus depuis mon malaise. Je ne sais pas comment j'ai pu empêcher mes jambes de trembler devant cet assassin. Je ne tiens plus et me laisse glisser au sol. Jayden est encore dedans, je ne sais quelle conversation il doit avoir avec ces deux tueurs de femmes, mais j'ai hâte qu'il en finit. Les larmes sortent à flot. Mes souvenirs, me déchirent, mon cœur me fait mal et la solitude est toujours présente. Même maintenant que je connais mon passé, personne ne m'attendait réellement. Un carnet noir revient dans mes pensées. « Projet » voilà ce que ma mère à écrit sur ce carnet pour cacher l'identité de son journal intime. Je connais son contenu, je l'ai lu avant de m'échapper. Si je l'avais lu pendant ma perte de mémoire, peut-être que j'aurai déjà pris connaissance de mes souvenirs. Si je connais autant de domaines grâce à ma mère, c'est, car elle n'était pas une noble comme les autres. Et cela, Élisabeth le sait très bien. Mes pensées sont interrompues par Jayden qui sort enfin de la sombre pièce. Il me regarde la mâchoire serrée et s'agenouille devant moi pour être à ma hauteur.

- « Que comptes-tu faire, maintenant que tu connais ton passé ? »

- « Sophie est morte avec sa mère ; moi, je les ai toutes deux dans mon cœur, mais je suis Laïla, à présent. Ces semaines passées avec toi, avec vous tous, m'ont énormément apporté ! »

- « Tu veux rester ici ? Le roi t'accueillera les bras ouverts surtout si tu es une de Valois-Angoulême. »

- « Je ne peux pas rester éternellement. La vie de sa majesté Felipe IV est en danger. » Sur ces mots, je me redresse et sèche mes larmes.

- « Pardon ? Que dis-tu ? Il n'est plus en danger de mort, tu l'as soigné » Crie Jayden après ma révélation.

- « Nous aurons plus de détails en allant voir sa majesté Élisabeth de France. »

Ce n'est pas le moment de pleurer ma vielle. Ta mère t'a laissé une dernière mission. Tu pleureras tes souvenirs plus tard. D'un pas déterminé, je traverse le couloir jusqu'au salon de la future reine. Leur mariage est déjà acté, il ne manque plus que la fête qui lui attribuera son statut de reine. Cela a pris du temps en raison de la maladie du roi, mais aujourd'hui plus rien ne l'empêche. Jayden a du mal à me suivre, il répète mon nom plusieurs fois derrière moi, mais je ne m'arrête pas.

- « Quoi donc ? » Je crie enfin au capitaine à la dixième fois qu'il répète mon nom.

- « La reine n'est pas dans ses appartements à cette heure-là, elle est dans le jardin du palais. » M'annonce Jayden.

- « Ah, je m'excuse. Je dois absolument lui parler, le plus vite possible car... » Je ne pus finir ma phrase que les gardes royaux accourent devant Jayden.

- « Sir ! Sa majesté le roi a été empoisonné ! » Crie Luïs, tout transpirant.

- « Trop tard... » Je dis en regardant Jayden qui suit Luïs sans me quitter des yeux. Il est surpris et a l'air déboussolé.

Je le regarde disparaître à un carrefour et je reprends ma route vers la reine. Ma démarche est lente et calme, il est trop tard pour se dépêcher. Je vois la reine au loin assise calmement, son verre de thé à la main. Les servantes courent autour d'elle dans une panique générale pendant qu'elle, ne bouge pas et se contente de siroter sa boisson. Une panique, un calme absolu, un bel oxymore, ce tableau est déroutant. Elle sait, son sourire me le dit. Je m'avance vers elle d'un pas décidé et son regard m'encourage à m'asseoir à ses côtés.

- « Je vois que vous avez retrouvé la mémoire ma chère enfant. » Commence celle avec le plus haut statut comme l'oblige l'étiquette.

- « Bonjour, Élisabeth. Pourquoi ne m'avez-vous pas dit que vous étiez la meilleure amie de ma mère ? » Je demande sans passer par quatre-chemins.

- « Tu sais, si tu as oublié ton passé ce n'est pas pour rien. Que s'est-il passé exactement ? »

- « J'ai fui. Quand j'ai appris la nature de mon mariage avec le chevalier François et le but de Carl, mon soit disant père, de me vendre à ce monstre pour récupérer la richesse de ma mère. »

- « T'as trouvé son journal intime ? » Me demande-t-elle avant d'avaler une gorgée de thé avec élégance.

- « En effet, c'est comme cela que j'ai pu m'évader. Il y a avait dans ce carnet noir, une carte du domaine familial. Tous les passages secrets y étaient inscrits. Elle avait déjà tracé un plan d'évasion et avait prévu des contacts pour m'aider. »

- « Monsieur De La Duche, le professeur d'escrime. » Réponds la belle blonde comme si elle savait déjà tout.

- « Comment le saviez-vous ? » Je ne pus m'empêcher de demander.

- « Nous avons prévu ce plan ensemble, il y a très longtemps. » La meilleure amie de ma mère répond simplement un regard rempli de nostalgie.

- « Vous devez donc savoir pour sa majesté le roi Felipe IV. »

- « En effet, comme tu le sais, la situation politique entre les deux royaumes de France et d'Espagne est tendue. Mon mariage avec le roi et celui de la princesse Anne d'Autriche avec le roi de France sont le fruit d'un début d'entente entre ces nations. Cependant, un groupe de nobles cherche à dérober le pouvoir et gouverner sur les deux nations réunis.»

- « Le voyage de l'équipage de Jayden avait pour but de les pourchasser. » Sa majesté approuve et je continue. « Et le meilleur moyen de voler les deux couronnes, c'est...»

- « Que les deux pays s'entretue. » Elle termine ma phrase en fixant sa tasse désormais vide.

- « Cela a déjà commencé, l'empoisonnement du roi juste après la réception qui a été ouverte à des nobles du royaume de France va naturellement faire croire que c'est le roi de France qui en a donné l'ordre. Ma mère fait partie de la famille ducale qui a la plus grande renommée. Je dois retrouver grand-père pour lui parler des crimes de Carl. »

- « Il saura le punir, en effet. Je savais que c'était ce monstre qui l'avait tué. » Je perçois des larmes au coin de ses yeux. « J'aurai dû la pousser à refuser ce mariage. »

- « Vous n'y pouvez rien. »

- « Tu dois prendre la relève ma chère enfant. Je connais ton don pour la médecine, continue ce que ta mère voulait faire. Montre-leur qu'une femme peut faire autre chose que de la broderie. » Dit sa majesté en prenant mes mains dans les siennes.

Une vague de force traverse mon cœur. Les souvenirs d'elle viennent piquer mes yeux. Cette mère était si forte, courageuse et élégante. Elle inspirait l'admiration et le respect. J'aime la médecine, je ne conçois pas le fait d'être limité à un mariage, des enfants, des fêtes mondaines et des thés dans un jardin pour toujours. Que dois-je faire ? Rester ici, aider le roi Felipe IV avec les trouble-fête ou retrouver grand-père tout de suite. Si je pars sans aider à stabiliser la situation politique ici, le royaume d'Espagne et des Indes risque de lancer une offensive sur le royaume de France. Louis XIII a toujours été gentil avec moi. Certains le traitent de cœur faible, mais je le trouve doux et sage. Grand-père, aussi est menacé, car il sera guillotiné avec la famille royale étant le Duc de Valois-Angoulême. Il est le fils légitime du défunt roi du royaume de France, Charles IX. Étant le premier à avoir reconnu la souveraineté de son oncle, le défunt roi Henri II, il est devenu la personne en qui la famille royale a le plus confiance. Mon vieux grand père est un homme juste et intelligent. Il n'a aucunement obligé ma mère à se marier avec le Comté De La Foulay. C'est elle qui a fait ce choix politique. Elle voulait aider la famille royale, c'est ce que j'ai pu lire dans son journal intime. Je veux respecter ses convictions, je veux aider sa meilleure amie, Élisabeth de France, à vivre en paix. Alors, j'ai maintenant deux objectifs : être la première femme médecin et débusquer les traîtres de la couronne.

Je me lève sans plus attendre sous le regard de la belle blonde qui sourit désormais.

- « Tu as donc pris ta décision. » Elle pose sa tasse une énigme fois et se lève. « Je viendrai te rendre visite en fin de soirée. » Ajoute-t-elle.

J'acquiesce de la tête, fait une révérence et quitte le jardin précipitamment. À peine arrivée dans le grand couloir que Tadeo me rejoint hâté. Il m'annonce, entre deux respirations saccadées, que tous les chevaliers sont à ma recherche pour apporter mon aide au roi. C'est ainsi que je le suis aux appartements de sa majesté. Ce couloir froid est déroutant, je suppose qu'il est comme notre duché, remplis de trappes et de passages secrets. Un seul geste pourrait ouvrir une porte murale ou pire faire sortir quelqu'un de ses murs. Telle une épée à double tranchant, cela peut être une issue de secours comme un piège mortel.

La densité de chevalier s'intensifie à chaque pas qui nous rapproche du roi d'Espagne et des Indes. Une fois devant les portes, je vois de nombreux chevaliers, des médecins et des femmes de chambre tout affolées. Jayden est au chevet du roi, blanc comme un linge. Son regard reprend vie lorsqu'il m'aperçoit.

- « Tu es la seule à pouvoir l'aider, je t'en prie ! C'est mon meilleur ami ! Les médecins du palais n'ont pas trouvé la nature du poison ! » Crie Jayden en accourant vers moi.

- « Et sans l'identité du poison, impossible de trouver l'antidote. » Je termine sa phrase en regard le roi inconscient sur son lit trop grand.

...À suivre🌹🥀

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