Chapitre 11
*~ Chevalier François ~*
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Encore l'odeur de Jayden et sa voix qui me ramène comme à la maison.
- « Que voulez-vous d'elle ? » Je l'entends demander à l'inconnu de mes rêves.
- « Mon seigneur, qui est de plus en plus faible, m'a envoyé quérir le médecin qui, d'après la rumeur circulant partout, guérit de tout. »
Je regarde Jayden, c'est un homme comme aucun autre et en qui j'ai confiance. Son regard est plein d'inquiétude et il y a de quoi. Je tiens à peine sur mes pieds à cause de ces maudites chaussures et je me sens étourdi par le malaise. Le plus horrible, c'est cet homme en face de moi. Ces images, qui circulent encore dans ma tête, sont douloureuses. Je le connais, je devais même l'épouser. Il n'a pas l'air de me reconnaître, est-ce pour le mieux ou pour le pire ?
- « Pas maintenant, je veux me reposer... » Je dis d'une voix faible.
Après avoir demandé au Chevalier François de le rejoindre le lendemain matin, Jayden me conduit jusque dans mes appartements. La cour essaye de m'arrêter à plusieurs reprises, mais Jayden leur dit d'innombrables mensonges pour me sortir du banquet. Le trajet se fait dans un silence de mort. Ni lui, ni moi n'ose parler. Je me contente de son épaule qui soutient mon équilibre. Nous finissons par arriver devant la porte de mes appartements, les gardes qui y sont en temps normal sont désormais derrière moi. Ils me suivent comme mon ombre et viennent se placer de part et autre de ma porte. Nous y rentrons tout deux et il m'aide à m'asseoir sur mon lit. Un faible sourire sur son visage, il me tourne le dos et se redirige vers la porte.
- « Jayden... » Je prononce hésitante avant qu'il ne me quitte.
- « Je m'excuse pour la dernière fois, je comprends ton évitement... J'ai été trop direct. J'accepte chacune de tes décisions, laisse-moi juste rester prés de toi. »
- « Jayden... J'ai eu peur, pour une raison qui m'échappe, les hommes me dégoûtent. »
- « Tadeo n'a pas l'air de te dégoûter. » Lâche-t-il d'une traite.
- « En effet. » Mon visage se referme, le sien aussi. Son regard est devenu froid, les yeux gris glacials que j'ai vus à notre première rencontre sont de retour. « Lui et toi, c'est différent. »
- « Et en quoi ? Pourquoi je subis tes mauvais pressentiments pendant que lui se rapproche de toi ? » Souffle-t-il en marchant de nouveau vers moi.
- « Je ne saurai te dire. »
- « Comme toujours. »
Ses paroles me blessent. Ce n'est de ma faute si mes souvenirs reviennent comme une trainée de poudre.
- « Le chevalier François, je le connaissais déjà. » Je lance à Jayden pour changer de sujet et me livrer enfin sur ces images que j'ai eu. »
- « Pardon ! Tu te souviens de lui ? » Crie-t-il tout à coup.
- « Oui, je l'ai vu dans mes souvenirs. Si ce sont bien mes souvenirs, je devais me marier avec lui avant mon départ. Au royaume de France, il a pour réputation d'être un homme violent, veuf de plusieurs femmes...»
- « Donc tu t'es enfuie par sa faute ? » Son regard froid s'assombrit.
- « Je ne pense pas totalement. Il y a autre chose, je ne me suis pas échappé de chez ma famille seulement pour cela. »
- « Peu importe, repose toi. Nous le reverrons demain, peut-être que le sommeil t'apportera plus de réponses. C'est dommage que la soirée se termine comme cela. »
- « Pourquoi cela ?»
- « Il me tardait de danser avec toi. »
- « Je t'aurai écrasé les pieds pour avoir tenté de m'embrasser. »
- « J'accepte volontiers. Rétorque-t-il un sourire insolent collé au visage. »
Nous nous sommes fixés ainsi un bon moment, dans le silence. Mon attirance pour lui n'est plus à nier, je le sais bien. Mais il est tout de même trop tôt pour me laisser aller à l'amour. Je dois d'abord mettre au clair ma vie, mon identité. Et puis quel serait notre avenir une fois que je devrai retourner au royaume de France ?
Le chevalier fini par me souhaiter une bonne nuit et me quitte afin de retourner au banquet pour éviter un esclandre.
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La nuit passa sans rêve. Un peu trop courte à mon goût quand je suis réveillé par des coups à mes appartements.
- « Dame Laïla, Sire Sanchez vous demande. » Annonce une demoiselle de chambre.
Plusieurs jeunes filles entrent quand je leur donne l'accord et commencent à me préparer. L'une coiffe mes cheveux, l'autre ressert mon corset. Je passe par différentes mains avant d'être enfin prête.
Je suis conduite par mes fidèles gardes vers l'un des salons de réception du Palais. Là-bas, je trouve Jayden assit devant une tasse de thé et le chevalier François aperçu hier. Une fois entrée ce dernier se lève précipitamment.
- « J'espère que vous allez mieux, Mademoiselle ! » Dit le nouveau-venu et me voyant acquiescer : « Dieu merci ! Comme je l'ai annoncé hier au Capitaine, je viens quérir vos services pour mon seigneur qui se meurt d'un mal qu'aucun docteur n'arrive à définir. »
- « Bien, quels en sont les symptômes ? » Je lui demande en m'asseyant à côté de Jayden.
- « Je ne saurai vraiment vous expliquer, je m'en excuse. Mais monsieur se repose au palais en tant qu'invité de sa majesté le roi. »
Ce doit être un homme important. Une tasse apparaît devant moi que je saisis immédiatement. Cette situation est étrange. Ce chevalier parle espagnol avec un accent français. Son physique ou son prénom dévoile largement ses origines. De ce fait, son maître est-il un invité du royaume de France ?
- « Si tu te sens assez bien pour aller l'ausculter alors allons y ? » Demande Jayden avec un sourire doux et réconfortant.
Après tout, il sera avec moi, peu importe l'importance de statut de cet homme, que ce soit l'invité du roi ou que je n'arrive pas à trouver l'identité de la pathologie. Jayden me soutiendra.
Tous trois prenons donc la route dans les longs couloirs emmêlés qui garnissent le palais. Le silence pesant laisse paraître que notre marche sera infinie, pourtant, je ne sais quoi dire pour briser la glace. Jayden méprise clairement le chevalier François. Ce doit être à cause de mes souvenirs. Je cesse de réfléchir quand le guide s'arrête devant des appartements. La porte s'ouvre sur un homme aux cheveux gris et au teint maussade.
Son visage me perturbe. Son regard a, pour moi, un air de déjà-vu. Ma tête tourne, j'ai envie de vomir...
« Sophie, c'est toi ? » Articule le malade.
Pas le temps de répondre, je suis déjà ailleurs.
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La fillette cache à présent le livre derrière son dos. Je le reconnais comme étant l'un de mes livres de médecine que j'avais dans ma mallette. Je la vois, très soucieuse, se diriger vers les appartements de sa mère, elle va peut-être enfin lui annoncer son rêve de médecine ! À l'intérieur, la concubine crie, son enfant dans les bras.
- « Tu vas enfin sortir de la famille dont tu voles le mérite ! C'est moi qui ai porté son fils et pas toi ! »
- « Où est le problème ? Je ne comprends pas votre fureur. » Répond calmement la mère.
- « Pourquoi monopolises-tu toute l'attention ? L'admiration t'est réservée ! Tu me prends de haut ! NON ! Je ne suis pas jalouse ! J'ai un fils, contrairement à toi qui n'a qu'une fille qui n'héritera de rien ! » Surenchéris la concubine.
- « Elle accomplira beaucoup plus de choses que votre fils, vous verrez. » Continue la mère avec le même ton.
La rage se lit dans le regard de la concubine qui se jette à terre, pose violemment son bébé au sol et, avec un sourire moqueur, se met à crier.
- « Carl ! À l'aide ! Elle veut tuer votre fils ! »
Prise de panique, la fillette se cache au fond du couloir. Les servantes de la concubine courent chercher le père. C'est lui ! Le père que je viens de rencontrer, Carl, qui apparaît sur le pas de la porte. Cette fillette, c'est moi, cette femme est ma mère.
- « Oh, mon fils ! » S'écrit-il voyant son enfant qui pleure à même le sol.
- « C'est elle ! Elle a essayé de le tuer par jalousie, elle veut notre malheur ! » Pleure la concubine.
- « Venez dans vos appartements, ma chère. Vous, restez là, je reviens ! » Ordonne Carl d'un ton sec et froid à son épouse après s'être gentiment adressé à sa concubine.
Les deux sortis, la petite fille se montre à sa mère en rentrant dans la pièce.
- « Sophie, que fais-tu là ? »
La petite donne son livre à sa mère, mais, avant que celle-ci puisse dire quoi que ce soit, les pas de Carl résonnent tout près annonçant son arrivée.
- « Ma chérie, jouons ensemble à cache-cache, d'accord ? Cache-toi dans le placard et ne sors que lorsqu'il n'y aura plus personne dans cette pièce ! Personne ne doit savoir que tu es là ! D'accord, ma petite Sophie ? »
Petite Sophie ! Voilà son prénom ! C'était donc cela mon prénom !
Elle obéit à sa mère et se cache dans le placard d'où elle peut voir Carl rentrer et d'un geste déterminé, fermer la porte à clé.
- « Je vous traite comme deux reines, vous et votre fille, et que faites-vous pour me remercier ? Vous me menacez, vous voulez me séparer de Syndia, vous avez dépassé les limites, Clarissa ! Vous attaquer à mon fils est le coup de grâce, ma chère ! Votre vie ne vaut plus rien ! J'en ai assez de vous ! Votre présence dans ce domaine m'insupporte ! »
- « Que comptez-vous faire ? Me renier en me renvoyant chez mes parents ? » Rétorque ma mère dans le plus grand des calmes.
- « Non, cela jouerait en ma défaveur. Je ne peux le faire, car ma fortune me vient de vous ! Mais que m'avez-vous donné de plus ? Je n'ai jamais réussi à vous avoir à moi ! Aucun sourire sincère de votre part ! » Continue t-il à crier.
- « Vous savez très bien que le nôtre est un mariage arrangé, sans amour. »
- « Alors personne d'autre ne vous aura ! »
Il sort un couteau coincé dans sa ceinture et le plante violemment dans le ventre de son épouse qui, au sol, regardant le livre que sa fille a laissé par terre, et sourit. Ce sourire sincère qu'il ne lui sera jamais adressé rend son époux rouge de rage.
- « Même face à la mort, vous souriez » Dit-il, son visage cramoisi.
- « Vous croyez vous débarrasser de moi ? Pourtant, jamais... Vous ne tuerez Sophie... Car... Vous m'aimez, Carl, et. Elle vous rappelle l'époque où... je vous admirais. Si fort ! Et, puis... Toute ma richesse est... À son nom et... ne pourra être utilisée... Qu'à sa majorité, ses 25 ans. Si elle meurt, le contrat stipule que... la richesse ira à un orphelinat. »
La haine s'empare de Carl. La mère regarde vers le placard, sourit, murmure un « Je t'aime » adressé à la petite Sophie ; puis, elle arrête de se débattre sous les grosses mains d'homme qui l'étranglent. La fillette regarde son bourreau de père partir, laissant le cher corps inerte se vider de son sang. Ses larmes coulent à flots et elle a mal au visage tant elle presse sa main contre sa bouche pour s'empêcher de crier. Elle a mal au cœur. Moi aussi, je sanglote. Je veux sauver ma mère ! Je tente de courir pour m'en approcher, mais rien n'y fais, je ne suis que spectatrice de mes souvenirs. Sophie y arrive, elle est à genoux devant maman.
- « Elle n'est pas morte, Sophie ! Il faut arrêter l'hémorragie ! » , Je crie sans voix à la fillette qui ne peut pas m'entendre. « Arrête l'hémorragie, je t'en supplie, sauve-la ! ». Mais la fillette est trop jeune et elle n'est encore jamais passée en pratique. Je ne pouvais pas la sauver.
Promettant à sa mère de devenir un médecin qui peut tout soigner, Sophie retire le collier et le bracelet de sa chère mourante et les serre contre son cœur. Jamais plus elle ne s'en séparera. Je sens tout leur poids d'amour autour de mon cou aujourd'hui et sur mon propre poignet.
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...À suivre🌹🥀
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