Chapitre 10

*~FELIPE IV, Roi des Espagnes et des Indes~*

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Je ne suis qu'un poltron ! Je cours à travers le long couloir, les larmes aux yeux, le cœur tambourinant et la culpabilité à la gorge.

Jayden... Jayden. Jayden !

Que cherchait-il avec cette question ? Il peut avoir toutes les femmes qu'il souhaite dans ce grand royaume pourquoi s'amuse t-il avec moi ? Il ne peut cultiver de sincères sentiments cela ne fait que trop peu de temps que nous nous sommes rencontrés ! Pourtant, je ressens bien de l'attirance pour lui, oui, je dois me l'avouer. Mais je ne peux pas. Non, je ne peux pas me laisser aller à cet amour, car l'amour rime avec tristesse dans mon cœur.

Toute à ma course, je passe devant la magnifique chevelure blonde sans vraiment la voir.

- « Laïla, qu'en est-il ? Vous êtes si pâle ! » Demande la fiancée du roi.

Une langue qui m'est familière, elle est comme moi, un oiseau loin de chez lui. Exténuée par mes incompréhensibles expériences, j'éclate en gros sanglots devant tant de bonté. Elle me prend dans ses bras faisant voler l'étiquette royale par ce geste.

- « J-je ne sais pas. » J'avoue à sa majesté Élisabeth de France.

La jolie jeune femme prend mes mains glacées entre les siennes et tente de les réchauffer. Elle me guide vers une grande porte en verre. Derrière elle se trouve le splendide jardin que j'ai aperçu plus tôt. Elle me propose un thé et des biscuits autour d'une table installée au centre du jardin. Le thé chaud me calme. L'odeur des roses autour de moi m'apaise et me rassure. Sa majesté se lève et le caresse le haut de la tête.

- « Tu as bien grandi. » Lâche-t-elle soudainement.

Son regard est plein de nostalgies ou de regret, je ne saurai dire. Ses mèches blondes viennent recouvrir son regard azur. Elle écarte une mèche qui se loge derrière son oreille et continue de me scruter.

- « Bien grandi ? » Je ne pus m'empêcher de demander.

- « Tu es devenu une femme, alors ne pleure plus. Raconte-moi donc ma pauvre enfant du pays. Que t'est-il arrivé ?»

Elle me serre dans ses bras après avoir justifié ses paroles si vaguement.

Ce simple geste touche mon cœur qui lui raconte tout, depuis le jour où, amnésique, je me suis trouvée sur le bateau.

Sa douceur me touche et me perturbe. Pourquoi est-elle aussi attentionnée ? Elle me traitait comme sa fille pourtant, je le sais ma mère dans mes rêves à les cheveux noir charbon. Cette femme à une chevelure plus dorée que les blés. Après tout, avant son mariage, ce fut une princesse du royaume de France. La nostalgie pour son pays et la peine pour moi, enfant de son pays natal, on dû motiver sa douceur.

- « Quelle impolitesse ! Je ne pensais pas que Sire Jayden puisse agir de la sorte ! Comment peut-il demander un baiser si vulgaire dans un couloir quelconque ? » Crie-t-elle sans gêne comme si elle parlait de son jeune frère et non du garde royal.

Je ne peux que rire de ses injures envers le chevalier. Elle m'a félicité d'avoir refusé de lui céder mes lèvres si facilement, mais m'assure qu'il n'est pas un coureur de jupons.

Elisabeth finie par m'accompagne jusqu'à mes appartements et me conseille d'attendre d'avoir les idées plus claires avant de faire face aux événements.

C'est décider, j'évite Jayden tant que je ne suis pas sur de la réponse que je pourrai lui donner s'il tente à nouveau des avances !

*~~~~~~~~~~~~~~~*

Les journées s'enchaînent et j'évite comme la peste noire. De toute façon, je suis toute occupée à vider mon esprit de tant de questions sans réponse et, surtout, à diriger le nouveau régime alimentaire du roi.

Depuis mon arrivée, d'ailleurs, celui-ci se portait on ne peut mieux et pouvait donc davantage s'impliquer dans ses devoirs envers le peuple. Je sors de ses appartements avec un plateau de soin, les mains prises, je demande l'aide des gardes à travers la porte. Les grandes portes s'ouvrent pour moi laissant apparaître Tadeo tout souriant.

- « Je suis un peu nostalgique de ma blessure. Je ne te vois plus depuis que j'ai guéri. » M'annonce-t-il me couvrant de sa grande taille.

- « Je suis flatté, Tadeo. Tu sais ce qu'il te reste à faire. Une jambe cassée prendra plusieurs jours de soins si tu le souhaites. » Le chevalier rigole à mon sarcasme et s'approche davantage. Mon cou dirigé vers le ciel, je le défis tout de même du retard.

- « Que me veux-tu Sire Tadeo ? »

- « Oh rien qui ne pourrait t'embêter, le roi te demande. »

- « Et il s'est proposé volontaire pour venir vous chercher. » Déclare Luís en s'adossant à la porte.

Je regarde Tadeo à la recherche d'une réfutation, mais ce dernier à les joues rouge écrevisse. Il tourne le dos et commence à partir devant. Je rigole et le taquine tout le chemin.

- « Je te manquais ? Voulais-tu me voir ? » Je m'amuse à l'enquiquiner. Jayden me déstabilise, il m'est impossible de me laisser aller de la sorte. J'ai beaucoup trop peur. Mais de quoi ? Pourquoi je ressens cela avec Jayden et pas Tadeo ? Ces pensées me hantent pendant le discours du roi.

- « Je te remercie pour tes soins et je m'excuse d'avoir douté de toi dans les débuts. J'ai l'honneur de t'accorder un souhait. Demande-moi ce que tu désires, richesses, titre de noblesse ou mariage. Je m'assurerai que tu l'obtiens pour avoir soigné la vie du roi des Espagnes et des Indes. » M'annonce le roi solennellement.

Jayden est à sa droite. Il me fixe d'une manière professionnelle qui ne dévoile aucune émotion. Tadeo aussi est à ma droite. Ce dernier met une main sur mon épaule m'encourageant à répondre à sa majesté. Le regard du garde royale s'assombrit un instant, sa mâchoire se serre dans sa bouche, mais je décide de déplacer mon regard sur le Roi.

- « Je souhaite votre soutien. » Je demande dans un grand calme.

Un grand silence s'installe. Je ne veux pas faire la femme humble ou gentille. Je veux juste ce qui me manque. L'argent, je l'ai, je le sais, je le sens. Le titre de noblesse fait partie de mon éducation, j'en suis persuadé. La reconnaissance, c'est tout ce dont j'ai besoin. Seul un roi peut m'aider à faire taire les vipères.

*~~~~~~~~~~~~~~~*

Samedi, déjà, là, dans la chambre attribuée pour la semaine, j'écris les résultats du traitement du roi quand quelqu'un tape à la porte. La vague d'angoisse à l'idée de voir Jayden derrière la porte est remplacée par la déception à la vue d'Élisabeth qui, toute souriante, me tend une magnifique robe d'un rouge carmin.

- « Tu le savais, n'est-ce pas, pour le bal ? » Dit cette dernière devant son air surpris.

- « Mais je ne comptais pas profiter davantage de vos largesses. »

- « Notre roi et moi-même ne l'accepterons pas. Pas après que tu nous es ouvert les yeux sur notre hygiène de vie qui amenait mon futur époux vers la maladie ! »

Élisabeth entre d'un pas assuré dans la pièce et m'ordonne de m'asseoir devant la coiffeuse. Puis, ses mêmes mains royales ouvrent la porte pour appeler des servantes. Elles me coiffent d'une belle tresse fleurie, appliquent un maquillage léger pour accentuer les beaux traits de mon visage et serrent le corset de la robe rouge obtenant une belle taille de guêpe. La future épouse du roi est bouche bée devant moi.

Puis, tête blonde et tête brune, nous sortons de la pièce. Devant la porte, Tadeo parlais aux gardes les dominant de sa grande taille. La belle Élisabeth toussote légèrement pour faire connaître notre présence et le chevalier se tourne enfin.

- « Tu as donc choisi Tadeo ? » Chuchote sa majesté à mon oreille.

Je n'ai choisi personne. Je ne sais même pas qui je suis à ce jour. Comment pourrai-je avoir la possibilité de choisir un avenir quand je ne connais pas mon passé ?

- « J'ai l'honneur d'accompagner Dame Laïla, la plus grande médecin que je connaisse. »

- « Menteur, quelle autre femme médecin connais-tu ? »

- « Aucune, je ne mens donc pas. » Il me sourit de toutes ses dents. Ce sourire est contagieux, car il est maintenant sur mon visage.

Nous marchons dans les longs couloirs laissant Élisabeth rejoindre le roi avec qui elle doit faire son entrée.

- « Le duc Tadeo Álvarez de Toledo y Mendoza et le médecin royal Dame Laïla de France. » Annonce le valet après que Tadeo lui ait chuchoté à l'oreille.

Derrière ces portes, une noblesse me regarde, me scrute et chuchote. Elle cherche mes faiblesses, mes secrets et mes peurs. L'angoisse me monte à la gorge et je sens la sueur le long de ma colonne vertébrale.

- « Sa majesté, le roi et sa future épouse sa majesté Élisabeth de France. » Annonce le valet déplaçant comme par magie toute l'attention pesante sur le roi et sa promise.

Et on s'étonne qu'il fasse de l'hypertension ! Mais je ferais des malaises tous les jours si j'étais confronté à ce genre de regard aussi souvent que sa majesté ! Il s'avance fièrement le teint frais, il est en bonne forme et cela se voit. La noblesse n'ose pas chuchoter cette fois, cela n'empêche pas que la surprise se lie sur leur visage. Arrivé devant son trône, il ne s'assoit pas, mais commence plutôt à parler.

- « Chers Invités, comme je le disais précédemment, ma santé est très stable et tout cela grâce à ces deux anges. La femme de ma vie, ma très chère future épouse, et mademoiselle Laila, un médecin qui a un don depuis sa naissance et qui nous est tombé du ciel ! »

Tous les regards sont tournés vers moi une nouvelle fois ! Mon regard baissé, je me sens ridicule. Je me force à lever les yeux vers l'assemblée et ceux-ci se fixent sur un Jayden au visage mêlant joie et tristesse. Tout autour de moi, les applaudissements retentissent. La force fascinante du pouvoir ! Le roi a parlé et désormais rien ne s'oppose à ce qu'une femme exerce le métier de médecin. Je regarde à nouveau Jayden, il m'a aidé à toucher du bout des doigts mon rêve de devenir médecin. Tadeo aussi, sans son soutien, je n'aurai pas pu mettre le pied dans ce banquet.

- « Sire Tadeo, voilà une charmante jeune femme à vos côtés. » Un vieil homme apparaît derrière nous coupant court à mes réflexions.

- « Bonjour, Sire Sanchez ! Comment vous portez-vous ? » Demande Tadeo avec un sourire poli.

Sanchez ? Ce doit être Monsieur le Duc, le père de Jayden. Ce dernier me sourit poliment, mais me fait comprendre qu'il veut s'entretenir avec mon cavalier de bal. Je me détache d'eux et me dirige vers le buffet. Mes pieds sont déjà tout endoloris, ces talons ne sont pas à ma taille. Je vois le balcon au fond de la pièce, il en sort un couple énamouré. Je connais la réputation des balcons dans ces soirées mondaines, un homme et une femme qui y entrent, ce n'est sûrement pas pour jouer aux cartes. C'est l'endroit connu pour avoir de l'intimité avec son partenaire. Cela étant, le partenaire n'est pas toujours l'époux ou l'épouse, mais plus souvent, l'amant ou l'amante. Pourtant, je n'en ai cure ! J'ai trop mal aux pieds pour me soucier de ces bêtises. Et puis j'y rentre seule donc il n'y a pas de risque. Je traverse donc la pièce avec difficulté et discrétion. J'évite comme je peux les nobles qui tentent d'ouvrir une discussion sur différentes pathologies. À un autre moment, je serai ravi d'en parler. Mais tout de suite, mes pieds sont ensanglantés. Enfin arrivé au balcon, je quitte mes talons et découvre des ampoules bien rouges. Assise au sol, les pieds qui profitent de l'air frais du balcon, j'observe la foule à l'intérieur. Jayden apparaît, il discute avec celui que je présume être son père. Son visage est tendu, il n'apprécie guère la conversation. J'aimerais le rejoindre, lui parler. Un homme me fixe près de la porte du balcon. Il fixe mes pieds un sourire pervers au visage. Eh bien, le bon temps doit s'arrêter là. Montrer ses pieds à un homme est une invitation sexuelle. Non pas que j'aurai du mal à repousser ce noble pervers, mais je préfère éviter le grabuge dans cette fête en mon honneur. Je remets donc mes chaussures et supporte la douleur en sortant de ce balcon. Je tente de rejoindre Jayden, mais de nouveau découverte beaucoup de personnes viennent me poser des questions sur des pathologies auxquelles je réponds le plus vite possible afin de m'approcher de celui qui n'est plus qu'à quelques mètres. Je dois absolument lui parler ! Pourquoi ? Je ne sais pas, mais j'ai besoin de lui. Je passe à côté des robes colorées et des coutumes luxueux, le capitaine est dernière une énième personne.

Mais un torse musclé fait barrage.

- « Mademoiselle, je me présente, Chevalier François, pour vous servir. »

Le nom danse devant mes yeux et résonne dans ma tête... Jayden, qui a vu mon malaise arriver, coupe court à sa discussion et vient me rattraper dans ma chute. Son odeur réconfortante m'accompagne dans...

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Mais où me suis-je retrouvé ? Ils sont à table. Je reconnais la chevelure de la fillette qui a beaucoup grandi. À côté, il y a le père, sa concubine et leur fils, déjà très grand.

- « Fille, tu te marieras dans une semaine. » Dit le père brisant le silence.

- « Puis-je, au moins, savoir avec qui ? » Lance-t-elle d'une voix aussi méprisante que la voix du père était glaciale.

- « Le Chevalier François ! Il revient victorieux de ses campagnes militaires. »

La jeune fille se lève de table et s'en va sans dire un mot tandis que s'élargit sur le visage de la concubine un sourire ravi et que le père reste de marbre. Elle se dirige, d'un air perdu, vers les appartements désormais froids et vides de sa mère et s'assoit sur le grand lit, laissant couler ses larmes sur son visage.

- « Mère, j'ai peur. Le Chevalier François est connu pour sa violence meurtrière. Tout le monde sait qu'il a tué ses trois précédentes femmes.

Elle s'approche du bureau de sa mère et, au fond d'un tiroir, elle trouve un livre intitulé Projet qu'elle ouvre. C'est un journal intime qu'elle emporte, en sortant.

- « J'ai vingt-cinq ans la semaine prochaine, je dois m'en aller d'ici ! »

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... À suivre🌹🥀

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