Chapitre 59 « Non mais regarde la ! »
Yo les petits gars,
Double update aujourd'hui, je vous retrouve en fin de semaine pour la suite !
Vous allez me manquer ❤️
Pour ceux que ça intéresse et qui ne l'auraient pas vu, j'ai mis en ligne un premier bonus dans mon nouveau recueil.
Voilà, plein de bisous.
❤️
— Johanna ? Qu'est-ce que tu fais là ?
Elle avait vraiment un don pour les arrivés inopinées. J'étais en train de prendre un café avec Lucie et Clem et la serveuse qui venait prendre notre commande, n'était autre que ma merveilleuse petite sœur.
Mes deux amies écarquillèrent les yeux en la reconnaissant à leur tour. Elle était métamorphosée, ses joues s'étaient arrondies, les cernes sous ses yeux avaient disparu et elle avait l'air bien plus apaisée.
— Maya... Je... Écoute j'ai ma pause dans quinze minutes, si vous restez un peu je me joins à vous.
Nous opinâmes d'un même mouvement. Je peinais à reconnaître la jeune junkie qui passait son temps à pleurer. Depuis trois mois je n'avais eu aucune nouvelle. Elle repartit et après avoir brièvement commenté cette apparition, Clem s'intéressa au sujet du jour :
— Alors ? L'emménagement avec Fram ? Bien passé Lucie ? Ken a dit que tu les avais menés à la baguette quand ils sont venus filer un coup de main. Et comment va bébé Akrour ?
C'était le surnom que tout le monde avait donné au futur bébé de Lucie et Idriss étant donné qu'ils refusaient de révéler le sexe de l'enfant. Et ce malgré toutes les techniques mises en place par les gars pour chercher à les faire craquer.
— Oui, tout va très bien, en ce moment on apprend à cuisiner parce qu'on est aussi nuls l'un que l'autre. Si je veux éviter que mon enfant soit nourri aux grecs dès l'âge de deux ans, faut que je m'y mette.
Ah ça, c'était vraiment une bonne idée. Lucie était une piètre cuisinière et Idriss, s'il n'était pas pire qu'Hakim, n'était pas vraiment mieux.
— Et toi Maya ? T'as toujours pas donné ta réponse à Haks ?
— Non, il m'en parle plus mais il fait exprès de râler à chaque fois qu'il dort chez moi. Il me saoule je te jure, c'est vraiment un gros gamin qui fait son caprice.
Les filles échangèrent un sourire amusé et je me renfrognai.
— Tu devrais trouver ça cool qu'il ait envie de s'engager avec toi, me dit Lucie, ça prouve qu'il te considère pas comme une fille de passage dans sa vie. Tu l'aimes non ?
Non mais qu'est-ce qu'ils avaient tous avec cette question ? Pourquoi fallait-Il toujours en revenir à cela... Le seul qui ne me la posait pas était Hakim, le seul qui aurait pourtant eut des raisons de le faire.
— Lui demande pas ça, elle flippe à chaque fois cette mauviette, rit Clem.
Je les fusillai toutes les deux du regard. Ah ben oui, c'était facile pour elles, l'une était enceinte de sept mois et l'autre se mariait deux mois plus tard. Mais j'étais pas comme ça moi, avoir des enfants était sans doute le dernier de mes projets, quant au mariage... Oh mon Dieu quelle horreur !
— Non mais regarde la ! s'esclaffa encore la jeune femme, Elle voit déjà la maison de campagne, le monospace, Hakim qui gueule sur des gosses morveux et qui demande à ses filles d'aller se rhabiller.
Elle imita de nouveau la voix de mon copain en prenant son air le plus sombre :
— Tu vas où sapée comme une kahba toi ? Moi vivant tu passes pas cette porte avec cette jupe !
Non mais elle délirait complètement celle-là. Lucie se tordait de rire et cela ne m'amusait pas du tout.
— Clem, tu rêves ok ? Ça n'arrivera jamais ça.
Elle me sourit l'air de dire « c'est ce qu'on verra ». Mais c'était tout vu, je n'aurais jamais cette vie, c'était à l'opposé de mon projet de vie.
— Tu sais, lui je suis sûre qu'il y pense. Hakim c'est un mec qui veut se poser, il attend juste le bon moment et la bonne fille. Il va avoir trente ans quand même.
Pour le coup sa phrase me fit vraiment flipper. Je n'avais jamais pensé à tout cela, on vivait le moment présent, il venait d'être condamné, à aucun moment je n'aurais pensé qu'il attendait de moi plus que ce que je pouvais lui donner.
Mes pensées furent interrompues par ma sœur qui s'installa à notre table.
— Maya, comment tu vas ? J'ai appris pour l'affaire avec Benoit... vous en êtes où ?
J'hallucinai qu'elle s'intéresse à moi autrement que pour me réclamer quelque chose.
— On en est nulle part pour l'instant. La procédure est très longue, mon avocate pense que ça peut durer au moins trois ans avant qu'un jugement soit prononcé. Mais ça va. Et toi ? Qu'est-ce qui t'est arrivé ?
Elle plaça une mèche cheveux blond derrière son oreille et me sourit. Le portable de Clem sonna et elle se leva pour répondre.
— Je suis allée en cure. Le matin quand je suis partie de chez Clémentine... je voulais pas faire ça comme une voleuse, mais quand j'ai vu tout les problèmes que t'avais, j'ai voulu t'épargner ça en plus. Voilà et là je bosse ici depuis un mois, ça se passe bien, j'ai touché à aucune drogue, ni douce, ni dure, depuis cinq mois.
Je n'en revenais pas... Hakim avait donc raison. Parfois une bonne claque de la vie permettait aux gens de se relever d'eux mêmes.
Elle nous raconta sa cure de désintoxication, la violence de ces semaines passées à évacuer les drogues et l'addiction. J'étais si fière d'elle.
— Tu as des nouvelles de Maman ? osai-je demander à la fin de notre discussion.
— Non, aucune. Je sais pas où elle est.
Je laissai échapper un soupir, me demandant si un jour nous aurions une relation normale.
Clem revint, l'air totalement effarée.
— Putain c'était Sneazz. Il était dans tous ses états je dois aller le voir tout de suite. J'ai rien compris, c'est une histoire de meuf.
Elle récupéra son sac, nous embrassa tour à tour et s'en fut.
(...)
Le soir, alors que j'attendais Haks chez lui, la conversation du matin me revint en mémoire. S'il était vraiment dans l'état d'esprit dans lequel Clem m'avait laissé comprendre qu'Hakim se trouvait, nous courions droit au drame. Le pire c'était que je le savais au fond de moi, on ne pouvait pas vivre au jour le jour toute notre vie. Je paniquais totalement, les blagues des filles m'avaient bien plus atteinte que je ne l'aurais voulu.
Hakim rentra très tard, un peu défoncé à cause du studio enfumé et sans doute un peu ivre aussi.
Il vit directement quand je l'embrassai du bout des lèvres que quelque chose n'allait pas.
— C'est quoi ce bisou de merde ? Qu'est-ce que t'as toi encore ?
— Rien, je suis fatiguée.
Le rappeur haussa les sourcils, clairement dubitatif et attrapa ma mâchoire.
— Ah ouais ? Fous toi de ma gueule. T'as quoi ?
Je ne répondis pas, alors il changea de stratégie.
— Ok, bah si t'es fatiguée, vas dormir. Bonne nuit.
Il me lâcha et fit comme si je n'existais plus, chahutant ses chiens, passant d'une pièce à l'autre.
Connard de rappeur.
Hakim m'énervait, il avait très bien compris que je détestais qu'il m'ignore et que c'était la meilleure façon de me faire parler.
Je le vis se caler dans le canapé, allumer PlayStation et télévision, saisir sa manette et lancer FIFA.
J'avais envie de l'insulter mais c'était tellement injustifié étant donné que j'étais celle qui l'avait repoussé.
Deux solutions s'offraient à moi :
Soit, je lui balançais tout et prenais le risque de créer une grosse discussion de fond qui m'obligerait à me livrer et à parler de l'avenir.
Soit, j'allais me coucher avec ma frustration et mon angoisse en ne le laissant pas gagner cette manche. Mais demain... demain il serait peut-être parti.
— Hakim...
Il m'ignora, les yeux fixés sur son écran.
Mais quel salaud.
— Hakim, répétai-je.
Aucune réaction.
Connard, connard, connard.
Je commençai vraiment à bouillir de l'intérieur.
Un troisième essai se solda par un échec. Ivre de colère, je me précipitai dans le couloir où se trouvait le disjoncteur. Sans aucun scrupule, je coupai le courant et plongeai l'appartement dans le noir.
Un chapelet de jurons mi arabes mi français retentirent dans le salon.
Bingo.
Ma colère me faisait oublier le malaise dans lequel me plongeait habituellement ce genre de noir complet.
Une dizaine de secondes plus tard, Hakim me dominait de toute sa hauteur, je ne pouvais discerner les traits de son visage, il ne daigna pas m'adresser la parole. Son bras passa à côté de ma tête pour venir rétablir l'électricité. Mais je saisis son poignet.
— Arrête de m'ignorer putain !
Il ne répondit pas et poursuivit son mouvement malgré l'emprise de ma main. La lumière illumina le couloir mais clairement pas le regard d'Hakim. Je compris alors qu'il allait retourner devant la télévision.
J'allais devenir complètement folle, un sanglot de rage et de frustration m'échappa.
— T'es vraiment qu'un sale con.
Le lâchant, je me dépêchai de récupérer mes affaires éparpillées, prête à me tirer de chez lui.
Après avoir claqué la porte derrière moi, je m'effondrai sur une marche, incapable de descendre les escaliers pour l'instant.
Mon Dieu, mais jamais on ne pourrait habiter ensemble...
Je le détestais et en même temps je mourrais d'envie d'y retourner pour le supplier d'arrêter ce massacre. J'entendis au vacarme de l'autre côté de la porte qu'il n'était pas dans un meilleur état que moi.
Une demie-heure passa et je n'arrivais pas à me résigner à quitter les escaliers. Je descendais quelques marches et les remontais quelques secondes plus tard.
Complètement bloquée, incapable de m'en aller.
C'était idiot, je n'allais pas dormir ici.
N'y tenant plus, je sonnai à l'appartement, s'il ne venait pas, je m'en allais pour de bon.
J'entendis ses pas s'approcher de la porte, puis le loquet, puis sa mine sombre m'apparut.
— J'ai pas réussi à partir, soufflai-je dans un nouveau sanglot.
Hakim soupira et d'un signe de tête, me fit signe d'entrer.
J'obéis, et à peine avais-je déposé mon sac qu'il saisit mes hanches pour me plaquer contre le mur et m'embrasser violemment. Il avait bu, je sentis le goût du whisky sur sa langue lorsqu'elle rencontra la mienne.
Mon cœur cognait dans ma poitrine et la question de Lucie me revint comme un boomerang.
« Tu l'aimes non ? »
Et je sentais les larmes dévaler mes joues. Pourquoi tout était toujours aussi explosif entre nous ? Les disputes, le sexe et tous les événements qui nous arrivaient.
Collant son front au mien, il reprit son souffle avant de murmurer :
— Tu rends fou, Maya.
— Tu peux parler, dis-je en entourant sa taille pour réfugier mon visage dans son sweat.
Ses bras entourèrent mes épaules et il me pressa contre son torse.
— Je déteste quand tu pleures.
— T'as qu'à pas me faire pleurer.
Il grogna et me serra plus fort, conscient d'avoir poussé un peu loin le bouchon cette fois. Peut-être que si je n'avais à la base, été aussi mal, la situation n'aurait pas dégénéré à ce point.
— Tu veux bien me dire quel est le problème maintenant ?
Je hochai la tête et, me détachant de lui, je lui fis signe que je préférais en parler au calme dans la chambre.
Quelques minutes plus tard, de nouveau enfermée contre lui, je lui livrai tout ce que j'avais ressassé tout l'après midi, ce qu'avaient dit les filles, la panique qui en avait résulté et mes angoisses par rapport à l'avenir.
— Non mais elles sont vraiment trop connes tes potes, grogna Hakim.
Il éloigna mon visage pour retrouver mon regard.
— C'était pas plus simple de direct me dire ça ? Je t'aurais rassuré en deux deux hein ! Sah, elles se font des films. Namira, c'est pas parce qu'on habite ensemble qu'on va faire cinq gosses dans les trois prochaines années ! Tu crois vraiment que c'est ce qui me préoccupe l'esprit en ce moment ? Je suis bien avec toi et ça me va. Qu'est-ce que tu vas écouter une femme enceinte et une future femme mariée aussi toi ? Elles veulent que tout le monde fasse comme elles pour se sentir moins seules dans leur délire.
Mon angoisse s'apaisa un peu en l'entendant. Pourtant je ne pouvais m'empêcher de penser que la situation ne pourrait pas s'éterniser.
— Mais à un moment tu vas vouloir tout ça Hakim... Et moi j'ai jamais voulu ni d'enfants, ni mariage. C'était la danse et rien d'autre.
Il leva les yeux au ciel.
— « À un moment » c'est pas maintenant. Maintenant, toi et moi on veut pas de ça. Ok ? Peut-être qu'un jour toi tu voudras et que moi je voudrai pas. Peut-être que ce sera l'inverse. Peut-être aussi qu'on restera comme ça ou qu'on se réveillera un matin avec l'envie de faire des marmots. Arrête de te prendre la tête alors que pour l'instant on veut la même chose.
À peu près convaincue, je hochai la tête, de toutes façons, que pouvais-je faire d'autre ? Je n'étais même pas capable de franchir la porte de son immeuble quand j'essayais de partir de chez lui.
— Allez, arrête de te hebel pour rien. J'ai envie de toi.
Alors, désireuse d'oublier cette soirée difficile, je lui lançai un regard entendu. Au moins là dessus, nous étions sûrs d'être toujours sur la même longueur d'onde.
Ils avaient tous raison, j'étais une grosse mauviette. Toute ma vie je m'étais empêchée d'être avec qui que ce soit, j'avais cédé pour Hakim et ne regrettai que rarement ma décision. Alors après tout, peut-être que tout contrôler et tout prévoir n'était pas la solution.
— Hakim... dis-je plus tard en sentant qu'il s'assoupissait.
— Ouais.
— Je crois que je veux bien essayer d'habiter avec toi.
Il se redressa imperceptiblement pour vérifier que je ne plaisantai pas.
— Mleh, répondit-il avec un grand sourire.
Oh mon Dieu, je l'aimais.
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