Chapitre 45 « Fais pas genre Mékra »
Hello tout le monde, j'ai publié un petit bonus sur le Tome 1 si ça vous intéresse, long chapitre aujourd'hui, je vous retrouve demain pour la suite.
Plein de bisous les p'tits chats.
❤️
Hakim me serrait si fort que je ne pouvais presque plus respirer.
— Pleure pas s'te plaît. J'aime pas ça...
Je ravalai mes sanglots et d'un revers de main essuyai l'eau sur mes joues. Je n'aimais pas ça non plus.
— J'en ai marre Haks, j'étais forte, seule, douée, j'étais à deux doigts d'atteindre mon rêve, et depuis six mois c'est la décadence. Je comprends pas, dans ma vie c'est toujours comme ça.
Tout découlait d'un simple accident de voiture et d'une cheville foulée.
— Je suis désolé. C'est ma faute.
J'écarquillai les yeux, est-ce qu'il avait vraiment dit ça ? En six mois il ne m'avait pas présenté une seule fois des excuses pour cet accident. Cela eut pour effet de calmer aussitôt tous mes nerfs.
— Hakim...
— Ouais.
— C'est bizarre ce que je vais dire, mais même si depuis, je suis dans la merde jusqu'au cou, je regrette pas que tu m'aies écrasée.
Il eut un petit hoquet de rire et maîtrisa un sourire douloureux avant d'effleurer mon front avec ses lèvres.
— C'est chiant putain, râla-t-il.
— Quoi ?
Hakim leva mon menton vers son visage pour me détailler.
— De pas pouvoir t'embrasser.
Je souris devant son air contrarié, il réussissait presque à m'attendrir. Le rappeur parut satisfait de voir le sourire revenir sur mon visage.
— Je suis sûr qu'il l'a fait exprès ce chien.
Cette fois un petit rire m'échappa, le pire c'était qu'il avait peut-être raison. Désormais, j'étais moi aussi frustrée par cette distance imposée.
Je n'eus pas le temps de m'apitoyer car la sonnerie retentit dans l'entrée. Quittant les genoux d'Hakim, je récupérai un legging de danse par terre et l'enfilai rapidement en allant répondre à l'interphone.
— C'est Clem, j'ai ramené Nekfeu, tu verras il est beaucoup moins beau en vrai.
Je levai les yeux au ciel en entendant l'intéressé protester derrière elle.
— Je vous ouvre, cinquième étage.
— Je sais !
Je raccrochai et m'apprêtai à regagner la chambre pour dire à Haks de se bouger, quand une fulgurante douleur dans le pied droit m'arracha un cri.
— Ah PUTAIN ! Hakim je vais t'éclater la gueule ! hurlai-je en me laissant tomber dans un fauteuil.
Il passa la tête dans l'entrebâillement de la porte pour me voir retirer un morceau de verre de deux bons centimètres enfoncé dans mon pied.
— Putain mais reste pas là à me regarder, chope moi les pansements et le désinfectant que j'ai utilisés hier pour toi.
Il maîtrisait difficilement son sourire, tant mieux, j'espérais que ça lui faisait bien mal aux lèvres.
Le Kabyle me tendit de quoi me soigner, je pissais le sang et j'en foutais partout, c'était excessivement agaçant. Il me quitta pour ouvrir à Clem et Ken qui venaient de sonner.
— Dis donc, c'est toi qui nous ouvre, c'est du sérieux entre vous, rit la jeune femme, Ou alors c'est pour nous faire flipper avec ta gueule cassée ?
Je levai les yeux au ciel mais j'aurais donné cher pour voir le regard assassin d'Hakim. Les deux rappeurs se chekèrent.
— Laisse tomber elle est chiante comme ça depuis qu'elle est réveillée, grogna Ken, askip c'est les hormones.
Ils entrèrent dans la pièce, et Clem se précipita vers moi.
— Bah Maya, toi aussi t'es bien amochée, dit-elle en embrassant ma joue, Merde tu t'es fait quoi au pied ?
Elle était surexcitée, c'était à la fois drôle et agaçant.
— Demande à Hakim, ronchonnai-je.
Ken se laissa tomber dans le canapé en face de nous et Haks l'y rejoignit après avoir refermé la porte.
— T'as tout pété ? demanda le Grec à son frère.
Ce dernier répondit par un hochement de tête sombre, il était passé en mode silencieux. Parfois j'oubliai ce côté pourtant majeur de sa personnalité lorsque nous étions tous les deux.
Clem loucha vers le plafond.
— C'est dingue ça ! Vous avez vraiment un problème, les objets en verre ne vous ont rien fait, faut les laisser tranquille.
— Sah Nek, tu pouvais pas laisser ta meuf chez elle, marmonna Hakim.
Elle appuya sur la visière de la casquette du rappeur pour la faire retomber sur son visage.
— Fais pas genre Mékra, t'as besoin de moi pour réparer tes conneries.
Je ris franchement cette fois, rien que pour la tête d'Hakim qui aurait été à peindre.
— Non mais c'est bon ! On l'a notre solution ! On lui fout Clem dans les pattes pendant les trois jours qui viennent, il se suicide avant la fin cet enculé en collants, bougonna Ken, Tu m'étonnes que ta sœur se soit tirée Maya.
La jeune brune n'avait vraiment pas l'air atteinte par la pique de son fiancé.
— Eh ! Si tu me trouves aussi chiante, je vois pas pourquoi tu m'as demandé en mariage hein ! Parce que si t'es au bord du suicide quand j'ai mes règles, je sais pas comment tu vas survivre quand je serai enceinte jusqu'au cou.
Ken roula les yeux et se passa la main sur le visage, mais il n'était pas crédible, il était tellement fou de cette fille qu'on pouvait entendre son cœur battre d'un bout à l'autre d'une pièce quand il posait son regard sur elle.
Preuve en fut lorsqu'elle vint chercher une place sur le canapé, il l'attira aussitôt sur ses genoux.
— Faudrait savoir, plaisanta-t-elle en lui gratouillant le menton, Faut que tu tailles ce bouc là, on dirait La Fouine.
— Peste.
Hakim poussa un profond soupir, signe que cette discussion l'agaçait profondément. Je lui adressai un regard encourageant, il me répondit par une grimace contrariée.
— Bon, trancha finalement Ken, on peut peut-être se concentrer sur le problème ? Maya, il a quoi exactement contre Haks l'autre fils deup ?
Je soupirai.
— Deux vidéos un peu craignos, des photos de moi avec des bleus, et sa face explosée. Il est allé à l'hôpital, donc un certificat médical. En gros son mytho est simple : Il a compris que je me faisais battre par mon mec et quand il a essayé de me défendre, il s'est fait démonter la gueule.
Ken et Clem tiquèrent en même temps et Hakim serra ses poings meurtris.
— Rien n'est sorti encore ? demanda Clémentine.
Haks secoua la tête.
— Ok, faut qu'on soit plus rapide que lui. Maya, tu as Twitter ?
Ce fut à mon tour de répondre négativement.
— Ok, on va te faire un compte. Voilà ce qui va se passer. Tu vas faire ce qu'on appelle un thread, c'est à dire plusieurs tweets où tu racontes absolument tout ce que Benoit t'as fait subir. N'aie pas peur d'être cash, c'est comme ça que ça marche. Ensuite, tu vas expliquer que la direction de l'Opéra t'a complètement laissée tomber. Ken a parlé avec ta Solange, elle lui a sorti que s'il y avait eu des problèmes entre vous, c'est peut-être que tu n'avais pas été assez ferme ou que la situation t'a un peu arrangée parce qu'il est très influent. Donc ça tu balances, ils veulent protéger leur image à tout prix.
Je n'en revenais pas que Solange ait dit un truc pareil. C'était vraiment humiliant. Je tentai de me maîtriser pour ne pas partir dans une nouvelle crise de nerfs.
— Cherche pas, c'est pour ça qu'elle t'a virée cette vieille pute, grogna Hakim.
— Elle t'a virée ? s'offusqua Clem.
Je hochai la tête et la sonnerie de l'appartement retentit. Je commençai à me lever sur un pied mais Haks m'avait devancée.
— Bouge pas j'y vais.
Clem fit danser ses sourcils et je roulai les yeux, je ne pus cependant m'empêcher de répondre à son sourire amusé.
— C'est mon frère et Lucie, vas savoir pourquoi, y a Doums avec eux.
— C'est un couple à trois en fait, railla Clem.
Ken s'étrangla de rire et dans ma tête se bousculèrent des images gênantes que je préférai très vite oublier.
— Tu peux ramener ma bouteille de vodka Tigrou, s'il te plaît.
C'était sorti tout seul, je pensais plus à mon besoin d'alcool qu'au nom que j'avais employé pour qualifier Hakim.
Le jeune couple en face de moi échangea un regard et tout deux explosèrent de rire. Je n'osais pas regarder Haks, sachant que je n'y survivrai pas.
J'étais mal à l'aise et Clem et Ken se tenaient les côtes tellement ils riaient.
— C'est bon ? lâchai-je excédée, putain si on devait se marrer à chaque fois que vous vous dites un truc ridicule.
Hakim posa la bouteille sur la table basse. La sonnette de l'entrée retentit et il fusilla le futur couple Samaras du regard.
— Vous l'ouvrez, vous êtes mort. Un mot de travers et je balance tout sur vous savez quoi à tout le monde.
Ils arrêtèrent instantanément de rire. J'ignorai quel dossier le rappeur avait sur les deux mais ça avait l'air d'être suffisamment solide pour leur couper toute envie de se moquer de lui. Je me servai un verre de vodka et l'avalai cul sec pendant qu'Hakim faisait entrer les autres.
Tout le monde se checka et trouva une place où il pouvait. Doums s'étant installé à la place de l'aîné des frères Akrour, je m'assis par terre pour lui laisser mon fauteuil à ce dernier. C'était ma façon de me faire pardonner pour ma bourde. M'adossant au bras du fauteuil, je tentai de recentrer la discussion sur l'essentiel.
— Bon, Clem tu disais que j'allais écrire des tweets. Mais après il se passe quoi ? Ça va pas empêcher Benoit de déposer plainte contre Hakim s'il veut le faire. Et puis personne ne me connaît je te signale, mon thread comme tu dis, va sombrer dans l'oubli.
Clem sourit et sortit son ordinateur de son sac.
— Chérie, je sais pas si tu es au courant mais mon fiancé, ici présent, possède plus d'un million d'abonnés sur Twitter. Sachant qu'en plus tout l'entourage partagera parce que même si certains en ont rien à foutre de ta gueule, ils ont pas envie que leur pote, ou ton mec si tu préfères, ait des soucis. Le but ce n'est pas d'empêcher Benoit d'agir, c'est de lui faire perdre sa crédibilité.
Je hochai la tête, un peu dubitative quant à la véritable utilité de cette action, mais après tout c'était ce que comptait faire Benoit, autant utiliser les mêmes méthodes pour dire la vérité.
La main d'Hakim se posa sur ma nuque. Je me tournai vers lui pour l'interroger du regard. Il opina du chef pour me donner son assentiment.
— Je ne veux pas que ton nom apparaisse, lui indiquai-je.
— Moi non plus, acquiesça-t-il.
Clem pianota sur son ordinateur, puis elle me le tendit.
Pendant plus d'une heure, le S-Croums m'aida à rédiger plusieurs tweets, percutants et accrocheurs.
— C'est bon Maya, on peut tout publier, m'annonça Clem.
— Tu es sûre ? Putain je déteste raconter ma vie... alors à des millions de gens... et puis ça fait quand même vraiment grosse chialeuse qui a besoin de se faire plaindre. Et puis même, est-ce qu'on peut appeler ça du viol ? Parce que je me suis laissée faire quand...
— Arrête, me coupa Lucie. On sait tous que t'es pas une pleureuse. La preuve, tu viens de vivre deux mois archi traumatisants et t'es pas plus abattue que si t'avais perdu ton chien.
Ça c'était grâce à Hakim.
Clem appuya notre amie, Ken pianota sur son téléphone et lu à voix haute :
— « Le viol est un crime. Il est défini par le code pénal comme « Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui ou sur la personne de l'auteur par violence, contrainte, menace ou surprise. » » Tu t'es laissée faire sous la menace, donc t'as été violée. C'est pas moi qui le dit c'est le site du gouvernement. Et crois moi je suis pas du genre à citer la loi à tout va.
Derrière moi, Hakim se leva brusquement, il saisit sa veste qui traînait sur une chaise.
— Envoie ton truc qu'on en finisse, grogna-t-il en claquant la porte.
— J'y vais, annonça Fram en voyant nos visages inquiets, J'ai pas envie qu'il prenne sa gov'.
Il sortit à son tour et je me tournai vers Clémentine.
— C'est assez dur à digérer pour lui, expliquai-je.
Elle hocha la tête, médusée par la sortie du rappeur.
— Allez, on balance ton porc, lâcha-t-elle, À vous les gars.
Ken et Doums saisirent aussitôt leurs téléphones, Clem fit de même et un silence de mort envahit l'espace.
— Ça, c'était la première étape du plan d'attaque, finit-elle par dire.
Hein quoi ? Il y avait d'autres étapes ?
— Euh, c'est quoi la prochaine ?
— Nos amis les keufs, soupira Ken.
Alors là, il allait falloir avoir de très bons arguments pour me convaincre, parce que la dernière chose que je voulais c'était me retrouver dans un commissariat.
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