Chapitre 43 « Je vais le buter »

J'arrivais pas à attendre pour publier ce chapitre.
Bonne lecture les petits chats.
Bisous tout doux !
❤️

— Me protéger ? Tu crois vraiment que j'ai besoin qu'une meuf me protège ? Je l'ai défoncé en deux deux le mec.

Je ricanai, détestant qu'il joue au con avec moi.

— Benoit m'a prise en photo.

Hakim m'adressa un regard interloqué. Il ne voyait pas de quoi je parlais.

— Quand j'avais des bleus. Les deux fois, la première c'était vraiment à cause de toi... mais pas vraiment parce que tu m'avais battue. La deuxième fois c'était le mec, à votre showcase qui m'avait foutu une baffe. Benoit m'a prise en photo à mon insu, les deux fois. Claire a filmé quand tu t'en es pris à lui après la soirée pour mon association, on voit très bien que c'est toi, on voit très bien qu'il ne se défend pas.

Il allait parler mais je lui fis signe d'attendre, j'étais loin d'avoir fini et tout expliqué.

— Quand j'ai eu rendez-vous avec Benoit et Solange, il lui a expliqué que j'étais avec un homme violent et que lui avait tenté de me défendre. Ils m'ont tout les deux demandé de ne plus te voir sinon ils prévenaient la police. En sortant du bureau, Benoit a commencé à me menacer à propos de ma carrière, en me disant qu'il pouvait la détruire. Je l'ai envoyé chier, sauf qu'il a compris très vite que mon point faible n'était pas la danse. Alors il est revenu en me disant qu'aujourd'hui avec les phénomènes de balance ton porc et compagnie, il n'aurait aucun mal à te discréditer totalement, photos à l'appui.

Hakim ricana.

— Un violeur qui se sert d'un truc pour balancer les violeurs, mais quel fils de pute.

Je soupirai, il avait parfaitement raison, mais il n'était pas au bout de ses peines.

— Il m'a menacée de tout balancer sur les réseaux, sachant très bien que même si tu étais innocenté par la suite, cela prendrait des mois et l'image du S-Crew serait salie pour toujours. Parce qu'on le sait très bien, sur les réseaux quand il faut salir, tout le monde y va sans réfléchir, mais pour admettre ses torts et laver l'honneur de quelqu'un, plus personne. Il a des amies dans des associations féministes qui auraient pu diffuser les informations et les photos. Bref, je me suis dit que tu risquais sans doute beaucoup moins de problèmes en étant loin de moi, alors j'ai accepté de ne plus te voir. Au début le chantage, c'était uniquement ça.

Je me sentais plus libre à mesure que je m'exprimais, en revanche je voyais qu'Hakim était de moins en moins bien.

— Tu veux qu'on aille chez moi pour discuter ? demandai-je.

Il opina de la tête.

— Ouais, si t'as de la tise.

J'acquiesçai à mon tour et quelques minutes plus tard, nous étions chez moi et je tentais de soigner un peu son visage et ses mains blessées.

— Il te faudrait des points à l'arcade, dis-je en lui collant un strip.

— Balec, finis de raconter.

Je soupirai, sachant que la suite allait encore moins lui plaire.

— Quand tu es rentré de Grèce et que tu m'as forcée à entrer dans ta voiture, en mode kidnapping. Benoit m'avait suivie. Il a filmé la scène et là pour le coup, associé au reste, ça rend vraiment son histoire très probable. D'autant plus que je proteste et me débats. Il est arrivé avec cette vidéo et il m'a clairement dit que maintenant, la condition pour te laisser tranquille, c'était que je sois à lui. C'est à partir de là que la situation a dégénéré, il voulait me voir tout le temps, il me fliquait sans cesse et surtout, il était vraiment avide de sexe. Parfois j'ai essayé de dire non et de l'envoyer chier mais il me rappelait toujours quelle serait la conséquence de mon refus. Je ne voyais plus d'issue Haks... alors j'ai accepté de le voir régulièrement pour...

— Ne termine pas cette phrase, grogna-t-il.

Je jetai un regard vers lui, ses mains tremblaient fébrilement et la haine que je lisais sur son visage me retourna les entrailles.

— Je vais le buter.

Fermant les yeux, je tentai de trouver mentalement un moyen de le calmer.

— C'est pour ça que je pouvais rien te dire, soufflai-je, quand Idriss a découvert que je voyais Benoit, j'ai fait comme si j'étais consentante, j'ai supplié Ken de ne rien te dire. Ils ont juste pensé que j'étais une salope pour laquelle il ne valait pas la peine que tu te battes.

— Ne t'insulte pas.

Il se leva d'un bond, je compris aussitôt qu'il allait s'en aller.

— Non s'il te plaît. Ne pars pas... Pas tant que tu n'es pas calmé.

Le regard qu'il me lança me fit froid dans le dos.

— Bordel de merde, comment tu veux que je me calme alors que je viens d'apprendre un truc pareil ! TU T'ES FAITE VIOLER POUR PRÉSERVER MA PUTAIN DE RÉPUTATION ! T'es dingue ou quoi ? Je m'en bats la race que mon nom soit sali sur les réseaux, c'est tellement le sheitan ce truc ! Quand bien même il aurait mît les keufs sur le coup ! Je préfère un séjour au hebs plutôt que de savoir que ce fils de chien fini à la pisse a posé ses mains dégueulasses sur ton corps. Tu m'en aurais parlé dès le début, j'aurais peut-être été vénère contre lui mais crois moi qu'il t'aurait pas touchée et peut-être même que maintenant tout serait fini et qu'on serait ensemble. T'as voulu tout gérer toute seule, parce que tu pars toujours du principe que personne peut t'aider et que c'est à toi de te battre pour tout. Ton putain d'instinct de protection... Mais sah, pourquoi t'as fait ça pour moi ? Je t'en veux, je te jure, je t'en veux tellement de m'avoir rien dit.

Il se tut un instant, saisit un verre et le lança violemment contre le mur. J'avais vraiment mal qu'il m'engueule à ce point, traumatisée par ma soirée, je me redressai sur le canapé.

— Pourquoi j'ai fait ça Hakim ? Pour la même raison que tu n'as pas pu t'empêcher de démonter la gueule de Benoit alors que je te suppliai de ne pas le faire, pour la même raison que tu serais prêt à le retrouver maintenant pour finir le travail. Toi comme moi on sait très bien que s'il fallait faire n'importe quoi, même le truc le plus stupide du monde pour protéger l'autre, on foncerait tête baissée. Arrête de me pourrir alors que tu serais capable de salir ton âme en tuant un mec pour sauver mon honneur. Alors ouais, peut-être que j'ai un putain d'instinct de protection comme tu dis, mais t'as exactement le même.

Il ne répondit pas et envoya un deuxième verre contre le mur.

— Tu peux tout casser, je m'en bats les reins, tu sais très bien que j'ai raison. Je suis même prête à parier que si tu réagis aussi violemment c'est parce que tu t'en veux à toi même de pas avoir pu empêcher que ça se passe ainsi. C'est exactement l'une des raisons pour laquelle j'ai cédé à Benoit, je me disais que c'était moi qui t'avais mis dans la merde, que c'était ma faute si tu risquais de gros ennuis, donc que c'était à moi de régler ça.

Je lus dans son regard que j'avais parfaitement raison. Nous étions des putain de psychopathes. À chaque fois que je réalisai à quel point nous étions semblables, cela me donnait le vertige.

— Tu me rends tellement dingue, souffla-t-il, Depuis que t'as ouvert tes putain d'yeuz flippants en face de moi pour me flinguer du regard quand je t'ai écrasée.

Que répondre à cela ? Rien sans doute, c'était toujours comme ça entre nous, explosif et dangereux. Nous nous étions haïs puis nous nous étions compris l'un l'autre. Nous agissions toujours par impulsion. Insensibles hein ? Pourtant quand il s'agissait de maîtriser notre violence, quelque soit l'émotion, les barrières tombaient.

— T'es le dernier qui m'a touchée, murmurai-je, depuis la dernière fois, j'ai tout fait pour éviter Benoit. J'arrivais plus, on était pas ensemble toi et moi, on l'a sûrement jamais été véritablement, pourtant l'idée de coucher avec quelqu'un d'autre me dégoûtait parce que j'aurais eu l'impression de te tromper.

Il ferma les yeux, je sentais qu'il était un peu moins sur les nerfs, un peu moins.

— Hakim...

Le rappeur soupira.

— Ouais...

— Tu veux plus me voir ?

Il haussa les épaules et plia la bouche avant de se laisser tomber dans le fauteuil en face de moi.

— Ça dépend, lâcha-t-il, Je peux plus supporter que tu me mentes. Surtout pour des trucs aussi graves. Je peux pas être avec une meuf qui me balades H24, j'vais finir à Sainte-Anne.

Il avait dit « être avec ».

C'était flippant... trop flippant.

J'avais tellement peur d'être comme ma mère, il avait raison. Le mensonge pourrissait tout. À la fin la situation était toujours bien pire.

— D'accord, je te mentirai plus.

— De toutes façons je le saurai direct. Je le vois quand tu mens.

— Je sais.

À chaque fois que je tentais l'expérience, il le repérait directement.

— Tu ressens quoi là ?

Je compris que c'était un test. Rien de pire pour moi que d'avouer mes émotions.

— J'ai peur, soufflai-je.

— Viens là.

Il me fit signe de m'approcher de lui, et j'obéis. Quand je fus tout proche il me fit assoir sur ses genoux.

— T'as peur de quoi ? Je croyais que t'avais peur de rien.

Un soupir m'échappa et Hakim m'attira contre lui.

— J'ai peur de finir comme ma mère, j'ai peur de Benoit, j'ai peur qu'on se fasse du mal.

— Faudra quand même que tu m'expliques ton problème avec ta daronne. L'autre fils deup on va le détruire, t'inquiète même pas pour ça. Il est peut-être la pute du showbiz mais il est très loin d'avoir une équipe comme la nôtre. C'est personne ce mec, il a pas joué avec les bons gars crois-moi.

Sa remarque me fit sourire, pour la première fois de la soirée.

— T'es toujours aussi sûr de toi ?

Il me rendit mon sourire et sembla le regretter aussitôt car sa lèvre était toujours douloureuse.

— Ouais, moi j'ai pas peur.

Sa confiance me gagna, et je me sentis mieux, même si je savais que très vite il faudrait se confronter à la réalité, Benoit n'allait pas se laisser faire comme ça. Mais au moins, j'étais en vérité et je pouvais revoir Haks.

— Tu veux bien m'accompagner demain, j'ai rendez-vous dans le bureau de Solange et il sera là.

Il eut l'air gêné.

— Quoi ?

— Vu l'état dans lequel on l'a laissé ça m'étonnerait qu'il se pointe demain.

Je laissai échapper un soupir en cachant mon visage dans son cou.

Nous étions vraiment dans la merde.

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