Chapitre 36 « Dis moi la vérité. »
Bon en ce moment j'ai envie de vous parler un peu avant les chapitres, je sais pas pourquoi. Juste, c'est tellement un plaisir quotidien de lire vos commentaires, ça me donne le courage et la motivation qu'il me manque parfois. Voilà, je vous kiffe, hier vous m'avez reboostée de fou.
Petit chapitre du point de vue d'Hakim pour changer un peu, bonne lecture les p'tits chats.
Bisous tout doux.
❤️
———Hakim———
"Il vaut mieux qu'on ne se voit plus"
Quel courage, Namira.
J'avais lu et relu son message, une fois, deux fois, sans comprendre. Elle m'avait envoyé ça trois jours après qu'on soit arrivés en Grèce. J'étais resté interdit devant mon écran, comme frappé par la foudre.
Mon premier automatisme avait été de l'appeler, pour essayer de savoir dans quel putain de délire elle s'était encore foutue. Mais mes appels et mes messages étaient restés sans réponse. Ça m'avait vraiment zehef. J'avais quasiment pas desserré les dents de la journée, remballé Clem une bonne dizaine de fois quand elle me demandait si Maya me manquait.
Putain oui.
Oui, elle me manquait cette sale conne. Déjà cet été au bled, je m'étais rendu compte que son air revêche et ses putains d'yeux à se damner me manquaient quand ils n'étaient pas dans les parages.
"Il vaut mieux qu'on ne se voit plus"
Cette lâcheté ne m'avait pas vraiment étonné. Maya était la meuf la plus courageuse que j'ai jamais rencontrée, sauf quand il s'agissait de sentiments ou de tout ce qui pouvait la rendre un peu fragile, là elle devenait une grosse flippette.
Ce qui m'avait rendu fou, c'était pas simplement le fait qu'elle me "largue" ou qu'elle le fasse par texto, profitant du fait que je sois à l'autre bout de l'Europe et ne puisse pas rappliquer chez elle pour lui demander des explications, non, ce qui me rendait dingue c'était que c'était incompréhensible.
Quand j'étais parti de chez elle, le comportement de Maya allait à l'inverse. Elle était presque douce, presque, parce qu'avec elle l'orage n'était jamais bien loin. Mais je la trouvais toute hnina, elle avait ses petites techniques pour exprimer ou demander de l'affection sans en avoir l'air. Je savais que j'étais le seul qu'elle laissait entrer dans son périmètre de sécurité, et je devais le reconnaitre, j'aimais ça. Parce qu'elle, c'était la seule que j'envoyais pas se faire foutre quand elle me posait des questions ou réclamait mon attention.
Putain mais qu'est-ce qui avait pu lui passer par la tête ? J'étais pas forcément triste ou quoi. J'étais de mauvais poil, encore plus que d'habitude. Et puis sah, paye ta semaine avec tous tes reufs qu'ont ramené leur go. C'était juste à bé-ger.
Je savais qu'elle ressentait des trucs pour moi, de là à dire qu'elle était amoureuse ou plus, peut-être pas, mais y avait quelque chose en plus entre nous. Même moi, je m'étais bêtement attaché à elle et à son caractère de merde.
Putain mais quel con. Et elle, quelle connasse !
Je m'étais retrouvé à passer mes journées de vacances à me hebel pour une meuf trop chiante.
Alors à peine atterri à Orly, j'avais pas réfléchi longtemps et je m'étais directement mis en route pour chez elle. Si elle voulait me rayer de sa vie, qu'elle ait au moins le courage de le faire en me regardant droit dans les yeux.
Et ce soir là, je me retrouvais comme un con dans ma gov' à attendre qu'elle rentre de l'Opéra.
Et elle rentrait pas.
J'avais sonné chez elle sans succès.
Il était plus de 23h, je ne la voyais toujours pas arriver et j'avais envie de tout péter. Aucune meuf m'avait jamais rendu fou comme ça, sah pour elle j'aurais pu tuer un homme à main nue.
Comme ce fils de pute de danseur.
Bizarrement, au moment où je pensai à lui, je vis débarquer la tigresse.
Je jaillis de ma caisse avant qu'elle la repère et qu'elle se barre.
Maya sursauta en se retrouvant face à moi, elle fit une tête un peu cheloue et jeta un oeil autour d'elle comme si elle cherchait quelque chose.
— J'crois qu'on a des choses à se dire.
La surprise passée, elle se recomposa un visage froid et sérieux.
— J'ai plus rien à te dire.
Fronçant les sourcils, je la saisis par le poignet, elle résista en protestant. Les passants nous regardaient, j'allais passer pour un putain de psychopathe mais merlich, je la pris en sac à patate sur mon épaule. Direct, je sentis ses griffes se planter dans ma peau, elle changeait pas cette sauvage.
Je me dépêchai d'ouvrir la portière de ma voiture, de la mettre sur le siège passager et de monter au volant.
— Hakim ! gueula-t-elle, fais moi sortir ou je hurle au kidnapping !
— Smeh tigresse mais tu hurles déjà, lâchai-je en mettant le contact et en verrouillant les portes.
Je m'insérai aussitôt dans l'avenue, ne lui laissant pas le temps de s'évader.
— Bon c'est simple, tant que tu m'expliques pas, je roule, annonçai-je.
Elle était sur les nerfs comme jamais, je la voyais serrer les mâchoires et les poings, elle mourrait d'envie de me coller une baffe. Mais c'était parfait, parce que quand elle s'énervait, la danseuse finissait par exprimer ce qu'elle ressentait.
— Tu vas me dire pourquoi j'ai reçu ce message ?
— Parce que je te l'ai envoyé, sale con.
Ok, je sentais moi aussi mes nerfs se tendre, il allait pas falloir qu'elle me prenne trop la tête, parce que j'étais capable de l'emmener faire des tours à 200 à l'heure sur le périph pour la faire parler.
— Pourquoi ?
— Parce qu'on doit arrêter de se voir.
Sa voix cassée était encore plus basse que d'habitude, j'avais l'impression qu'elle essayait de s'en convaincre.
— Pourquoi ? répétai-je.
Elle se tourna vers moi et jetant un regard dans sa direction, je vis que ses prunelles transparentes me lançaient des éclairs.
— T'es un putain de forceur Hakim.
— Toi t'es une grosse lâche, t'as même pas le courage de me dire les choses en face.
Elle poussa un profond soupir, je savais que j'avais marqué un point.
— Je dois me reconcentrer sur ma carrière, lacha-t-elle, depuis que t'es rentré dans ma vie, j'ai jamais perdu autant de fois de vue mon objectif. D'abord tu m'écrases, ensuite je me pète la cheville, ensuite tu m'attires des ennuis avec un type qui peut me réduire à néant du jour au lendemain. Je peux pas continuer à te voir Haks, c'est trop. Le fait que tu sois loin m'a permis de réfléchir. J'ai besoin d'être seule, j'ai un rêve, je dois ça à ma grand-mère. Tu m'en décentres et c'est malsain.
Je déboîtai subitement sur la droite, me garai en double file et me dépêchai de tourner les yeux vers elle.
— Maya, ta cheville, c'est en grosse partie ta faute, pour ton danseur de merde c'est pareil. T'as fait la pute avec lui de un, de deux t'étais pas la dernière à me demander de lui coller une baffe. Assume tes erreurs avant de tout me foutre dessus. Je t'empêche pas de danser en plus, là on va être en stud tout le temps.
Mais elle secoua la tête.
— Je peux pas te laisser entrer dans ma vie Hakim. Tu mets en péril ma carrière et mon équilibre.
C'est en la voyant baisser imperceptiblement les paupières que je compris qu'elle mentait.
— Putain t'es en train de me baratiner. Il s'est passé un truc. Pourquoi tu mens ?
— Je ne mens pas Haks. J'ai pas besoin de me prendre la tête avec une pseudo histoire sentimentale maintenant. J'ai plus important à gérer.
Elle essayait d'avoir l'air froide, mais il y avait quelque chose qui sonnait faux. J'avais l'impression qu'elle récitait un texte rabâché pendant des jours.
— C'est quoi la vraie raison Namira ?
— Ne m'appelle plus comme ça, souffla-t-elle.
Je me penchai vers son visage pour saisir sa mâchoire dans ma paume.
— Je répète, c'est quoi la vraie raison, Namira ?
Maya baissa les yeux, c'était très rare qu'elle le fasse.
Je crevais d'envie de l'embrasser et de la ramener chez elle pour lui faire l'amour comme la dernière fois.
Elle me rendait fou à me mentir tout le temps, à garder ce mystère permanent, sur son histoire, ses sentiments et maintenant sur la raison qui la poussait à s'éloigner de moi. Je voyais bien ses yeux en panique totale lorsqu'elle osait me regarder. Il y avait forcément autre chose.
— Dis moi la vérité.
— Je te l'ai dite, Hakim, souffla-t-elle, ma carrière passe avant tout. Quoi qu'il y ait eu entre nous, c'est fini.
Sa main se posa sur mon poignet qui maintenait toujours sa mâchoire, elle leva ses putains d'yeux vers moi, et je sentis la pierre qui me servait de cœur cogner violemment contre mon pectoral.
— Maya... murmurai-je en approchant mon visage à quelques millimètres du sien, pourquoi tu mens tout le temps ?
Ses lèvres douces effleurèrent les miennes et j'eus envie de les dévorer, comme tant de fois ces derniers mois. Mais quand elle ferma les paupières, ce ne fut pas pour m'embrasser.
— Je suis désolée...
Une larme, une seule, dévala sa joue.
Avant que j'aie eu le temps de la faire disparaître du pouce, elle dégagea violemment son visage, appuya sur le déverrouillage des portières, et jaillit hors de ma gov'.
Le temps que je réalise, elle s'enfonçait déjà dans une ruelle, courant comme si le sheitan la poursuivait.
— MAYA !
Son nom était sorti du fin fond de mes tripes, je l'avais hurlé si fort qu'il m'avait brûlé la gorge au passage.
Elle me rendait fou.
Je donnai un violent coup de poing dans le volant, puis démarrai de nouveau en trombe.
J'avais besoin de vitesse pour me calmer, pour expulser la rage sourde qu'elle faisait naître en moi.
Son dernier regard me hantait toujours et j'avais mal au ventre. Comme une envie de bé-ger, mais en pire, j'avais l'impression d'avoir l'abdomen en feu.
J'étais sûr qu'elle m'avait menti, sauf que comme d'habitude, Maya était la seule qui connaissait la vérité et elle l'avait enfouie avec ses mille autres secrets.
Je m'insérai sur le périph et mon pied enfonça violemment l'accélérateur.
J'avais envie de l'insulter de tous les noms, je la haïssais si fort, chaque km/h en plus sur mon compteur était comme un coup de poing dans un punching-ball à son effigie.
Je fixai la route, hypnotisé par les lumières parisiennes qui défilaient à toute allure autour de moi.
Je voulais que l'ivresse de la vitesse remplace ce douloureux poison qui s'était répandu dans mes veines à l'instant où j'avais compris qu'elle m'échapperait.
Et puis l'image de la perle d'eau qui s'était échappé de sa paupière, s'imposa à moi.
« Tu me feras jamais pleurer parce que je ne pleure jamais. »
Je levai le pied.
Elle mentait tout le temps, mais ses yeux la trahissaient. Miroir de l'âme, comme on dit.
Cette larme en était la preuve absolue :
Pendant que ses lèvres me repoussaient, son regard m'avait hurlé de ne pas la laisser partir.
Et moi j'étais là, comme un con, à plus savoir quoi faire, comme un pantin ensorcelé par une fée mi-maléfique, mi-angélique.
« T'approche pas trop de moi, j'ai brisé plus de cœurs que tu n'as brisé d'os. »
J'avais pas écouté.
Mon cœur n'était pas brisé, il était enragé, et je sentais bien que seule sa paume sur ma peau aurait pu l'apaiser.
Y'avait qu'elle qui avait ce pouvoir sur moi. Quand mes nerfs déchargeaient des flots d'agressivité dans mon organisme, seules ses jolies mains manucurées parvenaient à me calmer. Et pourtant Dieu savait qu'elle était aussi agressive que moi.
Putain je devenais fou ! Fallait simplement que j'arrête de penser à elle. Que je l'enterre au fin fond de ma mémoire.
Alors même si deux yeux polaires étaient tatoués à l'encre indélébile dans mon esprit, je jurai, mais un peu tard, de plus jamais me faire avoir.
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