Chapitre 32 « Tu viens toujours, n'est-ce pas ? »

Cadeau du week-end, petit chapitre bonus ! J'espère qu'il vous plaira.
J'adore lire vos avis sur la fic, ça me fait toujours tellement plaisir !
Plein de bisous ❤️

Le mois d'août me parut durer une éternité. Clémentine était partie en vacances avec Ken, Lucie se dorait la pilule sur les plages de Croatie avec Idriss, et Hakim était en plein retour aux sources en Kabylie.

J'étais contente d'être seule, cela me permettait de passer de longues journées à m'entraîner. Je sentais progressivement mon niveau revenir. Solange me félicitait pour mes progrès et il avait été entendu que je pourrais sans doute retrouver les planches dès le mois d'octobre.

Je ne vivais plus que pour cela, pouvoir de nouveau montrer au monde de quoi j'étais capable.

Me recentrer sur ce qu'il y avait de plus important pour moi me faisait un bien fou. Je retrouvais petit à petit mon état d'esprit d'avant l'accident. Je m'étais beaucoup laissée aller, entre mon rapprochement avec Hakim, l'influence de Clem qui voulait toujours faire plein de choses avec moi, je m'étais un peu éloignée de l'essentiel.

Benoit m'ignorait royalement depuis l'entrevue avec Hakim, j'étais un peu soulagée que cela se passe ainsi. Claire le collait activement et je savais que ce n'était qu'une question de temps avant que ces deux là ne s'affichent ensemble.

Aucune nouvelle de ma sœur, aucune nouvelle de ma mère, ce n'était pas plus mal, mais je ne pouvais m'empêcher de m'inquiéter pour Jo.

Comme les jours passaient, l'angoisse et la culpabilité me gagnaient, je me disais que si on m'apprenait sa mort, je regretterais toute ma vie de l'avoir mise dehors.

Je ne savais pas quoi faire, moi qui avais toujours eu l'habitude de prendre mes décisions seule, je me retrouvais à avoir terriblement besoin de conseil.

Un soir, n'y tenant plus, j'appelais la seule personne qui était au courant du retour fracassant de ma sœur dans ma vie.

Il ne décrocha pas.

Évidemment, il était en vacances, et je savais également qu'il n'aimait pas parler au téléphone.

Pourtant quelques heures plus tard, un appel whatsapp provenant d'Hakim m'étonna au plus haut point.

— Haks ? dis-je en décrochant.

— Ouais, tu m'as appelé ? Le téléphone ça coûte une blinde au bled alors j'attendais d'avoir du wifi pour te rappeler.

J'esquissai un sourire en entendant sa voix rauque et me giflai mentalement pour le faire disparaître.

Respecte toi Maya !

— Crevard, plaisantai-je dans le téléphone.

— On s'refait pas. Tu voulais me dire quoi ?

J'avais presque oublié le motif de mon appel mais il me revint très rapidement.

— J'ai aucune nouvelle de ma sœur, soufflai-je.

Un petit soupir amusé me répondit.

— Moi non plus, j'ai aucune nouvelle de ta reus.

Ok, je n'avais peut-être pas bien fait de l'appeler. J'avais oublié à quel point il pouvait être chiant.

— Hakim ! Je m'inquiète, imagine si elle se suicide à cause de moi.

— Si elle fait ça c'est juste qu'elle est conne et lâche. Ce sera pas ta faute Nam'. Tu l'aides beaucoup plus en la forçant à se démerder. Sah, tu peux pas vivre à sa place.

Il m'avait déjà dit toutes ces phrases mais cela me faisait du bien de les entendre de nouveau.

— À l'occas' tu devrais en parler avec Ken. Il était un peu comme ta reus avant. La seule différence c'est qu'au lieu de traîner avec des schlagues y nous avait nous.

Je soupirai, ce n'était pas vraiment mon genre d'aborder ce genre de sujet avec le premier venu.

— Je suis pas sûre qu'il ait très envie de discuter de ça avec moi, Tigrou. 

— Inverse pas les rôles, rit le Kabyle, Feu kiffe raconter sa vie. C'est toi qu'a un blocage.

Je fus surprise par la clairvoyance de son propos. Il me connaissait depuis quatre mois et il me cernait déjà aussi bien que ma meilleure amie.

— T'as raison, soufflai-je.

— J'ai l'habitude d'entendre cette phrase, mais pas venant d'toi.

Je ris, cela me faisait du bien de parler à quelqu'un, je me rendis compte que la solitude m'avait un peu pesé ces derniers temps. Pourtant, avant que toute la bande ne débarque dans ma vie, j'appréciais vraiment le fait d'être seule.

— Ça va sinon ? demanda-t-il.

— Oui, je danse toute la journée. J'ai à peu près retrouvé mon niveau. Et toi ?

— Ouais, j'suis à la maison, ça fait du bien.

Je trouvais touchant l'amour qu'Hakim avait pour son pays natal. Il portait souvent un pendentif ou des t-shirts à l'effigie de la Kabylie, c'était sa fierté et je trouvais ça beau.

Ce que tu peux être niaise, me réprimanda ma conscience.

Je m'écœurais moi même.

— Je vais devoir te laisser Haks, on se voit pour le gala de bienfaisance.

Il grogna dans le téléphone et je me rappelai qu'il n'avait absolument aucune envie de participer à cet événement. Heureusement, j'avais su me montrer persuasive en lui promettant un accès VIP à mon lit après la soirée.

— Tu viens toujours, n'est-ce pas ?

— Ouais. T'as d'la chance que ça tombe après un mois d'abstinence, mais tu vas le payer cher.

Je m'étranglai à moitié en sentant mon bas ventre s'embraser.

— Fais pas le malin, sinon ton mois d'abstinence pourrait se rallonger.

— Toz ! J'irai voir ailleurs. T'as cru t'étais irremplaçable ?

Sa remarque me piqua un peu mais je ne relevai pas.

— Je suis irremplaçable, Tigrou.

Je l'entendis rire mais il ne démentit pas. Il était grand temps que je raccroche.

— Namira.

Son ton était plus grave, il avait repris son sérieux.

— Oui ?

Un silence pesant s'installa entre nous, je savais que la communication n'était pas coupée car je pouvais entendre sa respiration. J'attendis quelques secondes et puis...

— Hakim ?

Il soupira et ne répondit pas, je ne comprenais pas trop ce qui se passait.

— Bon si t'as rien à dire je raccroche hein, m'agaçai-je.

Je patientai encore un moment, par curiosité, mais la patience était loin d'être ma vertu principale.

— Bon allez, sal...

— Attends.

Je m'interrompis, il daignait enfin prononcer quelque chose d'intelligible.

— J'ai envie de te dire un truc mais ça va pas te plaire.

Mon coeur se mit à battre plus vite, mais c'était sans doute la curiosité teintée d'une pointe d'appréhension qui l'animait.

— Dis moi. On regrette plus souvent de ne pas avoir parlé plutôt que de l'avoir fait.

Il rit de nouveau dans le combiné.

— C'est golri que ce soit toi qui dises ça.

Un point pour le mammouth.

— Hakim dis moi, j'ai pas toute la nuit.

Comme il ne disait toujours rien, je perdis patience une bonne fois pour toute, au bout d'un moment, s'il avait autant de couilles que ça, il était capable de s'exprimer comme un être humain.

— Bon j'en ai marre, salut.

— Tu me manques.

Cette fois-ci, c'est moi qui me retrouvais aphone.

Affolement à tous les étages, mon coeur, ce traitre, battait à tout rompre, mes mains étaient moites et mon cerveau affichait un message d'erreur.

J'étais incapable de dire quoi que ce soit, alors, terrifiée, je fis la première chose qui me passait par la tête, je jetai mon portable à l'autre bout de la pièce.

Il explosa sur le parquet.

J'avais paniqué.

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