Chapitre 23 « Bsahtek l'ambiance entre vous »
Nous étions arrivés chez Clem depuis à peine une quinzaine de minutes et la maison ressemblait déjà à un immense squat. Il n'y avait que quatre chambres qui avaient respectivement été attribuées à Clem et Ken, 2Zer et Judith, Camille qui acceptait de partager son lit avec Sneazz et Lucie et moi. Autrement dit, les frères Akrour et Doums dormiraient dans le salon.
Fram avait déjà commencé à étaler tous ses vêtements un peu partout, Doums fumait son troisième joint et Hakim et Ken se marraient comme des baleines pendant que Clem aidait tout le monde à s'installer.
— Ça a été le voyage avec Mek' ?
Je levai les yeux au ciel, elle essayait de me tirer les vers du nez.
— Oui, répondis-je simplement.
La jeune femme m'adressa un regard perçant et je l'ignorai. De toutes façons il n'y avait rien à raconter.
Une fois mes affaires déposées, j'enfilai un legging et un débardeur et partis à l'extérieur pour m'étirer. J'avais bien trop de courbatures.
Ken et Hakim sortirent alors que j'étais au milieu de ma séance de travail au sol.
— T'es vla souple, me dit le grec.
Sans blague. C'était mon métier d'être souple.
Je ne répondis pas et poursuivis mon entraînement sous le regard des deux rappeurs.
— T'es obligée de faire ça tous les jours ? demanda encore Ken.
Il était vraiment d'une curiosité maladive, lui ou sa fiancée, c'était le même problème.
— Je ne suis obligée de rien, Ken, mais je crois que t'es bien placé pour savoir que si on ne travaille pas dur, on ne sort jamais de sa médiocrité.
Hakim plia les lèvres, et sur le coup, cela m'exaspéra. Je me levai.
— C'est dingue tu fais tout le temps ça, fis-je en l'imitant, t'es au courant que ça veut rien dire ?
Il reproduisit exactement la même moue. Ken éclata de rire. J'inspirai profondément, c'était ridicule d'être agacée pour si peu.
— Bsahtek l'ambiance entre vous, plaisanta Ken.
— Selmek, répondis-je froidement, allez je vais prendre une douche.
Je passai à côté d'eux en fusillant Hakim du regard.
Pourquoi m'étais-je subitement énervée contre lui ?
C'était vraiment bizarre, j'avais envie de lui sauter dessus à tout moment, simplement parfois c'était pour l'égorger comme un mouton, d'autres fois c'était pour l'embrasser.
Sortant de la douche, je m'enroulai dans une serviette et quittai de la salle bain qui donnait sur notre chambre avec Lucie.
À peine avais-je eu le temps de mettre mes sous-vêtements qu'un grognement désagréable retentit derrière moi.
Je fis volte-face.
Creed.
Le chien me détaillait d'un air mauvais, je jetai un coup d'œil à la porte, réalisant que je l'avais laissée entrouverte.
— Dégage, fis-je.
Il aboya bruyamment et se remit à grogner.
Putain, mais ce chien était encore plus con que son maître !
Je tentai de le chasser avec ma serviette, mais il s'en saisit et tira violemment dessus avec sa mâchoire, me l'arrachant des mains.
Ok super.
Il n'y avait plus qu'une solution.
— HAKIM !!!! hurlai-je alors que le chien se remettait à aboyer.
Je commençai à être vraiment peu rassurée, si ces chiens étaient classés dangereux ce n'était pas pour rien. Pétrifiée, je n'osai plus rien faire alors que la bête s'approchait de moi en grognant.
— Creed, au pied.
En un instant l'animal se désintéressa de moi et s'en fut vers son maître qui venait d'apparaître dans l'encadrement de la porte.
Je soufflai de soulagement. Mais pas pour longtemps car la panique fut remplacée par l'énervement.
— Non mais ça va pas d'avoir ramené un monstre pareil ? T'as envie que l'un de nous se fasse tuer ou quoi ? Putain mais il a failli me sauter à la gorge ! vociférai-je en me dirigeant vers le rappeur.
Hakim resta étonnamment calme, laissa le chien dans le couloir et referma la porte derrière lui.
— C'est chelou, mais y'a qu'avec toi qu'il a un problème, murmura-t-il en me dominant de sa hauteur.
Je déglutis et lui lançai un regard assassin.
— Non mais tu te rends compte ou pas ? J'aurais pu mourir à cause de ton putain de clebs ! Ou pire ! Perdre un bras ou une jambe.
Le rappeur sourit de toute ses dents.
— Ça te fait rire sale hmar !?
Un hochement de tête et un sourire plus large encore me répondirent et je tendis le poing pour lui asséner un coup dans l'épaule, mais il saisit mon poignet au vol.
— T'es bandante quand tu t'zehef à moitié à poil Namira.
Mes yeux se baissèrent alors sur ma tenue.
Ah oui.
J'avais complètement oublié que j'étais en sous-vêtements. Une vague de chaleur submergea mon corps quand je pris conscience que le regard d'Hakim avait pris une lueur beaucoup plus carnassière.
J'entendis le verrou se fermer et remarquai sa main posée sur la clé.
Alors là sûrement pas, c'était la pire idée du siècle. Je lui tournai le dos pour aller chercher des vêtements propres dans mon sac.
— C'est pas le moment Hakim, tout le monde est en bas, si Lucie monte, elle...
Ma phrase se perdit dans un gémissement quand les lèvres du Kabyle se posèrent sur la peau de mon cou. Ses mains puissantes saisirent mes hanches et plaquèrent mes fesses contre lui.
Ah, bon. Il n'avait pas lancé sa phrase au hasard.
Je perdais les pédales à mesure que ses mains parcouraient ma poitrine et que ses dents attaquaient la peau délicate de mon cou.
— Tu montres les crocs, Tigrou ? lui dis-je en me retournant brutalement face à lui.
Son stupide maillot du PSG atterrit sur le sol. Une brûlante lueur de défi dansait dans ses yeux, la guerre pouvait commencer.
Et c'était moi qui donnait l'assaut en comblant l'espace entre nos bouches qui n'attendaient que ça.
Comme la première fois, rien n'aurait pu arrêter nos gestes effrénés et notre violent appétit pour le corps de l'autre.
Ma conscience me haïssait, contemplant désabusée le spectacle de notre échange fiévreux.
Hakim se détacha de moi brusquement et quitta la pièce en un éclair avant de revenir une demie minute plus tard avec un préservatif.
— Sont tous partis, grogna-t-il en s'asseyant sur le lit.
À ce moment précis, c'était le cadet de mes soucis, il dut le lire sur mon visage, car, saisissant mes hanches, il me ramena violemment sur lui.
Hakim et Maya, Round 2.
C'était comme si tous nos démons se rencontraient en même temps que nos corps s'unissaient.
Violent, excitant, jouissif.
Il ne me fallut pas longtemps pour que j'explose entre ses bras.
— Putain de merde, lâcha-t-il une poignée de minutes plus tard.
Mon rythme cardiaque affolé, je m'effondrai sur le lit en haletant bruyamment.
Lui-même était à bout de souffle quand il se laissa tomber à côté de moi.
Plusieurs minutes s'écoulèrent, durant lesquelles seules nos respirations troublèrent le silence.
— T'as pas grand chose pour toi Tigrou, mais t'es un putain de bon coup, lâchai-je finalement.
Il tourna son visage vers le mien, l'air un peu surpris.
— Ça va t'es pas mauvaise non plus.
Je lui souris, le simple fait qu'il ait voulut reproduire l'expérience avec moi m'assurait que je n'avais pas de souci à me faire à ce niveau là. Ce n'était pas le genre de type qui s'encombrait.
— Tu vois, souffla-t-il, c'est c'que j'disais avec les kebab et les cathédrales.
J'explosai de rire contre l'oreiller, c'était vraiment la pire métaphore du siècle
— Bon, on bouge ? Ils sont partis où les autres ?
Hakim plia les lèvres et je manquai de lui coller une baffe.
— Avant qu'tu gueules sur Creed ils parlaient d'aller faire les courses. Veulent faire un barbeuc ce soir.
Je me levai et m'habillai rapidement, Hakim enfila seulement son caleçon et quitta la chambre.
Il n'y avait effectivement personne en bas, je me demandais comment, faire les courses à neuf, avait pu leur apparaître comme une bonne idée mais ne me formalisai pas, ils étaient tous tellement bizarres.
Je m'installai devant la télé, ramenant mes jambes contre moi. Quelques minutes plus tard, Hakim reparut, lavé et changé. Il s'affala à côté de moi, son regard sombre à moitié dissimulé par la visière de sa casquette.
— T'arrives à voir quelque chose ? le chambrai-je.
Ce mouvement de bouche. Je lui décrochai un coup de pied dans la cuisse. Ni une ni deux, il passa son bras autour de ma jambe pour la maintenir. Je ne bronchai pas.
Un feuilleton débile s'agitait à l'écran mais je m'en souciais peu. Bizarrement je me sentais plutôt bien contre Hakim.
Soudain mon portable vibra et je le dégainai de ma poche.
C'était une photo, et mon sang ne fit qu'un tour.
Clem : Je te cite : « On s'aime pas c'est tout.»
Un éclat de rire que je commençais à bien connaître résonna dans le couloir et Clem apparut dans le salon.
— Désolée j'ai pas pu résister, rit-elle, je me suis levée de ma sieste et je vous vois comme ça. Trop mignons.
Hakim se leva brusquement.
— Creed ! appela-t-il.
Le staff accourut et son maître saisit sa laisse avant de claquer la porte derrière eux.
— Oups, fit Clem avant d'éclater de rire à nouveau.
Non mais quelle peste.
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