Chapitre 2 « On va te ramener »
— Salut, fit à son tour la fille, Je m'appelle Clem, et les deux abrutis qui t'ont renversé c'est Hakim et Ken, enfin tu les as peut-être reconnus.
Reconnus ? Comment aurais-je pu reconnaître des inconnus ?
— Menteuse, tu t'appelles Clémentine, assume ! railla son copain.
Elle lui présenta son majeur et il lui pinça la joue en souriant. Ces deux là avait l'air d'un couple absolument insupportable.
Je détestais les couples, je détestais l'amour de manière générale, sauf dans les ballets.
Le barbu, Hakim, comme l'avait appelé Clem, avait l'air totalement blasé par ce qui se passait autour de lui.
— Bon, reprit Clémentine, comment tu t'appelles ? Apparement t'avais pas tes papiers d'identité sur toi. Il y a quelqu'un à prévenir ?
Je me raclai la gorge, heureuse qu'on me laisse en placer une.
— Je m'appelle Maya Courtois, j'aimerais bien rentrer chez moi.
À ce moment là, une infirmière entra dans la pièce. Elle s'arrêta net devant le plus petit des deux gars.
— Nekfeu ?
Je ne comprenais absolument rien. Le type hocha la tête.
— J'adore ce que tu fais, dit l'infirmière, Cyborg wahouuu quoi !
Je commençais à me demander si je n'étais pas simplement devenue folle en prenant un coup sur la tête. Cette situation n'avait aucun sens.
— C'est cool merci, répondit Ken.
— On peut faire une petite photo ?
Il hocha la tête et l'infirmière tendit à Clémentine son téléphone portable. Elle se colla ensuite au brun comme s'ils étaient ensemble depuis des années. Je remarquai que Clem tiquait ce qui semblait amuser son copain.
Quand la photo fut prise, l'infirmière parut se rappeler de sa raison d'être dans la pièce et s'approcha de moi.
— Bonsoir Mademoiselle. Le médecin est passé il y a une demie heure, vos radios ne montrent aucune fracture. Faites simplement attention à votre cheville droite, il ne faut pas forcer dessus.
Je fronçai les sourcils, pour danser, j'avais besoin de toutes mes articulations.
— Je suis danseuse.
L'infirmière me toisa un instant.
— Pendant une quinzaine de jours, gardez un rythme léger.
Ben voyons, il n'en n'était pas question. Quinze jours c'était justement le temps qui me restait comme doublure, le temps de faire mes preuves. Tant pis pour ma cheville, elle prendrait une pause quand j'aurais été promue étoile.
Les trois jeunes gens discutaient à voix basse tandis que l'infirmière me libérait de ce lit d'hôpital. Elle me tendit mes affaires
— Ça vous dérange de sortir pendant que je m'habille ? demandai-je, de plus en plus agacée par le petit groupe.
Avant qu'ils n'aient eu le temps de faire quoi que ce soit l'infirmière se tourna de nouveau vers moi.
— Ah au fait! Vous ne pouvez pas quitter l'hôpital sans qu'on vous ait enregistrée dans les fichiers. Vous n'aviez pas votre carte vitale, il faut que quelqu'un vous l'apporte.
Je fronçai les sourcils, n'ayant pas pensé à tout ça.
— Je ne peux pas repasser demain avec ?
L'infirmière secoua la tête.
— Non, Enfin vous pouvez partir mais il faut payer les frais d'hospitalisation et sans carte vitale ça risque de vous coûter un bras.
Je consultai mon portable, il était 3h du matin, je devais être à l'Opéra à midi pour répéter. Je réfléchis rapidement à quelle personne j'aurais pu appeler pour m'apporter mes papiers. Quelle idiote d'avoir laissé mon portefeuille chez moi.
Ma mère n'était pas à Paris, Lucie, ma meilleure amie devait dormir à poings fermés, comme à peu près les trois quarts de mes amis.
— Je peux passer chez toi si tu veux, me proposa Clémentine qui avait perçu mon embarras.
— Non c'est bon merci. Je vais payer, tant pis.
La jeune femme parut contrariée par ma réponse, un pli se forma sur son front et elle se retourna vers ses deux compères.
— J'espère que vous n'allez pas la laisser payer pour votre connerie. Maya, ces deux imbéciles vont régler les frais, c'est la moindre des choses.
Celui qui s'appelait Ken lança un regard interrogateur à son pote et tous deux acquiescèrent.
— Non mais laissez tomber, je veux juste rentrer.
Ma seule obsession était d'avoir suffisamment de sommeil pour pouvoir performer le lendemain.
— Discute pas, trancha Ken, On t'a mise dans la demer, on t'en sort c'est tout.
Dans la quoi ?
Après tout, il fallait que je sorte d'ici, le plus simple, c'était de me plier à leur volonté pour qu'ils me lâchent le plus vite possible.
— Ok, concédai-je.
Un sourire satisfait naquit sur les lèvres de Clémentine. Son copain m'adressa un signe de tête et l'autre ne broncha pas. Il avait l'air d'avoir autant envie de se tirer d'ici que moi.
Après être passés à l'accueil pour payer, signer une décharge et récupérer une ordonnance, nous sortîmes dans la rue et la fraîcheur de la nuit printanière m'aéra les méninges.
— On va te ramener, pas vrai Hakim ?
Le ton de Clémentine, bien qu'interrogatif, ne semblait tolérer aucune réplique. Pourtant, je lisais dans son regard une certaine incertitude quand elle s'adressait à lui. Il l'impressionnait.
— Ouais, lâcha ce dernier.
— Non non, répondis-je, je rentre à pieds.
Clem eut un petit sourire et jeta un regard entendu à Ken. Ce dernier lui adressa un regard tendre et je levais les yeux au ciel. Je n'allais pas les supporter longtemps.
— En fait t'as pas le choix. T'habites où ? demanda Ken
— Dans le 9ème, rue Lafayette.
Hakim qui ne disait rien, eut un petit haussement de sourcils.
— Vers la Gare du Nord ou plutôt côté Opéra ? questionna Clémentine.
— Opéra.
La jeune brune secoua la tête et m'adressa un regard entendu.
— C'est super loin, on te laisse pas rentrer à pieds. Haks tu peux la déposer ?
— Ouais.
Elle était, comment dire... insistante.
— Je peux prendre un taxi si c'est le fait que je rentre à pieds qui vous inquiète.
Ken leva à son tour les yeux au ciel.
— Putain mais c'est bon, on a une tchop t'en as pas, on te dépose c'est tout.
Tchop ? Voiture sans doute. Je ne comprenais rien à son argot. Ces gens étaient vraiment du genre collant. Seul le dénommé Hakim semblait avoir hâte de rentrer chez lui.
— Allez ! m'intima Clémentine, Ils te doivent bien ça.
Ni une ni deux, elle m'entraîna vers le parking de l'hôpital. J'étais de plus en plus agacée, non seulement par le fait de n'être toujours pas tranquille, mais également par la douleur légère que je ressentais en marchant.
Si Solange se rendait compte que j'avais une cheville fragile, j'étais bonne pour attendre un an avant de pouvoir à nouveau remplacer une étoile sur scène.
Hakim actionna sa clé de voiture et les avertisseurs de la BMW qui m'avait percutée quelques heures plus tôt clignotèrent.
Il s'installa au volant, Ken sur le siège passager et Clem s'engouffra à l'arrière en me faisait signe de la suivre.
— Tu verras Maya, on est mieux dans la voiture que dessous, plaisanta-t-elle.
Son copain rit et les yeux d'Hakim se plissèrent tandis qu'il ébauchait un sourire.
— Très drôle, soufflai-je en m'installant.
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