Chapitre 3-2

*Version non corrigée*





Malgré mon envie de plus en plus impérieuse de lui faire disparaître son petit sourire supérieur à coup de poings, je devais bien admettre que c'était logique. Quelle raison aurait-elle eu de me mentir maintenant que j'avais accepté de l'accompagner ? Si elle détenait Cassie pour me contrôler, elle me l'aurait effectivement fait savoir avant.

Mon inquiétude se dissipa légèrement. Elle devait sûrement être encore engluée dans les problèmes innombrables et interminables de son frère et avait simplement oublié de me prévenir. Je décidai donc de cesser de me tourmenter avec ça pour le moment et de me concentrer sur le problème actuel.

— Très bien, allons-y ! lui dis-je d'un ton que j'espérai aussi chaleureux que le sien, tout en vérifiant que j'avais bien fermé la porte à clé. Comment vous appelez-vous au fait ? lui demandai-je, lorsque je me rendis compte que je ne connaissais toujours pas son prénom !

— Est-ce vraiment si important ? Nous perdons un temps précieux à bavarder inutilement.

— Très bien. Si vous préférez que je vous appelle Blondie...pas de problème !

— Je m'appelle Hannah, finit-elle par maugréer sans se retourner, avant de se diriger comme une furie vers les escaliers, visiblement piquée au vif par ma réplique.

— Enchantée Hannah, lui répondis-je d'un ton sarcastique en essayant de ne pas rire. Moi c'est Christina.

— Je sais.

Évidemment ! Puisqu'elle connaissait mon adresse, elle connaissait forcément mon nom. Le manque de sommeil me rendait vraiment « blonde » parfois !

Le trajet s'effectua en silence. Nous quittâmes Détroit en direction de l'ouest et arrivâmes assez rapidement en pleine campagne. Nous traversâmes plusieurs petits bleds qui se ressemblaient tous et semblaient avoir pour mot d'ordre commun, abandon et ennui. C'était assez déprimant. Cela ajouté à cette mâtinée d'automne morne et grise et mon humeur sembla sombrer dans un puits sans fond.

Au bout d'environ trois quarts d'heure de trajet silencieux, Hannah me fit tourner à droite sur une petite route qui n'avait de route que le nom et tenait plus du chemin de traverse. J'émis une prière silencieuse au dieu de la mécanique pour que ma veille guimbarde reste entière malgré les nids de poules et les cailloux de tailles diverses et variées qui parsemaient le chemin.

Nous finîmes enfin par arriver, passablement secouée, en vue d'une imposante maison en bois qui aurait pu paraître opulente si elle avait été mieux entretenue et pas aussi isolée.

Elle avait l'air d'avoir été construite au milieu de nulle part et trônait seule, à l'orée d'une forêt. Le reste du paysage alentour se résumait à des kilomètres et des kilomètres de champs à perte de vue. Perdu était le mot qui convenait pour décrire ce coin de nature. Pourtant cet endroit avait quelque chose de chaleureux et d'accueillant que je ne pouvais pas m'expliquer.

Hannah sortit de la voiture et se dirigea vers la maison, sans se préoccuper de savoir si je la suivais ou non. Je lui emboîtai le pas et attendis qu'elle frappe à la porte. Je ne sais pas à quoi je m'attendais, mais en tout cas pas à ça ! Une petite flèche blonde jaillit d'entre les jambes d'un homme d'un certain âge et vint se jeter en riant dans les bras d'Hannah. Celle-ci se releva, l'enfant dans les bras, comme si elle ne pesait rien.

— Que fais-tu ici petit monstre ? Tu devais rester en sécurité avec les autres.

Son ton était chaleureux et empreint de gentillesse quand elle lui répondit en lui ébouriffant les cheveux, un sourire doux sur les lèvres.

— Tu me manquais et j'étais inquiète pour toi, lui répondit la fillette qui se blottit contre elle avec un petit soupir d'aise.

— Voilà, je vous l'ai amenée comme vous me l'aviez demandé, dit-elle à l'homme qui se tenait devant elle.

Sa voix et son visage avaient repris leur froideur et leur impassibilité coutumière et elle se tenait très droite dans une posture figée, un peu comme si elle était au garde à vous, malgré le petit bout de chou qui s'agrippait à elle.

— Maintenant, je doute qu'elle puisse nous être d'une aide quelconque ou même si elle en aura envie. Sans compter que je persiste à croire que vous nous mettez tous en danger !

Elle se tourna légèrement vers moi et me fixa d'un regard qui suintait la désapprobation, avant de reporter son attention sur son interlocuteur. 

— Je connais ton opinion et toi la mienne. Maintenant que tu as fait ton devoir, va...et laisse-moi faire le mien, lui commanda-t-il d'un ton froid et sans réplique.

— Bien.

Puis sans un mot de plus, elle disparut avec l'enfant à l'intérieur de la maison. Je restai un instant interdite, surprise de la voir capituler aussi rapidement. À sa décharge il fallait avouer qu'il n'avait pas l'air commode. Je déglutis et me demandai pour la énième fois ce que je faisais là et à quelle sauce j'allais être mangée.

L'homme attendit qu'Hannah eut fini de disparaître à l'intérieur de la maison avant de se tourner vers moi...une expression totalement différente sur le visage. Un peu comme s'il venait d'enlever un masque ou de le mettre d'ailleurs ? Son visage s'adoucit et se fendit d'un sourire chaleureux alors qu'il s'avançait et descendait les quelques marches du perron d'une démarche souple et énergique, pour venir me serrer la main.

Au moment où je la pris, une douleur aiguë me traversa, comme une décharge d'électricité statique, pour finir sa course dans mon cerveau où elle sembla éclater comme un feu d'artifice, qui me fit chanceler. Je ne retirai pas ma main pour autant et continuai à serrer la sienne comme si de rien n'était, espérant que ce petit incident, que je ne m'expliquais pas, était passé inaperçu. Sa poignée de main était ferme et douce à la fois et rien dans son regard, qui ne m'avait pas lâché tout le temps que celle-ci dura, ne montra qu'il s'était rendu compte de quoi que ce soit d'inhabituel.

— Je vous remercie d'être venue et je vous en prie ne soyez pas inquiète, me dit-il devant mon air méfiant et égaré. Je me doute que tout cela doit vous paraitre bien étrange (ça oui tu n'as pas idée !). Mais venez, entrez. Ne restons pas dans le froid et allons-nous installer plus confortablement pour discuter.

Je restai un instant sans bouger. Le suivre à l'intérieur de cette maison lugubre...était-ce vraiment une bonne idée ? Oh et puis zut, maintenant que j'étais là, autant aller jusqu'au bout ! Je n'étais pas venue jusqu'ici pour rester sur le pas de la porte. Il me laissa passer le seuil en premier comme un vrai gentleman et pour m'inciter à m'avancer un peu plus avant dans le vestibule spacieux, me poussa doucement d'une main qui effleura le creux de mon dos.

Au moment où j'allais m'offusquer de ce geste un peu trop intime à mon gout, une autre attaque de migraine me prit au dépourvu. Je tentai de retenir mon grognement de douleur instinctif et fermai les yeux quelques secondes. Mon hôte se tourna brièvement pour m'observer, puis à nouveau sans faire le moindre commentaire, me conduisit dans un salon situé à gauche de l'entrée et d'un style complètement opposé à celui-ci.

C'était une pièce immense et très haute sous plafond. Une grande cheminée d'allure rustique, qui ne correspondait pas vraiment au style de la maison, occupait le mur de droite tandis que les deux autres murs étaient percés de nombreuses fenêtres qui laissaient entrer la lumière. Trois canapés en bois brut disposés en U entouraient une table basse en chêne et faisaient face à la cheminée, le tout posé sur un immense tapis en laine blanc. Le reste de la pièce était meublé de plusieurs bibliothèques ainsi que de quelques fauteuils à l'air confortable. Cet endroit dégageait une impression de calme et de sérénité avec ses tons à dominante de blanc cassé, agrémentés çà et là de quelques touches de lavande et de rose pâle...cela aurait beaucoup plu à Cassie.

Le fait de penser à elle me ramena brutalement sur terre et j'arrêtai de m'extasier sur la déco pour me concentrer sur l'instant présent. L'homme, dont je ne connaissais toujours pas le nom, me fit signe de prendre place dans l'un des sièges avant d'en faire autant dans celui situé en face du mien. Une fois assise je me rendis compte que mon mal de tête s'était atténué, sans pour autant disparaitre comme les deux fois précédentes. Une sorte de bourdonnement sourd, bien plus puissant que ce que je ressentais habituellement, raisonnait sous mon crâne m'empêchant de réfléchir correctement. Au prix d'un grand effort de concentration, je tentai de passer outre et de canaliser mon attention défaillante sur mon interlocuteur. 

— D'abord permettez-moi de me présenter. Je m'appelle Charles Moore et je suis (Il s'interrompit, semblant chercher ses mots, comme s'il avait peur que je ne comprenne pas ce qui allait suivre). Comment pourrais-je dire pour que vous compreniez bien...le chef de cette communauté.

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