Je repris mes esprits, le verre venait de heurter le sol. J'étais pétrifiée et horrifiée. Je venais de voir deux yeux rouges, dans cette forêt, assez éloignés de moi. Ces deux lueurs rougeoyantes se rapprochaient. Lorsqu'elle fut assez proche je revins à la réalité. Ces souvenirs étaient sans doute ceux de cette nuit là.

Je secouais la tête, je devais finir le boulot. Je ramassais les débris de verre qui jonchaient le sol. J'avais promis à ma sœur de filer un coup de main. Je pris un nouveau verre, je le remplis, le tendis au jeune homme et lui tendis le lecteur pour le paiement. Au loin je vis cette fille et ce garçon se disputer puis se réconcilier en un tendre baiser. Je les regardais tristement, sentant le grand vide que mon ex avait laissé en moi. Je sentais cette solitude sentimentale me peser de plus en plus. Je pouvais voir ma vie, aussi morose soit-elle, me glisser entre les doigts.

Lucas m'avait quitté pour commencer sa nouvelle vie. Il était partit faire des Erasmus, apprendre les langues étrangères pour son commerce. Mon ex réside maintenant dans un charmant quartier coloré de Cordoba. Je voyais toujours ses photos sur instagram. Je n'arrivais pas à l'oublier. Il était également mon premier amour. Le premier que j'ai aimé au point de tout donner. Lucas était partie en emportant une partie de moi et en brisant mon cœur en quelques milliers de morceaux. Je l'aimais éperdument et je l'aimerais toujours, malgré le temps qui s'écoule.

Je cicatrisais de ses blessures avec le temps, mais je ne me sentais pas prête pour aimer une autre personne. L'affection me manquait beaucoup, même si je m'étais habituée. Lucas laissait un gros vide dans mon cœur et dans ma vie. Mais la vie continue et je m'en remettrais. Un jour je trouverais le bon, celui qui m'apportera tout le bonheur et l'amour que je mérite.

Pendant que le jeune homme payait, une petite perle salée roula sur ma joue, signifiant que la douleur était toujours présente. Je m'empressais de l'essuyer du revers de ma manche. Le jeune homme partit, avec son verre, rejoindre son groupe d'amis.

Dans cette salle, remplie de jeunes gens qui ont plus ou moins mon âge, je me sentais ailleurs, si différente. Je regardais ces jeunes danser, en groupe ou en couple, ils semblaient si libres, si heureux et si souriants. Dans quelques instants je devrais activer les lanceurs de mousse et les bulles avec une petite manette cachée sous le comptoir. Ma meilleure amie était au loin avec le groupe, elle prenait sa pause avec eux.

J'avais bien remarqué que notre cher camarade Amaury lui faisait de l'œil. Il y a des regards qui ne trompent pas. Et je n'allais pas la blâmer pour ça. Elle devait saisir sa chance. Je tâcherais de lui dire. Elle me lança un regard et je lui souris en retour. J'avais envie de les rejoindre mais j'étais la seule derrière le bar à faire le service. Les deux autres barmaids étaient dehors pour fumer leur cigarette ou simplement prendre l'air, après tout je ne savais pas trop. Je ne les connais pas vraiment et elles ne sont pas le genre de filles que j'apprécie, un peu narcissiques et superficielles à mon goût, même si, du peu que j'ai discuté avec elles, elles ont l'air assez sympathique.

Je détournais le regard, cherchant des yeux le DJ pour savoir s'il était temps d'enclencher cette petite manette. Il me fit un signe de tête et je tirais la gâchette vers moi. La mousse tombait des gros tuyaux. De grosses bulles se joignirent à la mousse qui venait de se poser sur le sol, se posant au passage sur toutes les personnes se trouvant dans la boite. Tout le monde était trempé de la tête aux pieds. Moi y compris.

On ne se voyait plus, la piste était pleine de mousse blanche et des bulles volaient un peu partout. Je cherchais ma meilleure amie du regard, fort heureusement elle était toujours à porté de vue, même si je peinais à la voir avec cette mousse. Après tout nous devions faire attention, nous ne sommes pas à l'abri de quelques danger comme la drogue et le viol. Je devais donc faire attention à elle, même si Amaury n'avait pas l'air d'être un gars de ce genre.

En regardant dans sa direction je remarquais que l'ami d'Amaury me fixait en souriant, je lui rendis son sourire. Il se levait de son siège et marchait dans ma direction, tout en me lançant à nouveau un de ces sourires. Je lui servis un verre pour faciliter la conversation. Après tout il allait être dans notre classe cette année donc autant le mettre à l'aise, même si je dois l'avouer, il était légèrement étrange ou sociable. Les filles revenaient lentement de pause et s'installèrent derrière le comptoir, à mes côtés.

- Salut, tu n'as pas l'air en forme. On dirait que tu es ... Préoccupée. Me dit-il en faisant la moue.

- Si si tout va bien, c'est juste que je m'ennuie un petit peu et je ne peux pas trop profiter de la soirée. Lui répondis-je.

Il prit de la mousse avec sa main et me l'étala en pleine tête. Je fus prise d'un fou rire et je l'imitais. Je pris également de la mousse dans la mienne et l'écrasais dans ses cheveux. Il fut assez choqué de mon geste et fit une triste mine. Je lui sourie et lui tapota l'épaule.

- Ne t'en fais pas, tu t'en remettras. Lui lançais-je

Il fit mine de bouder. Je sentais un regard sur moi. Je tournais la tête et vit que Sharone, la copine de Malakai, nous regardait froidement. Elle se leva et avançait, d'un pas lourd et déterminé, dans notre direction. Mon sourire disparu. Pourvu que je n'ai pas créé une dispute entre eux, me dis-je.

J'étais inquiète pour lui. Je voyais dans le regard de cette fille, qu'elle n'avait pas de bonnes intentions à son égard, qu'elle n'était pas très contente, ce que je comprends, je n'apprécierais pas de voir mon copain roucouler avec une autre fille. Je ne sais pas ce qui m'a prit de rentrer dans son jeu. Je m'éloignais, pour les laisser discuter, en privé. Au loin je voyais que le ton montait des deux côtés. Le DJ coupa la musique pour laisser la foule hurler les paroles. Il y eu un petit temps avant que la musique reprenne et pendant ce temps je pu entendre Sharone hurler. Elle venait de larguer Malakai car selon elle, elle n'avait plus de sentiments pour lui et qu'elle en a prit conscience en nous voyant tout les deux mais que pour elle c'était un manque de respect d'être aussi proche d'une autre fille qu'il connait à peine.

Ça me blasait de le penser mais elle avait raison, je culpabilisais vraiment et je pensais, avec certitude, être la raison de cette soudaine rupture. Je me sentais gênée et mal à l'aise. Je retournais à mon poste, après tout c'était ce qu'il y avait de mieux à faire. Je devais servir une bouteille de Belvedère à la table VIP. A mon retour au bar, Malakai était la, assit sur un des tabourets, il me fixait, je sentais une once de culpabilité et de tristesse dans son regard. Il fronçait les sourcils et haussa les épaules, comme pour s'excuser de tout ceci.

- Désolé que tu aies tout entendu. Sharone et moi ça n'allait plus depuis un bon bout de temps. On n'arrêtait pas de se disputer pour un rien. On se voyait plus tellement. Tu n'y es pour rien, j'ai vu ton regard et je t'assure que ça n'allait plus, bien avant ce soir. Elle n'avait plus de sentiments et je le savais depuis un moment. Mais je me voilais la face car après tout ça faisait trois ans que nous étions ensemble. On voulait savoir où nous en étions dans notre relation et cette soirée nous a bien aidé. Nous étions un peu perdu dans nos sentiments, sûrement le cap des trois ans. Au moins maintenant nous savons que l'on n'était plus fait pour être ensemble, il n'y a ni bon ni mauvais dans cette histoire. Ce sont les aléas de la vie malheureusement. Je sais que moi non plus je ne ressens plus grand-chose pour elle. Je ne peux pas dire que je ne l'aime plus car on est resté longtemps ensemble mais ce n'est plus pareil, je ne ressentais plus de manque. Le mieux pour nous était de tout arrêter plutôt que de se faire souffrir mutuellement.

- Je comprends mais ce qu'il s'est passé a un accéléré les choses et je n'aurais pas du faire ça, en quelque sorte j'ai joué un rôle. Je suis désolé, vraiment, je me sens un peu coupable tout de même. Lui répondis-je d'un air compatissant mais triste en fronçant les sourcils et en bougeant faisant la moue.

- Pas du tout ! j'y songeais depuis quelques jours déjà et pour moi tout étais clair dans ma tête, il fallait que j'arrête tout, seulement je ne savais pas comment m'y prendre. Il fallait mieux en finir tout en restant en bon terme plutôt que l'un souffre plus que l'autre. J'ai pu avoir le courage de le faire ce soir. Amayah tu n'as pas à te sentir mal pour moi. Ma décision était prise depuis deux jours. Me dit-il en me tendant la main, comme signe de trêve.

- C'est vrai que c'était le mieux à faire et j'espère que vous ne m'en voulez pas. Je serrais sa main en lui souriant.

Il n'eu pas le temps de répondre que Sharone vint vers nous accompagnée de Melissa. Sharone prit la parole. Son expression du visage avait changé, elle semblais apaisée.

- Amayah, Melissa et moi nous allons rentrer, je suis un peu fatiguée. Nous voulions te dire au revoir et sans rancune.

- Sharone, je suis désolée pour toi et Malakai.

- Il n'y a pas de mal ne t'en fais pas, ça m'a donner le courage de dire ce que j'avais a dire. C'est comme ça. Tu n'y es pour rien. J'ai donné mon numéro à Kayla, on se recontactera et on se reverra si tu le souhaites, bonne soirée à vous, à plus tard.

Elles nous firent la bise et partirent. Quelques minutes après, Kayla nous rejoint et Malakai partit rejoindre son meilleur ami, tout en me souriant. Il se faisait tard ou tôt, tout dépendait de la façon dont nous voyons les choses, la soirée touchait à sa fin, il restait encore quelques personnes. Je partis, avec un plateau, chercher tout les verres vides, traînant sur les tables non occupées, quand Tout à coup nous entendions un gros bruit, comme si une fenêtre venait de se briser. Stacy courra instinctivement, vers le couloir d'où venait le bruit et revint, affalée. Je posais mon plateau pour l'écouter.

- Les filles ! La fenêtre de l'entrée à été brisée et Garry est inconscient !

Ayant fait quelques stages de secourisme je partis voir Garry, le vigile. Je le mis en Position Latérale de Sécurité et j'appelais le SAMU.

Je laissais Stacy attendre le SAMU, avec Garry toujours inanimé, allongé sur le sol.. Puis repartis m'occuper des jeunes, faisant toujours la fête. J'observais toutes les personnes présentes et alcoolisées pour la plupart. Tout semblait bien aller. Je vis une ombre passer parmi tous ces jeunes. Cette ombre était si rapide qu'il m'était impossible d'en deviner qui c'était. Je cherchais du regard sa provenance et sa correspondance et plus rien.

Je me tournais, sentant une présence. Une étrange créature de plus de deux mètres se tenait, debout, sur deux pattes, devant moi. Je retins mon souffle quelques secondes et reculais de quelques pas. Mon cœur avait raté un battement et accélérait de plus en plus, tant la peur me prenait. Qu'est ce que c'est que cette chose ? Elle se rapprochait de moi, de ces yeux rouges et j'eu comme un flash. Je me souvins de cette absence de début de soirée, de ce souvenir qui était remonté.

Les mêmes yeux. Et si c'était ça la cause de l'accident. J'étais prise d'une telle terreur que mes jambes étaient flageolantes. Je ne pouvais plus les bouger. Immobile je regardais cette créature. Se fut la panique dans toute la boite. Ils courraient partout, se bousculant et piétinant les jeunes qui titubaient sans se rendre compte de ce qu'il se passait. Certains étaient dans le même état que moi. Cette créature me fixait, dans les yeux. Que cherchait-elle ? 

Je ne voulais pas être son prochain repas. Kayla sortit de sa poche son téléphone, à quelques mètres de moi et tapa un message qu'elle m'envoyait, la sonnerie se fit entendre, une musique qui signifiait SOS. Nous avions mit au point cette petite alerte quand les attaques terroristes ont commencées, signalant qu'elle avait appelé la gendarmerie. Cette créature me fixait, droit dans les yeux, elle me terrifiait. Ses yeux, de couleur sang, brillaient. Soudain ....