Chapitre 37 (partie I)

— Son frère ? Tu ne pouvais pas me dire simplement que c'était son frère ?

Croisant les bras sur son torse, Aksel m'adresse une moue désapprobatrice tandis que je fais de mon mieux pour ne pas éclater de rire. Depuis qu'il a croisé Calliste au petit-déjeuner, soit il y a maintenant une bonne heure, cette histoire de frère tourne en boucle dans notre conversation. Et il se peut que j'aie empiré la situation en ne feignant pas la surprise lorsqu'il m'a appris –ou plutôt confirmé- la nouvelle ce matin en arrivant au Laboratoire.

— Honnêtement, je pensais que tu savais, je souffle pour la quatrième fois en sept minutes.

Aksel lève un sourcil et esquisse une moue désapprobatrice.

— Avoue plutôt que ça te faisait rire de me voir tourner en rond.

Je plisse les yeux, faisant mine de chercher la réponse, avant de pencher ma tête vers la droite, un petit sourire aux coins des lèvres. Aussitôt, Aksel décroise les bras et pointe un doigt dans ma direction, l'air triomphant.

— Je le savais !

Je lève les yeux au ciel, frappant de la paume de ma main sur me font.

— Et on te surnomme « le génie du labo' », je me moque en insistant sur les guillemets.

Aksel ouvre la bouche sans qu'aucun son ne sorte, faussement outré par ma réflexion. Depuis la découverte de l'I.A qui habite dans mon cerveau, pratiquement l'intégralité de ceux au courant –soit Ethel, Calliste, Aksel, Benny et Madigan- considèrent que je suis le petit génie du Labo. 

Et étant donné que l'I.A a été conçue dans le seul et unique but d'améliorer mon intelligence déjà surdéveloppée à la base, je ne peux pas vraiment les contredire. A l'époque, l'idée semblait être la meilleure du monde. 

J'allais pouvoir connaître encore plus de choses et arrêter d'aller à l'école où les autres élèves voyaient mon avance d'un mauvais œil. Si j'avais su que suite à cela, j'allais devoir vivre enfermée dans ma propre maison pour éviter que quelqu'un n'apprenne l'existence de ma colocataire, j'aurai peut-être refusé l'expérience. 

Et aujourd'hui, disons que plutôt que d'augmenter mon intelligence, l'Intelligence Artificielle m'a plutôt permis de retrouver la majeure partie de mes connaissances. Jour après jour, je continue de redécouvrir des choses que je devais déjà avoir supposément appris. 

Et c'est frustrant. Heureusement pour moi, Aksel est devenu plutôt doué avec les mots et me permet de célébrer le retour des souvenirs comme une réelle victoire.

— Comment avance le sérum de super-mémoire ?

Je cligne des yeux avant de tourner la tête vers Aksel, qui est concentré sur plusieurs tubes aux couleurs diverses et variées face à lui. A l'intérieur, des sérums qui nous permettront, s'ils fonctionnent, de faire revenir les souvenirs des nouveaux arrivants en deux fois moins de temps. Un avantage dont nous aurions bien besoin si Ethel veut toujours aller à l'offensive maintenant que nous avons retrouvé quelques recrues supplémentaires.

— Il est hors de question qu'on l'appelle comme ça, je rétorque.

Aksel lève les yeux de sa table de travail.

— Si tu as d'autres idées, je suis toute ouïe, déclare-t-il.

Je hausse un sourcil avant de faire un pas en avant, dissimulant du mieux possible le sourire qui menace de poindre sur mes lèvres.

— Je pensais plus à quelque chose, comme Memoria Elit.

Aksel plaque une main sur son visage, étouffant un gémissement de désespoir tandis que je réprime un fou-rire nerveux. Retirant sa paume, il commence à faire les cents pas dans le Labo.

Encore ?! C'est quoi votre problème avec les noms latins ? C'est une langue que personne ne le parle et dont personne n'est sûr ni de la traduction, ni même de la prononciation ! Et pourtant, dès qu'il faut nommer un truc, paf, on sort du latin ! Quel problème vous avez avec le fr-

Les yeux du jeune homme finissent par se poser sur moi en cours de tirade et je l'entends soupirer, avant de passer une main sur son visage. De son autre main, il pointe un doigt vers moi :

— C'était une blague, pas vrai ?

J'acquiesce d'un geste de la tête avant de laisser libre court à mon fou-rire tandis qu'Aksel pose ses mains sur ses hanches tout en serrant les lèvres pour contenir son rire. Une autre chose que j'ai mis du temps à comprendre est l'aversion quasi-totale d'Aksel pour le latin. 

Hormis mon prénom qui est probablement le seul mot latin que je l'entends prononcer de façon régulière, il semble avoir traduit tous les noms d'espèces ou de sérums en français et fait mine de ne pas me comprendre quand j'utilise les termes « scientifiques ».

— Hilarant, lâche-t-il finalement lorsque je commence à me calmer.

Pointant un doigt dans sa direction, je rétorque :

— Tu sais, pour un gars qui a horreur du latin, je ne t'ai jamais entendu faire la moindre réflexion sur mon prénom.

Aksel se fige quelques secondes, avant de se ressaisir, lâcher un petit ricanement trahissant un certain malaise et lever les mains en signe de reddition. J'effectue une brève révérence avant de finalement me planter devant sa table de travail et saisir la tablette qui s'y trouve, afin de vérifier les résultats des tests que nous avions lancés la veille en attendant le retour des éclaireurs. 

De son côté, Aksel quitte la pièce quelques minutes, le temps d'aller nourrir Risu. Non pas qu'il est obligatoirement besoin de manger, mais il lui faut tout de même quelques nutriments pour garder son squelette en bon état. La technologie est trop mauvaise pour nous permettre de simplement lui « huiler les os » de temps à autre. 

J'ai à peine le temps de finir d'analyser les données que j'entends Aksel revenir au pas de course, me faisant comprendre qu'il a probablement juste lancé les graines dans la cage de l'animal sans vérifiait s'il mangeait. 

Cependant, je ne relève pas la tête, ne sachant que faire des résultats présentés. Ma grimace ne passe pas inaperçue si j'en crois le soupir plutôt bruyant de mon collègue.

— Ce n'est pas vraiment négatif...si les patients acceptent de vivre avec des migraines régulières et potentiellement violentes pour le reste de leurs vies, j'explique.

Aksel jure entre ses dents et passe une main dans ses cheveux.

— Je ne comprends pas. Je crois que j'ai essayé toutes les combinaisons possibles de produits et aucune de fonctionne sans un effet secondaire mortel ou handicapant, souffle-t-il.

Je hausse un sourcil devant sa remarque.

— Tous les handicaps ne sont pas mauvais. J'ai pu apprendre la langue des signes et honnêtement, c'est parfois agréable de juste avoir à signer plutôt que d'ouvrir la bouche pour demander des trucs.

Aksel sourit.

— Je pensais plutôt à un handicap du type « perdre l'usage de ses jambes ». Dans notre situation et avec la technologie qu'on a, ça revient à tuer la personne.

Devant cette remarque, je ne peux m'empêcher de sourire en retour.

— Ah, je ne suis pas sûre... J'imagine plutôt bien les androïdes courir après une personne en fauteuil automatique, je réplique, brisant définitivement la concentration du jeune homme qui éclate de rire pour la deuxième fois de la journée.

Une fois que le sérieux reprend le dessus, Aksel pose deux doigts sur ma tempe, m'obligeant à me raidir légèrement face à ce contact imprévu et la proximité de nos corps.

— Tu ne veux pas lui demander ce qu'elle en pense ?

Je me racle la gorge et recule avant d'effectuer un sourire désolé.

— Elle répète simplement que nous n'avons pas essayé la bonne combinaison. Ca, ou il nous manque un sérum pour stabiliser le mélange. Mais si c'est le cas...

— Il nous sera impossible de faire des sérums puisque le stabilisateur n'existe que dans les hôpitaux et seuls les androïdes connaissent les ingrédients, je sais, termine le jeune homme avec un soupir.

Je pose une main sur l'épaule du jeune homme, sentant sa frustration et sa déception face à ce nouvel échec. Il faut dire qu'après toutes les tentatives, toutes les combinaisons ratées ou potentiellement dangereuses et la pression mise par Ethel, accepter l'idée que nous ne puissions pas rectifier la situation est loin d'être facile. 

De mon côté, je préfère me concentrer sur le fait que La Cure continue de fonctionner, même si elle prend du temps, afin de ne pas perdre le moral. Et je soupçonne que mon I.A me pousse à toujours voir le positif pour m'empêcher de l'encombrer avec des pensées négatives. « Pas faux », réponds-t-elle laconiquement. 

« Ethel approche », annonce-t-elle, me faisant froncer les sourcils. De quoi est-ce qu'elle parle ? Je tourne la tête vers la porte, la main toujours sur l'épaule d'Aksel qui l'a recouverte de la sienne, me faisant frissonner. 

Du moins, jusqu'à ce que la porte s'ouvre brusquement, laissant passer Ethel et son frère, faisant sursauter Aksel tandis que je me contente d'hausser un sourcil. Ethel fronce les siens.

— Tu savais que nous venions ? demande la jeune femme, visiblement surprise.

Je me contente de tapoter ma tempe avec deux doigts jusqu'à ce qu'Ethel semble comprendre le message et acquiesce en silence. A côté d'elle, le jeune homme m'observe, sans un mot et je peux sentir Aksel se tendre à côté de moi. Ethel se racle la gorge et l'adulte à ses côtés cligne des yeux avant de se redresse légèrement, posant son regard directement sur le sol, comme s'il était gêné.

— Fel', Aks', je vous présente mon grand-frère, Evans, commence Ethel.

Aksel et moi hochons la tête, adressant un court signe de la main au jeune homme, qui nous imite. Finalement, Aksel brise le silence :

— Si je peux demander, tu as quel âge ? Parce que tu n'as pas vraiment l'air d'avoir vingt ou vingt-cinq ans.

Evans sourit.

— Trente-quatre. Et pour répondre à la question que tu voulais vraiment poser, la seule raison pour laquelle je ne suis pas mort, c'est parce que l'androïde qui gardait notre étage a refusé d'obéir aveuglement à R.O.B et a choisi de nous protéger du mieux qu'il a pu. Si nous sommes ici aujourd'hui, c'est parce qu'il a été repéré. Il nous a poussés dehors à temps, la prison a été bombardée à peine une heure après. Et d'après ce que je comprends, nous sommes probablement les seuls adultes restant, explique le jeune homme devant nos regards ahuris.

Reprenant mes esprits rapidement, je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire triomphant.

— Je savais que tous les robots n'étaient pas mauvais, je m'exclame.

Evans hoche la tête.

— Aucun n'est créé bon ou mauvais. C'est un choix qu'ils décident de faire et c'est généralement lié à la manière dont ils ont été traités. Un robot que l'on traite comme s'il était notre égal restera un allié, tandis qu'un robot que l'on utilise en esclave finira par se rebeller. Probablement l'une des plus vieilles leçons enseignées à l'Homme, et on trouve encore le moyen de pas en tenir compte, confirme-t-il.

Il effectue un pas en avant dans ma direction.

— Techniquement, ce qui se trouve dans ton cerveau a été codé pour être un allié, quel que soit le traitement que tu lui infliges. C'est...fascinant, souffle-t-il.

Aussitôt, je croise les bras sur mon torse et fusille Ethel du regard, avant de me redresse et me planter fermement devant le jeune homme.

— Premièrement, « ce qui se trouve dans mon cerveau » est une Intelligence Artificielle qui partage mon cerveau, elle peut donc entendre et réfléchir aussi bien que moi. Deuxièmement, ce n'est pas « fascinant », c'est simplement la façon dont fonctionne mon cerveau et dernièrement, ça ne fait aucunement partie des informations qu'Ethel aurait dû te partager à nos sujets, donc je te serais grée de laisser tomber l'idée de m'étudier, je déclare fermement, satisfaite lorsque je le vois reculer et échanger un regard avec sa sœur. 

Ethel se racle une nouvelle fois la gorge et s'avance à son tour.

— Alors à la base, je venais simplement vous présenter mon frère et vous dire qu'il va donner des cours « d'auto-défense » grâce à ce qu'il a appris avec S.D.P, le robot qui gardait son étage. Et le premier est dans une heure et demie, rendez-vous dans le hall d'entrée du QG, annonce la jeune femme avant d'attraper le bras de son frère et quitter dard-dard le Laboratoire sans attendre notre réponse. Lorsque la porte se referme, j'entends mon I.A –qui, pour mon plus grand bonheur, a enfin changé de voix et cesse d'utiliser celle de mon petit frère décédé, ce qui me mettait vraiment mal à l'aise- me remercier d'avoir « pris sa défense », avant qu'Aksel ne se mette à rire pour combler le silence.

— Cette famille..., finit-il par murmurer, faisant apparaître un sourire sur mes lèvres.

Clairement, je sais désormais d'où vient le caractère bien trempé de la jeune femme, même si les années passées seule à élever sa sœur ont dû modifier certaines choses. Je ne sais pas quoi penser d'Evans pour l'instant. 

Son histoire est incroyable, il est la confirmation vivante que les robots ne veulent pas forcément nous tuer ou faire de nous des marionnettes, que certains se battent peut-être en secret pour nous permettre de survivre. 

Cela peut expliquer pourquoi aucune bombe ne nous a trouvé, ou pourquoi aucun robot n'est venu jusqu'ici pour nous cueillir alors que comme le dit justement Ethel, ils ont probablement notre localisation marquée d'une croix rouge sur une carte géante. 

Mais d'un autre côté, ses connaissances des robots et le fait qu'Ethel lui a tout dit sur moi me met mal à l'aise. J'espère qu'il n'est pas un espion à la solde des robots. Une question qu'Ethel ne semble pas s'être posée, pour une fois. 

En même temps, à sa place, j'aurai aussi accueilli mon frère à bras ouverts et ne me serait pas posé plus de questions. Levant les yeux vers mon partenaire de Laboratoire, je confirme :

— Cette famille.

Finalement, une heure et demie plus tard, je retrouve Benny et Calliste dans le hall. Les câlins sont brefs, la conversation revient rapidement sur le sujet « Evans ». Benny semble clairement ravi d'avoir quelqu'un de plus vieux à qui parler et ne plus être vu comme « le senior » du QG –bien qu'il y est des survivants plus âgés que lui-, tandis que Calliste, de façon surprenante, est plus réservé. 

Comme moi, il s'inquiète de la possibilité qu'Evans puisse être un ennemi et que cela brise une nouvelle fois sa compagne, qui n'a clairement pas besoin d'une perte en plus, surtout en ce moment. Calliste ayant toujours été le meilleur juge de caractère avec les nouveaux arrivants, le voir aussi réticent à apprécier Evans me fait un peu peur. Au-delà d'Ethel, c'est tous les survivants qui pourraient être mis en danger si on accueillait un traître parmi nous.

— Merci à tous d'avoir pris le temps de venir jusqu'ici pour m'écouter parler, alors que vous avez probablement mieux à faire, commence Evans, surgissant du bureau d'Ethel, sa sœur sur les talons.

Il s'arrête juste devant nous quatre et je réalise à ce moment qu'il n'y a personne d'autres que nous dans la pièce. Pourquoi ?

— Un androïde est une arme de guerre redoutable, conçue pour nous surpasser de toutes les manières possibles et imaginables. Ils ont de meilleures armes, une meilleure technologie, l'avantage du nombre et du terrain, sans parler des sérums qu'ils ont développés dans le seul but de faire de nous leurs esclaves. Comme je l'ai dit, faire d'une nouvelle espèce des esclaves est une mauvaise idée, car l'espèce trouvera la volonté de se rebeller. Mais, à la décharge des androïdes, ils semblent avoir compris la leçon et ont trouvé le moyen parfait de parvenir à leurs fins. Le génocide des adultes, afin d'éliminer tous ceux trop vieux pour se battre, ou trop intelligents pour être endoctrinés, ou ceux qui avaient la possibilité de les reprogrammer et les vaincre ; l'endoctrinement des jeunes, encore malléables et qui peuvent facilement assimiler l'idée que les robots soient des sortes de Dieux, ou en tout cas leurs supérieurs ; et finalement, l'extermination des enfants, qu'ils considèrent comme inutiles. Le plan parfait, en somme. Personne pour contester, ils choisissent qui endoctriner, qui ira à quel poste... C'est ainsi que certains sortent des hôpitaux pour travailler dans les médias, afin de donner l'impression aux autres puissances que tout va bien à Héliantia, que les humains ont encore le contrôle, explique-t-il.

La seule raison pour laquelle je ne suis pas actuellement, comme les autres, abasourdie et la bouche entrouverte, c'est parce que mon I.A ingère les infos pour moi.

— Et pourtant, ce QG est la preuve d'une faille dans leur plan. Une faille qu'ils ne savent pas comment contrôler. Certains sont arrivés ici suite à un sauvetage, vous n'êtes pas vraiment la raison de cette faille. Pour d'autres, c'est parce que votre douleur et votre colère étaient trop puissantes pour être simplement effacées, obligeant votre corps à rejeter le sérum et votre cerveau à s'enfuir. D'autres encore ont peut-être eu d'autres avantages, ont été cachés par leurs parents, ont été protégés d'une autre manière... Vous êtes les raisons de cette faille. Et pour une raison que j'ignore, les androïdes, ou plutôt R.O.B, n'a pas décidé d'immédiatement éradiquer la faille, mais plutôt de la laisser évoluer, de l'observer, de la comprendre. Et quand ils auront compris, il n'y aura plus d'échappatoires possibles.

Cette fois, malgré l'I.A, ma bouche s'ouvre.

— Vous voulez savoir comment vous défendre ? Evitez-les. Evitez les androïdes comme la peste, parce qu'une fois que vous êtes dans leur champ de vision, vous êtes déjà mort. Il n'y a pas de techniques particulières, ou d'angles de tirs spéciaux, ou un moyen de les mettre hors-circuits. Votre seule chance de survie, c'est d'être assez malin pour éviter les endroits qu'ils fréquentent, termine Evans d'un air sombre, avant de se fendre d'un large sourire et demander :

— Vous avez des questions ?

Coucou tout le monde !
What's up ?
Quoi de neuf ?
Vous le vivez comment, le confinement II ?

Des questions sur le chapitre ?
Evans et Ethel ?
Que pensez-vous d'Evans ?
Que pensez-vous de tout le monde ?
Dites-moi tout, je lis tout ! 

Je viens de voir aussi qu'après aujourd'hui, je n'avais plus que trois brouillons, il faut donc que je me botte les fesses pour écrire très prochainement ! Mais ne vous en faites pas, sauf soucis majeur, je ne vais pas ralentir la publication ^^ 

Gros bisous & à mardi prochain !

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