Chapitre 30 (partie II)
Alors il faut que je me concentre, que je reprenne tous mes souvenirs « réels » depuis le début et que je fouille là-dedans.
Je commence par reprendre ceux offert à l'instant par l'I.A, soit l'arbre à l'extérieur et le salon. Clairement, s'ils sont apparus l'un après l'autre, c'est qu'il y a nécessairement un lien. Ce ne sont pas les arbres, il n'y en avait pas dans le salon.
Ce ne sont pas non plus les écureuils, je n'en ai pas vu dans la maison. Je peux également retirer les couleurs vertes et marron, parce que même s'il y en a dans le salon, je doute que ça soit le mot de passe. Il ne reste plus que moi.
Je doute que le mot de passe soit simplement « Felidae », mais je tente tout de même, on ne sait jamais. L'I.A se contente de rire, alors j'écarte l'idée. Rapidement, la connexion se fait dans mon cerveau : je ne suis pas fille unique.
Dans mes rêves, même faux, il y avait toujours un bébé. Et sur cette photo, il y avait un enfant plus jeune. Et le rire paraît trop jeune pour être moi. La conclusion logique est que j'avais un petit frère, ou une petite sœur.
Visiblement, c'était un bébé, à moins que ça ne soit la partie fausse du souvenir, ce qui expliquerait qu'il paraisse clairement plus vieux qu'un bébé sur la photo et qu'il puisse se tenir à côté de moi devant cet arbre.
Et le petit garçon, qui était un souvenir de mon I.A ? Et si c'était le même petit garçon ? Donc j'avais un petit frère ? Étrangement, c'est de lui dont j'ai le moins de souvenir. Mes parents sont « revenus » après la Cure, je pouvais même communiquer avec eux dans mes faux-rêves...
Mais le bébé/petit frère lui, semble être une sorte de fantôme dans mes souvenirs. Il n'est jamais présent, je n'ai jamais entendu sa voix, sauf la fois où il m'a terrifié.
Est-ce que ce garçon serait la clé ? Mais je n'ai pas son nom ! Je ne l'ai jamais vu ailleurs que dans mes faux-rêves en tant que bébé et son nom a été effacé quand j'ai quitté l'hôpital, parce que je ne me souvenais pas de ce dont j'avais rêvé en me réveillant.
Et quand l'I.A l'a fait venir dans ma tête, elle n'a jamais prononcé son nom. Alors je suis coincée, parce que ce souvenir semble être le bon mais le prénom ne me revient pas ! Et puis quel lien y-a-t-il avec l'écureuil ? Parce que je suis quand même partie de ça, à la base !
Je ne vois pas quel lien il peut y avoir entre un petit garçon et une boule de fourrure rousse. Je peux le voir clairement maintenant, la silhouette d'un petit garçon criant et riant à côté de moi devant cet arbre, pointant du doigt l'écureuil qui fuit vers le haut de l'arbre. Il est là.
J'avais raison. Ou l'I.A avait raison. « Est-ce que c'est mon petit frère ? », je demande, le cœur battant. Je ne sais pas si elle aura la réponse. Après tout, elle a clairement dit qu'elle n'a pas connaissance de mes souvenirs, qu'elle est juste là pour gérer qui y a accès.
Et c'est d'ailleurs mot pour mot ce qu'elle me répond, ce qui semble faire exploser mon petit cœur. La migraine atteint son maximum et je m'écroule sur le sol, une grimace de douleur sur les lèvres, le regard vide vers le plafond. Je reste quelques minutes ainsi, la tête semblant battre plus fort que mon cœur, à attendre que tout s'arrête pour que je puisse continuer à réfléchir.
Et je fonds en larme. Soudainement, subitement, sans crier gare, mes lèves se retroussent et mes yeux se vident, tandis que je me roule en boule à même le sol, en silence. Les mots se taisent, les souvenirs reculent jusqu'à atteindre le fond de mon crâne, ne laissant qu'un grand vide et du silence.
Ma tête me fait si mal que je pourrais en crier, mon cœur semble être porté disparu et tous mes muscles tremblent suite à la forte tension que je leur ai infligée. Je ne sais même pas comment j'ai réussi à me mettre en boule tant je tremble.
Les larmes continuent, je ne sais même pas où je vais puiser toute cette eau qui se répand sur le sol. Mes pensées se brouillent, tout comme ma vue, ne laissant plus qu'un tintamarre incohérent brouiller mon cerveau, jusqu'à ce que je n'en puisse plus et que pour me préserver, je peux presque entendre l'Intelligence Artificielle demander à ma tête de s'éteindre et de me laisser dormir.
Et c'est la dernière pensée qui traverse mon cerveau avant que je ne sois accueillie par une noirceur que je connais désormais mieux que quiconque sur cette planète, mettant fin à la puissante douleur qui pulse dans mon crâne.
« Felidae ! »
Le cri déchire le silence paisible qui s'était installé. Qui m'appelle ? Pourquoi est-ce qu'il crie ? J'ai mal au crâne...
« Trois, deux, un... »
Qui me parle ? Je vois passer quelque chose, juste devant mes paupières, mais je ne peux pas ouvrir les yeux. Est-ce réel ?
« Surtout, ne vous séparez pas. »
Maman ? Maman, où es-tu ? Me séparer de qui ? Il n'y a personne avec moi, je suis toute seule maman !
« Ils arrivent ! »
Papa ? Papa, qu'est-ce qui se passe ? De qui parles-tu ? Pourquoi est-ce que cette phrase me fait si peur papa ? Papa ?
« Mets-toi ici, tu seras en sécurité. »
A qui est-ce que je parle ? Je suis déjà en sécurité ! Je suis sur le sol d'une cellule, je suis sûre qu'Ethel est juste derrière la porte ! Et où sont mes parents ? Pourquoi est-ce que je les entends ?
« Felidae, il faut que tu sois courageuse. »
Maman, oh maman mais où es-tu ? Je ne te vois pas maman. Pourquoi te caches-tu ?
« Tout se passera bien, on viendra vous chercher quand ça sera fini. »
Mais de quoi parles-tu Papa ? Quand quoi sera fini ? Et pourquoi n'êtes-vous jamais venu me chercher, après mon coma ? Où êtes-vous ? Revenez !
« Felidae, tu penses que Maman viendra nous chercher ? »
Mais qui es-tu ? Pourquoi est-ce que j'entends ta voix ? Pourquoi est-ce qu'elle me paraît si familière ?
« Bien sûr qu'elle viendra. Elle vient toujours. »
Alors pourquoi m'a-t-elle oublié à l'hôpital ? Pourquoi n'est-elle pas venue me chercher après mon coma, quand elle a appris que j'étais réveillée ? Et pourquoi est-ce que je rêve de ça subitement ?
« Tu as fait ton choix. »
Quoi ? Quel choix ? Et qui est-ce ? Ce n'est pas une voix que je veux entendre. Cette voix me fait peur. Pourquoi je l'entends ?
« C'est comme une partie de cache-cache. »
Tu es douée à ce jeu maman, parce que ça fait plus d'un an que je te cherche. Pourquoi me fuis-tu ? Pourquoi ne viens-tu pas me chercher ? Est-ce que je délire maman ? Est-ce pour ça que je t'entends, comme si tu étais encore en vie ?
Je chercher à ouvrir les yeux, mais je ne peux pas. Pourquoi ? La raison me frappe de plein fouet, presque comme une évidence. Ce n'est pas la réalité. C'est un souvenir. Un nouveau souvenir. A moins que ça ne soit qu'un rêve ?
Des images passent devant mes yeux, parfois avec du son, parfois sans. Je n'entrevois que des couleurs, ou des brèves images d'objets, rien de plus. Le contexte est flou, les images aussi. Je remarque du gris, ou bien du vert. Un rire, une voix, un mot. Une odeur de fleur, que je ne reconnais pas. Une vitre, un parquet, une table.
Tout est trop rapide pour que je comprenne bien ce qui se passe, trop fugace pour que je m'y attache. Je ne reconnais pas les objets montrés, mais je connais les couleurs. Du rouge, du brun, du violet, du rose. C'est joli, mais ça n'a pas de sens.
Alors je continue de laisser passer tout cela, incapable d'agir. Jusqu'à ce que je remarque que je peux agir. Comme si j'avais franchi une étape. Les images restent un petit peu plus longtemps, mais pas assez pour que je vois tout. Cela reste rapide et saccadé. Mais je peux essayer d'aller chercher l'image pour la faire rester, ou simplement l'observer.
Alors doucement, avec délicatesse, je me sens aller chercher l'image fugace qui passe devant mes yeux. La saisir tendrement et essayer de m'immerger dans le souvenir, pour essayer de trouver les réponses dont j'ai besoin.
Je suis dans une sorte d'entre-deux, où je me vois et me sens rêver tout en ne pouvant me réveiller. La petite voix n'est pas présente dans ma tête, ce qui me conforte dans l'idée que ce n'est qu'un rêve.
J'ai dû mal à saisir le rêve, à aller le chercher, comme s'il ne voulait pas que je le vois, que je me souvienne. Mais je finis par y parvenir. Les voix ne font plus claires, les sons deviennent plus proches et le décor se dessine sous mes yeux.
Les couleurs se font plus précises, semblant devenir plus brillante aux fils des secondes. Puis finalement, je finis par comprendre où je suis. Je reconnais cet endroit. Je suis de retour dans le salon, juste devant le canapé. Qu'est-ce que je fais ici ? Pourquoi est-ce que je me retrouve ici ?
Je suis presque sûre que j'ai déjà rêvé tout ce qu'il fallait voir ici, je n'ai plus besoin de revenir dans cet endroit. Qui plus est, tous les rêves faits ici dernièrement ont été des rêves plutôt... terrifiants. Je ne tiens pas à renouveler l'expérience.
— C'est comme une partie de cache-cache. Vous devez aller vous cacher tous les deux et il ne faut surtout pas que l'on vous trouve ! Papa et moi allons compter jusqu'à cent et après, on viendra vous chercher. Quoi qu'il arrive, quoi que vous entendiez, il ne faut pas sortir, sauf si Papa ou moi venons vous chercher, d'accord ?
Je me retourne, les sourcils froncés, tombant sur une jeune femme de dos, accroupie devant deux enfants. Ils sont tous encore trop flous pour que je puisse les identifier, comme si mon cerveau avait du mal à aller chercher le souvenir.
Qu'il n'y avait pas encore accès. Je fronce les sourcils, voulant avancer pour mieux les voir mais ils semblent reculer en même temps. Je ne peux pas les atteindre ! Je peux entendre la femme leur parler, sans comprendre ce qu'elle leur dit.
Pourquoi sont-ils si loin ? Et si flous ? Est-ce que c'est ce que j'ai entendu plus tôt ? Je n'ai pas le temps d'y réfléchir que les deux enfants s'élancent vers les escaliers, main dans la main, laissant la femme seule dans le salon. Je peux entendre des bruits sourds dehors, mais je ne peux pas les identifier.
Je ne reste pas dans le salon de toute façon, malgré la curiosité qui me ronge. Je suis les enfants, cherchant à savoir ce qui se passe, mue par une force extérieure. Comme eux, je m'arrête juste avant les escaliers. J'observe le plus grand des deux placer le plus petit derrière une petite porte, juste à côté des escaliers.
Je ne sais pas où elle mène, ni même pourquoi ils se cachent, mais j'observe, je suis. Je peux voir le plus grand dire quelque chose, ses lèvres bougent, avant que la porte ne se ferme. Le plus petit est désormais silencieux et caché, je n'arrive même plus à voir la porte. Mon cœur se serre violemment dans ma poitrine, comme pour me dire que quelque chose ne va pas.
Coucou les courginettes ! Comment allez-vous ? Quoi de neuf ?
Désolé d'avoir à nouveau oublié de poster hier, mais le 14 Juillet est toujours une journée compliquée chez moi et hier ne faisait pas exception, loin de là. Mais voici la nouvelle partie de "Felidae" ! Révélations, souvenirs, rêve, réalité, voix... Tout se mélange !
Felidae serait-elle en train de récupérer des souvenirs ?
Qu'en pensez-vous ?
Rêve ou Réalité ?
Quel est donc ce fichu mot de passe ?
La prochaine partie est la fin de la partie III, attendez-vous donc à un gros cliffhanger et des révélations monstrueuses ! Qu'attend-donc notre jeune héroïne ? Vous verrez dans une semaine... Gros bisous à tous !
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