Chapitre 29 (partie III)

Mais clairement, Aksel y a réfléchi et semble même penser que cette Intelligence Artificielle a été placée dans mon cerveau pour m'aider à me souvenir de quelque chose. A moins que ça ne soit pour bloquer quelque chose hors de mon cerveau.

Je suppose que la seule personne qui a la réponse est la petite voix. Mais j'ai passé tellement de temps à essayer de faire taire ma petite voix, peut-être ne veut-elle plus m'aider désormais ? Ou peut-être que les informations qu'elle m'a donné jusqu'ici ont toujours été utile, mais que je ne comprends juste pas encore pourquoi.

Dans tous les cas, les réponses à tout cela se trouve dans mes souvenirs, soit la seule chose que je ne vais probablement jamais récupérer. Pas sans cette Intelligence, en tout cas.

— J'ai ramené une machine qui me permettrait d'en savoir plus sur ton Intelligence Artificielle. Je ne pourrais pas lui parler, ni entendre ce qu'elle dit, mais je pourrais savoir quand est-ce qu'elle a été installée, quel type d'Intelligence c'est et comment elle va évoluer par la suite, si elle évolue bien sûr. Ce sont de nouvelles réponses, bien que ça ne soit pas celles que tu attends, annonce finalement Aksel après un long silence.

Je laisse ma main gauche venir se poser par-dessus celles, jointes, du jeune homme. Il ne réagit pas, comme s'il ne sentait rien. Peut-être est-ce le cas ? Je presse alors ses mains avec la mienne, le sentant remuer.

Lorsqu'il tourne la tête vers moi, je lui offre un sourire réconfortant et se voulant encourageant, touchée par sa volonté de trouver des réponses malgré tout. Visiblement, mes yeux disent tout ce que je pense car le jeune homme finit par me rendre mon sourire et presse ma main dans les siennes. La chaleur de ce contact me fait frissonner et mon sourire reste. Je retire ma main pour signer, lentement et distinctement pour qu'il puisse comprendre :

« Toute réponse est bonne à prendre. Merci de croire en moi. »

Le jeune homme lève un sourcil et sort de sa poche un petit disque en métal, qui doit faire la taille de ma paume. J'approche une main de l'objet, laissant mon index droit toucher la surface et sentir un léger vrombissement contre ma peau.

Mon sourire se fait un peu plus grand et je ne peux ressentir le rire qui me traverse, cette sensation d'une petite bulle qui explose dans ma cage thoracique. Mon rire est silencieux certes, mais il me fait trembler de la tête aux pieds jusqu'à ce que mon bas-ventre ne se contracte de douleur plus que de rire.

Aksel n'a pas bougé et m'observe avec amusement, le petit disque toujours posé sur sa paume de main. Finalement, il le pose dans la mienne et je le porte aussitôt au niveau de mes yeux, fascinée. Quel drôle d'objet ! Je peux entendre son ronronnement mécanique de manière assez faible et je distingue un petit point vert au centre, qui m'ébloui.

Je baisse la main et rend l'objet au scientifique, ma curiosité rassasiée. Est-ce que c'est ça, sa machine ? Cela me paraît être trop petit pour faire quoi que ce soit dans mon cerveau, mais je pensais la même chose pour l'appareil à radio, donc je vais attendre et voir.

— Prête ? demande le jeune homme.

J'ai à peine le temps de hocher la tête que le petit disque se retrouve poser sur mon front, pile entre mes deux yeux. Je cligne des yeux, surprise par la tournure des événements mais ne bouge pas plus que ça, perturbée par la sensation du métal froid sur ma peau.

J'entends un petit bruit bref, puis je sens le centre du disque commencer à chauffer. Le petit vrombissement semble devenir plus fort –ou peut-être est-ce juste parce que le disque est plus près de mes oreilles ?- tandis que le centre chauffe au point de commencer à me faire mal.

Aksel a enveloppé ma main droite dans la sienne juste après avoir posé le disque et je peux le sentir presser ma main à intervalle régulier, comme pour s'assurer que je réponds toujours. Après plusieurs longues minutes, le petit disque tombe de lui-même, rattrapé au vol par Aksel.

Je porte aussitôt ma main libre sur mon front, grimaçant en sentant le petit rond douloureux au centre de mon front, là où le disque s'est subitement mis à chauffer. Je reporte mon attention sur le jeune homme, qui vient de placer le disque sur une sorte de bracelet très épais qu'il porte au poignet.

Le disque vrombit plus fort et d'un coup, du texte apparaît juste au-dessus du bracelet –un hologramme, selon mon cerveau-. Je fixe le texte avec des yeux ronds, peu habituée à voir ce genre de chose. Aksel fait de même, sans montrer aucune trace de surprise. Au contraire, les résultats semblent le rendre...heureux ? Il finit par se tourner vers moi et son expression devient alors plus hésitante.

— En général, le laser placé au centre ne fait pas mal, mais celui que nous avons installé et quelque peu obsolète... Je suis désolé. Je n'ai pas pensé une seule seconde au fait qu'il puisse chauffer ! Ça t'a brûlée ? Tu as mal ? Questionne le jeune homme, clairement soucieux.

Je prends conscience que j'ai toujours une paume sur mon front, comme si cet endroit me faisait encore mal, alors que la chaleur ressentie est redevenue normale depuis un moment. Je retire ma main et secoue la tête, n'y pensant déjà plus.

Tout mon cerveau est concentré sur le texte qui s'affiche toujours au-dessus du poignet d'Aksel. Je veux savoir ce que la machine a trouvé, même si elle a eu besoin de me brûler le front pour le faire. Le jeune homme approuve d'un bref signe de la tête, ses yeux continuant tout de même de fixer mon front et mes expressions faciales, à la recherche du moindre signe de douleur, avant de finalement pointer du doigt le petit paragraphe qui semble voler entre-nous.

— Voilà tout ce que l'appareil a pu trouver sur ton Intelligence Artificielle. De ce que je peux voir, elle va probablement évoluer au même rythme que ton cerveau, jusqu'à régir environ 46% de ta boîte crânienne. Clairement, le but de tes parents était de te rendre semi-androïde, ou en tout cas d'avoir un bout de ton cerveau agissant tel un androïde. Je ne sais rien de plus sur le type d'Intelligence par contre, elle a été fabriquée à la main et c'est une pièce unique, donc je ne peux pas t'aider plus là-dessus, mais je peux te dire qu'elle nécessite un mot de passe pour déverrouiller ce qu'elle détient. Après, savoir si c'est un mot de passe vocale, numérique, sonore et de quel type... La machine ne peut pas en apprendre plus. Elle pourrait, si nous avions le dernier modèle, mais ce petit bricolage a épuisé son savoir, explique alors le jeune homme avec une moue désolée.

Ma bouche vient former un « o » parfait devant le tas d'informations donnés. Comment Aksel peut se plaindre d'avoir un modèle bricolé alors qu'avec un tel modèle, on a eu autant de réponse ? C'est plus que je n'espérais !

Il me suffit juste de trouver le mot de passe maintenant et ça ne doit pas être bien compliqué. C'est probablement quelque chose en lien avec moi ou mes parents, comme un prénom ou une date de naissance.

Le seul problème en effet est de trouver comment...l'insérer dans la machine. Mais je suis certaine qu'on pourra trouver une solution ensemble. Je me met alors à sourire, soulagée d'avoir déjà eu toutes ces réponses, heureuse d'avoir une solution sur laquelle travailler et ravie de constater qu'Aksel est tout aussi impatient que moi d'aller au bout de cette histoire et de trouver toutes les réponses.

Aksel désactive le texte qui s'éteint, tandis que le disque cesse de vrombir pour redevenir silencieux. Le jeune homme repasse la manche de sa blouse par-dessus le mécanisme et vient de rasseoir à mes côtés, un sourire identique au mien sur les lèvres. Il soupire et passe une main sur sa manche, comme pour s'assurer que le mécanisme est bien caché.

« A ton avis, à quoi ressemble le mot de passe ? », je signe lentement, attirant le regard du jeune homme vers moi.

Ce dernier hausse les épaules, observant la porte fermée qui nous fait face. Je peux presque l'entendre réfléchir –la force de l'habitude, au Laboratoire je pouvais littéralement l'entendre réfléchir car il parle à voix haute quand il pense-.

Est-ce qu'il a des idées de mot de passe ? J'aimerai lui poser plus de questions sur les différents types de mot de passe, parce que je n'ai aucune idée de ce à quoi le mien pourrait ressembler. Mais il va bien falloir que je le trouve non ?

« Déjà tu sais qu'il y a un mot de passe, c'est la plus grande avancée que tu aies faite en un an. Pas faute d'avoir essayé pourtant, je-ne-sais-combien de fois.», lâche la petite voix dans ma tête. Je lève les yeux au ciel et tente de me concentrer sur le possible mot de passe, comme Aksel.

— Ton mot de passe peut être un son, peut-être une chanson ? Cela peut aussi être une date, un prénom, un mot important aux yeux de tes parents ou aux tiens... Il y a tellement de possibilités que nous pourrions passer des années à essayer sans trouver la solution. Je pense que tu es désormais la seule personne à pouvoir trouver ce mot de passe Felidae. Je compte aider autant que je le peux, mais je pense que mon aide a atteint sa limite, avoue-t-il avec une pointe de tristesse dans la voix.

Il semble regretter de ne pas pouvoir faire plus quand il m'a déjà donné bien plus de réponses que je n'en attendais. C'est la première personne qui prend le temps de me donner des réponses aussi complètes et détaillées, quand les autres préfèrent me poser des questions ou me faire attendre pour les avoir.

Je sais que je suis la seule à pouvoir trouver le mot de passe et que la seule solution pour cela est de discuter avec l'entité qui se trouve dans mon crâne. Et une partie de moi regrette qu'Aksel ne puisse pas faire plus, ne puisse pas rester pour m'aider, parce que je ne me sens pas prête à rester seule.

Mais je ne peux pas non plus lui demander de rester pour moi quand des patients ont besoin de ses sérums pour réapprendre à vivre. Je l'entends soudainement glousser et tourne la tête vers lui, confuse mais amusée. Le jeune homme plaque une main sur sa bouche le temps d'arrêter de rire et me souffle, sur le ton de la confidence :

— J'espère que ce n'est pas un mot de passe nul, comme un nom commun type « cornichon », « fourchette » ou genre... « Écureuil ».

Je reste interdite quelques secondes avant de finalement percuter. Je me mords la lèvre inférieure pour ne pas rire à mon tour, mais trop tard. Mon corps est secoué de « spasmes » tandis que les mots d'Aksel tournent en boucle dans mon cerveau.

Je ne sais même pas ce que sont des « cornichons » ou des « écureuils », mais vu la tête d'Aksel ce sont des choses drôles et ridicules. Il faudra que je regarde dans mon I-Feuille pour des images ou des définitions de ces mots, que je comprenne la blague.

Pour le moment, je me contente de rire quelques secondes, écoutant la voix d'Aksel prononçant ces mots circuler dans ma boîte crânienne. Pourtant, malgré ce sentiment de ridicule, le dernier mot semble résonner plus fort que les autres dans mon crâne, presque comme si mon Intelligence Artificielle souhaitait me faire passer un message.

Est-ce que le mot de passe pourrait être « écureuil » ? Mon cerveau m'envoie des signaux confus, parce que je ressens au fond de moi que ce n'est pas ça, mais le mot reste coincé dans ma tête tout de même.

« Mot de passe : Ecureuil ? »

Salut les Courginettes ! 

Comment ça va vous ?

Comme vous pouvez le voir, on s'approche de la fin de la partie III, ce qui veut dire...GROS CLIFFHANGER EN APPROCHE !

Après, vous avez déjà de quoi spéculer pendant une bonne semaine là. Si vous n'avez pas lu le chapitre précédent (étant donné qu'il est sorti mercredi à 2h du matin c'est possible), rattrapez votre retard !

Sinon, qu'en pensez-vous ? 

Bon ou mauvais mot de passe ?

Quel est le mot de passe, selon vous ?

Et que pensez-vous de l'idée de rendre Felidae semi-androïde ?

Sur ce, je file à mon baby-sitting du jour et je vous laisse jusqu'à mardi prochain pour essayer de décrypter tout ça ! 😘🧡

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