Chapitre 26 (partie I)
Le lendemain, à sept heures vingt-deux, je suis assise devant la porte du niveau -5 à attendre l'arrivée d'Aksel, puisque mon empreinte digitale n'a pas encore été entrée dans le fichier.
Ma visite de la veille rejoue non-stop dans ma tête, m'ayant même empêché de dormir pendant une bonne partie de la nuit. Il faut dire que le stress de commencer un véritable emploi, combiné au changement de chambre, n'a pas aidé.
Pour l'instant, je suis dans la chambre « 21 », qui est composée de cinq lits dépliables qui sont encastrés dans le mur jusqu'à vingt-et-une heures, l'heure à laquelle il est recommandé d'aller se coucher. Le lit est simple, très fin, mais pourtant confortable.
Selon Ethel, ma chambre est provisoire, le temps de me trouver une place dans un autre dortoir, une fois Benny revenu de sa Cure. Penser au jeune homme me rend toujours un peu triste, le savoir enfermé seul dans une chambre, ressassant ses souvenirs sans savoir comment les accepter.
Peut-être aurais-je l'occasion de croiser Madigan à la cantine ce midi et donc lui demander si je peux rendre visite à Benny ! Ou peut-être est-ce encore trop tôt... Je dois lui poser la question quoiqu'il arrive.
Je sens une petite pointe de chaleur au niveau de mes bras et le bas de mon dos. Fronçant les sourcils, je baisse les yeux vers mon haut, remarquant que là où je sens ma peau se réchauffer, les dessins de « citrouilles » — Madigan m'a donné le mot — virent doucement vers le rouge, au lieu de leur belle couleur orange.
J'ouvre les yeux et viens poser ma main à cet endroit, sentant la même chaleur se diffuser sur ma paume. Le vêtement fait cela tout seul ? En fonction de là où mon corps a froid ?
C'est incroyable ! Je me redresse, sentant alors la chaleur dans le bas de mon dos disparaître, ce qui me pousse à toucher le sol du bout des doigts. Je les retire aussitôt, secouant la main. C'est gelé ! C'était déjà aussi froid hier ? Je n'en ai pas le moindre souvenir. Peut-être.
Disons que ce n'est pas sur ça que j'ai porté mon attention, mais plutôt sur le laboratoire, les couleurs, les récipients... Toutes ces choses qui me semblaient familières et presque habituelles. Est-ce possible que mon hallucination dans la cave n'en fût pas une ? Non, je me fais des idées.
J'ai forcément dû aller dans un laboratoire une fois dans ma vie, c'est tout. Après tout, certains de ces récipients semblaient plutôt communs, j'ai même peut-être déjà pu les voir dans un magasin, sur une tablette ou à l'hôpital. Rien d'incroyable ni de révolutionnaire.
Je jette un œil sous le numéro de palier, là où Ethel m'a appris qu'il s'y trouvait une horloge digitale afin de savoir combien de temps je vais encore devoir attendre Aksel. Sept heures vingt-six. Je grimace et me laisse retomber au sol dans un bruit de ferraille sourd que je suis la seule à entendre.
Le vêtement semble également absorber les chocs, car je ne ressens aucune douleur, ce qui me fait sourire. Ces vêtements sont réellement révolutionnaires eux, pour le coup. Ils peuvent presque tout faire, et ce, jusqu'à ce que leur batterie cesse de fonctionner – ce qui, selon Madigan, n'arrivera « pas demain la veille » —.
Bien que l'expression me soit encore inconnue, j'apprécie de savoir que la batterie va durer encore un moment. Je me demande si Aksel est capable de créer des piles de vêtements. Peut-être ?
Il faudrait que je lui demande. J'aimerais tant apprendre à faire quelque chose de concret, bien que j'aie clairement été amenée ici pour gérer le ménage... et Aksel, d'après ce que j'ai compris. Pas sûre que j'y parvienne aussi bien qu'Ethel voudrait que je le fasse. Déjà que j'ai dû mal à me gérer moi-même, comment veut-elle que je comprenne et m'occupe d'une autre personne ?
Qui plus est, d'une personne qu'elle-même ne semble pas avoir réussi à maitriser ? Si Ethel n'y est pas parvenue, pourquoi moi, pas vrai ? Elle est bien plus terrifiante et elle le connaît mieux. Si on suivait la logique...
Je soupire et me relevant une nouvelle fois, incapable de rester inactive plus longtemps. Peut-être aurais-je dû passer prendre un petit-déjeuner ? Je n'avais pas faim, il était trop tôt et mon estomac était noué à cause de l'appréhension...
Je n'avais pas envie d'être en retard non plus. Mais heureusement pour moi, quelqu'un avait pensé à programmer l'intelligence artificielle de l'étage pour qu'elle me réveille à six heures deux. J'avoue avoir paniqué quelques instants en entendant une voix synthétique me parler, mais elle a arrêté rapidement donc j'ai pu reprendre une respiration plus ou moins normale.
Ni Ethel, ni Calliste, ni même Madigan ne m'avaient dit que leur fichue intelligence artificielle se trouvait tout bonnement partout dans ce bâtiment ! J'espère qu'elle n'est pas non plus dans les toilettes à chronométrer nos pauses, parce que je serais capable d'aller dehors.
Une autre chose que j'ai remarquée, c'est que la quasi-totalité des filles ici présente prennent les pilules que m'avait données l'infirmière une fois, celles qui sont supposées arrêter « les règles » — quoi que cela veuille dire —.
Madigan m'a même avoué en avoir mis dans mon jus d'orange, deux fois par mois, sous forme de poudre. Comme je vais bien, je suppose que c'est inoffensif. Il faudra quand même que je demande des explications. Et je doute qu'Aksel les ait.
— Tu es là depuis longtemps ? m'interromps ce dernier en arrivant dans mon dos, me faisant sursauter.
Contrairement à la veille, ses cheveux sont propres, bien que toujours aussi peu coiffés. Ses yeux bleus m'observent longuement, avant qu'Aksel ne passe une main sur l'un d'eux, me faisant prendre conscience des cernes qui s'étendent en dessous.
Depuis combien de temps n'a-t-il pas dormi ? La dernière fois que j'en ai vu, c'était sur Madigan, quand elle a refusé de dormir pendant deux jours parce que nous avions eu une épidémie de grippe.
Je baisse les yeux pour ne pas qu'il se rende compte que je fixais ces cernes —apparemment c'est malpoli — avant de la relever pour lui présenter huit doigts levés. Le jeune homme hausse un sourcil sans faire de remarque et lève les mains en signe de respect, accompagnant cela d'une grimace impressionnée.
Il n'y a plus aucune trace de poudre de couleur nulle part, que ce soit dans ses mèches rebelles ou sur ses mains, qu'ils enfoncent dans les poches de son pantalon. Il en ressort une pour ouvrir la porte et m'invite à entrer, ce que je fais en lancer un dernier regard à l'horloge : sept heures trente. Pile à l'heure !
— Désolé pour l'attente, je pensais que tu serais en retard. Les nouvelles recrues qui arrivent en avance, c'est plutôt rare. Et désolé aussi pour le bazar, je m'y retrouve mieux dans un environnement embrouillé. C'est plus représentatif de mon cerveau. Et puis c'est aussi très drôle de voir les autres ne jamais savoir où marcher lorsqu'ils pénètrent dans le LABO, s'excuse-t-il tout en sortant d'un tiroir une vieille blouse plus vraiment blanche et une paire de gants d'un tissu assez doux et fin.
Mes yeux suivent ses mouvements tandis qu'une pointe de malaise titille mon estomac. Ethel ne lui a pas parlé de mon mutisme ? Il va donc continuer à me parler, sans savoir que je ne peux techniquement pas lui répondre, ou du moins pas dans une langue qu'il connaisse ?
Moi je pensais venir pour le ménage et pour faire ça je n'ai pas vraiment besoin de parler, plutôt d'écouter. Mais s'il insiste pour me parler... J'aurais dû ramener ma feuille et mon stylet ! Je ne pensais pas en avoir besoin, ils risquaient même de me gêner !
Maintenant, je ne sais plus quoi penser. J'attrape les vêtements qu'il a fait glisser vers moi et les enfile sans me poser de question, la blouse se boutonnant d'elle-même afin d'épouser la forme de mon corps et les gants s'ajustant automatiquement à la taille de mes mains. Il me tend alors une paire de lunettes qui ne me semble pas du tout appropriée pour travailler dans un laboratoire.
Ce sont des lunettes épaisses, avec des verres assez longs et teintés, dont la couleur de base —probablement du doré — s'est effacée au fil du temps. Les lunettes se passent autour du cou et s'ajustent à l'aide d'un élastique noir. Je hausse les sourcils et les pointe du doigt, ce qui fait sourire Aksel.
— Quoi ? Elles sont chouettes, proteste le jeune homme en voyant mon expression.
Je baisse les yeux pour observer une nouvelle fois les lunettes. C'est vrai qu'elles sont plutôt chouettes. Mais ça ne change pas le fait que je me refuse à porter un truc pareil dans un laboratoire !
L'un de mes sourcils retombe et se fronce devant sa réponse. Il semble enfin comprendre que je ne critiquais pas les lunettes, mais que je me demandais simplement pourquoi je devais les porter et d'où elles provenaient, parce que ce n'est clairement pas d'un laboratoire.
On dirait presque qu'elles ont été faites pour un costume, ou quelque chose dans ce style-là. Pas pour être portée lors d'expériences scientifiques sérieuses.
— Ce sont de vieilles lunettes de scientifiques. Je t'assure ! Ces trucs ont été à la mode pendant un long moment ! Elles sont renforcées au niveau du verre pour résister à des acides et à des explosions, donc je préfère que tu les gardes. Vu que tu n'y connais rien, je ne voudrais pas qu'il t'arrive un truc. Pure prévention, lâche finalement le jeune homme.
Mon visage perd toute expression faciale tandis que mon cerveau semble avoir arrêté de fonctionner. Pourquoi est-ce qu'il y aura des explosions ou des acides ? Et pourquoi serait-ce aussi près de mon visage ?
Je ne tiens pas à voir quoi que ce soit exploser, je ne veux pas être proche d'une explosion et je ne veux pas être la cause ou la victime d'une explosion ! Pourquoi a-t-il fallu qu'il prononce le mot « explosion » ?
Parce que maintenant c'est certain, je ne vais réussi qu'à me concentrer sur ce mot et rien d'autre, alors que je suis supposée travailler ! Je fusille le jeune homme du regard et il « explose » alors de rire devant moi. Je me fige, ne sachant comment réagir. Est-ce qu'il s'est moqué de moi ?
Est-ce qu'il a réellement trouvé ça drôle ? Je ne vois pas ce que plaisanter sur des choses qui pourraient me nuire a de drôle et je doute que ma mémoire soit mise en cause cette fois-ci. Je m'apprête honnêtement à le frapper lorsque son fou-rire s'arrête et qu'il reprend un air plus sérieux pour achever avec un :
— Qu'est-ce qui est arrivé aux apprentis précédents à ton avis ?
Puis il s'enfonce dans le fond du laboratoire en m'adressant un dernier clin d'œil et un petit sourire, tandis que je reste figée dans l'entrée. Je peux entendre l'écho de son rire le suivre jusqu'au fond de la pièce.
Qu'est-ce qui vient de se passer exactement ? Donc ce n'était pas de l'humour ? Ou alors, c'était une blague ? Et il est parti comme ça, sans me dire ce que je suis supposée ranger et surtout où ! Je m'enfonce à sa poursuite, passant entre diverses étagères —la plupart sont vides d'ailleurs —.
Je dois également slalomer entre des tas de bocaux en verre et de métaux oubliés, me baisser pour éviter une armoire mal taillée —ou mal placée ? – pour parvenir jusqu'à lui, finissant par le trouver agenouillé devant une ligne de sérum à même le sol. Deux d'entre eux sont violets, le reste varie entre le vert et le rose.
Le jeune homme jette un œil derrière lui comme s'il avait senti ma présence et reporte ensuite son attention sur les sérums. Je le vois en soulever un, d'une couleur orange foncé qui me rappelle les citrouilles dessinées sur mon pull et se redresser, tendant le sérum dans ma direction avec un petit sourire encourageant.
Je croise les bras sur mon torse et le fixe avec les sourcils haussés, ne comprenant pas ce qu'il veut que je fasse avec ce sérum. Le boire ? Hors de question. Je ne tiens pas à remettre quoi que ce soit dans mon corps qui produit d'un tube à essai.
— C'est le sérum sur lequel je travaille en ce moment. Le but final étant de pouvoir faire revenir les souvenirs après seulement un mois et demi, au lieu de trois. Le seul souci, c'est que je n'ai aucun moyen de le tester, soupire le jeune homme en reposant le sérum avec les autres, avant de quitter cet endroit pour revenir près de l'entrée.
Salut tout le monde ! What's up ?
J'espère que vos journées se passent bien, que le moral est toujours haut et positif ^^ Sinon, c'est qu'il faut lire plus "Felidae" et passer moins de temps sur Twitter ou devant BMFtv (comment ça, c'est mal de faire de l'auto-promo ? Ah mierda).
Nouveau chapitre, posté avec toujours autant de ponctualité, c'est comme ça qu'on m'aime-euh, m'aime-euh, m'aime-heu, comment ça qu'on m'aime-euh, m'aime-heu... J'arrête avec Stromae. Nouveau chapitre, nouvelle partie, nouvelle journée au QG pour notre petite héroïne. Qu'en avez-vous pensé ?
On commence à apprendre à connaître Aksel, le jeune scientifique de la bande. Que pensez-vous de sa dynamique avec Felidae ici ? Quel rôle va-t-il jouer dans l'histoire, si ce n'est celui du mentor pour Felidae, selon vous ? Restera-t-il un ami, deviendra-t-il un ennemi ? Quels secrets peut-il bien cacher, s'il en a ?
Dites-moi donc tout, cela égayera ma nuit !
Sur ce, je vous souhaite une très, très bonne fin de semaine. Je vous donne rendez-vous dimanche à 17H sur Youtube et bien sûr sur n'importe lequel de mes réseaux sociaux pour plus de news !
Kisses and kudos, Claire.
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