Chapitre 25 (partie II)
Mais c'est dans son regard que je peux lire sa confusion, alors je tends la main pour qu'elle me rende ma feuille et que j'explique ma phrase précédente. La jeune femme patiente quelques instants, continuant de m'observer, gardant la feuille entre ses mains tandis que la mienne est toujours dans les airs et commence à me faire mal.
Lentement, elle finit par me rendre l'objet et je m'empresse d'exprimer à travers une série de signes ce que j'ai voulu lui dire. La seule réaction de la jeune femme est un froncement de sourcil à la lecture, le rehaussement du sourcil droit et un regard dubitatif dans ma direction par la suite.
Avec cette attitude, je m'attends à ce qu'elle se moque de moi, ou qu'elle réplique avec un « j'en doute », parce qu'elle aurait raison et je ne m'en rends compte que maintenant. J'aurai réagi de la même manière pour sauver Benny, ou mes parents, très certainement.
Mais je ne sais pas comment j'aurai réagi dans l'intérêt de tous les gens qui sont ici, que je ne connais même pas. Je me gifle mentalement pour cette bourde que j'aurai probablement dû éviter.
Aïe ! Pourquoi c'est toujours moi qui me prends les coups quand c'est toi qui fais n'importe quoi ? Proteste ma petite voix ce qui me fait sourire. Je baisse aussitôt la tête, espérant qu'Ethel n'a pas vu mon rictus.
— Peut-être. Espérons que tu n'aies jamais l'occasion de le savoir, déclare finalement Ethel après ce long silence, me rendant ma feuille.
Je lève les yeux, ne sachant quoi penser de cette réponse. D'un côté je suis d'accord, je ne tiens pas à savoir ce que cela fait de prendre des décisions qui affectent autant de monde, mais d'un autre côté les décisions que je prends affectent mon entourage, Benny, mes parents, très certainement les amis que j'avais à l'époque et que je n'ai probablement pas retrouvés ou qui sont très certainement mort. Donc d'une certaine manière, j'ai déjà eu l'occasion de le savoir ?
Je te conseille vivement de ne pas essayer de lui expliquer, parce qu'à mon avis ça se finirait très mal. Ethel a pas l'air du genre à « jouer sur les mots », si tu vois ce que je veux, ironise la petite voix et cette fois, je suis entièrement d'accord avec elle.
Je ne sais déjà pas moi-même pourquoi je passe autant de temps sur une simple phrase, alors que je pourrais tout simplement demander ce que je fais encore ici. Elle ne m'a pas fait venir seulement pour me demander de mes nouvelles. Je récupère mon petit engin et trace chaque lettre avec lenteur et attention.
« Pourquoi suis-je ici ? », je lis, essayant d'y trouver une erreur, en vain : la machine corrige tout.
Ethel lit ma question et saute sur ses pieds, un regain d'énergie que je n'avais pas prévu et qui me fait sursauter. La jeune femme me contourne pour retourner à l'endroit où elle était avant que je ne pénètre dans la pièce, soulève un tas de feuilles, fronce les sourcils, puis passe à une autre pile et ce pendant de longues minutes avant de finalement trouver le document qu'elle cherchait après d'intenses recherches.
Elle revient vers moi afin de le poser sous mes yeux, puis reprend sa place dans la chaise à côté de la mienne. Je jette un regard sur la feuille sur laquelle sont inscrits de nombreux mots qui me donnent la migraine rien qu'à l'idée de devoir tout déchiffrer.
Il y a des noms communs, des prénoms, des numéros qui semblent désigner les étages et des noms de lieux, très certainement. Je pointe du doigt cette feuille et pose mon regard confus sur la jeune femme assise à mes côtés, qui se penche vers moi pour expliquer :
— C'est la liste des différents corps de métiers, les noms de ceux qui y travaillent déjà et leurs localisations dans le QG. Maintenant que la Cure est terminée, il est grand temps de te rendre utile à la communauté en trouvant un travail. Cela te permettra d'avoir accès à la cantine et de te mélanger à la population, mais surtout de t'intégrer, te faire des amis, t'occuper la journée... Madigan doit s'occuper de ses patients et Benny est encore en Cure, donc d'après ce que je comprends tu es seule. Te trouver une occupation changerait ça. Sans parler du fait que tu apprendrais à faire quelque chose d'utile à la communauté.
Je reporte mon attention sur la feuille, mes yeux balayant les différents « corps de métiers » afin d'essayer d'en trouver un qui puisse me convenir. Je ne sais absolument pas ce que j'aime ni ce que je sais ou ne sais pas faire, donc ça n'aide pas vraiment.
Je ne sais même pas à quoi correspondent tous ces « métiers ». Je dirais que le travail dans la cantine est le seul qui me parle, mais je n'ai aucune envie de devoir aller laver les couverts ou autre ! Même si je suppose que je n'aurai guère le choix.
Il faudra bien me trouver un métier aujourd'hui et j'aurai probablement un métier que je ne connais pas et qu'il me faudra faire pendant un moment. Ethel me tire de mes pensées lorsqu'elle m'incite à me lever et à la suivre, tout en gardant la feuille dans les mains.
Je me lève et emboîte le pas de la métisse, admirant sa posture droite qui ne paraît pas rigide pour autant. La jeune femme quitte l'espace dans lequel nous étions depuis un moment et referme la porte dans mon dos. Elle se tourne alors vers moi :
— C'est plus simple si je t'explique tout ça en te montrant chaque corps de métier, sinon je pense que tu auras du mal à visualiser. On commence par l'étage, suis-moi, dit-elle en m'indiquant le fameux escalier que j'avais vu avec Calliste la dernière fois.
Je la suis, m'engouffrant dans l'étroit couloir qui semble monter très haut, écoutant le craquement de chaque marche sous mes pas. Je m'arrête derrière Ethel une fois que nous avons atteint la plateforme supérieure et mes yeux balayent la pièce.
L'endroit doit probablement faire la même taille que le grand hall du bas au-dessus duquel il est situé, mais cet espace est si rempli qu'il m'est impossible de le constater au premier abord.
Partout sont empilés des bouts de métal, de tissu et d'autres choses que je ne parviens pas à identifier, autour desquels courent et discutent de nombreuses personnes. Certains semblent bien plus vieux que vingt-cinq ans, les autres semblent avoir l'âge d'Ethel —ils sont tous clairement plus âgés que moi, ce qui ne me surprend plus —, habillés de vêtements parfois trop courts, trop longs ou déchirés, mais avec le sourire.
Ils se passent les objets de mains en mains, puis les placent dans des tas séparés, sans remarquer ma présence ou celle d'Ethel.
— Donc tu as les Trieurs, qui sont chargés de récupérer tout ce que l'on peut utiliser dans la Décharge puis ensuite de les amener aux autres en fonction de ce dont ils ont besoin. Par exemple, s'ils trouvent des couverts de bonne qualité, ils les descendent aux cuisines. Si ce sont des machines, ça serait pour les mécaniques. Des armes, ça sera pour les armuriers ou les patrouilleurs, en fonction de leur état. Quant aux vêtements, ils seront descendus aux dortoirs. C'est un travail qui demande pas mal de force physique, mais surtout de pouvoir parler, donc j'ai déjà tiré un trait dessus, décrit Ethel.
Je baisse les yeux sur la feuille pour découvrir qu'en effet, trois des corps de métiers sont méticuleusement barrés, ne me permettant pas d'en voir le nom. Je suppose que « Trieurs » est fait partit des trois noms, bien que je ne puisse pas en avoir de preuves.
Je relève la tête pour découvrir que plusieurs personnes semblent nous avoir vus et adresse des signes de mains à Ethel et me dévisage sans aucune gêne avec des sourires qui me font comprendre que je ne corresponds pas au type de personne qui travaille avec eux.
Je peux effectivement voir les muscles saillants de certains des travailleurs et sans aucun problème les entendre se crier d'un bout à l'autre de la pièce pour s'échanger des pièces et refaire les tas qui s'écroulent.
Tirée de mes observations par Ethel, je suis la jeune femme lorsqu'elle redescend les escaliers pour cette fois m'emmener dans le hall. Cette fois, je découvre qu'un petit groupe de personnes sont assis près de l'étalage d'armes.
Équipés de bouts de tissu pour certains, ils frottent et astiquent les armes, tandis que d'autres les démontent et les remontent le plus rapidement possible. Enfin, un autre petit groupe travaille plus loin, sur des tables, et inspecte certaines armes avant de faire des choses que je ne comprends pas, comme faire fondre du métal pour en rajouter sur certaines armes ou encore fabriquer les objets que l'on glisse à l'intérieur.
— Les Armuriers qui s'occupent de nos armes et de celles trouvées par les Trieurs. Ceux-là nettoient les armes afin d'être sûrs qu'elles peuvent tirer et que rien ne gênera le tir. Le nombre de fois où un débutant a essayé de tirer avec une arme sale et où le tir a donc dévié de sa trajectoire... C'est le problème des armes lasers, c'est que tout est être impeccable. Eux, ils vérifient que l'arme a bien toutes ses pièces. Si jamais ils en manquent, ceux qui sont assis à la table les recréent avec du métal trouvé par les trieurs. Ils sont aussi chargés de remettre du métal dans les griffures des armes. C'est le problème de ces modèles, c'est que le moindre gramme de métal en trop ou en moins peut vraiment faire dérailler l'arme. Les nouveaux modèles n'ont pas ce problème, mais ils sont aussi précieusement gardés par les androïdes, donc on fait au mieux. C'est un travail précis et rigoureux, que tu peux effectuer, me souffle Ethel et bien qu'elle ait parlé très bas, j'ai l'impression qu'elle vient de me hurler dessus.
Ce travail s'effectue visiblement en silence, donc mon mutisme ne sera pas un problème. J'observe chacune de ces personnes faire, j'écoute le bruit des armes qui se montent et se démontent sans pouvoir contenir le frisson de dégoût qui me traverse l'échine.
Je ne pense pas pouvoir faire ce métier-là, parce que je suis incapable de regarder une arme plus de cinq minutes sans avoir envie de quitter la pièce, ce qui me paraît plutôt embêtant ici. Je secoue la tête et Ethel comprend puisqu'elle hoche la tête et m'entraîne plus loin, vers la porte dérobée que je finis pas connaître par cœur.
La porte s'ouvre avant même que la jeune femme ne pose sa main sur le détecteur, ce qu'elle m'explique brièvement par un simple « j'ai une reconnaissance faciale d'activée sur cette machine » que visiblement, elle est la seule à avoir.
Nous nous arrêtons au -1 et je continue de suivre Ethel partout, dans un couloir qui ressemble à celui du niveau -4. Il n'y a pas de bruit, seules quelques rares personnes sortent encore de derrière les portes métalliques et courent hors du niveau dès qu'ils découvrent la présence de leur supérieur.
— Nous sommes dans les Dortoirs. Il n'y a personne qui travaille ici, mais comme c'est là que tu vas désormais dormir, il fallait bien que je te montre. Sache aussi que ce n'est pas moi qui fais la visite des différents corps de métier, mais tu es un cas un peu plus spécial. Je préfère te garder à l'œil pour le moment. Et puis ça met un coup de pression aux autres, donc ça m'arrange, me confie la jeune femme tout en fusillant du regard une jeune fille qui sort d'une des chambres en bâillant.
Ladite jeune fille ouvre de grands yeux et retourne directement dans sa chambre pour s'habiller en un temps record, avant de courir vers la plateforme pour partir travailler. Je ne peux m'empêcher de sourire tandis qu'Ethel suit et sors également du niveau -1 pour aller juste en dessous. Le niveau -2 est le fameux étage que je ne parvenais pas à déchiffrer.
Il n'y a simplement aucun bruit ! Comme le précédent, ce niveau est composé d'un grand hall cette fois séparé d'un mur équipé d'une porte coulissante. Dans ce premier espace, je découvre sept personnes —j'ai compté — qui sont soit assises à même le sol, soit debout.
Salut tout le monde ! Comment ça va ?
Devinez qui a encore oublié que nous étions mardi et qui poste donc le nouveau chapitre à une heure totalement indécente ? Yup. Moi. Franchement Wattpad HQ, ayant pitié et laissez-nous programmer nos chapitres en avance quoi ! Perso ça me soulagerait tellement mes stress là, à pas savoir quel jour, quelle heure etc... x) Gosh.
Bref ! Qu'avez-vous pensé de cette partie ?
On en apprend un peu plus sur le QG, c'est pas si nul en fait, pas vrai ?
A quel étage aimeriez-vous vivre, pour le moment ?
Quels autres "métiers" existent, selon vous ?
See you mardi prochain !
Rendez-vous demain sur Wattpad pour un nouvel OS et probablement dimanche pour une nouvelle vidéo Youtube !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top