— Alexa, tu l'as senti ?

— Je crois, oui.

Je n'arrive pas à comprendre ce qui se passe. Nos éclairages courent autour de nous, en vain. Je sonde l'eau en quête de je ne sais quoi. Il n'y a rien de toute façon.

— C'était quoi ce truc Karl ?

— Je ne sais pas. J'ai eu l'impression qu'on touchait ma peau malgré la combinaison.

— Moi aussi. Et pourtant c'est impossible.

— Oui.

On a donc eu tous les deux la même sensation. Presque en même temps... Karl reprend :

— Tu n'as pas eu de drôles de sentiments aussi tout à l'heure ?

— De l'oppression ?

— Oui, comme si l'eau était visqueuse... Et je me sentais observé aussi.

— Observé ?

— Pas toi ?

— Non.

— Pourtant, je le sens encore en ce moment.

Je scrute autour de moi. C'est absurde. En même temps, ça ne ressemble pas à Karl d'avoir des intuitions. Il est toujours dans l'analyse froide des faits, jamais dans l'imagination ou la mystification des choses. Mais moi, je n'ai absolument pas eu l'impression qu'il y ait le moindre regard braqué sur nous. En revanche, je suis presque sûre d'avoir entendu des sons et senti une odeur étrange. Mais hors de question de lui dire ça, je ne peux pas prendre le risque qu'il pense que je suis en train de devenir folle... En essayant de distinguer ce qui n'existe pas, j'imagine un calmar géant qui nous effleure de ses tentacules. Ca me stresse. Je prends quelques longues inspirations pour me calmer. Mon cœur ralentit, la pression redescend, je me concentre sur mon corps. Et là... Il y a quelque chose de bizarre dans ma tête, un mouvement très doux, très fin, comme la caresse d'une plume qui se déplace à l'intérieur de mon crâne. Mon cœur reprend sa course folle. Je me concentre pour ne pas me laisser envahir. N'importe quoi. N'importe quoi...

— Alexa ?

— Oui ?

— J'ai fini.

— Moi aussi.

— On remonte ?

— Avec plaisir.

Mon soulagement est palpable. Mon cerveau est redevenu normal. Je pense que l'idée de revoir la surface y est pour beaucoup. Nous commençons notre ascension en silence.

Et soudain, quelques sons légers, soyeux, aussi doux que des frôlements me parviennent.

— Bonjour