Chapitre 28
Les bras appuyé sur son balcon, Stanley contemplait une partie de son empire. Un empire qu'il avait difficilement gagné, même si ce magnifique endroit n'était pas réellement le sien. Il s'y sentait cependant comme le maître des lieux. Il n'était certes pas le roi, mais il était son bras droit et son plus proche conseiller. Le roi le laissait tout faire, ou presque. Il était la personne la plus respectée après Alban lui-même, car tous savaient qu'il pouvait presque tout se permettre. Stanley était un vampire que beaucoup craignaient, il était fourbe, sournois et tant d'autres choses encore. Sans la protection du roi cet homme serait mort depuis des années. Malheureusement, le roi qui l'avait toujours soutenu et écouté attentivement, n'avait pas le même point de vue que lui pour son plus grand agacement. Stanley désirait une seule chose aujourd'hui et malheureusement Alban ne voulait pas qu'il s'en charge comme il l'aurait voulu. Plus le temps passait, plus il voyait cette « intruse » comme il la surnommait, devenir une réelle menace pour son roi. Mais aussi pour lui. Si le roi était amené à mourir, alors il en était de même pour lui.
Lorsqu'il sut que cette Ultime existait, il ne pouvait simplement pas y croire. Il avait toujours conseillé le roi de ne jamais en créer un autre, que ce serait bien trop risqué, mais il avait commis cette erreur. La première fois qu'il croisa le regard noir de Malia, des frissons parcoururent son corps. Jamais il n'avait vu de femme Ultime et il devait avouer qu'elle était belle et très impressionnante. Mais le problème restait le même, elle était une Ultime, donc une menace. Une menace qu'il aurait aimé expédier six pieds sous terre, il était hors de question pour lui de laisser la moindre personne risquer sa place auprès du roi.
Le roi Darius n'en avait que faire de ses conseils, alors qu'Alban les écoutait très attentivement. Darius et Stanley n'avaient jamais été proches, leur vision du monde était totalement différente surtout lorsqu'il s'agissait de parler des loups garous. Stanley les détestait, alors que Darius lui, les appréciait.
«Ils sont une espèce à part entière, tout comme nous » c'était les mots exacts du roi, et contrairement aux autres Ultimes, il voulait que la paix règne entre les deux espèces. Mais ni Stanley, ni Alban ne voyait les choses de cette façon et Darius en avait payé le prix.
Les souvenirs de sa rencontre avec le roi Alban remontaient à bien des années déjà, mais il s'en rappelait comme si c'était hier.
C'était une nuit comme une autre, Stanley se préparait comme à son habitude et appela une servante qui lui servait aussi de garde-manger. Une habitude qu'il transmettrait des années plus tard à son nouveau roi. Il commençait à déambuler dans le manoir écoutant chaque commérage des servants ou de nobles qui venaient rendre visite au manoir. Ces commérages pouvaient parfois lui être fort utile, car il n'hésitait pas par la suite à s'en servir contre les personnes concernées. Il continua son tour lorsque la discussion d'un noble très proche du roi l'arrêta brusquement.
- Je lui ai dit qu'il avait fait une grave erreur mais le mal est fait.
- C'est tout de même impensable, c'est un risque pour nous tous.
- Si il ne se contrôle pas, il le tuera de ses propres mains, ce sont ses dires.
Il voulait en savoir plus mais les nobles l'ayant repéré ne dirent plus un mot et continuèrent d'avancer. Il se demandait bien de quoi parlaient ces hommes et surtout de qui? Qui pourrait représenter une si grande menace? Il continua son chemin et tomba nez à nez avec le roi Darius et cet homme.
- Votre Altesse.
Il fit une courte révérence et releva la tête. Darius en profita pour faire les présentations et lorsque le mot Ultime traversa ses lèvres, les yeux de Stanley étaient sur le point de quitter leurs orbites. Darius aurait parié qu'il était déjà au courant mais en vue de sa réaction, il n'en était rien. Le roi écourta cette entrevue et continua son chemin en compagnie du nouvel Ultime.
Stanley toujours sous le choc, les regardait s'en aller sans un mot. Alban se retourna un sourire en coin, lui montrant ses yeux noirs. Stanley lui sourit légèrement à son tour et regagna ses petits appartements. Il sut à ce moment précis, que son destin allait changer, car il était sûr d'une chose : Alban ne serait jamais Darius.
- Monsieur une affaire urgente vous attend dans vos jardins.
Un serviteur le sortit de ses pensées. Il se demandait bien qui pouvait le déranger à cette heure-ci, surtout qu'il n'attendait personne. Il gagna rapidement ses jardins et trouva trois de ses gardes. Le vampire fronça les sourcils et se positionna devant eux.
- Puis-je savoir qui vous a dit de rentrer ?
- L'Ultime Monsieur, nous n'avons pas eu le choix.
Un éclair de colère passa dans ses pupilles sombres, ses soldats se raidirent craignant la sentence. Ils savaient qu'ils risquaient gros en rentrant, mais aucune autre solution ne s'était offerte à eux.
- Si mes calculs sont bons, vous étiez quatre non ?
- Oui, mais l'Ultime lui a arraché le coeur car comme vous le vouliez, nous nous en sommes pris à deux de ses amis, les deux loups. L'un d'eux a les côtes brisées, mais elle est arrivée avant que l'on ne puisse faire quoi que ce soit d'autre. Son message est clair, elle ne veut plus de nous là-bas.
Stanley aurait dû être furieux mais ce ne fut pas le cas, au contraire, il se mit à sourire. L'acte qu'elle venait de commettre était une rébellion envers la couronne et passible de grave conséquences. Heureux de cette victoire, il congédia ces hommes qui furent soulagés de ne pas recevoir de punition. Stanley, lui, avait le sourire aux lèvres, il ne pensait pas que ce serait aussi simple de la piéger. Il se dirigea jusqu'aux portes du bureau du roi et sûr de lui, les ouvrit avec force. Quelle ne fut pas sa surprise...
- Bonsoir... Stanley, dirent Malia et Messone en cœur.
*****
Malia rejoignit Jessy dans sa chambre après l'incident qui venait tout juste de se dérouler. Elle se lava les mains pour faire disparaître cette odeur de sang, même si elle savait qu'avec son odorat surdéveloppé, il sentirait sans difficulté l'odeur qu'elle avait sur elle. La vampire s'assit sur le lit et souleva les couvertures pour voir l'étendue de ses blessures. Un soupire de soulagement traversa ses lèvres en voyant qu'il guérissait rapidement.
- Tu regardes mon torse en béton ?
Elle sourit en voyant qu'il gardait son sourire en toutes circonstances mais rapidement, son sourire s'évanouit et ses sourcils se fronça.
- Tu sens le sang à plein nez.
- Rien de grave ne t'en fais pas je...
- Elle a tué un membre de la garde royale, dit Messone en entrant dans la chambre.
Jessy n'en croyait pas ses oreilles. Tuer un membre de la garde royale c'était se retourner contre le roi lui-même.
- Tu n'aurais jamais dû faire une chose pareille ! s'écria le loup en s'appuyant sur ses coudes.
- Ils ont failli vous tuer ! Je n'allais pas les laisser faire !
Elle se leva et se mit à observer par la fenêtre essayant de garder son calme. À cet instant, Malia regrettait que ses amis ne la comprennent pas. Avait-elle été la seule à lire dans le regard de ce vampire ? Jamais il n'aurait cessé de persécuter les loups ! La noirceur de son âme parlait d'elle-même. Laisser les gardes entrer dans l'école était une mauvaise décision et même si elle n'en avait pas eu le choix, aujourd'hui il était hors de question qu'ils remettent un pied à Felesia. La vampire demanda à Jacke de prévenir l'Alpha afin qu'il n'envoie pas ses gardes, cette école s'était passée de gardes jusqu'à présent et devait continuer ainsi.
- Tu penses que le roi va en rester là ? Et surtout ce Stanley ?
- Nous allons bientôt le savoir... rétorqua l'Ultime.
Jessy et Messone comprit où elle venait en venir et cette idée ne plaisait pas du tout à Jessy qui fronça les sourcils.
- Je te préviens Messone, tu as le choix. Soit tu viens, soit je pars sans toi.
Le vampire acquiesça, c'était la seule solution qui s'offrait à eux. Messone avait eu beau chercher une autre solution, aucune autre ne lui avait traversé l'esprit. Cet entretien allait être capital pour Malia, car soit le roi se montrerait clément, soit il la condamnerait sur le champ. C'était quitte ou double. Il quitta rapidement la pièce et Malia quant à elle, s'avança près de Jessy qui grognait de mécontentement. Devait-elle le rassurer et trouver les bons mots pour calmer son ami ? Lui avouer qu'elle tuerait l'armée entière pour sauver les personnes qu'elle aime ? Peut-être mais elle savait cette fois encore que cela ne servirait à rien. Elle se pencha et l'enlaça quelques secondes car les gestes, semblaient parfois apporter bien plus que quelques mots.
Quittant la pièce à son tour, Malia regagna sa chambre et opta pour une combinaison noire légèrement décolletée ainsi qu'une paire d'escarpins rouges, accompagnée d'un unique rouge à lèvres de la même couleur. Son regard dériva sur le magnifique bijou que Jessy lui avait donné qu'elle prit et attacha à sa tenue. La brune retrouva Messone dans le hall qui lui aussi s'était changé. Ils échangèrent quelques mots dans la voiture, pour être sûrs qu'elle se contrôlerait face au roi.
Une fois garés devant ce magnifique manoir aux allures de château, ils montèrent les marches sans un bruit. Son coeur battait anormalement vite signe qu'elle était en proie au stress : revoir le roi lui faisait perdre ses moyens sans savoir réellement pourquoi. Leur dernier rendez-vous s'était bien passé, mais cette entrevue risquait de ne pas se dérouler de la même façon. Messone alla voir l'un des serviteurs qui courut rapidement prévenir Alban et revint peu de temps après pour les faire entrer dans le salon du roi. Voyant son angoisse, Messone tendit sa main pour qu'elle s'en saisisse. Il savait qu'elle n'aurait pas dû s'y prendre de cette façon car elle ne l'avait pas tué pendant un combat et Stanley pourrait s'en servir contre elle. Mais avec un peu de chance Alban comprendrait son geste et l'attirance qu'il avait pour elle, jouerait en leur faveur. Le roi entra dans la pièce et son regard se posa sur Messone pour ensuite regarder Malia, il s'attarda sur cette dernière qui se mit à rougir. Le sourire qu'il afficha n'échappa pas à Messone qui aurait voulu lui arracher les yeux. Prenant place sur son fauteuil, Alban fixa le vampire.
- Que me vaut votre visite ?
- Comme vous le savez, Stanley a donné pour ordre à quatre de vos gardes de protéger Felesia.
Il fronça légèrement les sourcils et les deux amis comprirent que Stanley avait agi sans lui demander son avis. Mais ne voulant pas perdre la face, il se reprit laissant croire qu'il était au courant des agissements de son conseiller.
- D'après ce que j'ai pu entendre, cette école n'était plus vraiment sûre pour les élèves, alors j'ai renforcé la sécurité. Y a-t-il du mal à ça ?
- Lorsque quatre de vos gardes s'en prennent à deux loups, dont l'un est un professeur et l'autre mon meilleur ami, oui il y a un problème, ajouta Malia.
Le roi ne dit rien et observa cette femme qu'il convoitait de plus en plus. Tout l'attirait chez elle, que ce soit ses long cheveux châtain, son visage angélique ou ses lèvres rouges qu'il rêvait de posséder. Soudain, le sortant de sa rêverie, les portes de la salle s'ouvrirent brusquement sur Stanley. Le roi comprit qu'il était au courant des faits et Stanley quant à lui s'était stoppé mais reprit vite sa marche, bien qu'elle soit moins assurée. Les deux vampires le saluèrent, alors qu'il se plaça du côté gauche du roi, Messone et Malia restèrent sur la droite. Messone qui le détestait le toisa d'un air mauvais.
- Je suppose que vous êtes là pour demander pardon à votre roi.
Malia pouffa de rire. Messone qui lui avait appris la conduite à tenir en présence du roi, leva les yeux au ciel face au comportement de cette dernière.
- Demander pardon ? C'est une plaisanterie n'est-ce pas ? Vos hommes s'en sont pris à mes amis et vous voulez que je demande pardon ?
- Ils ne les ont pas reconnu.
- Ah oui? Et lorsque vous ne reconnaissez pas une personne, vous vous jetez sur elle pour la tuer ?
- Les loups les ont attaqués, ils ont répliqué.
- Vous avez écouté la version qui vous arrange le plus ! Vos hommes les ont attaqués, ils se sont simplement défendus. N'échangez pas les rôles.
- Vos amis sont vivants, alors que...
Elle lui coupa volontairement la parole.
- L'un d'eux a brisé les côtes de mon ami et celui-ci sous la souffrance a repris forme humaine, ils auraient pu à ce moment là s'arrêter, mais non, ils étaient prêt à le tuer si je n'étais pas intervenue, dit-elle en ayant de plus en plus de mal à contenir sa colère.
Cette fois elle venait de marquer des points, mais il ne s'arrêta pas pour autant.
- Dans l'agitation on ne sait plus vraiment ce que l'on fait et vos amis sont vivants contrairement à l'un des gardes royaux que vous avez tué.
Un sourire satisfait s'afficha sur son visage, qu'elle aurait voulu défigurer.
Le roi ne dit rien écoutant attentivement ce que l'un et l'autre avait à dire. Il était stupéfait par cette femme qui ne se laissait pas faire face à Stanley. C'était la première fois qu'une telle chose se passait.
- J'ai effectivement brisé la nuque à tous vos gardes et j'ai fini par arracher le coeur à l'un d'entre eux qui ne voulait rien savoir, mais vous comprenez avec l'agitation tout ça... J'ai perdu le contrôle.
Il déchanta et elle sourit à son tour. Elle venait de le faire taire, ce qui n'arrivait jamais.
- Je comprends tout à fait votre réaction et de ce fait vous n'aurez aucune sanction à subir de notre part.
Lorsque le roi prononça ces paroles, Messone et Malia en restèrent béats. Ils ne savaient plus quoi dire ni quoi faire. Stanley quant à lui serrait les poings si fort que ses ongles s'enfonçaient dans sa paume de main.
- Sachez Stanley que nous nous occuperons nous-mêmes de la sécurité de cette école. Si son Altesse n'en voit pas d'inconvénient, bien sûr.
Messone attendit patiemment la réponse de son roi qui acquiesça d'un signe de tête tout en laissant son regard, fixer intensément la jeune Ultime. Messone qui ne loupait rien à cet échange sentit l'agacement l'envahir et avant que celle-ci explose, il préférait mettre un terme à cet entrevue. Malia quand à elle avait bien du mal à se défaire du regard de son roi, elle sursauta lorsque Messone la prise par le bras et qu'il fit une courte révérence avant de quitter les lieux en vitesse.
Le roi les regardait partir en imaginant déjà la prochaine raison qu'il inventerait pour revoir la femme qui occupait ses pensées. En attendant ce moment, il se concentra sur son conseiller qui était visiblement contrarié. Stanley était peu habitué à ce qu'il s'oppose à ses décisions et il s'attendait à ce qu'il se révolte.
Stanley bouillait de l'intérieur et ne prit même pas la peine d'en discuter avec son roi. Alban était visiblement aveuglé par cette vampire, alors inutile de s'efforcer à le faire changer d'avis. Il allait être difficile de se débarrasser de cette femme mais comme il le disait si bien.
"Rien n'est impossible..."
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