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Ses mains posées sur le ventre de Malia, Daé tenta à nouveau de faire revenir son amie, même si elle savait que cette fois encore, ça ne marcherait pas. 

Son pouvoir était enfoui au creux de ses entrailles prêt à jaillir et renaître de ses cendres, mais Daé, contre sa volonté, l'empêchait de s'éveiller. Sa lignée, bien que bon nombre de sorcières auraient aimé être à sa place, la rouquine la voyait comme une malédiction. Cela n'avait pas toujours été le cas, Daé avait présenté dès son plus jeune âge un talent et un pouvoir semblable à toutes les femmes de sa descendance. Elle se souvenait encore des moments qu'elle partageait avec ses amis et sa mère à déjouer des sortilèges et à en créer, c'était son domaine de prédilection. 

Elle était douée et Sandrea avait su dès son plus jeune âge qu'elle serait la plus douée de toutes. Daé était une passionnée, tellement que sa mère devait lui rappeler qu'elle devait prendre garde avec ses pouvoirs, car la magie pouvait se montrer aussi douce que destructrice. 

Daé fit une mauvaise rencontre, une enjôleuse, comme les sorcières les surnomment. Magie noire, sortilèges d'amour et autres incantations interdites étaient pratiqués par ce genre d'individus. Elles avaient le pouvoir d'endoctriner les plus faibles ou les plus perdus. 

Sandrea n'était pas intervenue jusqu'à ce jour où Daé décida d'enfermer une partie de ses pouvoirs au plus profond d'elle-même. L'enjoleuse disparut sans laisser de traces, ou plutôt sa mère la fit disparaître, elle n'en sut trop rien et ne voulait rien savoir. 

— Ils vont mourir Daé, s'il-te-plaît fais quelque chose ! la supplia Méline, aveuglée par ses nombreuses larmes. 

Si seulement je le pouvais, si seulement… se dit-elle en serrant les poings lorsque soudain, des images se mirent à envahir son esprit. 

Des images d'elle lorsqu'elle détenait ses pleins pouvoirs. La sorcière était si joyeuse, un public de jeunes enfants l'observait avec fascination accomplir des tours d'une grande simplicité pour une sorcière de son niveau. Puis changement de décors, Daé se trouvait dans ce qu'elle appelait son antre. C'est ici qu'elle mettait au point ses sortilèges, épanouie comme une fleur sous les rayons du soleil. Daé se sentait complète. 

Les images s'envolèrent et la sorcière dut prendre une grande inspiration. Le regard vers le ciel, elle se mit à sourire et murmura :

— Merci mère. 

Elle se releva, mit ses bras en avant et entama une incantation dans une langue inconnue. Le vent se leva, le tonnerre gronda et la pluie s'abattit sur les féroces guerriers. 

Un halo rougeâtre provenant de la lune tourbillonna autour d'elle et suivit le chemin de ses bras jusqu'à envelopper le corps de Malia. 

Puis soudainement, tout revint à la normale. La lune, le temps, et Daé s'évanouit sur le sol exténuée. 

— Daé ! s'écria Meline en accourant jusqu'à elle.

— J'ai réussi… marmonna-t-elle difficilement. 

Méline aurait aimé lui dire que oui, qu'elle avait réussi, mais ce furent les larmes d'une mère qui dévalaient ses joues. Daé s'endormit à son tour sous les sanglots de Méline qui, démunie, serra la jeune sorcière dans ses bras. 

— Oui mon amie, tu as réussi. 

Méline sursauta à l'entente de cette voix qu'elle ne connaissait que trop bien. Malia s'était agenouillée près d'elles et déposa un délicat baiser sur son front. 

— Prend soin d'elle Méline. 

La blonde choquée acquiesça sans un mot, trop absorbée par le nouveau regard de sa protégée. Noir, strié de filaments rouges. 

Malia était non seulement une Ultime, mais aussi une Alpha. 

La jeune femme s'avança sur le champ de bataille. Douleur, frustration et tant d'autres émotions traversaient son corps, ce n'était pas seulement ce qu'elle ressentait mais aussi ses loups. Quant aux vampires, nul besoin de quelconque lien, il suffisait de lire dans leur regard afin d'y déceler la peine et la souffrance. 

À mesure qu'elle s'avançait, sa robe immaculée se teintait de pourpre, témoin du massacre auquel elle n'avait pas participé. Tout autour d'elle n'était que désolation, sang, blessés, colère mais surtout peine. Combien d'entre eux avaient perdus un frère ? Un père, peut-être même une mère ? Cela devait cesser. 

— Baissez vos armes, dit-elle d'une voix douce et ferme à la fois. 

Les combats cessèrent, les épées tombèrent sur le sol, et les cris sombrèrent dans un profond silence. 

Malia rejoint son groupe d'amis dont le regard pétillait d'espoir. Son cœur se gonfla lorsqu'elle vit qu'ils étaient là, mais encore plus lorsqu'elle vit Lenzo. Ce dernier avait la lèvre fendue, son corps était criblé d'hématomes, mais il en fallait bien plus à son loup pour le mettre hors jeu. 

L'Alpha s'empressa de la rejoindre et l'embrassa fougueusement. La vampire pouvait sentir son cœur battre à tout rompre et bien qu'elle l'aimait éperdument lorsqu'elle était vampire, son côté loup amplifia considérablement l'amour qu'elle lui portait déjà. Cet homme lui était vital.  

— Comme c'est émouvant ! dit le roi en frappant dans ses mains. J'en ai les larmes aux yeux. 

Il s'essuya les yeux d'un geste théâtral. Malia se détacha de Lenzo afin de lui faire face. 

— On aurait pu vivre en paix Alban, si ta soif de pouvoir ne t'avait pas consumée.

— Et me contenter éternellement de ma place de roi des vampires ? J'en veux plus.

— Tu en veux trop. 

— Tu penses, parce que tu es devenu hybride, que ta soif de pouvoir va s'éteindre ? 

Malia esquissa l'ombre d'un sourire car Alban n'avait pas tout à fait tort. Combattre, gagner, régner, oui elle le désirait encore, c'était enfoui juste là, au niveau de ses entrailles, mais aujourd'hui son cœur était plus fort. L'amour des siens, de sa meute était bien plus important qu'un royaume. Son Ultime n'avait pas disparu, seulement sa pression était moins forte, Malia la contrôlait et non l'inverse. 

— Peu importe mes réponses, ma présence te gêne, la seule chose que tu veux si ce n'est le monde à tes pieds, c'est me voir morte. Alors à quoi bon épiloguer ? Finissons-en. 

Malia fit un signe de tête à Messone qui lui lança son épée et se mit en position d'attaque. 

Alban serra son arme et s'élança vers la vampire plus déterminé que jamais. C'est la seule solution, pensa-t-il en lui assénant le premier coup d'épée. 

S'en suivit un combat acharné où le fracassement des lames résonnait sur tout le domaine. Tous étaient absorbés par ce combat unique, par deux personnalités exceptionnelles qui détenaient leurs destins entre leurs mains. 

Les coups de Malia étaient dotés d'une incroyable puissance, ses coups d'épées précis laissaient peu de chance à son adversaire de les esquiver, mais ce dernier redoutable et malin avait un avantage sur elle : sa vitesse. Alban était indéniablement plus rapide et il l'avait bien compris. Il lui fallait se battre en corps à corps s'il voulait se débarrasser d'elle.  

D'un coup de coude bien placé, le monarque visa son menton, ce qui la fit pencher la tête en arrière et il profita d'un coup d'épée pour la désarmer. L'épée vola à plusieurs mètres plus loin, laissant Malia démunie d'armes mais pas vaincue. 

La vampire sentit le goût ferreux du sang dans sa bouche s'écouler le long de sa lèvre. Elle observait son adversaire, essoufflé par l'effort, qui détenait toujours son arme en main. 

Lenzo voulut prendre part au combat sachant que sans arme, Malia n'avait aucune chance de s'en sortir mais Messone l'arrêta. Il connaissait le monarque mieux que quiconque et savait comment le faire flancher. 

— Dis-moi Alban, que comptes-tu faire avec cette épée ? Tu ne penses pas t'en prendre à cette femme alors qu'elle n'a plus d'arme ? 

Alban serra les dents tout en fusillant le blond du regard. Il était évident qu'il ne pouvait pas la tuer de cette façon, ce serait lâche, il ne pouvait pas se le permettre. Pas aujourd'hui. 

— J'attends une réponse, regicide ! 

Pour réponse, le roi lança son épée dans sa direction que Messone esquiva de justesse. 

— Prévisible, murmura ce dernier. 

Malia s'élança à son tour et le frappa en plein visage, Alban répondit par un coup de pied dans le flanc ainsi qu'un coup de poing dans le ventre. La vampire lui saisit le bras alors qu'il s'approchait dangereusement de son visage et mordit son avant bras lui arrachant un cri de rage. Son bras ensanglanté, Alban fit un pas en arrière et Malia en profita pour le déséquilibrer d'un coup de pied, ce qui le fit chanceler et tomber sur le sol.  

La brune aurait pu en finir en lui arrachant le cœur tant qu'il était sur le sol mais n'en fit rien. Une hésitation qui ne passa pas inaperçue aux yeux de Messone, qui avait déjà vécu un moment comme celui-ci. 

Malgré toutes les atrocités qu'il avait commises, Alban restait son créateur, sans oublier la noirceur qui les liait. Le tuer était bien plus difficile que n'importe quelle autre personne. Malheureusement, Alban se releva et esquissa un sourire espiègle, il avait compris. 

— Difficile, n'est-ce pas ? 

Malia restait en garde car elle le savait capable d'attaquer à n'importe quel moment, néanmoins il avait raison. Elle n'arrivait pas à le tuer, malgré qu'elle le désirait au plus profond d'elle, elle n'y arrivait pas. 

— Il n'aura aucun mal à te tuer, il a tué Darius et il te tuera si tu ne fais rien. 

La voix de Lenzo résonnait dans son esprit. Ce fut déstabilisant sur le moment, mais Malia se reprit rapidement. 

— Tu ne comprends pas, dit-elle simplement.

— Je ne le laisserai pas te tuer comme il a tué Dylan. 

Malia écarquilla les yeux d'effroi tout en observant autour d'elle. Non, dit-elle en cherchant le jeune homme du regard, mais ce dernier se trouvait nulle part. 

Messone posa sa main sur l'épaule de Lenzo. 

— Je sais que tu ne voulais pas lui mentir, mais nous n'avons pas le choix. 

L'Alpha lui faisait confiance, seulement la voir si démunie lui brisait le cœur. Dylan était le premier à l'avoir accepté dans cette école, il était bien plus qu'un simple ami à ses yeux. 

Sans qu'elle ne s'y attende, Alban profita de son soudain changement d'attitude pour la frapper d'un grand coup pied dans le dos. Sa colonne vertébrale émit un craquement et se cambra sous le choc de l'impact. Il la rattrapa avant qu'elle ne touche le sol et se positionna derrière elle en tenant son cou de sa main. 

— Contrairement à toi, je n'hésiterai pas une seule seconde, murmura-t-il à son oreille. 

La rage de la vampire était telle qu'il lui était impossible de la contenir. D'un coup de tête et coup de coude dans les côtes, Malia s'échappa de son emprise. S'en suivit de plusieurs coups au visage, son nez pissait le sang, ses pommettes étaient criblées de cicatrices sans oublier son arcade ouverte de plusieurs centimètres. Elle finit par un coup de pied qui le propulsa sur plusieurs mètres mais Malia le saisit en vol par la gorge, prête à lui asséner le coup de grâce, mais encore une fois et malgré sa colère, le tuer semblait bien trop difficile. 

Maintenu par sa puissance, Malia regardait le roi tout en laissant ses larmes dévaler ses joues. Il fallait que tout s'arrête, il le faut, pensa-t-elle. 

Malia resserra l'emprise sur sa gorge, un cri de douleur accompagna son geste lorsque sa main lui arracha le cœur. 

Le cœur du roi tomba sur le sol et Malia suivit sa course en maintenant le corps du monarque contre le sien. Elle mit une main sur son visage et ne le quitta pas du regard. Ses beaux yeux bleus la fixaient intensément, son Ultime l'avait quitté et enfin la mort s'empara du roi des vampires. 


           ***NOTE D'AUTEUR***

OMG !!!!😱 Alban nous a quitté et ça me fait un petit pincement au cœur ^^

Voilà les amis, l'histoire touche bientôt à sa fin ... encore un chapitre et un prologue voir juste un prologue ... j'hésite ! J'ai du mal à lâcher mes personnages 😅

Juste une petite chose, j'aimerais beaucoup avoir votre ressenti sur ce chapitre ! Avez-vous aimé ? Est-ce à la hauteur de vos espérance ?

Enfin, je vous souhaite à tous une très bonne année ! Je vous embrasse et vous dit à très bientôt ❤️

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