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Alban l'observa prendre la fuite la rage au ventre, son plan ne se déroulait pas comme il l'avait imaginé et ce genre d'imprévu le plongeait dans une colère noire.
La mort de ce loup aurait dû la mettre hors d'elle, lui faire perdre le contrôle jusqu'à se jeter sur scène afin d'essayer de sauver cet homme, mais son scénario avait lamentablement échoué. Ce moment, Alban l'avait rêvé un nombre incalculable de fois, s'imaginant parfois la voir se rallier à sa cause et se lier à lui pour l'éternité. Une telle chose était tout simplement impossible, ou peut-être bien que cela l'était, mais dans le fond, le voulait-il réellement ? La réponse était évidente, un monarque tel que lui était fait pour régner seul. Tout aurait été différent si Malia n'avait été qu'une simple vampire, seulement le destin en avait fait une arme redoutable, la seule qui puisse mettre un terme à son règne et cela Alban ne pouvait pas se le permettre.
Il avait travaillé si dur pour s'emparer du trône, prenant des risques incommensurables en tuant son prédécesseur et créateur : Darius.
Son accès à la couronne lui avait valu le nom d'usurpateur ou bien même de régicide, mais Alban n’en avait eu que faire, il était le vampire le plus puissant, le légitime successeur et l'alliance passée avec des vampires fortunés et peu scrupuleux lui avait permis de parvenir à ses fins. Une rébellion avait éclaté, quelques inconscients avaient osé se dresser contre lui et tous avaient péri dans d'atroces souffrances, afin de servir de mise en garde contre les résistants un peu trop téméraires.
Le temps s'écoulait, et l'envie d'étendre son pouvoir ne faisait que s'accroître. Chaque jour un nouveau plan jaillissait de ses pensées, l'enfermant toujours un peu plus dans sa folie d'assujettir les autres chimères. Maintenant qu'il était sur le point de mettre en marche son projet le plus ambitieux, cette vampire aux prunelles de jais venait entraver ses plans. Cette Ultime si puissante qui choisissait de se battre auprès de ces chiens et des vampires les plus faibles, ceux qui se contentaient de peu, ceux qui croyaient en un monde uni, mais quelle sottise ! Les vampires étaient l'espèce la plus puissante, lui en était la preuve. Aucun vampire ne pouvait le battre, ni même un loup, encore moins un hybride et inutile de mentionner les métamorphes. Trop lâches pour se battre, ils préféraient se terrer sur leur territoire et quant aux sorcières, Alban ne pouvait pas nier leur puissance, c'était pour cette raison qu'il avait mis en place une stratégie pour qu'elles restent sagement à leur place. Ces enchanteresses ne viendraient pas lui causer du tort, ni elles ni personnes d'autres, il était prêt à tuer n'importe qui se trouvant sur son chemin, à commencer par Malia.
— Sir ! l'interpella une gouvernante le visage apeuré. Elle se trouve dans la salle de bal !
Sans se donner la peine de répondre, Alban fonça dans cette direction et poussa les portes avec force qui s'ouvrirent dans un fracas assourdissant. Face à lui se trouvait Malia, le regard noir de colère.
— Pourquoi s'en prendre à une si belle robe ? dit-il en observant le bas de sa robe arrachée.
Alban esquissa l'ombre d'un sourire et s'approcha lentement de la vampire qui suivait le moindre de ses mouvements. Tout dans sa posture lui indiquait qu'elle était sur ses gardes, prête à se défendre si cela s'avérait nécessaire. La méfiance luisait dans ses prunelles, Malia n'avait plus confiance en lui, peu importe ce qu'il pourrait dire ou faire, il l'avait définitivement perdue.
— Aurai-je déjoué vos plans Sir ?
La vampire avait revêtu son regard abyssal, la tête haute, elle le toisait d'une oeillade mauvaise lui exprimant de cette manière le dégoût qu'elle ressentait à son égard.
— Je dois bien avouer que oui. Je vous pensais incapable d'un tel contrôle, peut-être que j'ai sous-estimé votre attachement envers cette sous-espèce.
— Me pousser au-delà de mes limites afin de me tuer à la vue de tous vos disciples, vous n'êtes pas digne de régner sur les vampires, croyez-moi Sir, je ferai une meilleure reine que vous.
Piqué au vif, le roi serra les poings fortement afin de calmer ce tourbillon de rage qui ne demandait qu'à jaillir. La vampire cherchait à le déstabiliser à son tour, mais il n'y avait qu'à l'observer pour se rendre compte qu'elle n'était pas en position de jouer. Son corps crispé montrait à quel point elle peinait à maîtriser son côté sombre, ce n'était plus qu'une question de secondes avant qu'elle ne se jette sur lui.
— Vous auriez pu devenir une reine à mes côtés, nous aurions fait un couple fabuleux. Nous disposons de la force nécessaire pour mettre à mal nos ennemis ! Loups, hybrides, sorcières, métamorphes et même les humains, se soumettront face à notre puissance ! Nous vampires ne sommes pas faits pour vivre dans l'ombre, mais dans la lumière.
Pitoyable, pensa Malia. Cet homme était le roi des vampires, le plus puissant, probablement le plus riche et cela n'était toujours pas suffisant. Pourquoi en vouloir plus alors qu'il avait déjà tout ? Sa nature d'Ultime le poussait à conquérir plus de terre et de pouvoir mais rien ne serait jamais suffisant. Malia le savait, elle savait exactement ce que son roi ressentait, ce sentiment qui le rongeait, cette noirceur constante le poussant dans ses retranchements les plus sombres. La vampire aussi le ressentait, son destin était le même que l'homme qui lui faisait face, vouloir conquérir le monde, ne se satisfaisant jamais des biens qu'elle possédait était le prix à payer pour être l'un des êtres les plus forts de ce monde.
— Vous et moi Malia sommes pareils, je vous comprends mieux que personne, vos doutes, vos peurs, cette soif de contrôle pour ne pas tout détruire, je sais tout de vous.
— Si vous savez ce que je ressens alors vous n'êtes pas sans savoir que je n'ai qu'une envie, c’est celle de vous tuer.
Vouloir mettre fin à sa vie frôlait l'obsession, son Ultime voulait se mesurer au sien, lui montrer sa force, il n'y avait plus une once de doute, Malia devait en finir.
— Tout comme vous je ressens cette attraction lorsque nos regards noirs se croisent, cette envie folle que nos Ultimes ont de se mesurer l'un à l'autre, afin de prouver qui est le plus fort des deux. Ce soir nous allons satisfaire nos Ultimes, nous allons céder à cette pulsion qui nous ronge, mais avant de vous ôter la vie, vous devez savoir que j'ai éprouvé des sentiments à votre égard, Malia. Vous m'avez fait ressentir des émotions qu'aucune autre femme n'avait réussi à me transmettre durant ma longue existence.
La vampire vacilla quelques secondes sous le choc d'un tel aveu.
— Vous m'avez déstabilisé à de nombreuses reprises, penser en votre présence était un véritable supplice et je n'arrivais pas à comprendre ce qui m'attirait tant chez vous jusqu'à ce que l'évidence me frappe, vous êtes ma faiblesse Malia et c'est pourquoi vous devez mourir.
Le regard d'Alban prit une teinte de jais, et sur ces dernières paroles il se jeta sur Malia et lui envoya un coup de pied en plein ventre ; cette dernière, ébranlée, ne l'avait pas vu venir. Son dos se fracassa contre le mur et avant qu'elle ne réagisse, il la saisit par le cou et lui asséna un coup de poing en plein visage. Sonnée, Malia eut tout juste le temps d'esquiver le prochain coup en lui envoyant un coup de pied qui éjecta le roi quelques mètres plus loin. La vampire essuya du revers de la main sa lèvre ou un filet de sang s'écoulait.
Alban ne plaisantait plus, ce n'était plus l'homme qu'elle avait connu, Malia avait face à elle, le vampire sanguinaire que tous craignaient. Nombreuses sont les personnes qui se seraient enfuies devant un tel danger, mais Malia trouvait au contraire ce combat excitant. Souriant à son tour, elle se mit en position de combat et le monarque la rejoint de sa vitesse vampirique. A peine une seconde plus tard, il se trouvait devant elle. Les crocs sortis, son poing atterrit une nouvelle fois sur sa joue, mais Malia tint bon et l'attrapa par sa chemise, l'envoyant valser à travers la pièce. Le corps d'Alban glissa le long de la pièce mais se releva avec agilité. Ne lâchant rien, il revint à la charge, envoyant des coups puissants afin de démontrer sa puissance. La vampire faisait de son mieux pour contrer les coups et attaquer, mais son monarque était puissant, bien plus qu'elle ne l'avait imaginé. Sa force de frappe était plus puissante que la sienne, sa technique de combat plus perfectionnée, il n'y avait aucun doute, il était plus fort, mais Malia n'avait pas dit son dernier mot. La jeune femme redoublait d'efforts et de puissance, le cognant et lui arrachant quelques plaintes sourdes, émoustillant son Ultime.
Alban, fou de rage, la saisit par le bras et la fit voler à l'autre bout de la pièce, la faisant échouer contre l'un des grands cadres en bois, la vitre se brisa sur le sol et des morceaux de verre vinrent entailler ses mains à présent ensanglantées. Malia retira un morceau de verre enfoncé dans la paume de sa main et se releva sans quitter sa main du regard. Lorsqu'elle releva le visage, elle aperçut l'étendue d'un sourire satisfait sur les lèvres du roi, ce qui ne manqua pas de faire jaillir sa colère de nouveau. Alors qu'elle s'apprêtait à entreprendre une nouvelle fois le combat, l'une des grandes portes en bois s'ouvrit subitement sous son regard ébahi.
Le corps d'un homme traversa la pièce jusqu'aux pieds du roi qui lui aussi ne semblait pas comprendre ce qu'il se passait. Malia s'approcha prudemment du corps et se stoppa net lorsqu'elle aperçut le faciès du monarque. Ce dernier semblait abasourdi, son visage devint blême et sa respiration erratique.
— Que se passe-t-il Alban ? Aurais-tu vu un fantôme ?
Malia tourna la tête vivement en direction de cette voix et tout comme le roi, là mise en état de choc jusqu'à ce qu'elle réalise qu'il se tenait là, juste devant elle. Les larmes aux yeux et la gorge nouée par l'émotion, la vampire articula son prénom, la voix tremblante :
— Messone.
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