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Voilà des jours, peut-être même des semaines que Malia se trouvait dans ce château, et son esprit était dans un état pitoyable. Elle ne savait plus quoi penser, les paroles d’Alban semblaient avoir un réel impact sur les grandes décisions qu’elle avait à prendre, mais Hermès avait toujours les bons mots pour lui mettre le doute. Le vampire était une énigme à lui seul. Il apparaissait et disparaissait à sa guise, Malia le comparait souvent à un fantôme, mais le plus étrange encore, était qu’il venait à elle chaque fois qu’elle pensait à lui. Lorsque Malia l’avait interrogé à ce propos, il avait simplement prétexté un sixième sens, une faculté que lui seul possédait, mais le sourire en coin qu’il avait affiché ensuite lui fit prendre conscience qu’il se payait simplement de sa tête. Hermès était un homme mystérieux et comptait bien le rester.
— Madame ?
Emma, sa femme de chambre entra timidement dans la pièce. Entre ses mains se tenait une fiole de sang, son breuvage pour une demi-journée. Sa consommation d’hémoglobine avait considérablement évolué depuis qu’elle se trouvait entourée exclusivement de vampires et son angoisse n’y était probablement pas pour rien.
— Entre, ne crains rien.
La belle blonde aux yeux verts lui tendit la fiole sans la regarder dans les yeux. Emma était à son service depuis son arrivée, mais lorsque Malia essayait d’en apprendre d’avantage sur elle, la jeune femme perdait subitement la mémoire. Emma n’était pas la seule, toutes celles qui portaient une longue robe rouge se trouvaient dans le même état : un point de discorde entre Alban et Malia et malheureusement la vampire n’avait pas eu gain de cause. Alban refusait littéralement de les libérer, mais fit l’effort de ne pas les tuer aussi souvent qu’il en avait l’habitude et il en allait de même pour Stanley. Une bien maigre victoire, mais une victoire tout de même.
— Oh mais quelle horreur ! s’écria une voix qu’elle ne connaissait que trop bien. Pourquoi diable vous acharnez-vous à boire de cette façon ?
Malia leva les yeux au ciel et soupira lassement. Emma quant à elle, avait le sourire aux lèvres, la pauvre ne se rendait pas compte qu’elle était assujettie à cet homme désespérément agaçant, mais aussi d’une beauté envoûtante. Difficile pour une humaine de résister à un vampire de son envergure, mais en ce qui concernait Malia, son physique n’était pas ce qui la rattachait au roi, il y avait quelque chose chez cet homme qui l’attirait bien plus qu’elle ne le voudrait. Cette attirance ne ressemblait en rien avec l’amour qu’elle ressentait pour son âme-sœur, ce lien n’avait d’égal et à peine avait-elle une pensée pour lui, que son cœur se contractait violemment.
Chaque jour était un combat pour éviter par tous les moyens possibles de penser à lui. C’était bien trop douloureux et ses larmes menaçaient de couler à chaque instant, alors pour soulager son coeur, Malia occupait ses journées du mieux qu’elle le pouvait. Le château était suffisamment grand pour la distraire, et Alban n’était jamais très loin pour la divertir, mais ce qui la faisait tout oublier ou presque, étaient les combats que Hermès lui faisait endurer.
Malia avait rarement combattu un adversaire de son niveau. Il était rapide, puissant, et son âge jouait en sa faveur, mieux encore, il n’avait pas peur d’elle. Son regard avait beau se teinter d’un noir abyssal, il gardait cette même expression sérieuse comme si rien ne pouvait l’arrêter.
— Encore dans la lune princesse ?
Malia l’aurait presque oublié, comme à chaque fois qu’elle pensait à Lenzo, mais une fois encore, elle ravala sa peine et se concentra sur l’homme qui lui faisait face.
— Je ne suis pas dans la lune, vous m’ennuyez tout simplement.
— Ça tombe bien puisque je suis là pour vous divertir et pour ce faire, je vais vous apprendre à boire, à la source !
Malia manqua de s’étouffer avec le verre d’eau qu’elle venait tout juste de se servir. Voilà des jours qu’il s’impatientait à l’idée de lui apprendre à mordre un humain pour s’abreuver, d’après lui, de façon correcte.
D’un geste, il demanda à Emma de s’approcher de lui, mais avant qu’elle ne puisse faire le moindre pas, Malia se positionna devant elle.
— Il en est hors de question !
— Et vous allez dire que c’est moi qui suis ennuyant, dit-il en s’appuyant contre le mur. Bon alors une autre ! Emma allez me chercher l’une de vos amies.
Les épaules de Malia s’affaissèrent, Alban était bien trop borné pour renoncer à cette idée farfelue, bien qu’elle ne l’était pas totalement. Ce n’était pas la première fois qu’elle le voyait mordre l’une des filles et l’envie d’en faire de même s’était à chaque fois prononcée. Mais la peur de blesser mortellement l'une d'entre elles, était plus forte que sa soif.
— Écoutez-moi princesse, nous sommes des vampires et vous une Ultime, vous avez bien plus de capacités que n’importe qui de notre espèce et vous savez pourquoi ? Parce que nous combattons chaque jour notre côté sombre et croyez-moi, c’est bien plus difficile que de résister à l’envie de tuer notre victime, même si j’avoue qu’il faut quand même faire preuve d’un minimum de contrôle.
— Justement, dit-elle agacée. Je n’ai aucun contrôle là dessus, comment pouvez-vous être certain que je ne la tuerai pas ?
— Parce que je suis là, je n’hésiterai pas à vous envoyer valser contre ce mur si vous vous décidez à ne pas m'obéir.
— Je n’ai pas peur de vous, dit-elle en faisant apparaître son Ultime.
— Et c’est ce qui m’attire autant.
Les deux Ultimes avaient le regard rivé l’un vers l'autre, leurs visages n’étaient qu’à quelques millimètres et leurs canines s’allongeaient. Ils étaient captivés, absorbés par cet élan de noirceur qui les réunissait. Alban avait une envie folle de lui montrer sa supériorité, son corps tout entier désirait cette vampire, mais de quelle façon ? Tout ceci était nouveau pour lui, comme pour elle.
— Me voilà Sir.
Les canines du roi retrouvèrent leur taille normale, le regard de Malia quant à lui redevint noisette mais cette dernière ne put s'empêcher de froncer les sourcils. Comme à chaque fois qu’ils faisaient apparaître leurs Ultimes, Malia avait dû faire face à des émotions contradictoires. Cette sensation était si perturbante qu’il lui était impossible de décrire ce qu’elle ressentait.
— Approche-toi, dit-il à la jeune femme vêtue d'une robe rouge.
Alban prit sa main et la fit tourner de façon à ce qu’elle se retrouve dos à lui. Il glissa une main sur son ventre et de l’autre, dégagea sa chevelure pour faire apparaître son cou. Le roi y déposa de délicats baisers, le regard rivé sur Malia qui observait la scène avec fascination. Il pouvait voir sa poitrine se déployer plus rapidement chaque fois qu’il posait ses lèvre sur la peau de la jeune femme, car malgré ses protestations et ses réticences à mordre un humain, Malia aimait ce qu’elle voyait.
Alban continua son petit jeu encore quelques secondes, avant d’enfin planter ses canines dans sa chair. Il laissa volontairement échapper un filet de sang, ce qui fit réagir la vampire. Malia se trouvait à présent devant eux, obnubilée par le roi et sa victime sans réellement savoir quoi faire. Alban se redressa et bascula la tête de la jeune femme afin que Malia puisse se nourrir à son tour.
En cet instant, elle en mourrait d’envie. Malia pouvait apercevoir les pulsations de son artère qui ne faisaient qu’amplifier son désir de la mordre et sans plus attendre, elle approcha ses lèvres. Au contact de la chair, ses canines s’allongèrent et dans un élan de convoitise, percèrent sa peau, sous le regard appréciateur du roi.
La chaleur de l'hémoglobine traversa chaque parcelle de son corps lui procurant un sentiment de bien-être, qu’elle n’avait jusque là jamais connu en se nourrissant. Le goût n’était comparable en rien avec les poches qu’elle avait l’habitude boire et sentir le pouls de sa victime sous ses crocs l’excitait d’autant plus. Celui-ci était tout d’abord rapide et s'amenuisait à mesure qu’elle se nourrissait de son essence vital. Le choix de lui prendre ou non la vie lui revenait et elle aimait ce sentiment de puissance.
Mais Malia revint brutalement à la réalité lorsqu'un plateau se brisa sur le sol. Cette dernière sursauta et se tourna vivement vers la porte où Hermès la fusillait du regard.
— Vous venez d’interrompre un moment très excitant Hermès.
— Veuillez me pardonner Sir.
— Peu importe, dit il en prenant la jeune femme dans ses bras, nous avons finit.
Malia essuya sa bouche à la hâte pour effacer les traces de ce qu’elle venait de faire et se pencha sur la victime le regard écarquillé de peur.
— Ne vous en faites pas princesse, elle s’en remettra.
Alban quitta la pièce le sourire aux lèvres, quant à Malia, elle aurait aimé prendre la fuite mais c’était inutile, elle devait affronter son ami et le regard qu’il lui lançait en ce moment même, lui fit comprendre qu’elle était sur le point de passer un très mauvais quart d’heure.
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