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Le corps de Malia heurta violemment la porte en bois qui se brisa sous la violence du choc. La vampire se releva promptement, laissant entrevoir ses canines acérées et son regard le plus sombre. Face à elle se trouvait Alban dont les lèvres étaient ensanglantées par le poing qu’elle venait de lui asséner avec force, chose qu’il n’avait pas prévu puisqu’il pensait pouvoir la calmer grâce à ses belles paroles, mais Malia en avait décidé autrement. Le regard de son roi était sombre et pourtant une lueur d’amusement étincelait dans ses prunelles abyssales, tout ceci n’était qu’un jeu pour lui, une distraction qu’elle se surprenait elle-même à apprécier. La vampire se maudissait d’être aussi faible en présence de cet homme qui par un simple regard arrivait à faire ressortir tout ce qu’elle s'efforçait à dissimuler.
— C’est agaçant n’est-ce pas ?
Malia fronça les sourcils sans donner la moindre réponse.
— Cette attirance, dit-il en essuyant ses lèvres d’un revers de la main.
Agacée par cette vérité, Malia fonça de nouveau sur lui prête à lui montrer qu’elle n’était plus la femme fragile qu’il avait rencontré à de nombreuses reprises. Les coups fusaient avec rapidité, Alban les évitait avec peine et n'hésitait pas à la frapper à son tour sans une once de remords. Tous les coups étaient permis et Malia ne se privait pas en matière de stratagème pour essayer de venir à bout du roi, alors lorsqu’elle fut assez proche de la cheminée, elle saisit la longue pelle brûlante et le frappa sur la joue. Désorienté quelques secondes, Alban saisit à son tour la pince métallique prête à lui transpercer les viscères, mais un hurlement mécontent retentit dans la pièce.
— Stop !
Hermès, serviteur de longue date, s’approcha des deux vampires visiblement agacés par un tel comportement. Son regard se posa sur la pelle que tenait Malia, qu’elle laissa tomber sur le sol, Hermès en fit de même avec l’accessoire du roi qu’il remit à sa place.
— Vous n’allez pas me croire, mais c’est elle qui a commencé.
Malia écarquilla les yeux sidéré par ces paroles, même s’il n’avait pas totalement tort.
— Vous l’avez bien mérité ! dit-elle en s’approchant, menaçante.
— Je vous en prie madame, suivez-moi.
Malia lui lança un dernier regard chargé de reproches et s’éclipsa sous le sourire d’Alban. Ce dernier l’observa suivre son serviteur sans pouvoir se détacher de cette furie. Ses longs cheveux étaient décoiffés et tombaient le long de son beau visage, ses joues étaient teintées de rouge, preuve de sa colère et son beau regard étincelait d’une profonde noirceur. Cette femme l’attirait comme un aimant et Alban savait parfaitement qu’elle ressentait cette attirance, bien qu’elle préférerait certainement s’arracher la langue que de lui avouer. Il allait devoir se servir de ce lien pour la formater à son image et une chose était sûre, la partie était loin d’être gagnée…
***
Toujours sur les nerfs, Malia suivait le serviteur sans prendre la peine de regarder devant elle, jusqu'au moment où sa tête heurta le dos du fameux Hermès. Agacée, elle le toisa d'un air mauvais, mais se ravisa lorsqu'elle rencontra deux pupilles d'un bleu foncé sans éclat. Le même regard qu'elle avait à de nombreuses reprises croisé, lorsqu'elle se trouvait à Lazar, ceux de Nina en particulier, lui revinrent en mémoire.
— Ma beauté vous trouble t'elle à ce point?
Habituellement, Malia aurait levé les yeux aux ciel et balancé une phrase cinglante, mais elle ne dit rien se contentant seulement de retrouver son regard noisette.
— Je préfère de loin cette couleur, dit-il en mettant une main derrière son dos pour l'inviter à avancer.
La vampire entra dans une pièce où cette fois-ci le bleu était à l'honneur. Les murs étaient peints d'un ton bleu clair, tapissés par plusieurs oeuvres d'art. Le plancher était recouvert d'un grand tapis recouvert de diverses rosaces sur lequel étaient éparpillées de jolies chaises d'un bleu roi ainsi qu'un fauteuil de la même couleur. Les lustres ainsi que les différents objets décorant les tables étaient de couleur or. L'association de ces deux teintes apportait à la pièce le côté luxueux que tout monarque recherchait.
Malia se dirigea jusqu'aux grandes fenêtres avec le besoin soudain de prendre l'air. Le paysage, bien que magnifique, ne réussit pas à réchauffer son cœur, cet endroit n'était pas le lieu où elle voulait être.
— Vous n'oseriez pas vous enfuir ?
La jeune femme fit volte-face, Hermès se tenait toujours aussi droit, vêtu d'un pantalon et d'une chemise noire, ses vêtements contrastaient indéniablement avec la pâleur de son teint.
D'un geste assuré, il demanda à Malia de venir s'asseoir autour de l'une des tables en bois. Le vampire lui servit une tasse de thé et braqua ses pupilles marines aux siennes sans la moindre peur, attendant patiemment qu'elle prenne la parole.
— Et si je décidais de fuir ?
— N'êtes-vous pas lasse de fuir ?
Ne s'attendant pas à cette réponse, Malia se redressa nerveusement sur sa chaise.
— Je n'ai jamais fui.
— Vous n'affrontez pas le problème non plus.
— Qu'en savez-vous ? Vous ne me connaissez pas, dit-elle les joues en feu.
Hermès esquissa l'ombre d'un sourire pensif. Il la connaissait bien plus qu'elle ne se l'imaginait, seulement, il était trop tôt pour lui révéler ses secrets.
— Qu'avez-vous fait pour sauver ces pauvres femmes qui chaque jour meurent sous les crocs assoiffés du roi et son conseiller ? Qu'avez-vous fait pour stopper Stanley dans ses plans machiavéliques? Pour mettre fin à Lazar ? Pour sauver les loups ? Rien. Rien n’a changé depuis votre naissance vampirique et vous êtes pourtant la seule à pouvoir y mettre un terme.
Que pouvait-elle bien répondre ? Qu'il avait tort ? Qu'il se trompait ? La vérité était parfois difficile à entendre et aussi tranchante qu'un coup de poignard. La vérité était qu'elle avait peur, peur de ne pas être à la hauteur, de se tromper, tout simplement d'échouer. Elle repoussait sans cesse l'affrontement avec son roi en espérant secrètement que les conflits s'apaiseraient d'un coup de baguette magique, quelle idiotie. Rien n'avait changé, pire, Messone avait péri. Peut-être que si elle avait réagi plutôt, il serait encore en vie.
Malia sentit des larmes embuer sa vision, mais aucune d'entre elles ne coulèrent car pleurer ne lui était plus permis. Elle devait se montrer plus forte, même si son cœur était meurtri par le chagrin.
Hermès posa une main sous son menton et l'obligea à relever le regard.
— Vous n'êtes pas seule Malia, j'ai foi en vous, voilà des années que j'avais perdu tout espoir de vengeance et telle un phénix renaissant de ses cendres, vous nous êtes apparue.
Enfin, Malia découvrit un scintillement d'espoir dans son regard, elle brillait d'une telle intensité que Malia sentit son cœur se gonfler de fierté. Malheureusement, cette lueur disparut aussi vite qu'elle était apparue.
— Votre lien vous empêche de voir le monstre qui se cache derrière ce visage angélique, mais c'est à vous seule de le découvrir et lorsque ce sera le cas, alors la guerre éclatera. Sauf si son venin parvient à franchir la barrière de votre cœur, par chance, il ne pourra atteindre votre âme.
Malia fronça les sourcils, confuse.
— Nous savons vous et moi que celle-ci est déjà liée.
Encore une fois, Malia ne sut quoi dire. Hermès semblait déjà tout savoir sur elle, comme si ce dernier faisait partie intégrante de sa vie alors qu'elle ne l'avait jamais côtoyé. Quelque chose lui disait qu'il était bien plus qu'un simple serviteur, cet homme allait jouer un rôle important durant son séjour chez le roi, un rôle décisif.
Le vampire se leva et prit congé laissant la jeune Ultime seule avec ses pensées. Messone ne s'était pas trompé, Malia était puissante et possédait un allié de taille : l'Alpha Suprême. Malheureusement Alban partageait un lien d'une puissance non négligeable avec la vampire. Il avait un pouvoir sur elle que personne ne pouvait expliquer mais Hermès n'était pas du genre à se laisser impressionner. Il se promit de tout faire pour raisonner autant de fois que nécessaire cette Ultime et son expérience lui disait qu'il allait devoir faire preuve de patience et de détermination.
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