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Les gardes de la meute arrivèrent de toutes les directions. Étant éparpillés sur tout le territoire, les loups gagnèrent leurs postes en un rien de temps et dans le plus grand des calmes apparents. Les enfants affluèrent accompagnés de leurs mères pour se réfugier dans la grande salle prévue pour accueillir la meute en cas d'urgence. Le protocole était strict et organisé, Lenzo dirigeait sa meute avec une poignée de fer, il paraissait serein en apparence, mais à l'intérieur c'était un véritable tsunami d'émotions. Malia était traversée par chacune d'elles, à tel point qu'elle en était totalement perdue, immobile, son corps ne répondait plus de rien. « Vampires sur le territoire » étaient les seuls mots qui tournaient en boucle dans son esprit.
Ils l'avaient retrouvée, Stanley ou même Adrian, peu importait, ils l'avaient retrouvée et maintenant, la meute était en danger par sa faute. Cette situation, Malia l'avait envisagée et Lenzo avait toujours su trouver les bons mots pour la garder auprès de lui. "Nous sommes puissants" lui avait-il dit. Les membres de la meute lui avaient prouvé à maintes reprises cette force qu'ils détenaient, non pas seulement par leurs puissances, mais par le lien qu'ils partageaient et la détermination à protéger leurs frères d'armes. Seulement, la vampire ne pouvait s'empêcher de se laisser envahir par la culpabilité. La meute suprême n'avait pas d'adversaire et rares étaient les attaques, il fallait être dépourvu d'intelligence pour oser s'en prendre à un opposant de cette envergure, mais le constat était là, face à elle. Peu importe où elle se trouvait, ses ennemis ne comptaient rien lâcher et Malia ne pouvait concevoir qu'un seul de ses membres périsse par sa faute.
Lenzo connaissait les risques, Jessy et Messone et l'intégralité de ses amis avaient fait le choix de rester à ses côtés et de mettre leurs vies en péril pour la protéger, mais pas la meute. Malia leur avait été imposée, ils ne connaissaient en rien son destin lié étroitement à celui du roi et pour toutes ces raisons, la vampire ne pouvait les laisser se battre pour elle, du moins, pas pour le moment. Elle devait trouver une solution au plus vite, avant que tout ne dégénère et finisse en bain de sang.
- Lenzo, où sont-ils ?
L'Alpha observa son regard se noircir à mesure que son organe vital décuplait de vitesse, ses poings à présent contractées, réservaient à son adversaire une douleur des plus brutales.
- Malia regarde-moi, nous nous sommes durement entraînés pour que tu puisses faire face à ce genre de situation, alors contrôle-toi ne les laisse pas gagner.
- Je ne vais pas rester les bras croisés Lenzo, tu le sais, telle est ma destinée. Je suis née pour combattre, mais sache que je suis en parfaite maîtrise de mon Ultime, je ne gâcherai rien, mon loup, je te le promets.
Un hurlement à glacer le sang retentit. Les loups s'agitaient, Lenzo se transforma partiellement et dans son regard étincelait une détermination sans faille à protéger les siens. Il se mit à courir, suivi de près par Malia qui craignait le pire, car si Lenzo avait toutes les informations grâce aux liens télépathiques, la vampire en revanche, ne savait rien de ce qu'il se passait. Cette liaison qu'il partageait avec sa meute était pour Malia un véritable don, une chaîne puissante qui reliait l'Alpha aux siens par la pensée, mais aussi par les émotions. Il n'était pas étonnant que Lenzo irait jusqu'à donner sa vie s' il le fallait pour les siens, tout comme les membres de sa meute. Lenzo ne gouvernait pas seulement parce qu'il était le plus puissant, mais parce qu'ils avaient une confiance aveugle en lui.
Arrivée sur les lieux, Malia découvrit l'un des bêta allongée sur le sol inconscient.
- Il n'est pas mort, pesta Damian, l'un des bêtas. Il y avait cette enveloppe adressée à ton nom.
À peine avait-elle effleuré l'enveloppe que ses muscles se raidirent un à un. Une lettre écrite à la plume ne laissait que peu de doutes quant à son expéditeur et même si cette dernière n'était pas signée, Stanley ou Adrian se trouvait derrière celle-ci.
"Le compte à rebours est lancé Malia, il ne te reste que quelques minutes pour sauver l'un des tiens ! Loin de moi d'être pessimiste, mais je pense malheureusement que tu n'arriveras pas à temps pour les sauver. Petit indice: On dit que sa lance est si rapide qu'elle en est invisible, comme un châtiment des dieux, elle ne rate jamais sa cible."
« L'un des tiens » répéta Malia à haute voix. Felesia, ses amis étaient en danger et les vampires se trouvant ici n'étaient que diversions.
- Tout est de sa faute, Lenzo ! Tu n'aurais jamais dû la faire venir sur notre territoire!
Lenzo s'approcha de son Bêta et poussa un hurlement de mécontentement.
- Remets-tu mes décisions en question ! À qui va ta confiance Damian !
Le loup baissa la tête en signe de soumission et quitta les lieux sous l'ordre de l'Alpha.
- Je dois partir, mes amis sont seuls et en danger, je ne peux pas rester.
Lenzo se mit à faire des vas et viens incessants, tout en grognant de rage, il relevait la tête pour la baisser deux secondes plus tard, il osait à peine la regarder dans les yeux. Il était en plein dilemme, sa meute avait besoin de lui, il le savait, mais Lenzo avait besoin d'elle et ce choix, il ne pouvait pas le prendre c'était un déchirement, il voulait hurler sa rage. Poings serrés, il frappa dans le tronc d'un arbre qui se fissura sous le choc de l'impact. Malia se précipita contre lui et saisit son visage le regard brillant de larmes.
- J'ai compris mon loup, tout est plus clair pour moi à présent. Ce lien que tu partages avec ta meute, pourquoi tu as choisi de me laisser pour les préserver, je t'admire pour ta loyauté exemplaire Lenzo. Je sais que tu m'aimes et si tu savais à quel point je t'aime aussi, mais nous sommes des êtres puissants et notre amour doit parfois être mis au second plan pour secourir nos familles.
Le cœur de L'alpha se déchira par cette triste réalité. Il voulait qu'elle reste, qu'il puisse la protéger et la savoir en sécurité, mais Malia n'était pas ce genre de femme. Elle n'était pas faite pour se cacher et attendre qu'une personne vienne la secourir, Malia était une arme dévastatrice, la première sur le front. Son cœur saignait de devoir la laisser partir, mais il n'avait pas le choix. Il la serra contre lui, humant son parfum pour se donner la force nécessaire, mais son corps n'arrivait pas à se défaire de son âme-soeur
- Dis-le-moi Malia, dis-le.
La gorge nouée par l'émotion, la vampire ancra son regard au sien.
- C'est toi Lenzo et pas un autre.
Malia courait si vite que ses larmes étaient balayées par le vent. Sa douleur était dévastatrice, elle pleurait sans pouvoir s'en empêcher car elle l'abandonnait. Elle les abandonnait. C'était une décision qu'elle ne regrettait pas, mais pourquoi alors avait-elle aussi mal, à tel point qu'elle ne parvenait plus à respirer normalement ? Malia devait se reprendre, elle était une Ultime et ses amis étaient seuls, la meute avait Lenzo, les vampires Alban, et Malia Felesia : elle se devait d'être là.
Lenzo avait la tête baissée vers le sol terreux, les bêtas envahissaient de questions son esprit torturé, mais lorsqu'il releva enfin son visage, ses yeux brillaient d'une couleur rubis. La douleur d'une telle décision, l'attaque de sa meute, étaient un cocktail explosif pour l'Alpha. Lenzo avait trop longtemps laissé les vampires agir sans conséquences, mais tout était terminé, cette époque était à présent révolue.
Il était temps pour les loups de montrer la puissance de leur espèce, la puissance d'une meute, de la meute suprême. L'Alpha leva la tête et poussa un hurlement de rage, les loups foncèrent têtes baissées, la guerre était déclarée.
***
Malia ne prit pas la peine de garer le véhicule et sortit de ce dernier à la hâte. Elle n'avait qu'une obsession, être la à temps pour ses amis car rien ne devait leur arriver, une telle perte n'était pas envisageable pour Malia, elle ne pourrait pas se le pardonner. Une fois la barrière magique traversée, un petit sourire naquit à la commissure de ses lèvres, elle se sentait bien ici, Felesia était sa maison et lorsqu'elle trouva son groupe d'amis dans l'arrière jardin, son sourire s'élargit et son cœur meurtri se combla de chaleur, ils étaient tous là sain et sauf.
Malia arrêta sa course étonnée de voir comme tout était paisible autour d'elle. Ses amis semblaient étonnés de la voir ici, mais la surprise fut rapidement remplacée par la joie de la revoir. La vampire contempla chacun de leurs visages, Méline, Jacke, Nina, Dylan, Jason, ils étaient tous sains et saufs. Malia soupira de soulagement, la peur s'envola et laissa place au bonheur, elle avait eu si peur qu'elle en était à présent presque euphorique de les retrouver.
Messone, son ami, son pilier, son frère se tenait là, non loin d'elle, le regard scintillant de bonheur. Un immense sourire étira son beau visage et ce dernier ouvrit les bras pour l'accueillir. Malia s'élança pour pouvoir enfin le serrer dans ses bras, mais un bruit sourd traversa son ouïe fine. Elle tourna son visage et vit un homme chauve, parsemé de tatouages, son bras aligné droit devant lui, le regard rivé sur le groupe d'amis.
Le regard de la vampire dériva de nouveau sur Messone. Les bras du vampire s'étaient refermés sur une lance tirée en plein cœur. Du sang s'écoula de sa bouche et Messone tomba à genoux.
Malia hurla et courut pour le rattraper avant qu'il ne s'écroule sur le sol. La vampire n'entendit pas, les hurlements de Nina, qui semblait sombrer dans une pure folie. Il n'y avait qu'elle et Messone.
- Messone non, je t'en supplie, dit-elle en. Caressant son visage et le serrant contre elle.
- Ma... Malia
Messone la regardait, la fixait de son regard azur, tel un grand frère.
- Tu es, tu es ma fierté, n'abandonne pas.
Le visage du beau vampire se teintait de gris et Malia pleurait sans savoir quoi faire. Son cœur saignait, la douleur était insupportable, pire que tout ce qu'elle avait imaginé et cette impuissance la rendait folle de rage.
- Tu dois régner.
Messone rendit son dernier souffle.
- Messone ! Messone non ! Non !
Elle avait mal, tellement mal qu'elle suppliait pour que cette douleur s'arrête, mais rien n'y faisait, c'était un véritable supplice, une torture inégalable.
Aucun mot ne pourrait désigner cette souffrance, cette douleur qui lacérait son corps tout entier. Il n'y avait plus que le désespoir et la noirceur. Le vide, le néant, la mort de Messone l'entraîna doucement, mais sûrement dans les profondeurs des abysses là où était sa place : dans les profondeur de l'enfer.
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