Messone se tenait fièrement devant ses élèves, voilà des semaines qu'il n'avait pas pu mettre en pratique ses talents de professeur. La patience exemplaire qu'il détenait fasse à leur multiples échecs était remarquable. L'épreuve du sang, la plus difficile de son cours, mettait le contrôle des étudiants en péril. Le blond mettait tout son savoir-faire pour les aider du mieux qu'il le pouvait et jamais il n'abandonnait. Mais une jeune vampire ainsi qu'un certain métisse manquaient à l'appel, Megan n'avait d'ailleurs pas manqué de le souligner. La vie en classe sans Malia n'était plus vraiment la même, il l'avait sans cesse à l'esprit, s'inquiétant jour et nuit pour sa sœur de cœur. Avec Lenzo à ses côtés, elle ne risquait rien. Une Ultime et un Alpha Suprême étaient difficiles à atteindre, mais ce n’était pas impossible pour ce fourbe de Stanley. 

— Messone ! 

L'intéressé se retourna vivement. Nina avait le regard écarquillé et lui faisait signe de la rejoindre. Il se rapprocha d'elle et vit qu'elle était accompagnée de Jacke et Méline. Son petit doigt lui disait que la nouvelle n'allait pas lui plaire. 

— Adrian est dans ton bureau. 

À l'entente de ce prénom, ses muscles se raidirent un à un. La crainte sur le visage de sa belle ne laissait aucun doute quant à l'identité de ce fameux. Cet homme ne valait guère mieux que son ignoble frère, aussi perfide et sournois. Marchant à vive allure, Messone claqua fortement la porte lorsqu’il arriva dans son bureau. Adrian n'eut aucun sursaut de surprise, puisqu'il s'était déjà préparé à un accueil forcé. Le professeur s'installa sur son fauteuil et le défia du regard. Le sourire en coin qu'affichait son ennemi commençait déjà à lui taper sur les nerfs, d'ailleurs il n'avait pas changé, pas étonnant pour un vampire. 

— Je ne suis pas mon frère Messone, ta colère envers moi n'est pas justifiée. 

— Tu es un assassin et tu ne vaux guère mieux que la vermine qui te sert de frère. 

— Moi qui m'attendais à un accueil chaleureux je suis déçu Messone. 

Lui envoyer un coup de poing bien placé sur son visage aurait été bien plus que satisfaisant, mais Messone détenait un contrôle hors pair et ce n'était pas cet abruti qui le ferait sortir de ses gonds. Du moins, pas aujourd'hui. 

— Viens-en au fait Adrian. 

— Je venais faire la connaissance de Malia. Une Ultime, une femme en plus ! Si j'en crois la rumeur, elle est à se damner. 

— Je me contrôle parfaitement Adrian et tu le sais, mais prends garde à tes paroles. 

Le regard assombri par la colère, Messone entrouvrit la bouche où deux canines acérées se frayèrent un chemin. 

— Du calme l'ami ! Je voulais faire connaissance. 

— Elle n'est pas ici. 

Adrian se leva sous le regard suspicieux du vampire. Alors c'était vrai, Malia n'était plus à l'école, voilà une contrariété qu'il n'avait pas prévu dans son plan. Mais cette nouvelle ne l'inquiétait pas outre mesure, s'il en croyait Megan, Felesia ainsi que les professeurs, faisaient partie intégrante de sa vie. La faire revenir à domicile ne devrait pas être difficile, bien au contraire. 

— Je vais te demander de partir, tu n'es pas le bienvenu et tu le sais. 

Il plaça une main sur son cœur de façon théâtrale, de quoi énerver son interlocuteur un peu plus. S'il ne partageait rien ou presque avec son frère, les deux hommes avaient un goût particulier pour la comédie et comme d'autres disaient, pour la fourberie. Adrian ne voyait pas les choses de cette façon, il n'était pas fourbe, seulement très intelligent et l'intelligence attirait la jalousie, tout simplement. 

— Il a été dit que tu es très proche de cette Ultime, j'étais pourtant persuadé que tu préférais les blondes ! 

— Prends garde Adrian, ma patience à des limites. 

Ses lèvres légèrement retroussées, Adrian continua d'arpenter la pièce sans se soucier des menaces du vampire. Le brun était agacé d'avoir fait le chemin jusqu'à cette école pour rien. Il n'aimait pas perdre son temps, bien qu'il détenait l'éternité, alors il devait se trouver une autre occupation, de quoi le divertir un peu et Messone était la personne parfaite à énerver aujourd'hui. Bien qu'il détenait la palme du self contrôle, Adrian tout comme son frère avait un don particulier pour le faire sortir de ses gonds. 

— Alors Messone, blonde ou brune ! 

Comme il l'espérait, le vampire bondit de son bureau et se jeta sur lui avec rage. Un premier coup de poing fendit le bas de sa lèvre et avec force, Messone le souleva et l'envoya valser contre la porte. Sous le choc, la porte se brisa et Adrian se retrouva la bouche en sang, à moitié  allongé contre le mur du couloir. Ce dernier s'esclaffa et releva la tête en voyant que tout un groupe le regardait avec haine. Méline et Nina stoppèrent Messone avant que celui-ci ne laisse parler sa colère pour de bon. 

— Laisser le l'achever, dit Jason tout en souriant. Il ne manquera à personne. 

— Toi, je t'aime bien ! rétorqua Adrian en se relevant et essuyant sa lèvre ensanglantée.

Jason émit un rictus amer et avant que la situation ne dégénère une fois de plus, Jacke lui demanda ainsi qu'à Dylan de renvoyer le vampire hors de l'école. Mais avant qu'Adrian ne parte, ce dernier se retourna de nouveau vers le groupe d'amis et tout particulièrement vers Messone. 

— Nous nous reverrons bientôt l'ami et cette fois, nous serons prêts. 

Le blond voulut se jeter une nouvelle fois sur lui, mais Jacke l'en empêcha. Résigné, son regard était rivé sur lui, mais ses pensées étaient déjà ailleurs. C'était une menace à ne pas prendre à la légère, il devait à tout prix contacter Malia pour la mettre en garde. 

Ce que personne ne savait encore, c'était que le vampire allait frapper fort, si fort que le mot "contrôle" perdrait tout son sens… 

                               ***

Son front était dégoulinant de sueur, son rythme cardiaque était contrôlé mais battait avec puissance. Sa lèvre supérieure légèrement recourbée, laissait apparaître de fines canines aiguisées. Le martèlement des coups sur la peau résonnait dans l'air ainsi que les grognements d'excitation et de mécontentement. Jamais depuis Messone et Lenzo, Malia n'avait combattu d'aussi puissants adversaires.

— Ça suffit ! rugit l'Alpha. 

Les deux loups de la garde Suprême saluèrent Malia avec respect et quittèrent l'espace de combat. Lenzo s'approcha de sa belle tout en maintenant une distance, qui s'amenuisait de jour en jour, sous le regard réprobateur de Malia. 

— Ta technique de combat s'est nettement améliorée. 

— Merci, j'ai tellement hâte de montrer ça à Messone ! dit-elle d'une voix essoufflée. 

Lenzo s'approcha d'elle de nouveau, Malia s'éloigna. 

— Lenzo s'il-te-plaît. 

La vampire décela sa déception, mais le moment était mal choisi pour annoncer à tous qu'elle était sienne. L'Alpha lui n'en pouvait plus de maintenir cette distance le jour. La nuit, il se faufilait jusqu'à son lit et ces instants étaient pour Malia les plus merveilleux de son existence, mais ce n'était pas le bon moment. Elle le sentait au plus profond d'elle. Ce jour était proche, mais pas aujourd'hui. 

— Rappelle-toi Lenzo, dit-elle dans un murmure pour n’être entendu que de lui. C'est toi, et pas un autre. 

Cette seule phrase suffit à réchauffer son cœur et lui arracher un sourire. 

— Si tu savais ce que j'avais envi de te faire la maintenant tout de suite. 

Malia s'esclaffa et cacha son visage empourpré tout en souriant. Elle aimait cet homme d'un amour inconditionnel, que ce soit son regard émeraude, sa mâchoire taillée à la serpe, sa barbe de quelques jours ou ses lèvres qui n'attendaient qu'elle. Tout de lui la rendait dingue et ne pas pouvoir l'enlacer aussi souvent qu'elle le voulait, devenait un véritable supplice. Contenir sa jalousie était aussi une chose à laquelle elle ne s'était pas préparée en venant ici. Des louves de meutes extérieures n'hésitaient pas à inventer n'importe quels prétextes dans l'espoir de croiser le regard de Lenzo. Dans ces instants, Malia aurait voulu hurler qu'elle était la seule à faire battre son cœur, mais se révisait à chaque fois. Le moment n'était pas le bon. 
 
— Lenzo ! s'écria la voix de Jessy. 

Malia quitta son petit nuage pour revenir sur terre brutalement. Ce regard, elle le connaissait, les nouvelles n'allaient pas être bonnes.