Assis côte à côte mains jointes sur une table laquée blanche, se trouvaient cinq dirigeants. Ces dirigeants étaient nuls autres que des surnaturels : un loup, un vampire, une hybride, un métamorphe et une sorcière.

Le représentant des métamorphes était un homme longiligne, ses cheveux blond foncé lui arrivaient à la naissance du cou, son regard noisette exprimait clairement son mécontentement de se retrouver en ces lieux.

Les métamorphes avaient la capacité de se transformer en différents animaux, mais pas n'importe lesquels. Tout dépendait de la lignée du métamorphe, plus la lignée comportait des métamorphes puissants plus l'animal était puissant.

Leur façon de vivre était assez semblable à celle des loups-garous, ils pouvaient vivre regroupés ou solitaires dans des villes. Émile, le chef des métamorphes et son clan vivaient dans des maisons sur de grandes plaines de verdure, étant à moitié animaux, il était évident que leur lieu de vie de prédilection restait la nature.

Chaque groupe de métamorphe comportait un sous-chef comme les loups garous, mais ce qui différenciaient les métamorphes aux autres espèces, était qu'ils n'étaient en guerre contre personne. Ils vivaient à l'écart des autres surnaturels sans jamais prendre part au conflit, d'où l'énervement d'Emile à se retrouver dans un conflit dont il se fichait éperdument.

À sa droite se trouvait Sandrea, une puissante sorcière qui représentait son clan. Sandrea était une belle femme à la longue chevelure ébène, au teint pâle et aux lèvres rouges. Elle n’était en aucun cas une chef, les sorcières n'avaient pas de dirigeant à proprement parler, elles formaient un conseil et parlaient entre elles des faits qui se passaient sur terre ou dans les mondes magiques.

Les sorcières étaient majoritairement des femmes mais il existait aussi beaucoup d'hommes sorciers, même si c'est derniers étaient moins répandus. Les sorcières se confondaient parfaitement avec les humains, cohabitant dans les meilleures conditions avec eux.

Le sort des humains était pour elles, primordial et celles-ci laisseraient aucune espèce le mettre en péril, c'est pourquoi elles s'immisçaient régulièrement dans les affaires des vampires et encore plus depuis qu'Alban était devenu roi et qu'une nouvelle Ultime avait fait son apparition.

À la droite de Sandrea se trouvait Lory, une Hybride au caractère impulsif qui représentait son espèce. Mi-loups mi-vampires, ils ne dépendaient ni de l'Alpha Suprême ni du roi Alban, ils avaient leur propre conseil tout comme les sorcières. Lory était de taille moyenne, blonde, avait le regard noisette et un visage ovale.

Les hybrides se comportaient comme les métamorphes, ils vivaient à l'écart des conflits de sorciers, vampires, loups-garous. Ils vivaient en forêt ou en ville et se regroupaient seulement en cas de grande nécessité.

À la droite de Lory se trouvait Lenzo, Alpha Suprême représentant de tous les loups-garous. Il n'était plus à présenter, tout comme celui qui se trouvait à sa droite et qui était nul autre que le roi Alban, souverain des vampires.

— Mesdames, Messieurs, retentit la voix acerbe de Stanley qui était debout devant les cinq chefs. Nous sommes réunis pour faire face à un problème de grande envergure. Comme vous le savez, une Ultime a été découverte il y a plusieurs années par une vampire du nom de Meline, celle-ci a pensé qu'elle devait la garder près d'elle pour parfaire son éducation vampirique. Il est évident qu'elle était bien trop faible pour s'occuper d'elle et voyant la situation lui échapper, elle a préféré l'emmener à Felesia.

— La situation lui a échapper ? Rétorqua l'Alpha avec dédain. Je suppose que c'est elle qui vous en a parlé autour d'une bonne tasse de thé ? Pouffa Lenzo.

— Qu'est-ce que tu insinues ? Demanda Lory.

— Meline le déteste, il relate simplement des suppositions qu'il s'est faites lui-même.

Lory plissa les sourcils et Émile soupira longuement avant de prendre la parole.

— Vous tenez bien vos propos de Meline n'est-ce pas ? Demanda-t-il agacé.

— Non, elle ne me dira rien. Elle considère cette erreur de la nature comme sa fille et en plus elle me déteste, sourit Stanley sans perdre la face.

— Parlez seulement de ce que vous savez et non de vos suppositions !

— Soit ! Dit-il en effectuant un geste de la main.  Malia est son prénom, elle a tué des vampires, attaqué des soldats de la garde royale, cette femme est une menace pour nous tous ! Elle ne contrôle pas son Ultime et désire le trône de mon maître.

— C'est ce qui t'inquiète le plus n'est-ce pas ? Demanda Lenzo rictus aux lèvres.

— Non, il y a des lois et ces lois doivent être respectées sinon, à quoi bon les créer ? Répondit-il toujours armé de son sourire.

— Il est certain que vous respectez les lois à la lettre.

— C'est évident.

Lenzo dévisageait Stanley avec dégoût, ce vampire perfide savait qu'il n'avait aucune preuve contre lui et il savait en jouer.

— Il me semble que Malia s'est toujours défendue contre ses agresseurs, je suppose qu'elle plaidera la légitime défense.

Le roi prit enfin la parole sous le regard tendu de son conseiller. Alban reflétait un regard sombre qui fit tressaillir Stanley qui savait où son souverain voulait en venir. Il voulait la libération de cette Ultime, chose qu'il n'était pas en capacité d'accomplir. Le roi était tombé sous le charme de cette vampire et n'avait plus les idées claires.

Ignorant la peur qui s'était initiée au creux de son ventre, Stanley reprit la parole.

— Le soir du bal de Felesia, Malia a tué deux vampires qui se défendaient face à des lycanthropes enragés. Elle a aussi tué un hommes de la garde royale et j'ai les témoins de cette scène.

— Des loups enragés ! S'agaça Lenzo qui en avait plus que marre d'écouter les mensonges de ce vampire. Ce sont les vampires les fouteurs de trouble ! Heureusement qu'elle était là pour mettre fin à cette tuerie ! Et les deux vampires qu'elle a tué voulaient sa mort !

— Balivernes ! S'offusqua Stanley. Vous les loups vous n'êtes...

— Stop ! S'éleva une voix puissante augmentée par la magie, vos conflits n'ont rien à voir avec notre procès ! Rouspéta Sandrea. Nous sommes là pour de graves accusations contre cette jeune femme alors s'il vous plaît, vous réglerez vos comptes à l'extérieur. Quant à vous Stanley, je vous prierai de surveiller vos paroles, vous vous adressez à un dirigeant et lui devez un minimum de respect.

Stanley remit son masque impassible et inclina légèrement la tête en direction de l'Alpha qui bouillait de l'intérieur.

— Nous avons ici des histoires de meurtres qui concernent une vampire mais surtout une Ultime. Nous savons tous de quoi est capable un Ultime et les faits d'accusation sont graves mais nous avons eu la preuve par le passé qu'un Ultime est capable de belles choses, je pense à l'ancien roi Darius, qui a su faire preuve de sagesse tout au long de son règne et c'est pourquoi je demande, qu'un procès ait lieu.

— Qu'en pensez—vous dirigeant ? Demanda Sandrea avec fermeté.

— Je suis d'accord, annonça Lenzo.

— Moi aussi, dit Lory.

D'un signe de tête Émile émit son accord même s'il ne voulait plus se retrouver ici, il devait se montrer le plus juste.

Tous attendaient avec impatience l'avis du roi qui était étrangement resté silencieux.

— D'accord, retrouvons nous dans sept jours pour le premier jour du procès.

Stanley serra les poings sous le regard enjoué de l'Alpha. Le vampire avait échoué. Son but était d'éviter le procès et de prononcer une peine rapide d'enfermement. Malheureusement pour lui, il y avait cette irremplaçable sorcière qui ne laisserait rien passer.

C'était à lui de jouer pour faire tomber cette vampire qu'il haïssait, mais le plus important pour lui à cet instant, allait être de rester vivant, car son roi était énervé à un point qu'il ne pouvait imaginer.