Chaptitre 17

Georges.

April a toujours été une fille mature. On pensait souvent que c'était ma sœur jumelle, bien qu'on ne se ressemble pas, ou ma grande sœur. Âgée de seulement seize ans, on aurait pu croire qu'elle en avait vingt et un. Je n'aurais jamais pu dire si c'était à cause de son physique ou de sa mentalité. Se retrouver en face d'April Fredson était toujours déstabilisant, ses yeux bleu étaient remplis de mystère, ses lèvres pulpeuses et ses formes excitaient la gente masculine et son assurance faisait perdre l'équilibre. Au fil des années, ma sœur s'était forgée une carapace dur comme du béton. C'était devenue une fille froide, exécrable, violente et assez chiante avec les autres. Pourtant avec ceux qu'elle aimait, elle pouvait être un véritable amour. Je ne savais pas pourquoi elle se donnait cette image repoussante, mais je soupçonnais mon père d'y être pour quelques choses. Elle avait toujours eu extrêmement peur de lui, mais je n'avais jamais su pourquoi. Je me souvenais seulement des fois où il l'avait rendue triste, lui disant que c'était une incapable et que personne ne l'aimait. Néanmoins, lorsqu'il était là, elle ne se démontait pas, elle gardait la tête haute et usait de sa repartie comme il le fallait.

J'ai toujours été proche de ma sœur. Elle me racontait tout ce qu'il se passait durant ses journées dans les moindres détails et j'adorais l'écouter. Parfois on s'engueulait, pour des broutilles mais cela ne durait jamais longtemps. Je n'aimais pas me coucher en sachant que nous étions en froid. Le fait que nous haïssions tous les deux notre père nous a rapproché mais la mort de notre mère  a solidifié nos liens.

Ma mère était une femme exceptionnelle. Elle était douce, généreuse et attentionnée. Elle pouvait aussi être très énervante parfois mais je l'adorais quand même. Quand j'avais su qu'elle allait nous quitter pour de bon, cela m'avait dévasté. Les mamans ne devraient jamais mourir, elles devraient être immortelles. Je m'étais alors promis que je ferais tout pour rendre ma petite sœur heureuse.

Ma mère n'a jamais eu une vie très facile. A commencer par son mari, qui n'était jamais présent. Elle avait dû élever deux enfants seules. Elle aimait énormément mon père, elle ne lui faisait aucun reproche, et l'amour qu'elle lui portait, l'aveuglait. Elle ne remarquait pas qu'il était horrible avec April, qu'il me détestait et même qui la trompait. C'est à partir du jour où j'ai découvert qu'il la trompait, que la haine que j'éprouvais à son égard s'est agrandie. J'avais quatorze ans à cette époque, nous nous étions violemment disputés. À partir de ce jour-là nos relations se sont énormément dégradées. J'avais également remarqué que ma mère était couverte de bleu après son départ, mais elle faisait tout pour éviter le sujet.

— Tiens Ethel, tu devrais te mettre un peu de crème solaire sur le nez. Tu ressembles à une tomate !

La rousse foudroya son copain de regard. Mon regard se posa sur April, assise sur la nappe à carreaux, qui explosa de rire. J'adorais son rire. Elle replaça sa mèche de cheveux derrière son oreille et sourit gentiment à Antoine. Il avait l'air amoureux de ma sœur et elle le savait. À mon avis, ils devraient entamer une relation, ils étaient mignons ensemble et puis ils avaient l'air très complice. J'adorais voir ma sœur en compagnie de Luc, mais je m'étais vite rendu compte qu'ils n'étaient plus heureux ensemble.

—  Georgy, tu me passes le coca, s'il te plaît.

J'embrassai la nappe du regard et repérai le coca. Nous avions décidé de faire un pique-nique, car il faisait très beau aujourd'hui. Je l'attrapai et le donnai à Paola. Elle me remercia avec un immense sourire, puis ouvrit la bouteille et versa du liquide dans son gobelet en plastique.

*

April

Je croquai dans ma part de pizza et croisai le regard brûlant d'Antoine. Il ne faisait que de me fixer depuis que j'avais installé cette nappe sur l'herbe de Park Fall et c'était extrêmement perturbant.

—  Les pizzas sont vraiment meilleures ici qu'en France ! S'exclama Charles la bouche pleine.

Noémie et Ethel approuvèrent avant de rétorquer qu'elles allaient énormément grossir durant ces deux prochaines semaines.

—  Ethel, tu fais toujours du volley ? lui demandai-je.

Elle hocha la tête puis me retourna la question.

—  Non, Benjamin m'a interdit de postuler pour faire partie de l'équipe de Greenville.

—  À cause de ta chute de l'année dernière ?

J'hochai la tête avant de jeter un bref coup d'œil à Antoine. Je savais qu'il s'en voulait toujours de ne pas avoir assisté à ce match mais je ne lui en voulais pas, ou du moins plus maintenant. Je le rassurai du regard puis reportai mon attention sur Ethel.

— C'est dommage, car tu es vraiment douée !

— Je m'inscrirai sûrement l'année prochaine.

— Oh ! Les gars ! La terminale que je drague tous les jours au lycée m'a ajouté sur Facebook ! S'exclama Matteo.

Je pouffai de rire et il nous tendit son téléphone comme pour nous prouver que c'était vrai. Je l'attrapai et Ethel et Noémie se penchèrent en même temps que moi pour regarder à quoi elle ressemblait. De vraies commères ces deux-là !

La fille en question était plutôt mignonne, elle avait des cheveux lisses châtains et des yeux marron. C'était son sourire qui la rendait jolie.

—  Elle est mignonne, déclarai-je.

—  Elle s'appelle comment ?

—  Eva, répondit Matteo fière de lui.

—  Est-ce qu'elle est féministe ?

Je tournai la tête vers Noémie et explosai de rire. Sa règle était que chaque femme devait être féministe. Et j'étais plutôt d'accord avec elle. Nous devrions toutes nous battre pour l'égalité homme-femme !

—  Oh non ! J'espère pas pour toi Matteo, lâcha Stan. Toi qui ne sais rien faire mis à part astiquer ta nouille !

Nous explosâmes tous de rire et le concerné brandit son majeur en l'air.

—  Je vais vous laisser, je vais voir Lucy, nous informa mon frère.

—  D'accord, à plus Georgy !

Mon frère nous salua puis s'éloigna. Mon regard se posa sur la main d'Ethel, et j'esquissai un énorme sourire lorsque je vis de l'encre noir de son index qui représentait une lune.

—  Tu t'es décidée à faire ton tatouage ? lui dis-je.

Elle hocha grandement la tête.

—  Oui, tu m'as donné envie.

Je levai alors mon poignet en l'air et elle sourit encore plus.

—  J'ai craqué, moi aussi, ris-je.

Je tournai la tête vers Antoine et l'empêchai de parler.

— Non, je ne regretterai pas de l'avoir fait.

Il pouffa de rire et je lui fis un petit clin d'œil.

—  Qui vient faire une balade avec moi, histoire digérer un peu ? Proposa Paola en attrapant la main de Benjamin.

Ils brandirent tous la main en l'air, excepté Antoine et ma meilleure amie m'adressa un petit clin d'œil. Ils l'avaient fait exprès ! Ils se levèrent de la nappe et me sourirent, ils allaient me le payer. Je pus lire sur les lèvres d'Ethel : « tu nous raconteras », puis ils s'en allèrent.

Je tournai la tête vers Antoine, qui s'approcha de moi, il s'assit et je m'allongeai, la tête sur ses genoux. Avec sa main, il caressait gentiment mon visage tout en me souriant.

— Ce parc est très joli, lâcha-t-il.

J'esquissai un sourire et approuvai.

— Je venais ici quasiment tous les après-midis avec ma mère. Elle m'achetait toujours une glace...

— À la mangue car c'est ton parfum préféré, dit-il pour terminer ma phrase.

Je souris, qu'il se souvienne de ce genre de détail me faisait chaud au cœur. Les personnes qui se souviennent de petits détails m'avaient toujours plu. Je trouvais ça génial.

— Il faut absolument que tu en goûtes une, je suis sûre que tu adorerais, dis-je.

Il haussa les épaules et je laissai échapper un petit rire.

— Ça te dirait qu'on aille dîner seulement tous les deux demain soir ? me proposa-t-il.

— Bien-sûr, répondis-je contente.

C'était la première fois qu'il m'invitait à dîner et ça me touchait. J'avais l'impression qu'Antoine faisait tout pour regagner mon cœur, sauf qu'il n'avait toujours pas compris qu'il ne l'avait jamais perdu.

— C'est vrai ? Tu choisiras le restaurant parce que je sais pas où t'emmener, m'avoua-t-il embarrassé.

J'explosai de rire et hochai la tête. Il ne fallait pas me le demander deux fois, j'allais l'emmener dans mon restaurant préféré de la ville qui n'était autre qu'un restaurant mexicain succulent. Je fermai les yeux et appréciai le vent qui me fouettait le visage. Ça avait toujours été une sensation qui me plaisait tout particulièrement.

— Tu chantes toujours ? fit Antoine en me sortant de mes pensées.

Je rouvris les yeux et réfléchis. Je n'avais pas chanté depuis que j'étais arrivée ici. À vrai dire, j'étais pas mal occupée, et ma vie était quelque peu chamboulée. Entre mon retour, Luc et puis la mort de ma mère qui me hantait je n'avais pas vraiment pris de temps pour moi. Le chant me manquait, cela avait toujours été un de mes moyens d'expression favoris.

— Je n'ai plus le temps.

— Oh. C'est dommage.

J'haussai les épaules.

— J'adorais t'entendre chanter, rajouta-t-il.

— Moi je préférais quand tu m'embrassais.

Je rouvris les yeux et tombai sur son sourire enjôleur. Mon cœur fit un bon dans ma poitrine et je souris. Il m'avait manqué celui-là. Il se pencha, attrapa délicatement et posa doucement ses lèvres sur les miennes. Mon estomac se noua et je souris contre ses lèvres. Elles aussi m'avaient manqué, énormément manqué. Il me mordilla gentiment la lèvre inférieure et demande l'accès à ma langue. Je lui laissai le champs libre tant j'en mourais d'envie.

Il décolla ensuite ses lèvres des miennes et je plongeai mon regard dans le sien. Il me regardait amoureusement. Je tournai légèrement la tête et regardai par dessus mon épaule. Je me crispai soudainement lorsque je reconnus un visage qui m'était familier : Luc.

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