Chapitre 9
Adossée au plan de travail de ma cuisine, je dévorai mon petit déjeuné, qui n'était autre qu'un sandwich peanut butter/nutella. Bonjour les kilos, mais c'était tellement bon que je ne pensais même pas une seconde à eux.
Benjamin débarqua dans la cuisine encore endormi et les cheveux en bataille. Il baya bruyamment avant de me saluer.
— Tu manges quoi ? me demanda-t-il.
Je relevai la tête vers lui et lui répondis. Il me réclama la même chose et je fus obligé de lui préparer.
— Tu veux faire quoi aujourd'hui ? lui demandai-je en lui donnant son sandwich.
Il haussa les épaules et croqua dans son casse-croûte.
— J'aimerai bien visiter un peu la ville, je n'ai pas encore vraiment eu l'occasion de le faire, dit-il la bouche pleine.
J'hochai la tête, c'était une bonne idée. On pourrait même aller à Park Falls. J'étais certaine que ça lui plairait.
— Je préviens les autres, on part dans une heure, ça te va ?
Il approuva et je sortis de la cuisine après avoir déposer un bisou sur sa joue. Je remontai dans ma chambre et attrapai une robe avec un décolleté plongeant dans mon dressing. Je l'avais acheté avec Ethel il y a trois mois, elle avait exactement la même en rouge.
Je filai dans ma salle de bain et sautai dans ma douche. Je fis couler l'eau froide sur mon corps chaud, ce qui me fit le plus grand bien. Il faisait extrêmement humide et chaud à Greenville à cette période. C'était presque invivable. Je sortais dehors et j'étais déjà dégoulinante de sueur.
Après avoir pris quelques minutes à savourer l'eau froide qui sortait du pommeau de douche, je décidai de me savonner les cheveux et le corps. Rien de mieux que de commencer une journée, qui s'annonçait très chaude, après avoir pris une bonne douche fraîche. Je sortis ensuite de ma douche et enfilai la robe que j'avais choisi juste avant. Je me séchai rapidement les cheveux, ayant la flemme d'attendre qu'ils sèchent à l'air libre. Je contemplai mon reflet dans le grand miroir qui ornait le mur de la salle de bain et attrapai ensuite mon eye-liner. Je traçais rapidement un trait sur chacun de mes yeux et le tour était joué. Je sortis de ma chambre et vérifiai que mon sac à main était bien complet. J'ouvris mon porte-feuille et y trouvai quelques billets, que j'avais gagné grâce à mon babysitting de la dernière fois, ainsi que ma carte bancaire. Mon père nous versait toujours cette même somme importante d'argent, je doutais qu'il se rappelait de l'existence de cette carte, mais soit.
Je descendis et trouvai Lucy dans ma cuisine, un verre de lait dans la main. Elle était sans doute passer voir mon frère. Je m'avançai et la saluai.
— Salut April, comment vas-tu ?
Je répondis positivement et lui retournai la question. Je m'installai sur le tabouret à côté d'elle et la regardai boire son verre de lait.
— Tu es venue voir mon frère ? lui demandai-je.
— Oui, il tenait absolument à m'emmener au zoo. Il trouvait ça inadmissible que je n'y sois jamais aller, soupira-t-elle.
Je lâchai un petit rire. Mon frère et sa passion pour les animaux : c'était quelque chose ! Quand nous allions rendre visite à ma grand-mère, à Paris, il n'y avait pas une année où il ne réclamait pas l'envie d'aller au zoo de Vincennes. À force d'y aller, je le connaissais par coeur.
— Bonne chance, lui dis-je.
Elle haussa les épaules avant de rigoler.
— Et toi, quel est le programme de ta journée ?
— Ben veut visiter la ville, du coup je ne pense pas faire autre chose de la journée. On ira sûrement à Park Falls.
Elle hocha la tête et porta une nouvelle fois son verre à la bouche.
— Ça va lui plaire à mon avis. J'adore y aller, me dit-elle.
Benjamin arriva à ce moment là et je me levai de mon tabouret. Je saluai Lucy et lui souhaitai une nouvelle fois bon courage pour sa journée au zoo. On sortit de la maison et on monta dans ma voiture. Benjamin alluma la radio et grogna lorsqu'il entendit la chanson du moment qui était tant appréciée. Il la détestait et je me faisais à chaque fois un malin plaisir de la chanter à tue-tête dans la voiture.
— On va chercher les autres et ensuite je t'emmène à Park Falls, tu vas voir, tu vas adorer ! m'exclamai-je en démarrant.
On passa donc chercher Brad et Paola qui n'habitait pas très loin de chez moi. En quelques minutes, ils étaient déjà assis à l'arrière et me racontaient tous les nouveaux potins.
— Vous vous rendez compte que la rentrée est dans une semaine, souffla Paola.
Je la foudroyai du regard depuis mon rétroviseur. Elle venait de gâcher l'ambiance. De plus, je savais que Benjamin stressait à l'idée d'arriver dans un nouvel établissement et elle ne l'aidait vraiment pas.
— Ben, tu vas voir le lycée est super cool, le rassurai-je.
— Si tu le dis...grogna-t-il.
On arriva au Park Falls. Je me garai sur le parking qui était déjà bien rempli. On sortit tous les quatre de la voiture.
Je souris quand je vis le paysage verdoyant, cet endroit m'avait manqué. J'avais passé un bon nombre d'après-midi ici, toutes les unes plus cool que les autres.
— C'est super beau, lâcha Benjamin en observant la vue qu'on avait du parking.
Je lui souris et acquiesçai. Il avait raison. Paola lui attrapa la main et l'entraîna dans un petit chemin qui menait au pont « The Liberty Bridge ». Brad passa son bras autour de mes épaules et on leur emboîta le pas.
— Ils sont trop mignons tous les deux.
Je tournai la tête vers Brad et esquissai un petit sourire. C'était vrai qu'ils étaient mignons, même si j'étais énervée qu'ils ne me disent pas clairement ce qu'il se passait entre eux.
— Je suis d'accord.
L'air chaud me fouettait le visage. Il n'y avait pas grand monde et cela faisait du bien. J'aimais vraiment cet endroit, je pensais même que c'était mon lieu préféré.
— J'aime beaucoup Ben, c'est un mec sympa, déclara Brad en regardant le feuillage des arbres.
— Oui. Il est génial.
Brad hocha la tête, me sourit puis m'embrassa la tempe.
On arriva au début du pont. Paola était toute excitée à l'idée de faire découvrir la vue à Benjamin. Elle l'entraîna jusqu'à milieu de la suspension et une fois arrivée à destination, elle s'arrêta et s'appuya au garde du corps pour le laisser apprécier la vue.
J'aimais voir la ville se mélanger à la nature. Je me penchai et regardai l'eau couler. Petite, je venais souvent avec ma mère. À chaque fois, je voulais aller tremper mes pieds dans l'eau et à chaque fois ma mère me faisait plaisir alors qu'elle savait pertinemment que j'allais salir mes vêtements et qu'elle allait devoir tout nettoyé une fois que nous serions rentrées à la maison.
— C'est vraiment incroyable comme c'est différent de Paris, me lâcha-t-il.
Je souris tristement. Au fond je savais que Paris lui manquait, sa famille aussi. Ça me faisait de la peine, Benjamin méritait tout l'amour du monde, c'était un garçon exceptionnelle et il ne méritait vraiment pas la vie qu'il avait.
— On viendra une fois le soir, quand le pont est éclairé, c'est très beau aussi, lui dis-je.
Il esquissa un petit sourire et acquiesça. On regagna ensuite l'autre côté du pont et on décida de descendre au bord de la rivière. Paola et Brad étaient devant, quant à moi j'étais avec Benjamin un peu plus en retrait.
— J'adorais venir ici avec ma mère, déclarais-je.
Il ne répondit pas, le regard rivé sur ses baskets.
— Je suis contente que tu puisses voir à quoi ça ressemble, ajoutai-je.
— C'est super sympa comme endroit, j'espère qu'on reviendra souvent.
Je ne répondis pas et on continua d'avancer sans dire mot. On arriva près de la rivière et je ne pus m'empêcher d'aller goûter l'eau. C'était comme un petit rituel, comme si je lui rendais hommage. C'était notre lieu et celui de personne d'autre. Je retirai mes chaussures et trempai mes pieds dans l'eau froide.
Des enfants s'amusaient à construire des cabanes avec des morceaux de bois qu'ils avaient trouvé un peu partout dans le parc, des couples se promenaient et des jeunes étudiants traversaient ce lieu sans vraiment prendre la peine d'apprécier le paysage, à cause de leur retard. Je distinguai un groupe de jeunes, assis sur les pierres de l'autre côté de la rivière. Je les connaissais, c'était des amis de Luc. Je ne fus pas surprise de le voir permis le groupe.
— Pao, la bande de Luc est là-bas, lui dis-je en les pointant du doigt.
Elle les reconnut immédiatement.
— Ça fait vraiment longtemps que je ne les ai pas vu, fit-elle.
— Je vais aller les voir, je reviens.
Elle hocha la tête et je m'avançai vers l'eau. Mes chaussures à la main, je traversai la rivière en marchant sur des petites pierres. Lorsque j'arrivai à leur hauteur, Archibald, le meilleur ami de Luc, qui était le premier à m'avoir vu, se leva. Il y avait également sa copine, Valentina, qui était plutôt gentil. Je ne me souvenais plus vraiment des prénoms des autres.
Archibald appela Luc, qui se tourna immédiatement vers moi. Lorsqu'il me vit, il me sourit et s'avança vers moi. Je ne savais même pas pourquoi j'étais venue le voir, peut-être en avais-je ressenti le besoin. Archibald et Valentina nous rejoignirent et me saluèrent gentiment.
— Ça fait longtemps April, déclara la jeune fille.
— Tu as beaucoup changé, sans la couleur de tes yeux, je ne t'aurais jamais reconnu, ajouta Archibald
Je grimaçai, je n'aimais pas entendre ça. Ils remarquèrent mon malaise car ils changèrent promptement de sujet.
— Qu'est-ce que tu fais ici ? Les interrompit Luc.
Je me retournai, observant Benjamin qui me fixait de là où il était. Je lui fis un petit signe de main auquel il répondit et je me tournai enfin vers Luc pour lui répondre :
— Je fais découvrir la ville à Benjamin.
— Et c'était évident que tu viennes ici, rajouta-t-il en me souriant.
Il savait que cet endroit comptait énormément pour moi.
— Exactement.
— Ça lui plaît ? me demanda-t-il.
— Je crois que oui.
Il hocha la tête et un blanc s'installa. Je me tournai vers Archibald et Valentina qui n'avaient pas vraiment l'air de savoir quoi dire.
— Bon je vais vous laisser entre vous, j'étais juste venue vous dire bonjour, dis-je.
Luc sourit et ils me saluèrent. Je m'apprêtai à regagner l'autre côté de la rivière mais Luc me retint par le poignet.
— April, j'ai deux places pour le concert des Mediano, ça te dirait de m'accompagner mardi ?
Je ne savais pas quoi répondre. J'adorais les Mediano, c'était un groupe de musique plutôt sympa, qui avait pour définition de ne pas se prendre la tête et de profiter de la vie. Sauf que je me voyais mal passer une soirée avec Luc. Je pesais le pour et le contre, après tout ce n'était qu'une petite soirée. Mon cœur l'emporta et je lui répondis :
— Tu peux compter sur moi.
Son visage s'illumina et il me sourit, reconnaissant. Il me fit un petit geste de la main et je décidai de m'éclipser. J'allais donc passer une soirée entière avec Luc.
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