Chapitre 7
April
Allongée sur mon transat sous le soleil de la Caroline du Sud, je profitai de mon après-midi avec Benjamin qui pour une fois n'avait pas prévu de voir Paola. Il ne voulait pas me l'avouer mais j'étais sûre qu'ils ne faisaient pas que parler lorsqu'ils se voyaient. Mais soit, je respectais son silence.
Cela faisait déjà un bon mois que j'étais revenue et je n'étais vraiment pas pressée de reprendre les cours. J'avais passé mon permis, et je l'avais eu ! Je vous avoue que j'étais plutôt fière de moi. Avec Benjamin, Paola et Brad, nous nous sommes trouvés un petit Job d'été, qui consistait à servir des frites et des beignets aux jeunes dans un parc. Oui, c'est plutôt sympa comme job !
Je regardai l'heure et remarquai qu'il fallait que je me prépare pour aller donner mon cours de français à Luc. C'était déjà le cinquième. La première fois, nous étions légèrement mal à l'aise. Puis, au fil des semaines, la gêne s'était envolée pour laisser place à l'amusement et à la rigolade. Nous passions de très bons moments et je remarquai qu'il avait l'air plus heureux. Entre temps, j'avais croisé son frère Nate, qui m'avait souligné le fait que depuis mon départ, il avait énormément changé. Je lui avais promis de faire attention à Luc et nous avons ensuite changé de sujet.
Je me relevai du transat et informai Benjamin que j'allais me préparer. Ce que je fis. Je montai à l'étage, enfilai une robe légère et une paire de sandalettes. Puis, je remis une couche de rouge à lèvre sur mes lèvres et m'aspergeai de parfum. Je me regardai dans le miroir de ma salle de bain et haussai les épaules. Ça fera l'affaire. Je tournai les talons, attrapai mon sac à mon et descendis en bas.
— Ben, j'y vais, m'exclamai-je dans l'entrée.
J'ouvris la porte quand je l'entendis me répondre qu'il me souhaitait une bonne fin d'après-midi. Je sortis de chez moi, et marchai jusqu'à l'ancienne voiture de ma mère. Je l'ouvris et m'assis à l'intérieur. Je posai mon sac à main sur le siège passager et me regardai dans le petit miroir pour vérifier que je n'avais pas de trace de rouge à lèvre sur les dents. Après ça, je démarrai et me rendis chez Luc, avec comme ambiance les musiques que m'avait conseillé Ethel.
Elle me manquait beaucoup et je songeai à retourner en France juste pour la voir. Antoine me manquait beaucoup aussi. J'espérais qu'il était heureux, il le méritait tellement. C'était un garçon si gentil, parfois insupportable, mais il était vraiment attachant.
Je me garais devant la maison de Luc. Cette bâtisse que j'affectionnais tout particulièrement avait beaucoup changé en mon absence. Mais soit, elle restait toujours jolie.
Je sortis de ma voiture, m'assurai que je l'avais bien verrouillé et m'approchai de la porte. Je toquai contre la porte en bois et attendis qu'on m'ouvre. La porte s'entrouvrit sur une dame brune, lorsqu'elle me vit un petit sourire vint fendre ses lèvres maquillées.
— April ! S'exclama la mère de Luc.
Je souris et la saluai.
— Monte, Luc est dans sa chambre.
J'acquiesçai et m'apprêtai à monter lorsqu'elle m'interpella. Je me retournai vers elle et attendis qu'elle me dise ce qui avait l'air de la tracasser. Elle ouvrit la bouche mais se ravisa.
— Excuse-moi, je te laisse monter.
Je fronçai les sourcils mais l'écoutai. Je montai rapidement les escaliers. Je m'engouffrai dans le couloir que je connaissais par cœur et m'arrêtai à la porte où figurait une trace de peinture rouge. Je souris, j'adorais cette trace. Je ne pris pas la peine de toquer et entrai.
— Maman, je t'ai déjà demander de toquer avant d'entrer. C'est pas compliqué bordel !
Je souris, il avait vraiment changé. Il y a un an, il n'aurait jamais dit ça.
— Excuse-moi, je recommence, dis-je.
Je m'apprêtai à refermer la porte pour toquer alors qu'il se retourna. Il m'offrit un sourire gêné et je me retenus de ne pas exploser de rire.
— Pardon April, je ne pensais pas que c'était toi.
— Pas de problème, fis-je en m'approchant de lui.
Je m'assis sur son lit et il me rejoignis. J'appuyai mon dos contre le mur de sa chambre et sortis un cahier et des stylos.
— On commence ? dis-je en français.
Il hocha la tête et me sourit. Nous commençâmes le cours. On parlait de l'école en France, je lui racontai comment c'était et il me posait des questions en français. Ses questions me faisaient beaucoup rire, il était adorable. Sa façon de parler en français était super mignonne.
On aborda ensuite quelques règles de grammaire assez importantes. Il ne comprenait rien et cela avait le don de me faire rire.
— Je vais me chercher quelques choses à boire, tu veux quelque chose ?
— Juste de l'eau, s'il te plaît, dis-je en mordant mon stylo.
Il hocha la tête, se releva du lit et sortit de la chambre. J'en profitai pour inspecter sa chambre qui n'avait pas changé, quoique, elle était en bordel contrairement à d'habitude. Je me levai de lit et m'approchai de sa bibliothèque qui était à présent bien remplis. Mes yeux parcoururent l'étagère et je m'arrêtai sur un livre. Je le pris et regardai les pages, c'était un livre que je lui avais pris plusieurs fois. Je feuilletai les pages et un sourire aux lèvres mais m'arrêtai net quand je découvris une photo entre deux pages. Le cliché représentait Luc et la fameuse fille aux cheveux roses. Il paraissait très proche sur cette photo. Le visage de Luc était triste, sans aucun émotion, contrairement à la jeune fille qui avait l'air d'être extrêmement heureuse.
J'entendis des pas dans le couloir et m'empressai de refermer le livre et d elle remettre à sa place. Luc entra dans la chambre, deux verres dans la main avec un petit sourire aux lèvres. Quand son regard se posa sur moi, il arqua un sourcil et m'interrogea du regard.
— Je regardai tes livres, lui dis-je.
Il hocha la tête et je me rassis sur le lit. Il prit place à mes côtés et me tendit mon verre d'eau que j'acceptai. J'avais extrêmement soif. Je le vidai d'une traite sous le regard amusé de Luc.
— Tu en veux encore ? Rit-il en pointant mon verre du doigt.
Je fis non de la tête et repris mon stylo. Je le replaçai entre mes dents et relu ce que j'avais marqué sur le cahier.
Je sentais son regard braqué sur moi et cela me déstabilisait. Je tournai ma tête vers lui pour lui demander d'arrêter de m'observer de la sorte mais à la place mes yeux se plongèrent dans ses billes turquoise. J'étais comme hypnotisée.
D'un geste, il me retira mon stylo et prit mon visage en coupe. Son front collait le mien et j'avais soudainement très chaud. Je mordus inconsciemment ma lèvre inférieure et bloquai ma respiration. Nous étions beaucoup, beaucoup, beaucoup trop proche. Mon cœur allait exploser. Son pouce caressait ma joue et son autre main me tenait la hanche. Son souffle chaud s'abattait sur ma peau et me faisait frissonner. Ses pupilles étaient dilatées et me faisaient comprendre qu'il me désirait.
D'un coup, il posa brutalement ses lèvres brûlantes sur les miennes. Mon cœur explosa. Sa langue demandait à accès à la mienne et je la laissai goûter la mienne. Cette sensation m'avait tant manqué. C'était comme si le temps s'était arrêté.
Il décolla ses lèvres, pour reprendre son souffle et me regarda. J'étais essoufflée, et j'en voulais encore. Un sourire triomphant régnait sur son visage. Il replaça une mèche de ma tignasse brune derrière mon oreille. Son index traça une ligne imaginaire sur ma joue et vint redessiner la forme de mes lèvres.
Je détournai le regard, gênée. Je ne regrettai rien, j'étais seulement chamboulée. Je pensais à Antoine, à Luc, à moi. Je ne m'y étais pas vraiment préparé.
— Je vais rentrer, bredouillai-je les joues rouges.
Il ne répondit rien et se contenta de sourire. Je rangeai mes affaires sous son regard brûlant de désir. J'attrapai mon sac, et me relevai du lit. Je le regardai une dernière fois, souris et m'approchai de la porte.
— April ? M'appela-t-il.
Je me retournai et arquai un sourcil. Il s'apprêtait à me dire quelque chose mais se résigna.
— Rentre bien.
J'hochai la tête et tournai les talons. Je sortis de sa chambre, dévalai les marches de l'escalier et sortis de la maison. Je rejoignis ma voiture en courant et m'installai a l'intérieur. Je posai mon sac sur le siège d'à côté et laissai tomber ma tête contre le volant.
Je ne réalisais pas.
Je venais de l'embrasser.
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