Chapitre 6

April.

« J'étais dans la cuisine, un verre du smoothie dans la main, j'observai mon frère s'énerver contre son portable. Il était drôle à voir. Mon père allait arriver ce soir et je n'avais pas du tout envie de le voir. Il fallait vite que j'enlève cette jupe qui attirerait sans aucun doute son attention si j'avais la malchance de le voir.  Il fallait donc que je trouve une solution pour ne pas être chez moi pendant qu'il serait à la maison. Mais une chose me poussait à rester ici. Je ne voulais pas qu'il se retrouve seul avec ma mère. Je préférais qu'il abuse de moi une nouvelle fois plutôt qu'il lève la main sur ma mère, qui ne mérite tout sauf ça.

Je posai mon verre de smoothie et me ruai sur mon portable quand je remarquai que Luc m'avait envoyé un message. Il voulait que je dorme chez lui. Je fermai les yeux et réfléchis. L'idée était très tentante, mais c'était soit moi, soit ma mère.

— Georges, tu restes à la maison ce soir ?

Mon frère tourna la tête vers moi et me répondit :

— Ouais, j'ai bien envie d'entendre quelle connerie va sortir Arthur pour rassurer maman.

La soirée s'annonçait salée. Mon frère n'allait faire qu'envoyer des piques à mon père pour le faire sortir de ses gonds. Il allait tellement l'énerver, que mon père irait boire un verre au bar et qu'il ne reviendrait pas avant le lendemain. C'était parfait.

— Parfait. Tu prends soin de maman pour moi ?

— C'est promis, aller va voir Luc, tu en meurs d'envie.

Je souris et l'écoutai. Je sortis de la cuisine et me précipitai dans la chambre de ma mère pour la prévenir que je ne dormirai pas à la maison cette nuit.

— Maman, je peux aller dormir chez Paola ce soir pour réviser ? Mentis-je.

Elle releva la tête de son magazine de mode et arqua un sourcil. Elle retira ses lunettes puis souffla d'agacement.

— Bien-sûr que non April. Ton père rentre ce soir, tu restes ici.

Je fis la moue et la suppliai du regard.

— Maman, s'il te plaît, j'avais promis à Paola que je serai là !

Elle soupira et roula des yeux.

— Bon, d'accord. Mais tu ne traînes pas demain matin, sinon ton père va croire que tu ne veux pas le voir.

C'était pourtant bel et bien le cas. Je n'avais pas la moindre envie de le voir.

Je souris, et enlaçai ma mère. Je la remerciai un milliard de fois puis quittai sa chambre après avoir déposé un baiser sur sa joue. J'enfilai une veste légère et sortis de la maison sans avoir oublier de vérifier que j'avais bien mon portable sur moi.

J'allais encore une fois éviter mon père et cela me soulageait. »

J'éclatai une nouvelle fois en sanglot après avoir lu le dernier mot de cette lettre. J'écrivais souvent des lettres pour que mon futur moi ait des souvenirs. Mais je n'aurais jamais cru que cela serait aussi dur de relire ça. Surtout un an après sa mort.

Ma mère est morte il y a un an. Je me souviens, j'étais passée à l'hôpital, comme tous les jours pour lui raconter ma journée et lui dire à quel point j'avais envie qu'elle rentre à la maison. Elle manquait d'air, et j'avais directement appelé une infirmière. La machine a commencé à biper et les infirmières m'ont poussé hors de la chambre. Je suis restée la nuit entière réveillée, dans la salle d'attente. J'avais pu prévenir mon frère qui s'était dépêché de venir me rejoindre. Nous avions attendu, regardant toutes sortes de médecins alarmés rentrer et sortir de la chambre. Le plus dur était de savoir que nous étions séparés d'elle par un mur, que nous nous doutions qu'il y avait quelque chose qui clochait mais que nous ne pouvions pas savoir quel était le problème. Puis, le lendemain les médecins qui s'occupaient d'elle, sont venus nous informé qu'elle était morte dans la nuit.

Je me souviens, sur le moment je n'ai rien dit. J'ai seulement hoché la tête. Je n'ai même pas pleuré. Je me demande encore aujourd'hui si sur le coup, j'avais réellement compris ce qu'il se passait. En fait, j'étais énervée contre moi-même. De ne pas l'avoir protégé ni de l'avoir sauvé. Puis, je me suis tournée vers mon frère qui avait le visage inondé de larmes et je l'ai pris dans mes bras. Je me souviens, je caressais son dos, de haut en bas en luis murmurant que j'étais là et qu'on allait s'en sortir. Le médecin nous a laissé, après nous avoir dit une chose qui m'a glacé le sang : il fallait qu'on prévienne notre père.

À partir de ce jour-là, ma vie s'est transformée en cauchemar. Certes, j'ai rencontré des personnes formidables, mais je donnerai tout pour que ce jour n'est jamais existé. J'aurais préféré être enfermée tous les soirs dans une pièce avec mon père plutôt que de perdre ma mère.

J'entendis le parquet grincer et je relevai subitement la tête. Qui était aussi fou que moi pour être éveillé à quatre heure du matin ? J'aperçus mon frère et je séchai automatiquement mes larmes pour ne pas l'inquiéter. Il s'approcha du canapé où j'étais assise et posa ses fesses à côté de moi. Il m'ouvrit ses bras et je me blottis immédiatement contre lui. Ne pouvant plus retenir mes larmes, j'éclatai en sanglots.

— À moi aussi elle me manque.

Je reniflai bruyamment, et mes mains serrèrent fortement son pull.

— Elle méritait tellement mieux, bafouillais-je la voix tremblotante.

— Tu sais, elle t'aimait très fort.

J'haussai les épaules et reniflai une seconde fois.

— En faisant le ménage dans la maison lorsque tu es partie, j'ai retrouvé deux enveloppes qui nous étaient destinées.

Il sortit une enveloppe toute froissée de sa poche et me la tendit. Mon nom, écrit de la belle écriture cursive de ma mère, ornait le papier.

— Excuse-moi, je n'ai pas eu le courage de t'attendre pour ouvrir la mienne.

Je lui offris un petit sourire pour lui montrer que je ne lui en voulais pas et baissai la tête vers l'enveloppe. Je l'ouvris délicatement et sortis une lettre. Je la dépliai et mes yeux coururent sur le papier :

" Ma jolie petite April,
J'espère que si jamais tu lis cette lettre, tu ne m'en voudras pas trop. Tu n'as jamais aimé les adieux, ni voir les autres tristes à cause d'un départ. Cette lettre a malheureusement été écrite pour te dire au revoir.
J'aime tellement te voir heureuse, j'aime quand tes yeux pétillent de bonheur, j'aime quand tu as un sourire niais collé sur le visage, lorsque tu rigoles pour rien. Mais j'aime aussi quand tu es une battante, une fille courageuse qui se donne corps et âme pour avoir ce qu'elle veut. J'aimerai que le jour où tu liras cette lettre, tu sois courageuse comme tu l'as toujours été. Celle qui ne recule devant rien et qui n'a peur de rien.
J'espère que tu resteras avec Luc le plus longtemps possible, vous êtes tellement mignons ensemble. J'espère également, que tu continueras à mentir pour aller dormir chez lui. J'espère aussi, que tu continueras à t'amuser avec Paola et Brad. Vous entendre rire à bras ouverts tous les trois m'a toujours fait chaud au cœur. J'espère que tu continueras à embêter ton frère et à l'aimer comme tu l'as toujours fait. J'espère aussi qu'un jour aussi tu me pardonneras de t'avoir fait croire que tout allait bien avec ton père.
Je t'aime April, plus que tout au monde. Je serais sûrement devenue une étoile lorsque tu liras cette lettre, et je te promets de toujours veiller sur toi.
Ta maman, qui sera toujours fière de toi"

À l'intérieur de l'enveloppe, figurait un collier qu'elle aimait plus que tout au monde. Je me souviens qu'elle m'avait interdit de le lui piquer. C'était un collier de petites perles de nacre, ras le cou, que lui avait offert sa mère à ma naissance. Je le pris de mes doigts et l'attachai autour de mon cou.

Je relevai la tête vers mon frère, les yeux gorgés de larmes.

— Il te va à merveille, souffla-t-il.

Il prit mon visage en coupe, sécha mes larmes avec son pouce et me fit un bisou sur mon front.

— C'était horrible sans toi, tu sais, lui dis-je.

— Je sais, je ne te laisserai plus jamais, je te le promets.

J'hochai la tête. Il replaça une mèche de ma chevelure noire, derrière mon oreille.

— On retourne dormir ?

— Je peux dormir avec toi, lui demandais-je.

Il acquiesça puis prit ma main et on regagna nos chambres.

Ethel avait raison, les gens sont nés pour mourir.

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NDA :

Coucou, comment allez-vous ? ♡
Écoutez moi ça va super, je pars demain en vacances pendant une semaine, j'ai vraiment hâte de m'aérer un peu l'esprit. Je m'excuse aussi d'avoir mis énormément de temps à poster ce chapitre. J'ai pleuré en l'écrivant..😢

Sinon, aimez-vous toujours autant April ? Je vous avoue que j'adore cette fille.
Je suis publie assez souvent sur Tainted, merci à ceux qui sont allés voir, ça me touche.

Je voulais également vous dire que je suis jury pour un concours et que je vais peut-être avoir un peu moins de temps pour écrire et que les publications de mes chapitres seront plus espacées. J'espère que vous me pardonnerez 🤔.

Je vous embrasse, à bientôt,
Laura.

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