Chapitre 16

April

Ils étaient tous là, devant moi. J'avais l'impression de rêver. Appuyer sur le rebord de la piscine, le corps dans l'eau, je fixai Antoine du regard. Il était assis sur la terrasse, discutant avec mon frère. Il était drôlement beau. Il n'avait pas changé, si ce n'est qu'un peu mûri. Une barbe naissance le rendait plus âgé qu'il y quatre mois et il était beaucoup plus musclé qu'avant. Faisait-il toujours de la natation ?

—  Il est vraiment hot, me souffla Paola.

Je pouffai de rire et tournai la tête vers elle. Elle avait croisé ses bras sur le bois de la terrasse, elle avait, elle aussi, son corps dans l'eau et une paire de lunette de soleil d'une marque de luxe française, sur le nez.

Elle me regarda avec un petit sourire en coin, baissa ses lunettes et se mit à jouer avec ses sourcils.

—  Qu'est-ce qu'il y a ? dis-je amusé.

— Il te plaît encore hein !

Je roulai des yeux et ne répondis pas. Évidement qu'il me plaisait encore. Antoine m'a toujours plût, son côté torturé et chiant avaient fait en sorte que je ne me passe plus de lui. Étrangement, il ne ressemblait en aucun cas à Luc et c'était peut-être pour cela que je l'appréciais. Luc était mon opposé, Antoine était mon alter ego.

— Ce n'est pas aussi facile, soupirai-je.

— Bien-sûr que si ! Il te suffit de tourné la page Luc et de commencer à dévorer la page Antoine.

— Tu compares mes relations amoureuses à des livres maintenant ? ris-je.

— C'est l'unique exemple qui s'offrait à moi.

Elle lâcha un petit rire et porta son attention sur Antoine. Je fis de même et mon regard s'accrocha aux billes noisette d'Antoine.

Il avait un petit sourire niais scotché sur le visage, qui le rendait craquant. Il me fit un clin d'œil discret et mon cœur s'emballa. J'espérais secrètement qu'il n'ait pas tourné la page, qu'il m'aimait toujours. Il avait l'air beaucoup plus mature qu'avant.

L'arrivée de Brad me sortit de mes pensées. Je tournai la tête vers lui et un large sourire prit place sur mon visage. Il s'approcha de l'eau et déposa ses lèvres sur le haut mon crâne, puis sur celui de Paola.

—  La surprise te plaît princesse ?

Je sentis Antoine se crisper, je lui jetai un bref regard : il avait perdu son sourire et sa mâchoire était contractée. Qu'il soit jaloux flatta mon ego, il n'avait pas l'air d'avoir tourné la page.

—  Je ne pouvais pas rêver mieux, répondis-je.

Il se présenta rapidement, et Antoine se détendit légèrement. Je sortis de l'eau et Paola me suivit. J'attrapai une serviette, m'enroulai dedans et m'assis à côté d'Antoine.

—  Vous n'êtes pas trop fatigués à cause du décalage horaire ? leur demandai-je.

—  Non ça va, on a pu se reposer, répondit Charles.

J'hochai la tête. J'avais tellement de choses à leur dire que je ne savais même pas par où commencer.

—  Ta maison est magnifique, lâcha Ethel.

Je tournai la tête vers elle et pouffa de rire. J'étais sûre qu'elle lui plairait.

—  Ta nouvelle vie te plaît Ben ? Lui demanda Stan.

Mon meilleur ami me regarda, heureux puis tourna la tête vers Paola et lui sourit. Cela me faisait plaisir de le voir comme ça.

—  Oui, j'ai fait le bon choix.

—  J'ai faim, vous aimez les hot-dogs ? demanda Paola avec son petit accent américain.

Paola parlait très bien français, parfois elle se mélangeait un peu avec l'espagnol mais ce n'était pas très grave.

Ils hochèrent tous la tête. Paola se leva et je l'imitai.

—  April, tu pourrais me ramener de la crème solaire ? me supplia Ethel.

Stan se moqua d'elle, ce qui lui valut un regard assassin de la part de la rousse.

—  Bien-sûr, ris-je.

*

Il devait être dix-sept heures passées et le soleil s'était déjà couché. L'air était frais et je commençai à avoir un peu froid. Mon frère riait à gorge déployée avec Matteo et Stan, Brad s'entendait super bien avec Charles et Noémie, quant à Ethel elle discutait avec Paola et Benjamin.

—  Tu veux qu'on rentre à l'intérieur ? Tu as la chair de poule minette, constata Antoine.

Je relevai la tête vers lui et souris. Son surnom m'avait manqué. J'hochai la tête et me levai. Antoine m'imita et me suivit jusque dans la cuisine. J'ouvris le frigo, attrapai la carafe de thé glacé, que mon frère avait préparé ce matin et la posai sur le comptoir. Je sentais le regard d'Antoine braqué sur moi et cela me déstabilisait.

—  T'en veux ? lui demandai-je en pointant la carafe.

—  C'est quoi ?

—  Du thé glacé.

Il secoua la tête de droite à gauche et je rangeai donc la carafe dans le frigo après avoir remplis mon verre. J'allais m'assoir sur le canapé.

—  Je peux ? me demanda Antoine en s'approchant du sofa.

—  Fais comme chez toi, lâchai-je.

Il sourit et s'assit à mes côtés. Assez proche de moi pour que mon cœur se mette à battre plus rapidement que d'habitude. Il leva son bras, hésita puis le glissa sur les épaules pour se rapprocher encore plus de moi.

—  Ça va ?

Je lâchai un petit rire nerveux, avant de répondre que tout allait bien et de lui retourner la question.

—  Non mais je veux dire, comment ça va par rapport à avant ?

J'haussai les épaules. Ça allait beaucoup mieux, mais ce n'était pas encore parfait. Pour être franche je doutais que ça le soit un jour.

—  Et toi ? dis-je en tournant la tête vers lui.

—  Oui, mais tu me manques.

Il m'aimait toujours et rien que d'y penser j'avais envie de sourire. Je ne répondis pas et laissai tomber ma tête sur son épaule. Sa présence m'avait manqué. Je m'étais trompée, Luc ne me comblait pas de bonheur. Certes je l'aimais, mais j'avais tourné la page depuis un an. Celui qui me faisait vibrer était Antoine, il me comprenait, même si il était aussi têtue et énervant que moi, je l'aimais.

Ses doigts vinrent caresser mon collier de perles.

— C'est nouveau, qui te l'a offert ?

— Ma mère. Elle m'avait laissé une enveloppe et je l'ai ouverte en rentrant.

Il ne parla pas tout de suite et j'eu l'impression que son silence dura une éternité.

— Il te va super bien.

Des pas se firent entendre et on tourna tous les deux la tête vers la porte qui s'ouvrait sur la terrasse.

—  Les amoureux, ça vous dirait d'aller à Stilllife ? Lâcha Paola en débarquant dans le salon, suivie du reste de la bande.

Je me redressai et hochai vivement la tête.

—  C'est quoi ?

Je tournai la tête vers Antoine et lui lançai un regard malicieux.

—  La boîte de nuit de la ville.

Il approuva l'idée et je me levai pour rejoindre les filles qui étaient très excitée à l'idée de sortir.

—  Mais je n'ai rien à me mettre, pleurnicha Ethel en baissant la tête.

—  Tu vas bien trouver ton bonheur dans mon dressing, lui dis-je en attrapant son bras et celui de Paola.

Je les entrainai dans l'escalier et on monta jusque dans ma chambre. J'entendis Ethel s'émerveiller quand elle posa un pied dans la pièce et je ne pus me retenir de rire. Elle n'arrêtait pas de dire que c'était magnifique. Elles me suivirent jusque dans mon dressing et je les laissai choisir une tenue qui pouvait leur plaire.

Paola choisit une combinaison bleu roi et Ethel une robe de la même couleur. J'optais pour une tenue plus classique : une jupe en simili cuir et un haut noir.

Je sortis ensuite ma trousse à maquillage et elles piochèrent chacune un rouge à lèvre différent pour faire ressortir la couleur de leurs yeux qui était pourtant quasi similaire.

— Ethel, comment t'as rencontré Stanislas ? lui demanda Paola en se recoiffant.

Celle-ci sourit en se remémorant ces souvenirs puis lui répondit :

— J'étais au supermarché, et je lui ai demandé de m'attraper une boîte de tampons.

Paola écarquilla les yeux puis éclata de rire. Je l'imitai, Ethel me surprendra toujours.

— Et ensuite ?

— Et ensuite il m'a dit qu'il travaillait dans un petit café, il m'a donné l'adresse et trois jours après, je suis allée le voir.

Ethel nous sourit fièrement et je ne pus me retenir de pouffer de rire. Je l'imaginai très bien élaborer un plan pour aborder Stan et le seul moyen qu'elle eu trouvé était une boîte de tampons à attraper.

— On y va ? Lâcha Ethel.

J'hochai la tête et lui fis un petit clin d'œil. Elle m'avait beaucoup manqué, plus que je ne l'aurais cru.

*

On arriva devant la boîte tous ensemble, j'étais accrochée aux bras de Matteo qui me racontait son jeu de séduction avec une fille de terminale de mon ancien lycée. C'était hilarant. On entra et on alla s'assoir dans un coin VIP que mon frère avait réussi à réserver grâce à son ami qui travaillait ici.

Benjamin s'assit à ma droite, Ethel à ma gauche et Antoine en face de moi. Il me fit un clin d'œil puis entama une discussion avec Paola.

— April, je te prends une margarita, comme d'habitude ?

Je relevai la tête vers Brad et hochai la tête. J'adorais la tequila.

— Comment ça se passe avec Stan? demandai-je à Ethel.

Une large sourire s'élargit sur son visage et ses yeux se mirent à pétiller. Je venais de perdre Ethel aux royaume des bisounours.

— Super bien, vraiment super bien.

— Et toi, tu as retrouvé ton amoureux ?

Je perdis mon sourire et elle fronça les sourcils. Benjamin qui suivait notre conversation, répondit à ma place.

— Elle avait déjà tourné la page sans s'en rendre compte.

Je tournai brusquement la tête vers Benjamin et fronçai les sourcils.

— April, tu le sais aussi bien que moi. Tu espérais juste que rien n'ait changé alors que tes sentiments pour lui n'étaient plus les mêmes. Je n'aime pas dire ça, mais je trouve que tu es mieux avec Antoine qu'avec lui.

Je souris et approuvai.

— Oui, c'est vrai.

— Donc, il pourrait se repasser un truc avec Antoine ?

Je m'apprêtai à répondre que je n'en savais rien mais Benjamin me devança :

— Évidement.

Ethel sourit et tapa énergiquement dans ses mains. Cette fille était folle mais qu'est-ce que je l'aimais.

— April ? m'appela Antoine comme si il avait entendu notre conversation.

— Oui ? dis-je en relevant la tête vers lui.

— Tu viens danser avec moi ?

Je souris et me levai. Il m'imita tout content et m'attrapa par la taille. On s'éloigna jusqu'au milieu de la piste de danse et on commença à danser. Il descendit ses mains pour les poser sur mes hanches, je posai les miennes sur sa nuque et il plongea son regard dans le mien.

— T'es jolie comme ça.

Je ne répondis pas, et me contentai de sourire. Je voulais savourer ce moment, nous étions comme dans un monde parallèle et c'était franchement agréable.

La musique prit fin, et je me défis de son emprise à contre-coeur. On retourna s'assoir sans dire un seul mot, je sentais qu'il était gêné et qu'il ne savait pas comment m'aborder. Il était beaucoup plus timide qu'avant, comme si je l'impressionnais. Cela me faisait bizarre, moi qui l'avait toujours connu très sûr de lui.

— Comment va ton père ?

— Il était fatigué mais ça allait mieux cette semaine, répondit-il.

— Tu fais toujours de la natation ?

— Oui, beaucoup plus qu'avant.

J'acquiesçai, j'aimerai bien le revoir nager.

— Tu sais, je t'ai écouté. Je suis allée au cimetière, voir Fanny l'autre jour. Ça m'a fait du bien.

Je souris tristement et posai ma main sur sa cuisse. J'étais contente qu'il m'ait écouté. J'imaginais que ça avait dû être très difficile pour lui. De toutes les façons, perdre un proche n'était jamais facile, mais essayer d'avancer en sachant que vous ne reverriez plus jamais cette personne était encore plus dur.

— Je lui ai parlé de toi aussi, et je crois qu'elle ne m'en voudra pas si je te dis que je t'aime. Je crois même qu'elle sera heureuse pour moi.

Ses paroles me réchauffèrent le cœur. Il était mignon. C'était sa façon à lui de me montrer qu'il m'aimait encore et c'était maintenant à mon tour de lui prouver que moi aussi.

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