Chapitre 10
Antoine
J'arrivai devant la piscine de mon club. La fin des vacances était dans moins de deux semaines et nous avions déjà repris nos entraînements de natation. Autant vous dire que je n'étais pas très motivé. J'adorais nager, depuis toujours, et encore plus depuis que j'avais perdu Fanny. Mais je pouvais vous assurer qu'aujourd'hui je serais bien sorti avec des potes.
J'entrai et filai dans les vestiaires. Thomas était déjà là, avec son éternel rictus qui m'agaçait, sa gueule de beau gosse et sa peau bronzée. Je ne lui prêtai aucune attention et me changeai dans une cabine. C'était tendu entre nous depuis que nous nous étions battus. Il avait bien évidemment essayé d'apaiser les tentions, en tant que jeune garçon pacifiste qu'il prétendait être, me disant qu'il n'aimait pas faire la tête aux autres ou je ne savais plus quelle autre connerie. Tout ce dont je me souvenais, c'était de lui avoir répondu que je m'en foutais de lui, que nous étions seulement liés par la même passion et rien d'autre. Il avait fait une drôle de tête ce jour-là.
Je ressortis de la cabine et sortis des vestiaires. Je retrouvai le reste de mon groupe. Léopold n'était pas là, sûrement en retard se tenant à sa fidèle habitude. Je m'assis sur le banc et fus surpris lorsque Eleonora s'assit à mes côtés. Nous ne nous parlions plus souvent.
— Je m'assois juste là car je ne supporte pas de voir Maud retomber dans le piège de Thomas, dit-elle devant mon air surpris.
Je fronçai les sourcils ne comprenant pas de quoi elle parlait. Je ne suivais pas vraiment les histoires qu'ils se passaient dans notre équipe. Les potins, ce n'étaient pas vraiment mon truc.
— Oh...Tu n'es au courant ?
Je secouai la tête de droite à gauche.
— Maud est folle de Thomas depuis un an. Elle a essayé de sortir avec lui, mais le résultat ne s'est pas avéré très positif : deux râteaux en mois de deux mois. Thomas le sait très bien et joue avec ça, il la drague, lui fait croire des trucs, pour ensuite lui dire qu'il n'éprouve que de l'amitié pour elle, m'expliqua-t-elle. Et dès qu'il revient lui parler, elle oublie tout et retombe malheureusement dans son piège.
J'esquissai un sourire. J'en étais sûr. Ce mec n'était pas un mec bien. Et après, il osait me faire la moral et me dire que je ne respectais pas les filles. Si ça, c'est du respect !
— Je te nomme commère numéro un, tu as intérêt à tout me raconter, lui dis-je le sourire aux lèvres.
Elle éclata de rire et acquiesça.
— T'en fais pas pour ça, me rassura-t-elle.
On tourna tous les deux la tête vers Thomas. Il en faisait des tonnes et Maud perdait tous ses moyens devant lui. C'était amusant à voir. Je jubilais déjà à l'idée de faire des reproches à ce petit con.
*
Je longeai mon couloir allant vers ma chambre, lorsque je m'arrêtai à celle de mon frère. Sa porte était entrebâillée et je fis piquer par une vilaine curiosité. Je m'approchai et distinguai deux silhouettes, une que je connaissais par cœur, qui était celle de mon jumeau. L'autre était une silhouette féminine, qui n'était autre que Noémie.
Ils étaient en train de s'embrasser et la température avait l'air d'augmenter de l'autre côté de cette porte. Elle lui retira son t-shirt et lorsque j'entendis gémir mon frère contre sa bouche, je repris mes esprits. J'étais quand même en train de regarder mon frère passer à l'acte avec la fille dont il était fou amoureux.
Je m'éclipsai jusque dans ma chambre sur la pointe des pieds, le sourire aux lèvres. Qu'est-ce que j'aurais aimé être avec April à cette heure-ci. Cela faisait un mois que je me branlais sur du porno, n'ayant pas la force de toucher une autre fille. En fin de compte, je lui appartenais.
Je me souvenais, une fois, un pote m'avait demandé si c'était possible que la copine qui sortait avec mon frère ressente les mêmes sentiments pour moi. Mon frère, qui était là ce jour-là, lui avait dit :
— Imagine que tu as devant toi, un t-shirt noir et un t-shirt gris, qui sont exactement les mêmes. Les gens qui voudront ce t-shirt, ne prendront pas le même en fonction de leurs goûts.
Je posai mon sac d'entraînement au sol, et ressortis de ma chambre. J'avais besoin d'aller la voir elle. Je ne l'avais jamais fait et elle le méritait tellement. Je sortis de l'appartement de mon père qui était très calme, mise à part les gémissements des deux amoureux. Je dévalai les escaliers ne voulant en aucun cas utiliser l'ascenseur. J'estimai avoir de la chance d'avoir des jambes et qu'il fallait que je m'en serve.
Je sortis dans la rue, enfonçai mes écouteurs dans mes oreilles et mes mains dans mes poches. Je marchais en direction du cimetière, de ce cimetière où j'avais supplié ses parents de l'enterrer. Elle m'avait toujours dit qu'elle aurait voulu être enterré ici car ce lieu représentait notre amitié. Et j'étais d'accord avec elle, sauf sur un point. Il ne représentait pas notre amitié mais l'amour que j'éprouverai toujours pour elle.
J'arrivai devant l'entrée du cimetière et soufflai un bon coup. C'était la première fois que j'y remettais les pieds depuis son enterrement. J'entrai et retrouvai sa tombe en un rien de temps. Cette tombe était aussi simple et jolie qu'elle.
« Fanny Alexia PORLAINE,
Live fast. Die young. Be wild. Have fun. »
C'était moi qui avait choisi cette phrase. Elle me la répétait à longueur de journée. C'était sa phrase à elle, celle qui la représentait le mieux.
Je m'approchai, retirai mes écouteurs et fixai les photos qui ornaient sa tombe. Il y en avait deux, une où elle était seule et une avec moi. Elle me manquait tellement.
Le jour de son enterrement, je n'avais pas prononcé le moindre mot pour son discours. Pourtant, ses parents m'avaient poussé à le faire, ça aurait fait plaisir à Fanny. Mais je n'en avais pas été capable tant je culpabilisais. Et puis après tout, je n'avais rien d'autre à dire à part que je l'aimais. Mais à présent, je regrettais de ne pas avoir fait ce discours. J'avais tellement de chose à lui dire à présent.
— Salut Fanny, dis-je la voix tremblante.
Des larmes perlèrent sur mes joues et je m'empressai de les essuyer. Elle n'aurait jamais voulu me voir triste. Elle n'aimait pas ça. Ma tristesse n'avait pas sa place devant cette si jolie tombe.
— Excuse-moi si je ne suis encore jamais venue te rendre visite, dis-je en éclatant en sanglot. Je crois que je n'arriverai jamais à accepter le fait que tu sois morte. C'est de ma faute, j'aurais dû mourir à ta place.
Je repris ma respiration.
— Tu sais, ce soir-là, j'avais en tête de t'avouer mes sentiments.
Je me souvenais, j'avais pensé à ça toute la semaine. J'avais réfléchi à comment est-ce que je le lui dirais, comment est-ce qu'elle réagirait. Pour qu'au final, on se retrouve à l'hôpital après une soirée bien arrosée.
— J'ai rencontré quelqu'un Fanny, murmurai-je comme si c'était interdit. Elle s'appelle April, April Fredson. Elle est géniale. Elle me manque beaucoup elle aussi.
J'essuyai les larmes qui perlaient sur mes joues et relevai la tête. Le ciel s'était éclairci.
— Je t'aimerai toujours Fanny. Mais, je l'aime elle aussi. J'espère que tu ne m'en veux pas.
Je souris tristement. J'espérai que de là où elle était, elle était heureuse. Elle m'a quitté beaucoup trop vite. Je me retournai, sans lui dire au revoir. Je n'avais pas la tête à cela. Je sortis du cimetière, le cœur chargé d'émotions. Je n'aurais jamais cru réussir à le faire.
Je m'arrêtai au bar en face et m'assis au comptoir. J'avais besoin d'un bon chocolat chaud.
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NDA :
Coucou tout le monde ! 😍Voici un petit chapitre. Antoine m'avait beaucoup trop manqué. Et je vous avoue qu'en écrivant ce bonus j'ai pleuré. Je ne sais pas vraiment pourquoi, après tout Fanny n'a jamais fait parti de l'histoire, elle fait partie du passé de notre Antoine.
Sinon, ma petite lola1807 organise un concours sur le compte DreamPadd , allait jeter un coup d'œil ça me ferait plaisir❤️
Sur ce, je vous embrasse et je vous dit à très vite pour le prochain chapitre.
Laura😘
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