Chapitre 6 : Haine
Le lendemain, après une nuit agitée où il m'a été impossible de trouver le sommeil, je sors sur le porche de ma maison, une tasse de café fumante à la main. Le ciel est gris et le vent frais souffle doucement. En jetant un coup d'œil autour, je remarque Brave penché sur le capot de sa voiture de police, scrutant une carte de la ville avec une concentration. Je plisse les yeux, tout en fronçant les sourcils, sans vraiment comprendre ce qu'il fabrique là, je décide de m'approcher.
— Tu te lances dans une carrière d'explorateur, Brave ? Dis-je avec une touche de sarcasme en arrivant près de lui.
Il lève la tête, un sourcil arqué, et me regarde amusement.
— Salut, Haine, presque, je suis en pleine recherche.
— Eh, tu as décidé de faire ça, devant chez moi ? Tu n'as pas de bureau ?
Brave lève les yeux de sa carte, un peu pris de court par mon ton.
— Eh bien, pour tout te dire, je suis en recherche pour retrouver une personne disparue, avoue-t-il finalement.
— Cela ne répond pas à ma question, mais super, tu m'en diras tant, rétorqué-je, faisant mine de retourner à l'intérieur.
— C'est Gaffe qui a disparu, lâche Brave, d'une voix sérieuse.
Je m'arrête net, la tasse de café tremblant légèrement dans ma main. La colère éclate en moi comme un volcan.
— Pardon ?! J'ai mal entendu, je crois ? M'exclamé-je, me tournant de nouveau vers lui. Si Anxieuse apprend ça, elle t'en voudra pour toujours ! Tu n'as aucune idée de ce que tu es en train de faire. Gaffe est un véritable serpent. Elle a déjà fait assez de mal.
— Haine, je...
Brave tente de répondre, mais je ne le laisse pas faire.
— Elle a détruit la vie d'Anxieuse l'an dernier et toi, tu veux la retrouver ? Je vais te dire, si elle a réellement disparue, tant mieux ! Elle ne manquera à personne.
Je secoue la tête, incapable de finir ma phrase puis reprends sur un ton rempli de fureur et de déception.
— Comment oses-tu chercher Gaffe ?! Tu sais ce qu'elle a fait et ce qu'elle représente ! Tu n'as pas le droit !
Brave croise les bras et me regarde droit dans les yeux en se justifiant.
— Je n'ai pas le choix, Haine. Maintenant que je suis flic, je dois prendre les affaires qu'on me donne.
Je secoue la tête avec incrédulité.
— Non, je refuse de croire ça. Tu as toujours le choix !
Il soupire et passe une main dans ses cheveux.
— Ce n'est pas aussi simple. Je ne fais que mon devoir, répond-il fermement.
— Ce que je comprends, dis-je en m'approchant de lui, c'est que tu te caches derrière ton badge pour justifier l'injustifiable.
Brave serre les dents, ses yeux lançant des éclairs.
— Tu ne comprends pas ce que c'est d'avoir cette responsabilité. Devoir mettre de côté ses sentiments personnels pour le bien commun.
Je me rapproche encore, mon visage à quelques centimètres du sien.
— Et toi, tu ne comprends pas ce que c'est de voir ceux que tu aimes souffrir.
Il me regarde longuement, une lueur de conflit dans ses yeux.
— Je ne suis pas ton ennemi, Haine. Mais je dois faire mon travail.
— Alors fais-le, dis-je en me détournant, la gorge serrée. Mais ne t'attends pas à ce que je te soutienne dans cette chasse. Parce que pour moi, tu es en train de trahir Anxieuse.
— Haine, attends, dit-il, sa voix plus calme. La vraie raison pour laquelle je suis ici, c'est que j'ai adoré notre lutte l'an dernier. En toi, j'ai trouvé un vrai ami de guerre, quelqu'un sur qui je peux compter. Je sais que tu ne l'aimes pas, je sais que Gaffe est une mauvaise personne, mais je veux quand même savoir si tu es partant pour m'aider dans ces recherches ? Qu'as-tu de mieux à faire maintenant qu'Anxieuse n'est plus là ?
Je me tourne vers lui, mon regard encore dur.
— Plutôt mourir que de rechercher cette vipère. Je dois reprendre mon sport et voir Rage, dis-je simplement.
Brave secoue la tête avec un sourire en coin.
— Allez, Haine, je sais que le goût de l'aventure te manque. On formait une sacrée équipe, et tu le sais.
Je le regarde longuement, pesant ses mots. Peut-être a-t-il raison ? Peut-être que cette nouvelle aventure est ce dont j'ai besoin pour retrouver un peu de sens dans ma vie. Mais au fond de moi, la colère et la déception sont plus fortes.
— Non, Brave. Je ne t'aiderai pas. Je te laisse faire cette chasse seul.
Brave soupire, déçu, mais il acquiesce.
— Très bien, Haine. Si tu changes d'avis, tu sais où me trouver.
Il me regarde une dernière fois, cherchant certainement un signe de réconciliation, mais je le fusille du regard. Je serre les poings, sentant la tension dans chaque muscle de mon corps. Sûrement que je regretterai cette décision un jour, mais pour l'instant, je ne peux pas trahir mes principes ni trahir Anxieuse.
En rentrant, je suis accueilli par le brouhaha de ma mère au téléphone. Elle est en pleine discussion animée sûrement avec une amie. Je dépose ma tasse dans le lave-vaisselle et attrape une pomme sur la table, la mordant à pleines dents. Je grimpe les escaliers, ma mère ne me remarque même pas. Dans ma chambre, je ferme la porte derrière moi et me déshabille pour enfiler un tee-shirt de ma couleur favorite, le noir, une veste en cuir, et un jean noir usé. Alors que je me prépare, les pensées de la proposition de Brave tournent en boucle dans ma tête. En y repensant, si je décide de m'engager dans cette aventure, Anxieuse pourrait me le reprocher, et cela pourrait même mettre en péril notre relation. Gaffe est une source de douleur constante pour Anxieuse. Rien que mentionner son émotion provoque une réaction des plus traumatisantes chez elle. En laissant cette idée dans un coin de ma tête, je décide de sortir pour prendre l'air. Je vais dans un restaurant du coin pour acheter quelque chose à manger.
Une fois là-bas, je vois Joviale assise sur une des tables à l'extérieur. En m'y rendant, je n'ai pas le choix de passer devant elle pour atteindre la porte d'entrée, je décide de mettre ma faim de côté pour aller la voir. Cette dernière semble en pleine discussion, en m'approchant, je me rends compte qu'elle est accompagnée d'un chien. L'animal a un pelage tricolore, avec des taches blanches, noires et brunes. Je jette un coup d'œil au chien qui gambade joyeusement autour d'elle.
— Salut Joviale ! Que fais-tu ici toute seule ?
Joviale se tourne vers moi avec un sourire radieux.
— Oh, salut Haine ! Je ne suis pas vraiment seule, Bingo est avec moi.
— Bingo ?
— Oui, le chien, son maitre a choisi ce nom, car il est arrivé au bon moment dans sa vie.
— Sympa le nom, mais tu ne fais pas des études de vétérinaire ? Tu arrives à trouver du temps en plus ?
— Eh bien, j'aime tellement les animaux que je rajoute un complément et puis ça me fait de l'argent surtout, car j'en ai vraiment besoin en ce moment.
— Ah bon, pour quelles raisons ?
— J'aimerais m'installer dans mon propre appartement, mais ça coute assez cher et je n'ai pas assez d'émos*dans mon compte.
— Si seulement il pouvait pleuvoir des émos, ce serait merveilleux.
— Mais l'argent ne tombe pas du ciel, Haine.
— Dommage.
Au même moment, le chien vient vers moi, reniflant ma main. Je ne peux m'empêcher de le caresser, même si je fais un effort pour ne pas montrer à quel point j'apprécie le contact.
— Ah, je vois que tu t'es fait un copain, dit Joviale en me regardant avec amusement.
— Ouais, je réponds distraitement. Dis-moi, tu as eu des nouvelles d'Anxieuse récemment ?
Joviale secoue la tête.
— Non, pas de messages ni d'appels. Elle doit sûrement être occupée.
— Sérieux ? Tu es quand même sa meilleure amie.
— Peut-être qu'elle a simplement beaucoup à faire en ce moment.
Je réfléchis un instant, puis une idée me traverse l'esprit.
— On pourrait aller lui faire une surprise demain matin. Qu'en penses-tu ? Enfin si tu es disponible ?
Joviale me regarde avec surprise.
— Hum, je ne te pensais pas du genre à entreprendre.
Je lui lance un sourire arrogant en arquant un sourcil.
— Ça, c'est parce que tu ne connais pas encore assez bien, le grand Haine !
Joviale rigole, un éclat de rire franc et chaleureux.
— Attends, je pensais que tu n'aimais pas qu'on t'appelle le grand Haine.
— Ça me donne au moins un titre, répliqué-je en haussant les épaules.
Elle me regarde avec un sourire amusé, en la laissant dehors, je rentre dedans pour commander quelque chose à manger. Au moment de payer, je me rends compte que je n'ai pas ma carte bancaire sur moi. Alors que je cherche une solution, une chevelure blonde apparaît à mes côtés. C'est Joviale. Elle paie à ma place avec un sourire, tout en me jetant un clin d'œil et en parlant afin que l'employé l'entende.
— Mon cœur, c'est moi qui t'invite, tu passes ton temps à m'inviter au restaurant alors pour changer, je te paie ton repas.
— Oh... eh bien, je te remercie, dis-je, un peu surpris de l'improvisation de Joviale.
Je prends ma commande en offrant un sourire de remerciement à Joviale s'avançant près de moi avec le chien.
— Merci Joviale, j'ai un peu la tête ailleurs en ce moment.
— Ne t'en fais pas, tu aurais fait la même chose pour moi, j'imagine.
J'acquiesce tout en m'avançant sur le trottoir en compagnie de Joviale. Peu de temps après et après une longue conversation avec Joviale, cette dernière, m'informe qu'elle doit rendre Bingo à son propriétaire. En s'y rendant, le chien, heureux de retrouver son maître, court vers lui tandis que Joviale reçoit son paiement. J'en profite pour jeter les emballages de mon encas dans une poubelle soudain, j'aperçois Malice de l'autre côté de la rue. Une impulsion me pousse à vouloir la suivre afin de savoir où elle se rend. Au même moment, Joviale revient vers moi en me souriant à pleines dents.
— Je peux t'accompagner demain matin, je viendrai devant chez toi. Mais si tu veux, on peut passer l'après-midi ensemble, si tu n'as rien de prévu aujourd'hui !
— D'accord, mais avant, il faut que je passe à la mairie, je dois aller voir Rage.
Joviale accepte et avance à mon niveau sur le trottoir. Cette dernière me parle des différentes races de chiens dont elle s'en occupe, mais je dois avouer qu'à cet instant, je ne l'écoute pas vraiment. Mon attention est portée sur Malice se trouvant à quelques mètres devant nous, marchant parmi la foule. Je la suis à distance, veillant à ne pas me faire remarquer. C'est alors que Malice emprunte un chemin différent. En hésitant à suivre sa direction, Joviale m'interpelle.
— Euh, Haine, le chemin pour la mairie n'est pas par ici, dit-elle, un regard perplexe sur le visage.
Ne savant pas répondre pour me défendre, je fais demi-tour en feignant l'oubli.
— Ah oui, c'est vrai. Allons-y.
Joviale fronce les sourcils, me suspectant sûrement puis décide de continuer notre chemin sans trop faire attention à ce qui vient de se produire. Je ne suis pas revenu à la mairie depuis l'an dernier, je ne peux m'empêcher de remarquer à quel point tout a changé ici. Il n'y a plus d'agents de traque omniprésents, ni les dispositifs de sécurité agressifs qui régnaient en maîtres. Maintenant, seulement deux agents de police se tiennent près de l'entrée, semblant plus là pour une présence amicale que pour imposer l'ordre, cela me provoque un rire silencieux. Nous passons devant le bureau d'accueil, sans nous y arrêter. Alors que nous nous dirigeons vers l'ascenseur pour monter au bureau de Rage, un agent derrière le comptoir, nous interpelle. Je sens une montée d'agacement.
— Excusez-moi, vous n'avez pas à circuler dans ces lieux comme bon vous semble et surtout sans autorisation ! Puis-je avoir vos identités ?
Je m'avance vers le comptoir, suivis de Joviale et sur un ton sarcastique, je lâche.
— Ah, je vois, donc c'est comme ça désormais. Vous allez aussi me demander ma carte d'identité pour utiliser l'ascenseur ?
Joviale, à mes côtés, intervient avec calme.
— Ce que mon ami veut dire, c'est qu'il doit aller voir sa sœur qui travaille ici. Vous avez affaire à Haine, le fils de Furieux.
L'agent, visiblement peu impressionné, compose un numéro pour contacter Rage et obtenir l'autorisation de nous faire monter. Il raccroche avec une indifférence qui ne fait qu'amplifier ma frustration. Je ne connais pas ce type, mais je le déteste déjà, avant de partir, je le fusille du regard. Joviale, avec son sourire poli, remercie l'agent et se dirige vers l'ascenseur.
— Il ne faut pas s'énerver pour si peu, il suffit d'être gentil avec le personnel, dit-elle en appuyant sur le bouton de l'ascenseur.
— Excuse-moi, mais ce type n'en avait rien à faire de ta gentillesse et je ne supporte pas cet employé, j'en toucherai deux mots à mon père.
Joviale appuie sur le bouton pour monter au bureau de Rage et me lance un regard amusé.
— Peut-être qu'il serait temps que tu travailles ici aussi ? Ils ne t'arrêteront plus pour te demander ton identité !
Je grimace en réponse.
— Tu peux encore rêver pour que je passe mon temps ici, lui rétorqué-je.
Nous arrivons, Joviale et moi, à l'étage auquel se trouve le bureau de ma sœur. En sortant de l'ascenseur, je suis surpris de la voir nous attendre, impatiente et légèrement étonnée de nous voir ensemble.
— Ah, Haine, je ne m'attendais pas à te voir et surtout avec Joviale.
— Si ça ne te plait pas, on peut s'en aller.
— Oh non ! Au contraire ! Ça tombe bien que tu sois là, Haine, répond-elle en se tournant vers moi. Je comptais t'appeler rapidement. J'ai découvert quelque chose d'important. Venez, il faut que je vous montre ça, dit Rage en marchant rapidement vers son bureau.
Joviale échange un regard perplexe avec moi. Sans un mot de plus, nous emboîtons le pas de Rage, nous demandant ce qu'elle va nous révéler. Nous entrons dans le bureau de Rage, qui referme la porte derrière nous. Elle se dirige vers son bureau et en sort un vieux livre poussiéreux. Elle le pose sur le bureau, le livre est si lourd qu'il fait trembler les objets autour. Je fronce les sourcils en reconnaissant quelque chose de familier dans ce bouquin, tandis que Joviale s'approche pour mieux le voir.
— Ce livre ne vous rappelle rien ?
Joviale, intriguée questionne Rage.
— Ce ne serait pas le livre qu'Anxieuse avait trouvé sur l'histoire de Feelings ?
Rage acquiesce, mais ajoute.
— Tu as raison, Joviale. C'en est un second.
Je secoue la tête, incrédule.
— C'est impossible, où tu as trouvé celui-ci ?
— J'étais en train de ranger les archives quand je suis tombée sur une pièce au fond, une sorte de dépotoir. C'est d'ailleurs là-bas qu'ils ont mis les armes à décharges électriques, explique Rage.
Joviale me regarde, choquée puis intervient de nouveau.
— Mais ils ne les avaient pas détruites ?
Je la regarde en comprenant que non, tandis que Rage continue.
— Ce qui est étrange, ce n'est pas ce deuxième livre que j'ai découvert, mais ce qu'il cache à l'intérieur.
Je fais une blague pour alléger l'atmosphère.
— Quoi ? De la poussière ?
Rage, d'un ton plus sérieux.
— Il y a la même histoire que dans le premier livre concernant la loi, mais l'écriture de la dernière page est totalement différente, comme si quelqu'un l'avait rajouté récemment.
Joviale reste bouche bée. Rage poursuit.
— Quand j'ai découvert le premier livre, le reste des pages était vierge, alors que...
Je l'interromps, impatient.
— Et donc, qu'est-ce qui est écrit ?
— Eh bien, c'est de ça qu'il faut que je vous parle. Il est écrit qu'après avoir imposé cette terrible loi, un groupe de résistants aurait fuis Feelings pour se réfugier par-delà la forêt et les montagnes. Car ils souhaitent ressentir diverses émotions, mais tôt ou tard, ils reviendront pour réinstaurer la paix à Feelings.
Je ris bruyamment.
— Eh bien, tout ça pour ça ! Il faut les prévenir que c'est déjà fait.
Rage me fixe, sérieuse, postée devant moi.
— Haine, si ces écrits sont vrais, cela signifie qu'il y a des habitants qui ont fui la ville depuis des années sans savoir que la paix est revenue.
Je la regarde, sceptique.
— Et alors ? Tu veux faire quoi ? Aller les chercher ?
Rage réfléchit un instant avant de répondre.
— Pourquoi pas ?
Joviale intervient.
— Mais Rage, peut-être que ces personnes sont déjà revenues.
Rage, la regarde intensément.
— Et si ce n'est pas le cas ? Ce sont des habitants de notre ville, il faut aller les prévenir.
— Rage, tu as beaucoup de boulot en tant que porte-parole des habitants. Je doute que tu aies le temps pour cette quête qui ne tient pas debout, déclaré-je d'un ton élevé.
Rage s'impose en s'avançant face à moi.
— Comme tu le dis si bien, Haine, je suis porte-parole des habitants. Il faut que j'en aie le cœur net.
— Mais Rage, peut-être que tu devrais laisser Brave ou son père s'en occuper ? Propose Joviale.
— C'est ma découverte, Joviale. C'est à moi de m'y rendre.
— Je m'y oppose catégoriquement. Il est hors de question. Je t'ai déjà perdue pendant des années, je ne veux pas que tu t'absentes encore.
Rage se rapproche de moi, déterminée.
— Très bien, Haine, alors viens avec moi.
— Ça ne servirait à rien. C'est une perte de temps.
Rage tourne son regard vers Joviale en espérant avoir un soutien.
— Et toi, Joviale ?
Elle hésite, sentant la tension entre nous, avant de répondre. Joviale secoue la tête, désolée.
— Rage, je suis navrée, mais je n'y crois pas.
Rage ne perd pas espoir pour autant et répond en soupirant.
— Pas grave, je demanderai au reste de l'équipe. Je vais leur envoyer un message pour qu'on se donne rendez-vous dans les prochains jours.
— Fais-le, vu que tu es têtue, mais je te promets que ça ne servira à rien, dis-je.
Rage rétorque avec assurance.
— Je sais qu'Anxieuse me croira.
Je fronce les sourcils en confiant à ma sœur.
— C'est peine perdue.
Joviale regarde Rage avec de la peine dans les yeux avant de quitter la pièce. Je m'apprête à partir aussi, mais ma sœur m'interpelle au loin en tenant le livre dans ses mains.
— Haine, je sais que j'ai raison, quelque chose me dit d'y aller.
Je la regarde en soupirant, puis je ferme la porte sans lui répondre. Après avoir quitté la mairie, Joviale et moi discutons de la situation.
— Tu penses vraiment que Rage est sur quelque chose ? Demande Joviale, incertaine.
— Je ne sais pas, Joviale. Elle est tellement déterminée. Mais tout ça me semble tiré par les cheveux.
— Tu as vu à quel point elle est convaincue. Peut-être que quelque chose nous échappe ?
— Sûrement. Mais je ne veux pas qu'elle se lance dans une quête sans fin. Elle a déjà été absente pendant des années, et je ne veux pas la perdre à nouveau, dis-je, préoccupé.
— Je comprends, Haine. Mais parfois, il faut suivre son instinct. Si elle pense que c'est important, peut-être devrions-nous lui faire confiance, au moins cette fois ? Suggère Joviale doucement.
En mettant les mains dans les poches de ma veste, je passe en boucle cette idée sans répondre à Joviale. Je suis partagé entre la protection de ma sœur et la possibilité qu'elle ait vraiment découvert quelque chose d'important.
*émos : Monnaie de la ville de Feelings
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